les de lezards guyane

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LES LEZARDS DE GUYANE
Guyane, Amazonie française. A l'image stéréotypée vient se superposer, à la
lecture de cet o uvrage, une autre vision de la Gu ya ne, département français
LES LEZARDS
DE GUYANE
d'Amérique du Sud.
Le territoire guyanais offre une grande variété de biotopoes : villes, plages,
savanes, montagnes el, naturellement la forêt. Mais la forêt même n'est pas
homogène : clairières et chablis, berges de fleuves, zones d'ombre et de
lumière, vallées isolées. Le territoire guyanais offre une immense variété de
niches écologiques.
Les lézards ont colonisé tous les milieux. Ils sont terreslres ou aquatiq ues,
vivent dans les arbres ou au sol, fuient l'homme ou le recherchenL Certains
préfèrent l'ombre et d'autres la lumière.
Les photos qui illustrent cet ouvrage sont pour la plupart inédites. Elles
présentent les espèces les plus rares, comme le bachia ou lézard à pattes
alrophiées ou les minuscules sphérodactyles qui sont les plus petits vertébrés
du monde.
Cel ouvrage est le premier d'une série qui présenlera les grandes familles
animales des départements et territoires d'outre-mer.
Jean-Pierre GASC est Sous-<lirecteur au Muséum National d'Histoire
Naturelle et Vice-President de la Société Herpétologique Européenne.
Depuis prés de 20 ans, il travaille sur la faune herpétologique de Guyane.
lSRN_: 2-87749-m5-7
Jean - Pierre
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CHABAUD
LES LEZARDS
DE GUYANE
Jean - Pierre GASC
CHABAUD
Chez Je même éditeur
PROMENADES NATURELLES (Jacques LECOMTE)
LES OISEAUX D'ISLANDE (Michel BREUIL)
LES OISEAUX DU MASSIF DE FONTAINEBLEAU (J.P. SIBLET)
FAUNE DU SAHARA: POISSONS, REPTILES, AMPHIBIENS (Michel
LE BERRE)
FAUNE DU SAHARA: MAMMIFERES (Michel LE BERRE)
DANUBE, LES OISEAUX AU FIL DU FLEUVE (Dominique
ROBERT)
LE PTERODACTYLE ROSE (Robert T. BAKKER)
LE CASSE-NOIX MOUCHETE (Claude CROCQ)
LA CIVILISATION DU PHOQUE (Paul-Emile VICTOR et Joelle
ROBERT-LAMBLIN)
Catalogues sur simple demande adressée à :
EDITIONS RAYMOND CHABAUD
17 Cité Joly 75011 PARIS
Copyright 1990 Editions Raymond Cha baud
Tous droits réservés
I.s.B.N. 2-87749-015-7
Distribution en librairie : CeLSo RP_ 12 41353 VINEUIL
SOMMAIRE
INTRODUCTION
7
CARACTERES DE RECONNAISSANCE
DES FAMILLES SUR LE TERRAIN
11
OU VOIR LES LEZARDS.
15
LES LEZARDS DE GUYANE.
25
- Famille des Gekkonidés
25
- Famille des Iguanidés
33
- Famille des Téiidés
47
- Famille des Scincidés
63
CLEF D'IDENTIFICATION DES LEZARDS DE GUYANE.
65
LISTE DES LEZARDS DE GUYANE
73
POSITION SYSTEMATIQUE DES LEZARDS DE GUYANE
74
BIBLIOGRAPHIE.
76
5
LES LEZARDS DE GUY AN E
6
INTRODUCTION
La Guyane fran çaise appartient à un ensemble géographique dont les
caractéristiques dépendent à la fois des conditions climatiques actuelles et de
l'histoire ancienne de tout le bloc du continent américa in.
Il Y a longtemps, en effet, qu'on avait remarqué que la côte est de
l'Amérique du Sud peut être encastrée dans la côte ouest de l'Afrique
comme deux pièces d'un puzzle. On sait à présent que l'océan Altantique
s'est formé par la fracture d'un unique conti nent et la déri ve progressive des
deux parties. Ainsi, le bouclier guyanais, formé de très anciennes roches
datées de plus de deux milliards d'années, et qui s'étend aujourd'hui du rio
Araguari au Brésil au rio Barama au Vénézuéla, s'est-il trouvé
définitivement éloigné de ses roches-soeurs d'Afrique.
Ces très anciens reliefs ont été retravaillés par l'érosion. Il suffit de
regarder la carte de la région guyano-a mazonienne pour se rendre compte
de l'originalité du bouclier guyanais: ouvert sur l'océan, il forme comme un
rebord, à la fois pour le bassin de l'Amazone au sud et pour le bassin de
l'Orénoque au nord. Tous les fleuves "guyanais" ont un cours grossièrement
parallèle, alors que les fleuves proprement amazoniens appartiennent à un
seul système dans lequel ils confluent progressivement.
Le bassin de l'Amazone, l'Amazonie proprement dite, occupe un fossé
d'effondrement, et sor. histoire est plus récente que celle des Guyanes. Dans
ces dernières, le socle cristallin affleure partout, et les cours d'eau ont
Salit Lavalld : les "sallts' Oll rapides pOllctllellt le COllrs des fleuves guyanais
7
LES LEZARDS DE GUYANE
lentement fait leur chemin vers l'océan, formant les nombreux rapides qui
les caractérisent cl circulant entre les collines d'un relief en "demi-orange".
La ligne qui partage l'influence érosive des fleuves guya nais de celle des
fleuves amazoniens est marquée par des zones où l'altitude est de peu
supérieure à l'ensemble dans la partie est, e l qui s'élève progressivement vers
l'ouest pour culminer à 3.000 m à la limite du Vénézuéla, de la G uyana et du
Brésil. En Guyane française, cette ligne de partage est marquée par le grand
nombre de môles granitiques, souvent chauves à leur sommet. Ces
"inselbergs" soot en réalité recouverts partiellement d'une végétation basse
qui, au cours de la sa ison sèche, sc couvre de fleurs où se mêlent des espèces
de savanes (H eliconia), des espèces qui, en forêt, sont fixées en pleine
lumière dans la couronne des arbres (Orchidées), et des espèces propres à ces
milieux rocheux où les conditions de tempéra ture et d'humidité sont très
contrastées.
Directement soumis. aux vents ali zés qu i o nt, au nord de l'équateur une
direction nord-est, la Guyane est arrosée pendant une partie de l'année par
des pluies abondantes, culminant au voisinage de la côte à 4.000 mm par an.
Ces pluies, retenues par la succession des reliefs, s'épuisent vers le sud où
elles ne dépassent plus 2.000 mm par an. Au-delà de la ligne de partage des
eaux avec le bassin amazonien ('Tumuc-Humac"), le climat est nettement
plus sec et est responsable de l'existence d'un couloir de savanes qui
s'échelonnent, au Brésil, de Boa Vista à Obi dos.
Les alizés cessent leur influence pendant une courte période, vers le mois
de mars, et pendant les mois d'août à novembre. D es vents du sud-ouest
amènent alors un beau temps relati vement sec.
Les zones de végétation se disposent de façon relativement simple: un
littoral à fond sableux auquel viennent s'ajo uter les énormes apports boueux
que l'Amazone rejette dans l'océan. Là, dès que les cond itions sont
favorables, se développe avec une grande plasticité la mangrove, forêt
d'espèces (Palétuviers) adaptées aux eaux soumises aux marées. En arrière,
s'étend une bande quasi continue de savanes et de marécages. Enrin, à guère
plus d'une diza ine de kilomètres de la côte, commence la grande forêt qui
recouvre tout le reste des 91.000 km 2 du terri toire.
L 'importance de son étendue donne à la rorêt une fausse impression
d'uniformité. En réalité, il n'est pas difficile de comprend re que, non
seulement, la forêt guya naise ne doit pas être confondue avec la "forêt
ama zonienne", mais qu'elle est elle-même composée de plusieurs "provinces".
8
Inlroduction
Sur le Maroni: confluent de l'Inini
1
L'histoire antérieure de la région en est responsable. Le relief, l'isolement
des bassins fluvi aux, le gradient climatique, les vagues successives du
peuplement végétal et animal depuis les 100 millions d'années de l'existence
de l'Atlantique, puis les 20 millions d'années du rattachement avec la partie
nord du continent et les variations climatiques importantes de ces 10.000
dernières années sont autant de facteurs qui expliquent la di versité de
composition de la forêt
Enfin, il ne faut pas oublie r que la forêt est une immense machine aux
innombrables rouages, depuis les micro-organisme du sol jusqu'aux singes
qui se nourrissent de frui ts. Tous ces êtres concourrent, chacun pour leur
part, au bon fonctionnement de l'ensemble, et trouvent en retour les moyens
pour leur survie dans le réseau très complexe des milieux qu'offre la forêt. Il
suffit que, pour des raisons historiques comme une phase climatique plus
sèche, la forêt se fragmentant, des différences de composition interviennent
et la machine ne ressemblera plus exactement à sa voisine située dans un
autre bassin flu vial.
Si des progrès considérables ont été faits ces vi ngt dernières années dans
la compréhension de ces systèmes, on est encore loin d'être en possession des
éléments qui nous permettraient d'en prévoir véritablement l'avenir.
9
LES LEZARDS DE GUYANE
La forêt tropicale humide qui recouvre 97,7 % du territoire guyanais
offre un volume énorme, depuis la couche superficielle du sol jusqu'à la
couronne des arbres. Dans un même cadre climatique, cct espace représente
en réalité une mosaïque d'habitats pour des animaux dont les tailles
s'échelonnent de quelques centimèrcs à près de deux mètres. C'est pourquoi,
sur un plan écologique, les lézards constituent de bons exemples pour
décrire le milieu forestier, en étudiant la manière dont ces animaux sc
partagent les ressources alimentaires, l'espace et le temps du jour et de la
nuit, ct profitent de l'hétérogénéité locale en énergie calorique (lumière) ct
en humidité.
A cet égard, on remarque, en Guyane, un certain déséquilibre entre les
formes diurnes (majoritaires) et nocturnes, entre les formes prédatrices
(majoritaires) et herbivores. Par contre, les forts contrastes de luminosité
entre la voûte et le sous-bois mais aussi, au niveau du sol, entre les taches de
lumière et l'ombre générale, sont exploités de manière égale: certaines
espèces recherchent le soleil, d'autres ne circulent que dans les endroits
sombres.
L'ensemble des lézards est disposé en familles diversement réparties sur
les continents. Quatre familles sont présentes en Guyane sur les cinq que l'on
peut trouver sur le continent américain. La majorité montre une très forte
originalité par rapport à la faune d'Europe, d'Asie et d'Afrique. Ces lézards
appartiennent en effet à la faune néo-tropicale qui s'est diversifiée au cours
de la période où la partie sud du continent américain, séparée de l'Afrique
par l'ouverture du sud de l'océan Atlantique il y a 100 millions d'années,
n'était pas encore unie à la partie nord du continent par l'isthme de
l'Amérique Centrale.
Parmi les quatre familles, deux ont des représentants ailleurs qu'en
Amérique. Il s'agit des Iguanidés et des Gekkonidés. On peut donc supposer
qu'elles faisaient partie d'un peuplement très ancien, datant d'une époque où
les continents actuels étaient encore réunis en une seule masse. Une
troisième famille, les Téiidés, est strictement américaine. Enfin, la
quatrième, les Scincidés, n'est représentée que par un seul lézard, très proche
d'une forme africaine; sa venue est peut-être récente.
Les animaux appartenant à une même famille ont bien sûr "un air de
famille" qui permet de les situer quelles que soient par ailleurs leur taille ou
leurs couleurs. Nous donnerons ci-dessous quelques-uns de ces caractères de
première reconnaissance. Mais on trouve aussi des "faux amis" qui
nécessitent un examen plus approfondi et la conjonction de plusieurs
caractères.
10
CARACTERES
DE
RECONNAISSANCE
DES FAMILLES SUR LE TERRAIN
Les lézards sont regroupés dans la classe des Reptiles où ils retrouvent
leurs proches parents, les Serpents, et des Vertébrés plus éloignés d'eux, les
Crocodiles et les Tortues. Comme tous les Reptiles, ces animaux respirent à
l'aide de poumons, même quand ils fréquentent les milieux aquatiques.
Leurs oeufs sont soit pondus à terre (oviparité) soit se développent dans le
corps des femelles (ovoviparité). Leur capacité à produire de l'énergie est
plus limitée que celles des Oiseaux et des Mammifères: ils ne peuvent
maintenir constante la température de leur corps, ce qui les oblige à
chercher une partie de leurs calories dans le milieu extérieur (ectothermie).
Plusieurs caractères rapprochent les lézards des serpents, cn particulier la
possesssion, par les mâles, d'organes d'accouplement doubles (hémipénis),
une langue terminée par deux pointes, et la particularité de rejeter
régulièrement la couche cornée de l'épiderme lors de la mue. Cette dernière
s'effectue par le rejet de lambeaux chez les lézards, alors que les serpents
quittent leur enveloppe en un seul morceau. L'apparence générale d'un
lézard peut sc décrire simplement: un animal au corps recouvert d'écailles
sèches, se déplaçant généralement à l'aide de quatre pattes, les postérieures
se terminant par de longs doigts, en particulier les 4ème et Sème, ayant une
tête mobile avec un oeil vif muni, le plus souvent, d'une paupière mobile,
une queue plus longue que le tronc et qui, souvent, sc casse spontanément
lorsque l'animal est saisi brutalement Toutefois, l'évolution du groupe a
produit une grande variété de formes, spécialement dans les régions
tropicales, ce qui explique que certaines espèces s'écartent notablement de ce
11
LES LEZARDS DE GUYANE
schéma général. C'est ainsi qu'il existe des lézards dont les pattes sont très
réduites et le corps allongé et d'autres dont les paupières sont fixes, l'oeil
étant maintenu ouvert par une écaille circulaire et transparente (lunette).
La description s'efforce
habituellement rencontrées.
de
correspondre
aux
circonstances
. Lézards se déplaçant dans les zones sombres, assez lentement quand ils
ne sont pas inquiétés, effectuant de longues pauses, sur des petites tiges, des
troncs couchés, les contreforts de gros arbres ou les montants des carbets,
mais aussi dans le tapis de feuilles mortes. Observés de plus près, ils
montrent un oeil recouvert d'une lunctte fixe: ils ne peuvent pas cligner de
l'oeil. La peau paraît veloutée, car elle est recouverte de toutes petites
écailles granuleuses. La queue est plus courte et ne se termine pas par une
portion effilée. C'est dans ce groupe que l'on rencontre les plus petits lézards,
dépassant à peine trois centimètres de longueur.
GEKKONIDES (ex. Thecadactyllls, GOllatodes)
- Lézards le plus souvent en position de grimper sur des troncs, des
rameaux ou des feuilles, sautant volontiers de branche en branche, au sol ou
dans l'eau. Les pattes donnent souvent l'impression d'être "maigres". Le corps
est généralement comprimé latéralement. La ligne du dos est parfois ornée
d'une crête ct le dessous du cou d'une expansion de la peau (fanon) qui peut
être vivement coloré (bleu, jaune vif ou orangé). Ces lézards ont un oeil vif
muni de paupières mobiles. La queue est généralement très longue et effilée
à son extrémité. Vus par leur face ventrale, ils ne montrent pas de séries de
grandes écailles régulièrement rangées.
IGUANIDES (ex. Anolis, Polychrus)
. Lézards circulant au salau à une faible hauteur, sur des supports plus
ou moins horizontaux. Le corps et la queue sont de section ronde et le
museau est souvent long et pointu quand il est vu de dessus. La face ventrale
du corps est garnie d'écailles assez grandes, disposées en séries régulières.
L'oeil est vif, muni de paupières mobiles.
TEIIDES (ex. Ameiva, Leposoma)
- Lézards assez indolents, au corps cylindrique, trapu et brillant, circulant
à petites étapes sur les bois secs (grosses branches tombées), en pleine
lumière. La tête, au museau court et pointu, est peu mobile par rapport au
corps. Observés de près, ils montrent des écailles au contour grossièrement
hexagonal, assez grandes et de taille uniforme.
SCINCIDES (ex. Mabuya )
12
Introduction
A l'intérieur de chacune de ces familles, on peut reconnaître des
groupements d'espèces ayant quelques caractères communs, puis, de proche
en proche, il est possible de parvenir à l'espèce. C'est là le principe classique
des clefs de détermination, qui présente le désavantage de multiplier les
caractères dont l'observation est nécessaire, et d'obliger le plus souvent à la
capture et à la manipulation des animaux. Nous proposerons une telle clef
en annexe. Toutefois, ce n'est pas l'objectif principal de cet ouvrage qui tente
d'offrir un maximum de renseignements sur l'apparence et le comportement
de chaque lézard, ainsi que sur les lieux qu'il fréquente habituellement. Il
s'agit d'aider le promeneur à identifier la quasi totalité des espèces à partir
d'une observation à la jumelle, au téléobjectif ou après une lente approche.
Une récapitulation par grandes catégories de lieux regroupe plus loin les
communautés de lézards susceptibles d'être rencontrées aux différentes
heures de la journée, indépendamment de leur famille d'origine. Le
regroupement de toutes ces informations donne plus de confiance à
l'observateur pour l'identification des animaux et surtout plus de relief à sa
propre observation.
La nomenclature zoologique obéit à certaines règles internationales dont
les bases ont été proposées par Linné au XVIII ème siècle. Les règles
fondamentales sont les suivantes: l'unité du système est l'espèce, regroupée
avec ses plus proches dans un genre. Chaque catégorie est donc désignée par
deux noms en latin: le nom du genre suivi du nom de l'espèce, puis le nom
du premier descripteur.
13
LES LEZARDS DE GUYANE
14
OU VOIR LES LEZARDS
DE GUYANE
Ce chapitre est destiné à guider le promeneur dans l'identifiealion des
lézards qu'il est susceptible de rencontrer lors de passage da ns les différents
milieux représentés en Guyane.
LA REGION COTIERE ET LES VILLES
Les villes se sont développées en Guyane au voisinage de la côte, en
raison des sites portuaires e l de te rres c ulLi vables. L'enviro nnement nature l
des villes est donc essentiell ement celui du littoral a uquel sont venus
s'ajouter des éléments dus à la présence de l'Homme. Celle dernière a deux
effets principaux : favoriser certai nes espèces qui profitent d'une
augmentation de leurs ressources (accumula lion de déchets, etc.) ;
introduction accidentelle ou volonta ire d'espèces à partir d'autres régions.
Il n'y a guère de maison où, au moins sur le mur ex térieur près d'un
écla irage, on ne voit ·pas de "margouillat". H emidaclyllls mabouia (n' 1) fait
partie des hôtes habituels, coura nt sur les murs, souvent à la limite du
plafond, et venant le soir se gaver d'insectes qu'allire la lumière électrique.
Comme beaucoup d'animaux nocturnes, ce lézard ne présente pas de
couleurs vives, mais au contraire une teinte générale blanchâtre, assombrie
su r le dos par des taches brunes, plus ou moins transversales. On doit noter
que les anima ux vus en pleine lumière sont toujours beaucoup plus cla irs
que dans les cond itions, naturelles pour eux, de l'obscurité. Comme il a été
signalé plus haut, cet animal n'appartient pas à la faune d'origine de la
Maison coloniale à Cayenne
15
LES LEZ ARDS DE GUYANE
Guyane. La facilité avec laquelle il se cache dans le moindre interstice des
habitations a dû lui servir, depuis plusieurs siècles, à devenir un "passager
clandestin" des bateaux. Probablement origina ire des Antilles, il a essaimé
dans tout le monde tropical. Les oeufs pondus par ces a nimaux sont
sphériques et protégés par une vé ritable coquille dure. Ceci est une des
caractéristiques de la famille des Gekkonidés, les oeufs des a utres lézards
étant plus ou moins a llongés selon un axe et protégés par une coquille molle.
Les maisons trad itionnelles de Cayenne ava ient" souvent un jardin sur
l'arrière où. poussaient quelques arbres d'ornement ou fruitiers ct des
a rbustes. Les habitations plus récentes, situées à la périphé rie de la ville ou
en bordure de mer, sont aussi dotées d'espaces où toutes sortes d'animaux
trou vent nou rriture, gîte et lieu de ponte. On y rencontre de façon régulière,
on peut même dire familière, Allo/is marmorallls (n° 20), petit lézard
grimpeur qui chasse ses proies ou se chauffe sur les clôtures, les arb ustes et
les troncs d'arbres. Cet anima l, originaire de la Guadeloupe, s'est
parfaitement acclimaté dans la vi lle de Cayenne. Il y a encore beaucoup à
app rendre sur lui, ce qui peut paraître surprena nt dans la mesure où il fa it
partie de l'environnement domestique. Hormis son régime alimentaire
(Lescure et Fretey 1977), le rythme et les lieux de ponte, ainsi que les
relations entre les individus restent à être étudiés.
La présence de zones recouvertes d'herbes et de pelouses jusqu'à la
bordure de la mer explique probablement que Gymllophca/mus ullderwodi
(nO29) soit assez abondant dans les villes. On doit noter aussi sa présence
dans l'île Royale (Iles du Salut) où il occupe la zone d'accumulation des
déchets végétaux sous les cocotiers. Malgré sa petite taille, son aspect brun
cuivré attire l'oeil lorsqu'il se faufile rapidement entre les herbes des
pelouses. Si l'on parvient à ca pturer avec délicatesse cet a nimal, on peut
remarquer qu'i l n'a pas de paupières mobiles : l'oeil est recouve rt par une
lunette fixe, ce qu i est rare da ns la famille à laq uelle il appa rtient, les
Téiidés, et traduit généralement, chez les léza rds diurnes, une adaptation à
une vie cachée ou semi-souterraine.
L'existence de grands arbres jusqu'au bord du littoral, avec, au besoin, des
relais constitués par des toits, permet à l'Iguane de subsister en pleine ville,
les femelles venant pondre a u début de la saison sèche sur les plages et les
jeunes fréquentant les jardins. Igllana igllana (n° 8) est pourtant une espèce
menacée sur le bord des fleuves où elle est beaucoup trop chassée. Son
ma intien dans la ville est donc assez surprenant et s'explique sans doute par
l'implantation ancienne de ces populations qui trouvent dans l'île de
Cayenne à la fois une "forêt" proche, nécessaire à ces mangeurs de feuilles, et
16
Où voir les lézards ?
La zone littorale.' l'embouchure du Mahury
des sites de ponte très accessibles sur les plages. Au CQurs de son
développement, la ·ville a, heureusement, conservé en de nombreux poin ts
cette communication entre végétation et littoral.
Au voisinage immédiat du littoral, et à condition qu'il y ait du sable et
des arbustes, on rencontre, aux heures chaudes de la journée et en période
d'ensoleillement, un lézard brun sombre rayé de lignes jaunes. Il s'agit de
Cllemidophorus lemlliscatlls (n' 37), Téiidé dont les femelles ont la
possibilité de se reprod uire en l'absence de mâles (parthénogénèse). On ne
pourra pas voir de mâles de cette espèce à Cayenne ni sur presque tout le
littoral : c'est seulement entre la Mana et le Maroni que ces derniers sont
présents, reconnaissables par l'effacement des rayu res sur les fl anes, qui sont
occupés par des ocelles, et par leur gorge bleue. Ils sont aussi notablement
plus grands que les femelles. Comme beaucoup de lézards, le cnémidophore
est craintif dans les zones inha bitées et devient assez fa milier s'il a l'habitude
du passage. On peut alors observer d'assez près son comportement
d'ensoleillement, qui débute dès qu'il sort de son trou dans le sable, et le
sui vre dans sa recherche de nourriture au sol puis, aux heures les plus
chaudes, dans les arbustes.
17
LES LEZARDS DE GUYANE
18
Où voir les lézards ?
Les petits arbustes et les herbes en touffes qui peuplent les savanes
côtières hébergent Anolis allratllS (n° 19), un lézard très fluet, à la queue
longue, qui se fait remarquer par un dos uniformément beige à brun, limité
de chaque côté par une ligne claire. Sa gorge s'orne d'un fanon vert lorsqu'il
est inquiété ou cherche à se signaler.
LES COURS D'EAU
Les fleuves et leurs nombreux affluents constituent un réseau de
pénétration à l'intérieur du territoire guyanais. La nav iga tion s'effectue
souven t au voisinage des berges, permettant d'observer de no mbreux
animaux, dont des lézards, qui sont surpris par la vitesse de la pirogue et
n'ont pas le temps de disparaître dans le rideau de végétation. Par ailleurs,
les haltes sont toujours l'occasion de faire quelques pas sur les rives et de
voir les animaux inféodés à ce milieu.
Dans l'estuaire de l'Oyapock , o n peut avoir la chance de rencontrer
Crocodilllrlls lacertilllls (nO33), grand lézard clair, strié de gris, sur lequel on
possède très peu d'informat ions, vraisemblablement en raison de son
cornJX)rtement semi-aq uatique. Les voyages sur les fl euves sont surtout
l'occasion d'observer plus facilement deux catégories de lézards : ceux dont
le mode de vie est associé directement à la présence de l'eau ou à la
configuration particulière de la végétation se développant sur les rives et
ceux qui profitent, pour leur dispersio n, de l'ouverture créée par les CQurs
d'eau. /gllana igllalla (nO8) se tient, lorsqu'il est en position d'ensoleillement,
dans le rideau de végétation que forme la forêt le long des rives,
généra lem ent à une quinzaine de mètres, sur une branche horizonta le. Son
immobilité et l'homochromie de sa livrée le rendent très difficile à repérer
pour ceux qui n'ont pas appris ce jeu dès leur enfance. En période de décrue
des eaux, on voit des femelles sur les plages de sable émergée: c'est le
moment de la ponte.
Les haltes au voisinage d'arbres, dont les troncs sont souvent penchés vers
l'eau, permettent d'observer Uralloscodoll superciliosa (nO12), accroché la
tête vers le haut sur l'écorce; sa teinte sombre se confond bien avec le
support, mais sa silhouette caractéristique se détache lorsqu'il est aperçu de
profil : le corps allongé est surmonté par une petite tête arrondie tenue
obliquement. Le moindre mouvement un peu brusque entraîne une p10ngée
immédiate dans l'eau qu'il surplombe.
Milieux humides: les berges de l'Oyapock
19
LES LEZARDS DE GUY AN E
Les grandes daI/es rocheuses sont caractéristiques des berges des
rivière~
Le bivouac se pratique presque toujours da ns des endroits identiques,
.offrant un débarquement aisé (dégrad) et une zone dégagée où se dresse une
carbet. Ces conditions sont également favora bles à Ameiva ameiva (n° 36)
qui s'installe dans ce lieu avec une densité va riable en fonction de J'étendue
de l'espace ouvert. Parfois, il ne s'agit que de quelques individus que l'on voit
sortir, Je matin, de terriers creusés dans le sol, sur les parties ensoleillées de la
berge.
Penda nt la journée, la charpente des carbets est fréqu entée par le petit
sphérodactyliné grimpeur, GOllatodes Immeralis (nO4). Il circule lentement
ou par saccades sur les montants, en se cachant sur la face opposée lorsqu'il
se sent repéré. Au début de la nuit, il est possible d'apercevoir T/!ecadactylus
rapical/da (n° 2). Il vient profiter des insectes attirés par l'éclairage du camp ;
il arrive alors de quelque anfractuosité située dans le tronc d'un grand arbre
de la forêt avoisinante, où il a passé la journée, et s'installe sur les surfaces
verticales ou inférieures des éléments de la charpente, ou même sur une
moustiquaire. En effet, la possession, aux mains et aux pieds, de dispositifs
d'adhérence très performants lui permet des positions acrobatiques sur des
supports inhabituels. Dans les lieux de halte situés à l'emplacement
d'anciennes agglomérations, il fait entendre, comme beaucoup de
20
Où voir les lézards ?
Gekkonidés, un appel formé de quelques notes répétées. On peut rencontrer,
aux mêmes heures et dans les mêmes conditions, le lézard anthropophile
Hemidae/ylus mabouia (n° 1), tout à fa it commun dans les habitations du
littoral. II se distingue du précédent par sa teinte bla nchâtre moucheté de
taches grises ainsi que par l'absence de palmure entre les doigts.
LA FORET
La forêt est constituée d'une mosaïque de sous-uni tés écologiques offrant
chacune des conditions particulières cn raison des différences de luminosité,
d'humidité et des possibilités de répa rtition des sites utilisables par des
a nimaux comme les lézards. Compte tenu du relief le plus répandu en
Guyane, constitué par des collines en "dem i-orange"1 un sentier de forêt
traverse nécessairement une grande variété de milieux. A partir d'un dégrad,
on rencontre le plus souvent une zone de plat, correspondant à la terrasse de
la crique, qu'il n'est pas rarc de recouper dans un méa ndre, à moins qu'on
rencontre un petit affluent ou une zone inondable représentant un ancien
lit. Puis on aborde la pente d'une colline, chaq ue descente entre deux collines
successives obligeant à traverser un marécage, généralement occupé pa r des
palmiers pinots. Enfin, on do it assez souvent faire un la rge détour pour
éviter le fouillis de troncs et de branches accumulés à la suite de la chute
d'un grand arbre qui en a entraî né plusieurs: il s'agit de chabl is.
Su r le sentier lui-même, à condition de marcher sans précipitation, on
peut rencontrer deux petits habitants de la litière : Coelodae/ylus
amazonicus (n° 7) et Leposoma guyanellsÎS (n° 21) ; le premier est assez
fréquent dans les pentes où la litière sèche vite: rappelons que c'est un des
plus petits vertébrés terrestres. JI attire l'attention lorsqu'il s'enfuit
brusquement, mais la première impression est généralement de ne pas avoir
nettement iden tifié l'objet qui a attiré notre attention: est-ce un criquet, une
petite a raignée? Après plusieurs expériences de ce genre, on pa rvient à
reconnaître qu'il s'agit de ce minuscule lézard. JI est tout à fa it possible de
l'approcher de très près pour le photographier ou l'observer, si on prend la
précaution de ne pas effectuer de mouvements rapides. Le second est plus
gra nd, plus vif, et se déplace plus souvent à la surface de la litière.
Si le ni vea u général de la lumière est assez faible sous le couvert forestier,
un pour cent seulement de l'énergie qui frap pe le sommet des arbres
parvenant au sol, par contre, les tac hes de sole il ne sont pas rares et jouent
un rôle important pou r de nombreux animaux. Ainsi Arthrosaura kockii (nO
23) se fait-il repérer par sa bande dorsa le claire lorsqu'il se tient sur un tronc
couché ou un amas de feuill es illuminé temporairement par un rayon de
soleil.
21
LES LEZARDS DE GUY AN E
22
Où voir les lézards ?
Les endroits un peu sombres, plus humides, des bas de pentes ou des nats
rel;cu[ata
(nO 22 ) et d'I phisa elegans (n° 27). Tous les deux sont brun foncé et d'une
longueur supérieure à 10 cm : ils se différencient par leurs proportions,
1 phisa ayant des membres courts et une queue très longue, mais aussi par la
forme des écailles recouvrant la race dorsale qui sont lisses et disposées en
deux rangées seulement chez 1 plzisa, rendant l'animal brillant à la lumière.
C'est aussi dans les mêmes lieux que circule Priollodactylus argulus (nO 24),
reconnaissable à son allure élancée, à la mobilité de sa tête et aux deux
bandes brun acajou qui parcourent chaque côté du corps: contrairement
aux deux précédents, il grimpe sur les troncs couchés, en cours de
décomposition. En bordure de bas-fonds marécageux, la litière est
prospectée par Pseudogollatodes guiallensis (n° 6) que trahit son collier
clair.
en arrière d'une rive, sont favorables à la rencontre d'Arthrosaura
De part et d'autre des sentiers, les fûts des grands arbres sont le site
préféré des deux espèces de Plica (nO 10 et 11). Les pattes largement écartées,
la tête en bas ou dirigée vers le haut, ils attendent le passage d'insectes, le
plus souvent des fourmis. Près du sol, mais néanmoins sur la surface
verticale de contreforts ou d'une roche, on trouve Gona/odes annula,;s (nO
3), les mâles étant plus facilement visibles en raison de leur livrée sombre
piquetée de jaune. Une lente approche est nécessaire, sinon l'animal
disparaît brusquement dans un orifice du sol.
GOlla/odes Iwmeralis (nO 4) est souvent vu sur le rachis des palmes qui
s'étendent en entonnoir directement à partir du sol, ainsi que sur les jeunes
tiges du recru dans les chablis anciens. C'est également le cas de deux anolis,
Allolis fusco-aurallls et Allolis ortollii (nO 16 et 17), qu'il n'est pas facile de
distinguer J'un de l'autre sans un examen très minutieux. Leur couleur
grisâtre, très homochrome vis-à-vis de l'écorce, souvent marbrée par les
algues microscopiques et les lichens, leur fanon jaune à rosé et leur capacité
à sauter rapidement sont autant de caractères qui les séparent d'Anolis
c"rysolepis (nO 18) ; ·ce dernier est en effet terrestre, lent et d'une belle
coloration feuille morte: les mâles exhibent un fanon bleu vif; les femelles,
qui sont plus grandes, montrent une livrée plus claire, souvent presque
rousse.
Tout sentier de forêt arrive inévitablement sur un chablis, résultat de la
chute naturelle de quelques arb res. S'il est récent, le chablis offre une
barrière de branches, de trones et de feuillages et, s'il date de quelques mois,
Milieu forestier
23
LES LEZA RDS DE GUYANE
Les monts Tumuc Humac : vue du Mitaraca nord
il constilue une clairière encombrée de bois sec, barrée de grands troncs
couchés, entre lesquels s'élèvent un recru serré de plantes pionnières. Tant
que le soleil atteint le sol, l'espace du chablis devienlle domaine d'une petite
population d'ameives, Ameiva ameiva (n' 36), fondée sans doute par des
adultes provenant du chablis le plus proche. Les terriers dans lesquels les
animaux passent la nuit et les journées de forte nébulosité sont repérables
dans les endroits dégagés. A partir du chablis, les lézards prospectent
bruyamment la litière par des mouvements de grattage dans la forêt
avoisinante. Dans leur site d'orig ine, ils sont beaucoup plus craintifs que les
individus fréquentant en abondance lcs villages. Sur les troncs couchés elles
branches sèches, circule avec agilité K errtropyx ca/CaraluS (n' 35), un lézard
que l'on rencontre aussi en pleine forêt. En effet, consommateur d'insectes
vifs et souvent ailês, il vient chasser dans les espaces ouverts, mais réside sous
le couvert Paresseusement alignés sur de grosses branches, des Mabuya
mabouya (n' 38) attendent leurs proies en prenant le soleil. Enfin, et avec un
peu de chance, on peut assister à la traversée éclair du chablis par
TrelioscùlCUS agilis (n' 26).
24
LES LEZARDS DE GUYANE
Famille des Gekkonidés
1. H emidacly//l s mabouya fa it pa rtie de la vie quotidienne, dans les villes
elles maisons où il apparaît le soir, près des éclairages, courant sur la surface
des murs et des plafonds pour y chasser les insectes vola nts attirés pa r la
lumiè re. Cest un lézard de 10 cm de long, à queue tra pue, souvent tronquée
par autotomie. Beaucoup de lézards peuvent perdre leur queue
spontanément lorsqu'ils sont agressés, grâce à l'existence d'une zone fragile
au milie u des vertèbres de cel appendice; une no uvelle queue repousse
ensuite, soutenue seulement par une baguette cartilagineuse). Les membres
sont étendus latéralement et les doigts des mains et des pieds, largement
étalés en étoile, sont élargis e n spatule à leur extrémité. Chacune de ces
spatules porte, à sa face inférieure, deux ra ngées de 8 lamelles : il s'agit du
dispositif permetta nt à ces animaux d'adhérer à la surface des murs. La peau,
d'appa rence granuleuse, présente des taches irrégulières, sombres sur fond
clair, la teinte générale pouva nt va rier selon le support sur lequel se trouve
le lézard.
Strictement nocturne, il possède de gros yeux sous une lunette fi xe, et la
pu pille se réduit, en pleine lum ière artificielle, à une fcnte verticale.
Pourtant très commun et bie n connu des habita nts, cet a nimal n'est pas
originaire de G uyane. Il appa rtient à ces espèces dites "a nth ropophiles" qui
sui vent l'homme dans ses bagages, et a profité des nombreuses caches
offertes par l'intérieur des bateaux faisant autrefois la liaison entre les
différents pays tropicaux. On ne le rencontre pas dans les milieux naturels,
forêt o u savane, mais uniquement dans les habitatio ns, que celles-ci soient
isolées ou a bandonnées. Le genre He midactylus est néanmoins représenté
ailleurs, sur le continent américain, par d'autres espèces qui, elles, sont
autochtones.
25
LES LEZARDS DE GUYANE
Thecadactyllis rapicouda : la photo montre parfaitenzelU ['une des
caractéristiques des Gekkollidés : l'élargissement des doigts
2. Thecadaclyllls rapicallda est en quelque sorte la version sylvestre du
précédent : lui aussi nocturne, le corps aplati, les membres étalés
latéralement, il se rencontre le jour dans les coins sombres de la forêt:
contreforts des arbres, crevasses dans les écorces et les bois morts, chaos
rocheux. Nettement plus grand que l'hémidactyle et plus trapu, sa queue est
plus courte et particulièrement épaisse lorsqu'elle est régéné rée. Au lieu des
teintes gris sale du précédent, le thécadactyle imite les nuances brunes ou
verdâtres des écorces; autre différence : les doigts sont dilatés sur toute leur
longueur et sont réunis à leur base par une palmure. Cette espèce est propre
à la région guya no-amazonienne et séjourne uniquement en forêt On peut
le voir "enir, le soir, visiter la charpente des carbcts dans les campements.
Les deux lézards qui précèdent appa rtiennent à la subdi vision des
Gekkonidés la plus répandue dans le monde, la sous·famille des Gekkoninés
nocturnes, à pupille verticale et pourvus de lamelles ad hésives élargissant les
doigts. Par contre, ceux qui sui vent sont des Sphérodactylinés, une sous·
famille américaine de lézards diurnes, à pupille ronde et dépourvus de
lamelles adhésives.
26
Famille des gekkollidés
GOl1atodes amlu/aris, mâle
Gonatodes annularis, fenlelle
27
LES LEZARDS DE GUYANE
3. GOlla/odes alllllliaris est un lézard forestier assez farouche qu'on
rencontre le jour, immobile sur les fl ancs verticaux des contreforts ou sur
des parois rocheuses, et qui se réfugie dans un trou du sol à la moindre a lerte.
Il mesure 55 millimètres depuis le bout du museau jusqu'à la fente cloaca le.
Mâle et femelle n'ont pas la même a pparence: le mâle est uniformément
sombre avec un piquetage de points jaun es., La teinte de fo nd de la partie
postérieure du corps est parfois acajou. La femelle est plus homochrome,
c'est-à-dire se confo nd avec le fond d'écorce: sur un fond beige, elle présente
une bande claire le long de la ligne du dos, bordée de lignes plus sombres. Le
corps est cylindrique et la tête plutôt petite avec une pupille ronde.
4. GOlla/odes hlll1leralis pa rtage l'allure générale du précédent, mais il est
plus petit (35 mm de longueur museau-cloaque). Il est aussi plus actif, se
déplaça nt sur les trones morts dans les zones sombres, la base des jeunes
tiges d'arbres et le rachis des palmes. Il circule dans les cases des villages
indiens. Les sexes ne se différencient qu'en regard ant les animaux de très
près: le mâle porte une sorte de masque rouge ct verL Comme le précédent,
il utilise ses griffes aigués pour s'acc rocher sur les supports et s'y déplacer. Le
mâle présente un comportement curieux: il gonfle légèrement sa gorge,
oscille de haut en bas sur les membres antérieurs et a rque son dos. Assez
GOlJotodes humerolis .' mâle
28
SUT lU I
poteau de case
Famille des gekkollidés
souvent, ces a nima ux recourbent lentement leur queue de façon à exhiber la
face inférie ure qui est in terrompue de poin ts blancs.
5. Lepidoblepharis heyerorll11t, décrit seulement en 1978, en Amazonie,
est probablement assez rare e n Guyane. On n'en connaît que quelques
exemplaires depuis 1979. Long de 80 mm, dont 30 mm de la pointe du
museau a u cloaque, ce petit lézard est remarquable pa r la richesse de
coloration chez le mâle: le dos est gris, orné de raies transversales jau nes qui
sc recourbent ve rs l'avant pour former une couronne sur le dessus de la tête
et des ra yons à partir des ye ux. La gorge est rose violacé. Il a été trouvé dans
les zones sombres de la forêt, e t est capable de grimper au moins jusqu'à la
base du rachis des palmes pa rtant du sol. Ses gri ffes sont néanmoins
e nga inées dans un é tui d'écailles à l'image des deux espèces su ivantes.
Comme beaucoup d'espèces réput ées rares, cel animal est peut-être très
localisé à certains sites de la forêt. Les exemplaires connus de Guya ne
française ont été trouvés à la base du palm ier épineux cou nana
(Astrocaryul11 paramaca).
VII lézard fort rare : Lepidoblepharis heyeronmz
29
LES LEZARDS DE GUYANE
Lepidoblephoris Izeyeranu1l, môle, face Yelurale
Pseudogonatodes guione/Esis fréqllClJte les I1ri/îeux humides
30
Famille des gekkollidés
6. Pseudogonatodes guianensis a beaucoup de points communs avec le
précédent pa r la forme générale, mais il ne quine pas le sol et la litière de
feuilles mortes. Il vit dans les zones assez humides, en particulier dans les
marécages à palmiers pinots (Ewerpe o/eracea), et n'apparaît que
brièvement à la surface. Il se nourrit de minuscules a rthropodes qui
circulent dans les feuilles en décomposition. De coloration brun acajou
sombre, il se fait remarquer par un petit collier clair. Sa démarche est lente
et précautionneuse, tournant la tête d'un côté à l'autre à la recherche de
peti tes proies.
7. Co/eodactY/lIs amazolliclIS représente le nain des lézards. Il est
certainement l'un des plus petits vertébrés terrestres du monde. Sa longueur
museau-d oaque est seulement de 20 à 24 mm et son poids de 270 à 400
milligrammes. Pourtant, on a beaucoup plus de chances de le voir que les
précédents, car il est assez abondant dans les zones de forêt plus éclairées, où
la litière est sèche, sur la pente des collines et en lisière, même s'il y a eu
perturbation humaine. Sa teinte, de gris brun à brun rougeâtre, le fait se
confondre avec les feuilles mortes: aussi, c'est seulement lorsqu'il fuit par
31
LES LEZ ARDS DE GU Y ANE
une bru squ e détent e que l'on peut repérer sa présence. Si o n ne fait pas de
mouve ment s bru squ es, on peut l'observer en train de sc déplacer lent ement,
chassa nt des Colle mboles, insectes imparfa its, effectuant des bonds à l'aide
d'une sorte de ca tapult e située sous l'abdorn en. ,En compara ison de sa taille,
ce léza rd possède des yeux encore plus volumineux que le précédent. II
prospecte aussi à l'aide de sa langue, d'a ppare nce épaisse. C'est pa r un e
a pproche très lente, les doigts la rgement éca rt és adhérant a ux reliefs
microscopiqu es des- feuilles par un système d'engrènement de minuscules
épines, puis pa r un e détente brusque, que le eoléodaetyle capture des
arthropod es longs d'un demi millimètre.
La femelle de ccs to ut petits léza rds port e un seul oeuf, qui remplit la
cavité abdominale, et peUl se voir à travers la fin e peau du ventre. Elle pond
plusieurs fois au co urs de l'année dans les feuilles en décom posi tion.
Les rep résentants des Sphérodactyli nés, et spécialement les deux formes
les plus petites viva nt dans les fe uilles mort es, sont bea ucoup plus fréquents
que ne le laissent supposer les collecti ons des mu sées. Parmi les V ertébrés, ce
son t en réa lité, avec le léposome dont nous parlerons plus loin, les habitants
de base de la litière. Leur densité a pu être évaluée à 5 indi v idus par hec tare.
Evidemm ent, il faut ra mener les 10.000 m 2 à l'échelle de ces animaux pour
qui un e seule g ra nde feuille de 20 cm de long représente déjà un g rand
espace !
32
Famille des 19uanidés
Famille des 19uanidés
Comme la famille précédente, il s'agit d'un groupe de lézards faisant
partie d'une 1ig née présente sur l'ensemble continental ancien, avant la
séparation entre l'Afrique et la partie sud du continent américain. En
Amérique, les Iguanidés se sont beaucoup diversifiés, dans les forêts, en
exploitant la dimension verticale.
8. Igualla igualla, peut atteindre 1,70 m de longueur totale. La grande
iguane verte vil dans le rideau de végétation qui borde les cours d'eau et le
bord de mer. C'est le seul lézard végétarien de Guyane. Ca ractérisé par sa
crête dorsale et un fanon pendant sous le cou, sa coloration est très variable
individuellement, tant pour la couleur de base, qui varie du gris au vert, que
par l'importa nce des bandes sombres. Ces dernières jouent le rôle d'éléments
de rupture de la silhouette qu'il est ainsi très difficile de repérer dans la
végétation. Inquiétés, ces anima ux se laissent tomber dans l'eau et nagent en
profondeur à l'aide de mouvements de la queue, les membres rabattus vers
l'arrière. Ils gagnent ainsi un lieu sûr, au pied des berges.
Le tableau de chasse illustre à la fois le polymorphisme de 19uana
igllana et la principale menace pesant sur cette espèce
33
LES LEZARDS DE GUY AN E
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Famille des 19l1illlidés
L'iguane des forêts, Polychrus marmoralliS (page de gauche et ci-dessus),
dans une poSllIre évoquolll le caméléon
Ce gra nd lézard, lo rsqu'il nage ou vient pondre sur les plages, est victime
des g ros oiseaux de proie et des petits fé lins vivant dans les arbres, ainsi que
des caïmans. Nourriture traditionn elle des piroguiers, l'iguane se fait
nellement plus rare da ns les zo nes fréqu entées. La reproduction présente
un e péri ode saisonnière marqu ée, les feme lles aya nt besoin, pou r pondre de
25 à 50 oeufs, qu e des plages de sable soient dégagées par la baisse des ea ux,
a u début de la saison sèche.
9. PolycllfllS marl7l0ratllS est un lézard de tai lle moyenne (14 centimères
de longueur museau-cloaq ue, mais queue très longue), au corps fo rtement
comprimé latéralement. Ses mo uvements sont lents et il fréquente, en pleine
lumière, les petites ramifica tio ns de la couronne des arbres ainsi que les
arbustes de lisière. Il saute de rameau en ramea u par une détente simultanée
des deux palles postérieures. Il ne présente ni crête ni fanon. De coloration
vert-gris à vert clair selon l'éclairage, avec 3 à 4 bandes jau nes obliques sur
' Ies flancs, il mo ntre des raies plus som bres disposées en éto ile à partir de
l'oeil. Ce derni er est recouve rt d'un e paupière écailleuse percée d'un petit
trou, caractère qui, associé à sa 1enteur et sa capacité à faire varier un peu sa
teinte générale, l'a fa it appeler à to rt "caméléon" dans les pays de la ngue
35
LES LEZARDS DE GUY AN E
Gros plan sur Plica plica : 011 distingue parfaitement la touffe épineuse
qui caractérise la tête de ce lézard
Plica au démarrage: remarqller l'extension des palles postérieures
36
Famille des IgzlOllidés
espagnole. Il n'a pourtant aucune parenté directe avec ce lézard africain et
malgache, et n'est pas capable de faire mouvoir indépendamment ses deux
yeux comme les vrais caméléons.
10. Plica plica, de taille comparable au précédent, est, au contraire,
déprimé dorso-ventralement. Il fréquente le fû t rectiligne de grands arbres à
écorce plutôt lisse sur laquelle il se déplace, ou reste accroché à l'aide de ses
griffes, les pattes largement écartées. La coloration est souvent homochrome,
mimant, dans la pénombre du couvert, le revêtement de mousse et de lichens
des écorces. De chaque côté du cou, on peut voir une touffe d'écailles
épineuses et un repli de peau le long des fl ancs. Il se nourrit d'insectes qui
passent sur le tronc et, le soir, regagne un trou au pied des arbres.
11. PUca wnbra, très sembla ble au précédent à la fois par la forme du
corps et la façon de se présenter sur les troncs, est plus petit (85 millimètres
entre le museau et le cloaque) et se nourrit exclusivement de fourmis. On
peut le distinguer aisément de P. pUca par l'absence de touffes épineuses sur
le cou et de repl is de peau sur les fl ancs. Les jeunes sont plus terrestres et se
rencontrent sur les troncs morts, dans les zones ombragées.
Plica um bra (Photo J. Sauvanet)
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LES LEZARDS DE GUYANE
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•
Famille des Igulll!idés
Uronoscodolt Sllperciliosa. lézard arboricole et discret
12. Uranoscodon superciliosa, se voit au bord des rivières, accroché sur
les troncs de diamètre moyen, souvent penchés au dessus de la rivière.
Quatorze centimères séparent l'extrémité du museau de la fente c10acale
chez les adultes. La queue est longue. De couleur assez sombre, presque
brun-noir, il a une petite tête g lobu leuse, mobile, avec des crêtes au-dessus
des yeux et un museau très court. Une petite crête court le long de la ligne du
dos, depuis la nuque jusque sur la queue. Inquiété, ce lézard se laisse
immédiatement tombér dans l'eau.
13. Uracefllroll azureum surprend par son aspect. Contrairement aux
précédents dont la queue est to ujours longue et effilée, ce lézard, long de 80
millimètres entre le museau et le cloaque, possède une queue courtc, large,
aplatie et recouverte de grosses écailles saillantes et pointues, arrangées en
couronne, form ant comme une pomme de pin. Le corps est marbré de vert
pâle et de noir (le vert devient bleu après la mort). Il s'agit d'un animal
vivant dans le haut des arbres, au niveau des grosses branches, mais pouvant
venir circuler sur le rocher des "savanes-roches" élevées. Le mode de vie, la
période de reproduction, le lieu de ponte et le domaine vital sont encore peu
Ural!oscodol! superciliosa : gros plal! mOlllrall1 la tête globuleuse
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LES LEZARDS DE GUYANE
•
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Famille des 19l1onidés
UracentrOf1 azureum, magnifique a1limal marbré de vert
connus, comme c'est souvent le cas pour beaucoup d'animaux inaccessibles à
l'observation directe et continue.
14. Tropidurus torquotus, gris sombre avec un collier clair, n'est présent en
Guyane que sur certaines des zones rocheuses recouvertes, par plaques, d'une
végétation basse adaptée à la sécheresse (savanes-roches). Plus précisément, ce
lézard ne se rencontre que sur les sommets des collines granitiques, ou
inselbergs, situées au sud du territoire, dans la région appelée autrefois "monts
Tumuc-Humac". Cette espéce est bien représentée en Ama7.onie brésilienne et
autour de Belem, là où s'associent rochers et soleil. Sa présence, sous la forme de
populations complètement isolées sur certaines hauteurs de G uyane et du
Surinam, constitue le témoignage d'une période où la baisse de la pluviosité a
déterminé une contraction trés importante de la forêt et l'extension de grandes
zones de savanes qui réunissaient ces sommets de collines. Ce lézard gîte sous les
dalles rocheuses décollées par l'érosion, et chasse les insectes en guettant depuis
un point élevé.
15. Allohs pl/lletatlls est le plus gra nd représentant du groupe des anolis,
Uraeentron aZlIreum (Phot o J . Sal/vanet)
41
LES LEZARDS DE GUYANE
Allolis pllllelallls à l'affûI
lézards caractérisés par leur corps comprimé latéralement, leur museau
déprimé, avec l'extrémité en relief, des yeux proéminents, un fanon coloré
sous la gorge, et une apparence générale de maigreur, les membres étant
minces et terminés par des mains e l des pieds aux do igts très longs, munis à
leur face inférieure de lamelles adhésives.
Les anolis ont montré une véritable explosion évolutive en relation avec
l'occupation de l'espace compliqué des rameaux et des feuilles des arbres et
des arbustes. A. pUftctallls vil dans la couronne des arbres, en pleine lumière.
Comme Polychrus, on peut le rencontrer dans la végétation de lisière, ou
même dans les bananiers des abattis de forêt. De couleur verte, il se confond
avec les feuilles sur lesquelles il circule, mais il est capable de s'assombrir
jusqu'à une teinte brun violacé.
16. Allolis fl/seoal/ralus kllgleri est une forme assez petite (longueur
museau-cloaque : 45 mm; longueur totale jusqu'à 13 cm), viva nt dans le sousbois forestier, sur les jeunes tiges d'arbres et les petits rameaux. C'est un
lézard vif, excel1ent sauteur. Le museau est modérément court, les yeux
proéminents, et le fanon, déployé en réaction à la présence d'un autre
individu ou quand il est saisi, montre une couleur jaune vif à rose. La teinte
42
Famille des 19l1allidés
A nolis or/onli
du corps varie du beige au gris, avec des marbrures le rendant assez
homochrome de certains supports. JI se distingue visuellement du sui va nt
par une tache noire en avant de l'épaule.
17. Allolis ortOllii, très semblable au précédent, fréquente les mêmes
lieux, et souvent un examen détaillé est nécessaire pour les distinguer. On
peut noter l'absence de tache noire en ava nt de l'épaule et la teinte gris vert
marbré. Le fanon est jaune.
18. A llolis c!Jrysolepis c!Jrysolepis a toute l'apparence d'une forme aussi
bien adaptée au grim per que les précédentes. Pourtant, il s'agit d'une espêce
vivan t sur la litière de [cuiIJes mortes et relativement indolente. Il court au
sol en cas d'alerte, mais il reste le plus souvent immobile à attendre des
insectes, parfaitement confondu avec le milieu, grâce à une coloration qui
combine une ligne beige clair le long du dos et une teinte feuille morte. Les
femelles sont un peu plus voya ntes, avec une livrée uniformément beige
orangé. Le fa non des mâles est d' un beau bleu ciel, celui des femelles orange
vif. La taille est très légèrement supérieure à celle des deux anolis
précédents, surtout les femelles qui peuvent alleindre 18 cm de longueur
totale.
43
LES LEZARDS DE GUY AN E
44
Famille des 19l1ollidés
Ci-desslls : Allolis c"rysolepis mâle
Ci<oll1,e : Anolis .c"rysolepis mâle déployallt SOli falloll glllai,e
AJJolis c"'ysolepis femelle
45
LES LEZARDS DE GUYANE
19. Allolis allratlls ne se rencontre que dans la végétatio n arbustive des
savanes côtières. De couleur brun doré sur le dos, il présente une rupture
brusque avec les flancs et le ventre marquée par une ligne claire, continue,
partant du coté de la tête et s'élendant jusqu'à la raci ne des pattes
postérieures. La queue est très longue, lorsqu'elle est intacte, représentan t
plus de 70 % de la longueur totale (17 cm au plus). Le fano n des mâles est
bleuâtre à vert.
20. A llolis marmorallls specioslls est, tout simplement, le lézard qui
habite les jardins et les cours des habitalions de Cayenne. Il ai me se chauffe r
sur les barrières et les murs, el passe la nuit dans le feuillage des arbres
d'ornementalion, des bananiers, des papayers ou des buissons formant des
haies. La colorai io n bleu-vert de cel animal, atteig nant de 15 à 18 cm de
long ueur totale, est beaucoup plus vive chez les mâles. Il se nourrit
principalement d'insectes, pris sur les troncs d'arbres et les branches, avec
un e dominance de fourmis. Malgré sa densité de population importante à
Cayenne, ce lézard n'est pas originaire de Guyane. Il a été introduit à partir
de la Guadeloupe à une époq ue inconnue. Il n'a d'a illeurs pas réussi à
s'installer hors de cette parlie du liltoral.
Leposoma guyanese, pelit lézard des zones JUlIllides
46
Famille des (éiidés
Famille des Téiidés
On peut considérer que les espèces de la famille précédente, celle des
Ig uanidés, sont, e n fo rêt, les spécialistes de la dimension verticale, depuis le
sol jusqu'à la couronne des a rbres, avec une majorité de formes grim peuses.
Par contre les Té iidés se sont plutôt di versifiés en espèces se partageant les
zones basses et la dimension hori zontale.
L'étendue de l'échelle des ta illes est la plus gra nde de toutes les fami lles.
Les plus petits de ces lézards (Leposoma) alleigne nt à peine 10 cm de
longueur tota le et se nourissent de minuscules arthropodes da ns la litière ;
les plus grands (le téju), longs de près d'un mètre, sont des prédateurs
s'allaquant au x autres vertébrés.
21. Leposoma guiallellse enlre en concurrence avec les pelits
Sphérodactylinés, Col eodacty llis et Pselldogollatodes, ca r, à peine plus long
qu'eux (35 à 40 mm entre le musea u et le cloaque), il consomme aussi des
micro-arthropodes de la litiè re. Il se distingue toutefois nellement de ses
compétiteurs en circula nt plus souve nt à la surface des fe uilles mortes,
parfois en zone bien éclairée, el avec une grande vivacité. Sa queue,
relati vement longue et effilée, allire !'allention pa r sa teinte presque
ora ngée, par opposition au reste du corps qui est brun avec deux taches
sombres sur le dos, à la hauteur des palles postérieures. Le vent re du mâle est
rose. Il peut alleindre une densité de population assez forte dans certa ins
endroits où la végétation est claire et néanmoins hum ide (pa r exemple le
chemin de halage du saut Maripa sur l'Oyapock). Le léposome est le
représenta nt typique d'un sous-groupe de Téiidés nommés micro-téiidés en
raison de leurüille plus réduite. La durée de vie de ces lézards est brève: ils
n'achèvent probablement pas leur deuxième année.
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LES LEZARDS DE GUYANE
Arlhrosaura reliat/ota verstegei
Arlhrosaura kockii affecliolllle les laches de lumière
48
Famille des téiidés
22. A rthrosaura reticu/ota verstegei est un peu plus grand que le
précédent (70 mm de longueur museau-cloaque) et de couleur
uniformément brun brillant. Il est très discret, circulant dans les zones les
plus sombres de la forêt, rarement à la surface des feuilles mortes, souvent
sous les troncs couchés.
23. Arthrosaura kockii peut atteindre une taille nettement supérieure à
son congénère. Mais c'est surtout par son apparence et son habitat qu'il s'en
distingue. Ce lézard est en effet assez coloré, à fond rougeâtre avec, depuis le
pointe du museau, une bande très claire le long de la ligne médiane du dos.
La queue est orangée. Il recherche les taches de lumière, grimpant sur un
tronc couché. On peut remarquer que les palles postérieures sont
proportionnellement plus longues dans cette espèce capable de grim per que
dans la précédente qu i circule sous les feuilles mortes.
24. Prionodacty/us argu/us a une forme élancée et se déplace avec
aisance sur les obstacles qui jonchent le sol forestier, dans les zones sombres
et humides. Il est caractérisé par sa tête un peu large qu'il tourne par rapport
au corps lorsque l'animal prospecte le milieu. Deux lignes claires courent sur
les côtés du dos, soulignées chacune par une bande brun acajou s'étendant
Prionodacty/us argu/us est caractérisé par ulle très longue queue
49
LES LEZARDS DE GUYANE
depuis la pointe du museau jusqu'au membre postérieur. Le ventre est
presque blanc et les écailles du dos, des flancs et du ventre sont de tailles
différentes. JI atteint 17 cm de long, dont 70% pour la queue.
25. Alopoglossus annulallis n'est probablement pas très fréquent en
Guyane. Plus petit que le précédent, sans présenter une tête bien distincte et
mobile comme ce dernier, il vît sur le sol, circulant sur la litière. Par ses
écailles dorsales fortement carénées et sa coloration brune, il peut être
confondu avec le léposome. Les différences ne sont guère perceptibles pour
un oeil non averti: taille légèrement supérieure et alignement des gra ndes
plaques couvrant la partie arrière du dessus du crâne (interpariétale alignée
sur les pariétales alors que chez Leposoma l'interpariétale dépasse vers
l'arrière le bord des pariétales).
26. Trelioscincus agilis est un des plus beaux lézards qu'on peut avoir la
chance d'apercevoir dans les chablis récents, dès que les feuilles desséchées
se sont détachées, laissant les branches-à nu. TretioscinClis est toujours en
mouvement, ne s'arrêtant que quelques secondes pour prendre le
rayonnement solaire en rabattant les pattes le long du corps. JI prospecte le
dessous de la litière, puis brusquement traverse les clairières en courant à
TretioscillClIS agilis, l'lIll des plllS jolis lézards de Guyane
50
· Fonùlle des téiidés
une vitesse surprenante sur les troncs et les branches horizontales et
disparaît à l'autre bout, sous la litière. Ses couleurs sont très vives: dos brun
métallique, ventre vert métallique et dessus de la queue bleu vif. Ses écailles,
de grande taille (il n'yen a que 16 autour du corps), lisses, le font ressembler
au scincidé Mabuya (nO 38) parmi lesquels il passe, car ces lézards sont
souvent installés sur les bois morts. Les indiens waya na le désigne du même
nom que le scincidé en ajoutant le qualificatif "à queue bleue". Toutefois,
comme tous les Téiidés, Tretioscinclls a le menton couvert de larges écailles,
alors que les Scincidés ont des petites écailles à cet endroit. Les mains de ce
lézard n'ont plus que 4 doigts griffus, de taille à peu près égale et parallèles,
le pouce étant très petit et caché sous la peau ; elles constituent un outil
efficace pour une course rapide sur les écorces.
27. 1phiso elegons est remarquable par la longueur de sa queue qui
représente en effet jusqu'à 70 % de la longueur totale (une quinzaine de
centimètres). Les pattes sont relati vement petites; brun irisé, il glisse avec
agilité sous les feuilles mortes, en ondulant comme un serpent. Les écailles
sont très grandes et toutes lisses sur le tronc où il n'y a que 6 rangées sur le
dos et 6 sur le ventre; par contre, les éca illes de la queue sont carénées. Avec
1 phiso on est en présence d'un lézard chez qui les pattes ne jouent plus le
1 phiso ell!1(ollS, la rédllction des palles est ici très visible
51
LES LEZA RDS DE GUYANE
rôle prédominant pour le déplacement. La réduction des pattes et le passage
à un déplacement par ondulation du corps se manifestent dans la plupart des
familles de lézards du monde. En Gu ya ne, ce sont les Téiidés qui présentent
des exemples de ce phénomène.
28. Bachia cophias illustre très bien cette tendance à imiter l'aspect d'un
serpent. Ce petit lézàrd, qui peut atteindre 18 cm de long, n'a que 4 mm de
diamètre. Sa queue prolonge directement le tronc effilé. Il vit dans les
souches des a rbres morts et l'enchevêtrement de radicelles qui s'étend sous
les feuilles mortes. Son museau est garni de grandes écailles formant une
zone résistante lors de la pénétration dans le sol. Par comparaison au x a utres
membres de la famille, le tronc possède un nombre élevé de vertèbres (47
contre 26). Les écailles sont disposées en anneaux correspondant, dans le
tronc, au nombre de vertèbres. Lorsqu'il est inquiété e n terrain découvert, il
saute en se servant de la queue comme d'un ressort Les membres sont
rédui ts à l'état de moignons, les doigts n'étant plus visibles distinctement et
les griffes étant absentes. Ils conservent néanmoins leur mobilité propre lors
du déplacement, avec un reste de coordination, surtout pour les antérieurs
(Gasc, 1986). Cet animal est assez souvent vu lors des travaux de désouchage.
Bachia cop/uas : TWler la réduction des membres ol11ériezus
52
Famille des téiidés
GynlJU)plUalnUls underwoodi, espéce discrète de la zone littorale
29. Gymnophtalmus UI.derwoodi ne vit pas en forêt. Cest une espèce du
littoral et des îles qui a colonisé les pelouses des jardins et les débris qui
jonchent le sol, sur les plages, au-dessous des cocotiers. Long d'environ 9 cm,
il donne, en raison de sa teinte brune et cuivrée et de ses grosses écailles,
l'apparence d'un tout petit membre de la famille des Scincidés, mais, comme
pour TretioscilZcus et tous les Téiidés, il possède de grosses écailles sous le
menton. Les membres sont rela tivement courts, et le pouce n'est pas visible
extérieurement Il présente la particularité de n'avoir pas de paupières
mobiles, l'oeil étant recouvert par une écaille en verre de lunette, comme
celui des serpents et des Gekkonidés. Il semble que les individus mâles soient
très rares ou même absents dans certaines populations, cette espèce se
reproduisant principalement par un développement spontané des ovocytes
des femelles.
53
LES LEZARDS DE GUYANE
Cercosmtra ocellala
30. Cercosallra ocellala, lézard de taille moyenne (20 cm de longueur
totale dont 70% pour la queue), vit en forêt, au voisinage des petites criques.
Ses écailles dorsales, rectangulaires et carénées, lui donnent un aspect
luisant, de teinte brun clair sur le dos, avec 4 lignes blanches de l'arrière de
la tête à la base de la queue.
31. N eusticurus rudis est un animal très discret que l'on trouve au bord
des petits ruisseaux et des forêts aux alentours. Il chasse dans l'eau peu
profonde, se nourrissant de larves aquatiques et d'alevins. Le plus
remarquable est son allure de tout petit caïman, avec des écailles dorsales en
relief sur la nuque, le tronc et la base de la queue qui présente ainsi une
double crête. Sa teinte gris rosâtre, mouchetée, le rend peu visible sur les
berges, à la limite de l'eau où il a son terrier.
32. Neuslicurus bicarina/us, plus élancé que le précédent, s'en distingue
par son tympan enfoncé profondément, ses écailles latérales de la queue plus
grandes et une teinte générale plus grise.
33. Crocodilurus lacer/inus, lézard aquatique fréquentant les rones
d'estuaire et de marécages, est nettement plus grand que les deux précédents
54
Famille des téiidés
Neustrieums rndis, l'un des deux téjus aquatiques de Guyane
NeustricunlS nuiis, juvénile
55
L ES LEZ ARDS DE GUYANE
avec lesquels il partage l'allure générale de peti t caïman. Très discret et
surtout fréquentant des zones peu accessibles, il a été rarement vu. JI faut
signaler qu'on peut identifier, à tort, comme croccxlilure des individus
juvéniles de Tupinambis nigropunctallls, le grand lézard de terre ou téju, qui
se tiennent souvent cachés sous la végétation et les troncs couchés des berges
des criques; le crocodilure se reconnaît à sa coloration brun clair à taches
noires sur le dos et à ses flancs sombres, tachetés régulièreme nt d'ocelles de
couleur claire. Sa què ue est longue (deux tiers de la longueur totale) et
comprimée latéralement ; au contraire, les jeunes téjus sont à fond jaune
rayé transversalement de noir ; le ur que ue, de section ronde, est assez courte.
Le crocodilure mérite, en Guyane, le nom de lézard-caïrnan.
Historiquement, c'est un autre lézard qui a été envoyé de Cayenne, au
XyrIIème siècle, sous ce nom : la dragonne ou Dracaena guianensis, grand
téiidé aquatique fréquent en Amazonie el chassé encore aujourd'hui pour sa
peau. Cet animal ne paraît pas franchir les limites de l'embouchure de
l'Oyapock et ne peut être considéré comme fa isant partie de la fa une de
Gu yane française.
34. Tupinambis nigropllnctallls, le grand lézard de terre, nommé
"sauvegarde" da ns les anciens textes et souvent téju, est un prédateur de
Tup inambis nigropwlctatlls, le téju lJoir et blanc
56
Famille des téiidés
diverses proies, petits oiseaux, rongeurs, autres lézards. Il est très
opportuniste et profite, à l'occasion, des déchets rejetés à la périphérie des
habitations, ainsi que des élevages de poulets. Son corps massif, long de 30
cm entre le museau et le cloaque, en fait le plus grand lézard terrestre de
Guyane. Armé de puissantes mâchoires, il prospecte le sous· bois en lançant
régulièrement sa longue langue bleuâtre. Lorsqu'il est inquiété, il se lance
dans une course très rapide et bruyante, les jeunes étant alors capables de
"décoller" le train antérieur dans une course bipéde. Moins long que l'iguane,
il est néanmoins plus vif et contraste avec celui-ci par sa coloration brunnoir interrompue de marques jaunes : il se confond ainsi avec le tapis
sombre des feuilles mortes éclairé par des taches de soleil. Comme l'iguane,
il est très peu visible dans le rideau de végétation des bords de fleuves. On
peut encore noter que les jeunes Tupinambis, fréquentant le sol des berges
qui reçoivent la lumière, sont plus clai rs que les ad ultes, en raison de
l'étendue plus grande des parties colorées en jaune, et se tiennent souvent
cacbés sous les troncs couchés, guettant leurs proies.
35. Kelltropyx ca/caratus, est certainement le lézard le plus commun en
forêt. Ce téiidé de taille moyenne (10 cm entre le museau et le cloaque,
environ 30 cm au total chez les plus grands), fréqu ente les clairières formées
KenJropyx ca/carotus adulte
mon/rOlU
57
une livrée très colorée
LES LEZARDS DE GUYANE
par la chute naturelle des arbres (chablis) tant qu'il subsiste des trouées de
lumière, les abattis et les campements qu'il vient visiter à partir de la forêt
avoisinante où il a son gîte. Il circule aisément au-dessus du sol, en utilisant
tous les supports disponibles jusqu'à deux ou trois mètres de hauteur: amas
de branches, palmes, tronc effondré resté en position oblique... ou toit des
carbets. Il se nourrit d'insectes passant à ce niveau, y compris ceux qu'il peut
saisir au vol. L'apparence sombre des adultes, qui les fait échapper à l'oeil du
promeneur, est tout à fait trompeuse car, observé en pleine lumière et d'un
peu plus près, il révèle une livrée assez complexe et colorée : le fond brun est
interrompu sur la ligne méd ia-dorsale par une large bande brun verdâtre
qui s'éclaircit vers la tête ; les flancs sont ponctués d'ocelles bleuâtres et le
ventre est rose sale. Les individus juvéniles, beaucoup plus rapides et sautant
dans les rameaux des chablis, sont ornés par une ligne médio-dorsale d'un
vert jaune très vif, à éclat métallique, qui part de la pointe du museau.
36. Anzeiva ameiva. Ce lézard terrestre ne passe pas inaperçu en raison de
sa taille (un mâle adulte atteint 40 'cm de longueur totale), de son
comportement bruyant de fourrageur et de sa présence jusque dans les villes.
Il appartient néanmoins à la faune de la forêt, établissant ses terriers sur la
berge ensoleillée des rivières, mais aussi dans le moindre chablis et sur les
"savanes-roches". L'ameive aime la chaleur et le soleil , c'est pourquoi il est
aussi abondant dès que l'Homme défriche la forêt, en particulier le long des
pistes. Cet animal se disperse naturellement en gagnant, de proche en
proche, de nouveaux chablis. Le terrier, creusé en sol dur à l'aide de mains
armées de griffes puissantes, est toujours situé dans une zone découverte,
frappée par le soleil. L'animal y passe la nuit, mais aussi les journées
pluvieuses. En fait, il rentre au gîte dès que sa quête de nourriture a été
suffisamment productive. La journée d'u n ameive débute par la sortie du
terrier, assez souvent obturé par un bouchon de terre. C'est probablement
l'élévation de la température superficielle, sous l'effet des premiers rayons
du soleil, qui lui donne le signal du réveil. Il gagne alors une tache de
lumière sur des feuilles mortes et adopte une position caractéristique: corps
largement aplati sur le sol pattes écartées. Grâce à cette attitude, les calories
solaires vont permettre une élévation du métabolisme jusqu'à un ni veau
compatible avec l'activité de recherche de la nourriture. Celle-ci est
principalement constituée de proies vivant dans le sol et sous les feuilles
mortes : larves d'insectes, vers de terre. Cette recherche nécessite une activité
continue, des déplacements saccadés au cours desquels le museau est porté
d'un côté à l'autre, et la langue projetée pour déceler les odeurs. Si une proie
est repérée, les mai ns entrent en action et creusent le sol. Chaque individu
prospecte ainsi un périmètre de quelques dizaines de mètres et, dans les
grands espaces où la densité de population est assez forte, les mâles adultes
58
Famille des téiidés
Ameiva ameiva, l'ameive comnum, fonne rnâle adulte
Ameiva omeiva. l'omeive commun, forme juvénile
59
LES LEZARDS DE GUYANE
Les terriers d'Ameiva sont assez faciles à repérer
entrent en conflits qui se terminent, le plus souvent, par une courte
poursuite. Cette espèce montre une curieuse variation de la livrée au cours
de la vie des individus: bruns à l'éclosion, les jeunes lézards prennent ensuite
des couleurs qu'ils conserveront pendant toute leur croissance: dessus de la
tête et de la pOrtion thoracique d>un vert très vif, portion arrière gris-brun.
Soudainement, les individus qui dépassent 10 cm de longueur museaucloaque montrent une inversion dans la répartition de ces couleurs! Ce sont
les portions postérieures du corps qui prennent sur le dos une coloration
vive, vert et bleu, tandis que la tête et le thorax deviennent gris-brun
moucheté. Peu de temps après qu'un chablis se soit créé, un ameive adulte
l'investit. Il n'est pas rare de voir un mâle, reconnaissable à sa taille et à ses
puissantes mâchoires, suivre une femelle pas à pas, au cours de la journée, et
rentrer à sa suite dans un terrier. Il semble que les femelles pondent leurs
oeufs en deux périodes de l'année, l'accouplement ayant lieu au début de
chaque saison sèche (mars et août).
37. Cnemidophorus lemniscatus constitue à la fois un bel animal, assez
facile à observer, et une curiosité biologique. De taille moyenne (jusqu'à 2
cm de longueur totale), il occupe les parties les plus ensoleillées des zones
de sable où se développe une végétation herbacée et arbustive. Sa livrée est
60
Famille des téiidés
Cnemidophorus lemniscatus, le lézard coureur ponctué, mâle
Cnemidophorus lemniscalus, le lézard caureur ponctué, femelle
61
LES LEZARDS DE GUYANE
immédiatement reconnaissable : à fond brun, il est rayé de jaune dans le sens
de la longueur. Dès que le soleil commence à chauffer le sable, on peut voir
ces lézards sortir de terriers, venir se chauffer sur des mo rceaux de bois
échoués, des troncs couchés ou des débris de murs et de tuiles. Ils chassent
ensuite activement des insectes el, lorsque le sable est devenu brûlant,
circulent par saccades en levant une ou deux pattes à la fois dans les instants
d'arrêt, ou en effectuant des mouvements rapides de piétine ment avec les
mains. Commence alors la période où ils vont grimper dans les herbes et
arbustes et y chasser. L'apparence uniforme de ces animaux, hormis une
taille variable correspondant à des âges différents, est la règle sur tout le
littoral, jusqu'à la Mana vers l'ouest. Par contre, les populations qui occupent
les zones sableuses s'étendant entre ce fleuve et le Maroni montrent deux
types d'individus : en nombre plus faible, on rencontre des lézards rayés de
jaune plus grands que les autres et possédant une gorge d'un bleu très
intense. Ceux-ci sont des mâles, les autres des fem elles. Autrement dit, tous
les léza rds présents sur les plages de Cayenne ou de Kourou sont des
femelles. En effet, comme c'est le cas ..pour plusieurs espèces du genre
Cllemidophorlls, les femelles sont capables de se reproduire sans la présence
de mâles ; ce mode de reproduction est appelé parthénogénèse. Cette
particularité biologique offre un ava ntage immédiat pour l'espèce : une
seule femelle peut fonder une popu lation et assu rer ainsi une dispersion très
rapide de l'espèce. Toutefois, contrairement à ce qui est observé dans le
bassin de r Amazone, CnemidophoTUS lemniscatus est limité, en Guyane, à
la région côtière, et ne se rencontre pas sur les rives des fleuves de J'intérieur.
Ceci est très probablement dû au fait que les fleu ves guyanais sont coupés de
rapides et de zones rocheuses, les berges sableuses continuellement émergées
étant relativement rares. Or cet animal est incapable de creuser un terrier en
terrain dur, car il ne possède pas les puissantes mains et griffes de l'ameive.
On peut néanmoins le rencontrer sur le bord de pistes s'enfonçant dans la
forêt, au-delà des savanes littorales, à condition qu'il ait pu trouver du sable,
soit que celui-ci ait été apporté par l'homme pour la fabrication de ciment
(piste de Saint-Elie), soit que la forêt se développe sur du sable blanc (piste
de Paracou, non loin de Sinnamary).
62
Famille des scincidés
Famille des Scincidés
CeUe famille est très représentée dans le monde tropical et tempéré, et
comprend un nombre impressionnant de- genres e l d'espèces sur les
continents africain el asiatique, à Madagascar, en Australie et même sur le
pourtour de la Méditerranée. Sur le continent américain, toutefois, elle ne
présente que peu de formes dont la quasi-totalité appartiennent à des genres
déjà représentés en Afrique. C'est le cas pour Mabuya.
38. Mabu ya mabouya a l'apparence classique du scincidé: un corps assez
trapu à section ronde, une tête peu libre par rapport au tronc, des paues
assez courtes, une queue conique relativement courte. Les écailles sont
grandes, d'un brun cuivré avec une bande plus sombre sur les flancs. Ce
lézard se rencontre de préférence sur les branches sèches qui s'étendent
horizontalement dans les chablis et dans les savanes sèches. Il peut aueindre
une vingtaine de centimètres de longueur totale. En pleine saison sèche, les
femelles meUent bas 4 à 5 jeunes qui se sont développés à l'intérieur des
oviductes (ovoviparité).
Mabuya mabouya se rencontre dans les chablis et les savanes,
comme l'indique son nom vernaculaire: scinque des herbes américain
63
CLE D'IDENTIFICATION
DES LEZARDS DE GUYANE
Les clés d'identification ne sont pas des classifications, mais des
procédures pour guider l'observateur confronté à une faune locale. Elles
n'ont donc de valeur que dans le cadre de l'ensemble des êtres vivants,
considérés généralement dans des limites géographiques, ici les lézards de
Guyane. Un caractère de reconnaissance n'est pas nécessairement un
caractère systématique; il peut être utile pour identifier un animal et ne pas
avoir de signification pour placer une espèce dans son groupe naturel qui est
rarement circonscrit à une région. En outre, une des caractéristiques des
êtres vivants est leur variabilité. Ceci est particulièrement sensible chez ceux
qui, comme les vertébrés, se reproduisent par voie sexuée: à part le cas des
vrais jumeaux il n'y a pas deux individus rigoureusement semblables. La
variabilité touche tout l'organisme, et plus spécialement les caractères
externes qui sont mis en place tardivement dans la construction de
l'individu. Or, pour des raisons de facilité, ce sont le plus souvent ces
caractères qui fournissent les critères de reconnaissance pratique.
L'élaboration d'une clé repose, par conséquent, sur un arbitraire, les
caractères étant retenus pour leur visibilité et leur constance, plusieurs étant
associés pour donner plus de confiance à l'observateur. Enfin, cette clé est
destinée aux observateurs de terrain, c'est pourquoi elle comprend des
caractères de nature écologique: lieux de rencontre et support des animaux,
période d'activité, etc. Les numéros correspondent aux pas de la clé et non
pas à ceux de la liste des espèces.
- Tout le dessus de la tête couvert de très petites écailles; paupière
inférieure fixe, tranparente, formant un "verre de contact"; longueur
totale comprise entre 40 et 150 mm
2
65
LES LEZARDS DE GUYANE
- Dessus de la tête au moins partiellement couvert d'écailles
individuellement visibles à l'oeil nu
8
2
- Pupille verticale; doigts élargis portant deux rangées de lamelles
transversales à leur face inférieure; lézards se tenant souvent sur des
parois lisses, parfois à la face inférieure du support; actifs de nuit
3
- Pupille ronde; doigts faiblement élargis, portant une seule rangée
de lamelles transversales à leur face inférieure; lézards actifs de jour:
longueur totale ne dépassant pas 10 cm
4
3
- Doigts élargis sur toute leur longueur, réunis à la base par une
palmure; coloration à fond gris interrompu de bandes sombres aux
bords déchiquetés; queue souvent tronquée formant un appendice
épais; lézard de forêt
Thecadactylus rapicauda
- Doigts élargis surtout à la base; teinte générale claire; dans les
habitations des agglomérations
H emidactylus mabouia
4
- Queue effilée portant une alternance de marques sombres et claires;
lézards circulant sur les écorces; doigts de longueur visiblement
inégale au pied) accrochés au support par des griffe~
5
- Queue épaisse sur la majeure partie de sa longueur lézards
circulant dans la litière de feuilles mortes; doigts du pied disposés en
étoile dont les branches paraissent presque égales, terminés par un
bout arrondi
6
5
- Petite barre transversale claire en avant de l'épa ule ; coloration
complexe où vert et rouge sont associés; longueur maximale entre le
museau et l'anus inférieure à 40 mm
Gonatodes hwneralis
- Teinte à fond sombre piquetée de points jaune (mâles) ou à fond
clair avec une bande dorsale crème bordée de lignes latérales
sinueuses plus sombres (femelles); longueur museau-anus maximale
supérieure à 40 mm
Gonatodes annularis
66
Clé d'idel11ificatiOlz des lézards de Guyane
6
- Profil concave du museau; oeil proportionnellement volumineux,
formant deux masses saillantes et sombres; écailles dorsales carénées
disposées en tuile; teinte générale de gris à brun acajou formée en
réalité par une association complexe de minuscules taches; marques
claires au coudes et aux genoux; longueur museau~anus de 20 à 24
millimètres
Coelodactylus amazonicus
- Profil convexe du museau ; écailles dorsales juxtaposées,
granuleuses, donnant un aspect velouté ; deux lignes claires de
chaque côté de la queue à partir du niveau des membres postérieurs,
réunies par des barreaux transversaux
7
7
- Collier rosé sur l'arrière de la tête tranchant sur la teinte générale
brun rougeâtre
Pseudogonatodes guianensis
- Teinte dorsale gris plomb parcourue par de fines lignes jaunes;
gorge couleur brique
Lepidoblepharis heyerorum
8
- Lézards aux membres grêles; le corps comprimé latéralement;
museau déprimé avec l'extrémité en relief; peuvent déployer sous la
gorge un fanon, de couleur assez vive, différente de celle du corps
9
- Association différente de caractères; pas de fanon mobile
14
9
- Teinte beige ou grise marbrée, uniforme sur le dos et les flancs,
fanon jaune ou rosé
10
- Teinte et dessin différents sur le dos et les flancs
11
10
- Teinte beige, tache noire en avant de l'épaule; fanon jaune rosé;
écailles dorsales lisses sauf les rangs médians qui sont carénés ;
écailles carénées sur le museau; petites écailles dans l'espace entre les
yeux
Allolis fuscoauratus
- Teinte grise; fanon jaune; écailles dorsales toutes lisses y compris
celles du museau, écailles de taille moyenne entre les yeux
Anolis ortonU
67
LES LEZARDS DE GUYANE
11
- Teinte à base de vert et de bleu
12
- Teinte à base de brun
13
12
- Teinte verte uniforme ponctuée de quelques petites taches blanches
pouvant s'assombrir brusquement ; museau long, vivant dans le
feuillage, longueur totale supérieure à 20 cm
Anolis punctatus
- Teinte verte et bleu; museau plutôt court; vivant dans les jardins de
la côte; longueur totale inférieure à 20 cm
Anolis marmoratus
13
- Teinte brun doré sur le dos, ligne latérale claire sur le tronc, queue
très longue, fanon vert
Anolis auratus
14
- Corps comprimé latéralement, queue très longue, présent dans le
feuillage, les arbres et les arbustes
15
- Corps déprimé dorso-ventralement ou à section cylindrique
16
15
- Teinte générale vert ou gris-vert, interrompue de taches. Crête
dorsale formée de longues franges, fanon permanent sous la gorge,
une grande écaille dans la région de la joue. Longueur totale jusqu'à
1,80 m
Iguana iguana
- Teinte dorsale formée de bandes vertes et jaunes alternées ventre
beige clair; pas de crête dorsale; petit fanon permanent bordé d'une
frange d'écailles; raies sombres disposées en étoile à partir de l'oeil, ce
dernier apparaît au centre d'une paupière circulaire; longueur totale
ne dépassant pas 60 cm
16
Polychrus marmoratus
- Tête couverte d'un grand nombre de petites écailles; lézards se
tenant sur l'écorce des troncs verticaux, les grosses branches ou les
rochers; de 15 à 40 cm de longueur totale
17
- Tête recouverte d'un nombre réduit d'écailles assez grandes, jamais
hérissées en crête. Lézards en dehors de cette gamme de taille ou ne se
tenant ni sur des troncs d'arbres vivants ni sur des rochers
21
68
Clé d'identiJÏGatioll des lézards de Guyane
17
- Queue longue ou très longue
18
- Queue très CQurte couverte de grosses écailles épineuses disposées en
rangées transversales; dos vert clair interrompu de bandes noires
transversales
Uracentron azureum
18
- Queue très longue; lézards en poste sur les troncs, pattes largement
écartées
19
- Queue de longueur moyenne; lézards de teinte sombre, avec un
collier noir bordé de blanc; vivant sur les espaces rocheux dans le sud
de la Guyane
TropiduTUS torquatus
19
- Tête arrondie à museau très court; "sourcils" prononcés par une
ligne d'écailles en crête; crête dorsale finement dentelée; teinte brun
sombre; sur les arbres. surplombant l'eau des criques
Uranoscodon superciliosa
- Tête large tenue dans l'alignement du corps; crête dorsale dentelée,
teinte à fond vert, marbrures imitant l'écorce moussue en pleine forêt
20
20
- Touffes d'écailles épineuses de chaque côté du cou, replis de peau
sur les flancs; bandes sombres très nettes sur les pattes
Plica plica
- Pas de touffes d'écailles épineuses sur le cou ni replis sur les flancs.
Bandes transversales peu nettes sur les pattes
Plica umbra
21
- Corps trapu d'aspect rigide, dos brun cuivré, bandes latérales plus
sombres; queue relativement courte, menton recouvert de petits
écailles; lézards se tenant sur des branches et des troncs secs, en
pleine lumière, longueur totale de 15 à 20 cm
Mabuya mabouya
- Corps d'aspect élancé, souvent avec de grandes pattes postérieures,
queue longue, langue allongée, une plaque médiane entre les yeux
(frontale), menton recouvert de grandes écailles; lézards se déplaçant
généralement à terre, toute gamme de tailles
22
69
LES LEZARDS DE GUY AME
22
- Des écailles dorsales de grande taille, égales ou légèrement plus
petites que les ventrales
23
- Toutes les écailles dorsales granuleuses, beaucoup plus petites que
les ventrales
35
23
- Ecailles dorsaies hétérogènes, les unes grandes et carénées, formant
des crêtes longitudinales, les autres petites et granuleuses, queue
comprimée latéralement, lézards bons nageurs, vivant sur les berges
des petites criques de forêt
24
- Ecailles dorsales d'apparence homogène
25
24
- Museau assez court, tympan enfoncé aussi grand que l'oeil; fond
beige rosé semé sur le dos d'un damier de taches plus sombres bordé
de chaque côté par une ligne de taches claires, crêtes longitudinales
émoussées
N eusticurus rudis
- Museau allongé souligné de chaque côté par une crête entre le
dessus de l'oeil et la narine; tympan en surface plus petit que l'oeil,
fond gris-brun avec des ocelles claires sur les flancs, crêtes
longitudinales aiguës, les dcux plus dorsalcs formant des lames de
scies sur la queue
NeusticuTUS bicarinatus
25
- Ecailles dorsales lisses
26
- Ecailles dorsales carénés
29
26
- Ecailles dorsales lisses en très petit nombre et disposées comme les
tuiles d'un toit
Zl
- Ecailles dorsales lisses, semblables aux ventrales, disposées en rang
transversaux formant des anneaux autour du corps, membres à peine
visibles, pas d'orifice auditif; lézard au corps très mince, vivant dans
les feuilles mortes et les couches superficielles du sol
Bachia caphias
70
Clé d'identification des lézards de Guyane
27
- Ecailles dorsales lisses en deux rangées, queue très longue couvcrte
d'écailles fortement carénées
1 phisa e/egans
- Ecailles dorsales lisses en plus de deux rangées
28
28
- Ecailles dorsales en quatre rangées, queue d'un bleu vif
TretÎoscincus agilis
- Ecailles dorsales lisses en trois rangées, paupière fixe formant une
"lunette". Lézard vivant dans les pelouses et la bordure de mer
Gymnophtalmus zmderwoodi
29
- Ecailles carénées disposées en rangs transversaux
30
- Ecailles carénées disposées obliquement, comme les tuiles d'un toit
34
30
- Flancs recouverts de nombreuses écailles petites et granuleuses
31
- Flancs recouverts en majeure partie d'écailles identiques à celles du
dos, ventrales lisses
32
31
32
- Huit rangées d'écailles dorsales rectangulaires, carénées, formant
des rides continues, queue longue, d'un diamètre presque égal,
jusqu'au voisinage de l'extrémité
Cercosaura ocellata
- Douze rangées d'écailles dorsales hexagonales carénées, longue
queue effilée
Prionodactyllls argulus
- Corps uniformément brun sur le dos) ventre jaunâtre, endroits
sombres et humides de la forêt
Arthrosaura retÎCulata
- Ligne claire le long du dos, depuis le dessus de la tête jusque sur la
queue, dans les taches de soleil
ArthrosGura kockii
34
- Ecailles dorsales fortement carenees, les grandes plaque;s qui
recouvrent le dessus de la tête se terminant par un bord rectiligne,
ventre blanchâtre
Alopoglosslls angulaEus
71
LES LEZARDS DE GUYANE
- Ecailles dorsales finement carénées ; les grandes plaques qui
recouvrent le dessus de la tête se terminant par un bord arrondi,
ventre jaunc (femellcs) ou orangé (mâles)
Leposoma guianense
35
- Ecailles ventrales disposées en plus de 20 rangs d'un côté à l'autre du
corps, dorsales lisses
36
- Ecailles ventrales disposées en moins de 17 rangs d'un côté à l'autre
du corps, dorsales petites, arrondies, granuleuses ou carénées
36
- Uzard terrestre de grande taille dont le dos brillant mêle le noir et
le jaune, queue à section ronde
Tupinambis nigropllllctatus
- Lézard aquatique assez grand, queue comprimée portant une carène
dorsale doublement denticulée
Crocodilurus lacertinus
37
- Ecailles dorsales carénées, de même que les ventrales, bande dorsale
vert vif visible surtout chez les jeunes
Kentropyx ca/caralus
- Ecailles dorsales lisses de même que les ventrales
38
38
- Coloration dorsale formée de rayures longitudinales jaune et brun
Cnemidoplzorus lemniscatus
- Coloration dorsale formée de deux parties distinctes, verte et brune,
disposées l'une devant l'autre
Ameiva ameiva
72
LES LEZARDS DE GUYANE
LISTE DES LEZARDS DE GUYANE.
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
H emidactylus mabouia
Thecadactylus rapicauda
Gonatodes annularis
Gonatodes humeralis
Lepidoblepharis heyerorum
Pseudogonatodes guianensis
Coelodactylus amazonicus
Iguana iguana
Polychrus marmoratus
Plica p/ica
11 PUca umbra
12 Uranoscodon superciliosa
13 Uracentron azureum
14 Tropidurlls torquatus
15 Anolis pzmctatus
16 AnoUs fuscoauratus
17 AnoUs ortonii
18 Anolis chrysolepis chrysolepis
19 Anolis auratus
20 Anolis marmoralus
21 Leposoma guiancnse
22 Arthrosaura reticulata
23 ArtJzrosaura kockii
24 Prionodacty/us argu/us
25 A/opog/ossus angu/atus
26 TretioscinClls agUis
27 1 phisa elegans
28 Bachia cophias
29 Gymnophtalmus ulldcrwoodi
30 Cercosaura ocellata
31 N eusticuTUS rudis
32 N custicurus bicarenatus
33 Crocodilllrus lacertinus
34 Tupinambis nigropullctatus
35 Kentropyx ca/caralus
36 Ameiva ameiva
37 Cnemidopllorus lemniscatus
73
POSITION
SYSTEMATIQUE
DES
Sous--.ordre LACERTILIA
Owen, 1842
Infra-ordrc GEKKafA
Latrcil/e,1825
GEKKONIDAE
Gray,J825
C~kkoninac
HEMIDAC'TYLUS
Gray,1825
Gray,1825
THECADACTYLUS
God fuss,1820
Sphacrodactylinac
GONATODES
Underwood,1954
FitZÎllger,1843
LEPIDOBLEPHARIS
Peracca, 1897
PSEUDOGONATODES
Rutln'en, 1815
COELODACTYLUS
Parker, 1926
mabouia
A/oreau de Jonlles,
1818
rapicauda
Houttuyn, 1782
annularis
Boutel/ger, 1887
humcralis
Guichenol, 1857
hcycrorum
Vanzolilli, 1978
guiancnsis
Parker, 1935
amazonicus
Anderssoll, 1918
Infra-ordrc IGUANlA
Cuvier ,1817
IGUANIDAE
Gray, /827
IGUANA
Laurel/ti, 1768
POLYCHRUS
Cuvier, IB17
PUCA
Gray, 1831
URANOSCODON
Koup, 1811
URACENTRON
Koup, 1826
TROPIDURUS
Wied, 1824
ANOUS
Daudin, 1802
Iguana
Linné, 1758
marmoralus
Lillné, 1758
pIica
Linné, 1758
umbra
Linné, 1758
supcrciliosa
Linné, 1758
azurcum
Linné, 1758
torquatus
Wied, 1820
punctatus
Daudin, 1802
fuscoauratus
D'Orbigny, 1827
ortonii
Cope, 1868
chrysolcpis
Dwnéri/ & Bi-
74
broll, 1037
LEZARDS DE GUYANE
Infra~rdrc SCINffiMORPHA
Camp, 1923
SCINCIDAE
Gray, 1825
Lygosominac
MABUYA
Fitzinger, 1826
mabouya
TElIDAE
Gray, 1827
Tciinac
KENTROPYX
Maron, ,1820
Spix, 1825
cakaratu$
Spix, 1825
Mittelman, 1952
Tupmambinac
Daudill, 1802
GYMNOPHTALMIDAE
Merrem, 1820
Lacepède, 1788
AMEIVA
Meyer, 1795
CNEMIDOPHORUS
Wagler, 1830
TUPINAMBIS
Daudin, 1802
CROCODILURUS
Spix, 1825
amClva
LEPOSOMA
Spix, 1825
ARTHROSAURA
Bou/enger, 1885
gUlancnsc
Linné, 1758
lcmniscatus
Linné, 1758
nigropunctatus
Spix, 1825
laccrtinus
Daudin, 1802
Ruibal, 1952
rcticulata
O'Shaughncssy,
1881
kockii
Van Lidth
fel/de, 1904
PRIONODACTYLUS
0' S haztg Imcss)', 188 J
ALOPOGLOSSUS
Bou/enger, 1885
TRETIOSCINCUS
Cope, 1862
IPHISA
Gray, 1851
BACHIA
Gray, 1845
GYMNOPHTALMUS
Merrcm, 1820
CERCOSAURA
Wagler, 1830
NEUSTICURUS
Dumùij & Bibroll, 1839
7S
de
argulus
Peters, 1862
angu!alus
Linné, 1758
agilis
Rut/n'cn, 19]6
clcgans
Gray, ]851
cophias
Schneider, 1801
undcrwoodî
GrOllt, 1958
occllat3
Waglcr, 1830
rudîs
BOll{engcr, 1900
bîcarcnatus
Linné, 1758
BIBLIOGRAPHIE
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speciosus Garman (Iguanidae) en Guyane française. Bull. Mus. Ntn. Hist.
Nat.,Paris, 3e sér. : 52-54.
76
,
ACHEVE D'IMPRIMER EN MARS 1990
SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE CELER
A PARA Y VIEILLE POSTE
POUR LE COMPTE DES
EDITIONS RAYMOND CHABAUD
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