Pouvez-vous nous retracer l’histoire de votre communauté ?
D.H : Perpignan est l’une des plus anciennes communautés juives de France puisque la première
mention d’une présence juive dans notre ville date de 1185. C’est ainsi que sous le royaume
d’Aragon, le roi Jaume 1 attribua un territoire aux juifs et les dispensa de nombreux impôts. Les
juifs locaux ont exercé un commerce international et se sont lancés dans le transport maritime
avec d’autres juifs de Barcelone.
En rapport direct avec la famille royale du royaume de Majorque, les juifs ont bénéficié d’une
protection directe et réelle jusqu’en 1493, date à laquelle le royaume majorquin dû se plier et
appliquer l’édit d’Isabelle la Catholique instaurant l’Inquisition.
La communauté juive des Pyrénées Orientales compte aujourd’hui quelques 600 familles dont la
majorité vit sur Perpignan. La plupart de ses membres sont d’origine sépharade et son
importance s’est accrue depuis l’arrivée des juifs d’Algérie, du Maroc ou de Tunisie.
« D’autres fouilles sont entreprises non loin, et de
fortes probabilités d’y trouver une synagogue
datant du moyen-âge se dessinent. »
Perpignan et la région du Languedoc Roussillon ont connu de grandes figures du
judaïsme. Comment votre communauté se porte-t-elle garante de cette mémoire ?
Avez-vous mené des actions afin d’assurer une transmission ?
D.H : De grands noms du judaïsme ont vécu en Catalogne. Savez-vous par exemple que le MEÏRI
- Mena'hem ben Shlomo Hame'iri, considéré comme l'un des commentateurs les plus brillants du
Moyen Âge, Ndlr - a été rabbin de la ville de Perpignan ? Il a été, rappelons-le, l’auteur de
nombreux traités dont un commentaire fameux du Talmud (« Beit Habehira »).
Il était nommé le Rabbin de la Tolérance – considéré comme l’un des pionniers dans la tolérance
face aux autres religions Ndlr - et c’est tout naturellement, que nous avons créé et développé le
dialogue inter-religieux. C’est d’ailleurs sous notre impulsion que la municipalité de Perpignan à
rebaptisé un lieu « l’Espace Meïri ». Sous cet espace, un Mikvé du XIII° siècle a été découvert et
authentifié comme tel par le regretté Grand rabbin Pierre-Yves Bauer zt’l.
D’autres fouilles sont entreprises non loin, et de fortes probabilités d’y trouver une synagogue
datant du moyen-âge se dessinent.
Comment s’organise la vie juive à Perpignan au quotidien et pour les jours de fêtes
?
D.H : Nous avons la chance d’avoir le rabbin Mordechaï Bensoussan, qui nous a été présenté par
le Grand rabbin de France, avec qui nous avons une vision commune et une unité d’action qui est
totale. Ce dernier a totalement redynamisé le côté spirituel et religieux de notre communauté.
Tout naturellement, il assure la tenue des offices religieux qui sont quasi-quotidiens mais
également le Talmud Torah et la surveillance de la casheroute (puisque nous avons une
boucherie casher). Il organise bien entendu de très nombreux cours.