Programme des chaires 2013/2014 Revisiter l’islam et le monde arabe. Le regard du chercheur par René Otayek Ce cours se veut une contribution à une meilleure connaissance de l’islam comme religion et culture, et du monde arabe et musulman contemporain. Si on peut y voir une démarche de connaissance du fait religieux, il n’en ressortit pas moins, pour l’essentiel, à une double approche combinant sociologie historique du religieux et sociologie politique. Le détour par l’histoire et le temps long restituera l’émergence de la religion musulmane au VIIème siècle de notre ère dans son contexte socio-culturel ; il restituera les dynamiques protéiformes qui ont conféré au monde de l’islam sa configuration actuelle ; il mettra en perspective l’islam légaliste, scripturaire, et ce qu’on pourrait appeler l’islam « des sens » tel qu’il se décline dans le mysticisme soufi ou encore le rapport à l’alcool. La prise en compte de la contemporanéité permettra ensuite, en opérant un retour critique sur les révolutions arabes, de réfléchir sur les enjeux cruciaux que sont, par exemple, la démocratie ou la sécularisation. Les sociétés arabes et musulmanes sont-elle, par essence, condamnées au « despotisme oriental » ? L’islam est-il réellement incompatible avec la démocratie comme on le dit trop souvent encore ? L’idée de liberté est-elle étrangère à la culture arabe et musulmane ? Les tentatives de réponses qui seront apportées à ces questions s’écarteront du discours spéculatif et normatif, et privilégieront les analyses produites par les sciences sociales. René OTAYEK, politologue, est directeur de recherche au CNRS et enseignant à Sciences Po Bordeaux. Spécialiste de l’Afrique subsaharienne et du monde arabe auxquels il a consacré de nombreuses publications, il a dirigé plusieurs années durant le Centre d’étude d’Afrique noire, devenu Les Afriques dans le monde en 2011. 12/12 : Introduction générale 19/12 : Naissance et expansion de l’Islam 09/01 : Le schisme Sunnites/Chiites 16/01 : Le soufisme 06/02 : Interdits et transgressions dans l’Islam 13/03 : Monde(s) arabe(s) (un ou des mondes arabes ?) 27/03 : L’héritage historique de nos jours : ottoman et européen 03/04 : Tentative d’explication du phénomène autoritaire dans le monde arabe 10/04 : Retour sur les Révolutions arabes Comprendre l’économie (enfin) L’économie personne n’y comprend rien. Souvent au centre des débats et avec son lot de nouvelles alarmantes et d’analyses contradictoires, l’économie apparaît le plus souvent abstraite et inaccessible aux non-initiés. Nous continuons une deuxième année sur cette discipline car il nous semble fondamental encore aujourd’hui de donner des outils de compréhension de l’économie, tant celle-ci est invoquée à longueur de débats et semble faire la pluie et le beau temps. Néanmoins nous changeons de forme cette année, en présentant pas un intervenant sur l’année mais bien sept. Il nous a paru intéressant de faire appel à plusieurs personnes pour pouvoir, dans cette discipline très spécialisée, brassée un spectre plus large de thématiques. Nous espérons que cela vous permettra d’y voir, enfin, un peu plus clair. Le mardi 3 décembre 2013 Histoire critique du developpement : le temps du developpement (19451980) Avec Eric Berr La fin de la seconde guerre mondiale marque l’avènement d’une nouvelle ère, caractérisée par un certain nombre de faits économiques et politiques. On assiste tout d’abord au déclin des empires coloniaux et le développement sert à légitimer les revendications d’indépendance politique qui apparaissent en Asie et en Afrique. Deuxièmement, la nouvelle architecture internationale issue des accords de Bretton-Woods traduit l’hégémonie américaine qui s’installe. Enfin, la guerre froide, qui constitue un élément central de l’environnement dans lequel les politiques de développement vont s’inscrire, explique la diversité des approches en économie du développement. Le mardi 17 décembre 2013 Histoire critique du developpement : le temps de l’ajustement (1980...) Avec Eric Berr Le ralentissement économique des années 1970, notamment dû aux deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, mais aussi la crise de la dette qui éclate en 1982, mettent à mal les expériences de développement promues depuis 1945. Dès lors, le début des années 1980 marque l’ouverture de la période néo-libérale. L’heure est à l’application du consensus de Washington par l’intermédiaire des plans d’ajustement structurel, l’objectif étant d’intégrer les pays en développement au sein du marché mondial en construction. Nous nous livrons ici à une analyse critique de cette expérience néo-libérale qui est toujours en cours. Le mardi 7 janvier 2014 Qu’est ce que la richesse ? Avec Jean Marie Harribey D’ou vient la valeur économique ? Y a-t-il une place pour une sphère où les activités humaines peuvent-être libérées de l’obligation d’être des marchandises, de rapporter profit, de grossir l’accumulation du capital ? Non répondent les tenants du capitalisme. Or, il n’y a aucune fatalité naturelle pour qu’il en soit ainsi. Le mardi 21 janvier 2014 Comment se répartit la richesse créée ? Avec Jean Marie Harribey Les inégalités de revenus et de patrimoine s’accroissent, la fiscalité progressive se réduit, tandis que le chômage explose et que la précarité s’installe inexorablement. Ces évolutions sont liées entre elles et sont pour l’essentiel dues au rapport de force que les classes dominantes ont imposé depuis plusieurs décennies et qui se solde aujourd’hui par une crise gigantesque. Le mardi 4 février 2014 Quelle transition sociale et energétique ? Avec Jean Marie Harribey La crise du capitalisme mondial plonge ses racines dans la dégradation sociale tous azimuts et dans la dégradation écologique sans doute irréversible. L’urgence d’une transition est donc manifeste, à la fois pour répondre aux besoins sociaux et engager la transformation des systèmes productifs industriels et agricoles, des systèmes énergétiques, des transports, de l’urbanisme, etc. Le mardi 11 février 2014 Mondialisation, transformation structurelle et inégalités Avec Eric Rougier Pays riches et pays en développement sont engagés dans une mondialisation économique qui impose des contraintes croissantes à leurs systèmes productifs nationaux. Elle modifie en profondeur les structures productives à la fois au niveau des entreprises et des Etats. Ce faisant, la mondialisation bouscule les équilibres productifs et distributifs à la fois dans les pays développés et dans les pays émergents. L’enjeu de cette conférence est de présenter ces mécanismes reliant mondialisation, changement structurel et inégalités, et d’évaluer leur capacité à perturber les équilibres socio-politiques. Le mardi 4 mars 2014 Gouvernance, institutions et développement Avec Eric Rougier Après avoir longtemps négligées par les économistes, les institutions, c’est-à-dire les règles qui s’imposent aux acteurs individuels et qui conditionnent leurs représentations et actions, ont retrouvé une place de choix dans l’explication des différences de développement économique. L’objet de cette seconde conférence est d’expliquer la façon dont les économistes analysent les institutions, et de montrer que le fonctionnement collectif de l’économie nécessite que des institutions produisent des incitations ou des injonctions à agir conformément à l’intérêt collectif. Le mardi 18 mars 2014 La crise de la dette Avec Bertrand Blancheton L’objectif de cette conférence est de comprendre les origines et les mécanismes de la crise de la dette en Europe ainsi qu’analyser les enjeux associés aux différentes solutions. La crise de la dette est considérée comme la quatrième étape de la crise financière. Néanmoins nous pouvons observer une montée de la dette publique depuis les années 1980. Quelle soutenabilité pour la dette publique ? Nous aborderons aussi les voies d’amortissement tel que l’ajustement budgétaire et l’inflation. Le mardi 1er et le 8 avril 2014 Mondialisation et protectionnisme Avec Frederic Poulon Entre mondialisation et protectionnisme, il y a un maillon : la crise. Pour comprendre comment la mondialisation conduit logiquement au protectionnisme, il faut donc : 1. établir le lien entre mondialisation et crise, ce qui signifie prendre conscience de la mondialisation des crises au XXeme siecle et caractériser la crise sous l’angle de l’analyse économique, dans un contexte de mondialisation. 2. démontrer que la crise ainsi caractérisée conduit à mettre à jour des causes qui appellent la solution du protectionnisme sous une forme nouvelle, non encore expérimentée mais suggérée par les développements récents de la pensée keynésienne : le protectionnisme négocié. Le mardi 29 avril 2014 Vulnérabilité des ménages : outils de mesure et analyse Avec Claire Gondard Delcroix Les mesures statistiques des phénomènes socio-économiques sont la résultante d’un compromis social sur la façon de les définir et de les observer en même temps qu’un instrument de régulation. La mesure a donc un enjeu politique majeur. Le cours présente d’abord les principales méthodes de mesure des formes de pauvreté et de vulnérabilité des ménages, puis propose une analyse comparée des résultats dans le cas de la France. Le mardi 13 et le 27 mai 2014 Pour une dénaturalisation de l’économie Avec Matthieu Montalban Depuis au moins les physiocrates, tout un pan des économistes a cherché à démontrer que l’économie obéissait à un ordre naturel, celui du marché, auquel les hommes et l’Etat devaient se soumettre, dont l’aboutissement logique est le fameux TINA : « there is no alternative ». Pourtant, il existe d’autres courants hétérodoxes, depuis Marx jusqu’à l’institutionnalisme américain et leurs continuateurs, qui ont cherché à montrer que loin d’être naturels, le marché et les « lois » économiques capitalistes relèvent d’un ordre socialement construit. L’enjeu de dénaturalisation des catégories économiques est à la fois scientifique mais surtout politique, car il est la condition pour pouvoir penser des alternatives politiques. L’objectif de ce cours sera de présenter les fondements d’une approche économique alternative pour analyser les institutions marchandes et le capitalisme et de critiquer l’épistémologie « naturaliste » et positiviste dominante.