Maladies émergentes et réémergentes chez l’homme
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Introduction
Les termes de maladie émergente et maladie réémergente correspondent à des notions floues, dont
le cadre peut toutefois être précisé. Utilisés par tous, ils correspondent à une réalité complexe. Les
professionnels1 comme le grand public utilisent ces concepts et les éclairent à leur façon.
Les maladies émergentes chez l’homme seraient, dans 75 % des cas des zoonoses[3;189]2. Un
nombre considérable d’espèces animales, sauvages ou d’élevage, d’agents pathogènes, toujours
mieux différenciés, sont les acteurs connus de l’écologie des maladies transmissibles à l’homme, un
homme indissociable de son écosystème[80].
Depuis les années 1980, des dizaines de microorganismes3 pathogènes nouveaux ont été isolés, des
dizaines d’épidémies ont émergé ou réémergé. Ces événements ont été plus ou moins médiatisés,
selon la nature de l’agent (nouveau ou connu), la perception de la gravité des maladies concernées
et, bien sûr, le territoire atteint : pays riches ayant une communication efficace ou pays pauvres où
les maladies sont négligées4[146].
Le caractère universel et politique des maladies émergentes a incité les décideurs à réorganiser
certaines grandes institutions, comme les organisations mondiales de la santé humaine et animale
(OMS et OIE5). Ces maladies sont au cœur de réseaux constitués spécifiquement dans le but de les
surveiller. De telles structures multidisciplinaires collaborent dans le monde entier.
Les ripostes face aux flambées épidémiques sont de plus en plus codifiées. La veille
microbiologique progresse et permet d’anticiper un événement épidémique. Enfin, des efforts
particuliers sont entrepris pour mettre à jour la réglementation sanitaire internationale, devenue
obsolète[65;114]. La crainte de l’émergence d’un risque biologique intentionnel ou d’une pandémie
de grippe d’un nouveau type renforce ces dispositions.
Des chercheurs de tous horizons ont tenté pour la première fois en 2008 de construire une carte
prédictive localisant les futures zones géographiques sensibles[102]. Ils préconisent une réallocation
des ressources pour une surveillance intelligente en Afrique tropicale, en Amérique latine et Asie.
1 Vétérinaires et médecins, agronomes et agriculteurs, épidémiologistes et statisticiens, microbiologistes et généticiens,
anthropologues et sociologues, zoologues et conservateurs d’espèces, entomologistes experts, politiques et juristes,
officiers de la biosécurité, hygiénistes, biogéographes et climatologues, chasseurs, historiens, journalistes…
2 Les zoonoses sont des « maladies et infections qui se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’homme et
réciproquement ». Les termes anthropozoonose et zooanthroponose, que l'on rencontre parfois pour désigner le sens de
la transmission ne sont guère utilisés.
3 Un microorganisme peut être une bactérie, un champignon, une levure, un protozoaire, un virus, voire une algue.
4 Maladies pour lesquelles il n’existe aucun traitement ni vaccin, ou bien dont le traitement est ancien et lié à des
problèmes tels que la toxicité. L’OMS s’engage sur un vaste programme sanitaire sur ce thème fin 2006.
5 L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) est l’ex-Office international des épizooties. Il a été créé en 1924,
avant l’OMS (1948).