Fiche d`information 1 - Biodiversité: généralités

Fiche d’information
BIODIVERSITE : GENERALITES
Annexe 1 du programme d’action RENFORCEMENT DE LA BIODIVERSITE DANS LE CANTON DE BERNE
1. Qu’est-ce que la biodiversité ?
La biodiversité, ou diversité biologique, se compose des trois éléments suivants :
diversité génétique au sein des espèces (= variation génétique),
diversité des espèces au sein d’un habitat (= diversité des espèces),
diversité des habitats (= diversité des biotopes).
Les prestations écosystémiques essentielles (= biodiversité fonctionnelle) ne sont engen-
drées que lorsque ces trois éléments interagissent.
2. A quoi sert la biodiversité ?
La diversité biologique est une base naturelle importante de la vie et une partie ir-
remplaçable du capital naturel.
La diversité génétique des sous-espèces et des particularités régionales d’une espèce
améliore la capacité d’adaptation aux modifications de l’environnement et donc la survie
de l’espèce. Toute modification des habitats a des effets sur les bases naturelles de la vie
des végétaux, des animaux, des champignons et des microorganismes. Par ailleurs, la di-
versité génétique permet aux êtres vivants de s’adapter aux modifications des conditions
environnementales. Si la diversité génétique est insuffisante, le potentiel d’élevage est li-
mité et les chances de prospérité de l’agriculture et de la sylviculture sont amoindries.
La même « hypothèse d’assurance » s’applique à la diversité des espèces. La survie
d’une espèce dépend de la présence d’autres espèces. Plus les espèces sont nombreu-
ses, plus la probabilité que les espèces complémentaires et interdépendantes survivent.
La diversité peut être considérée comme une répartition des risques décidée par la na-
ture, ce que l’être humain cherche également à faire lorsqu’il place ses capitaux, par
exemple. Les gènes des espèces qui s’éteignent sont en outre définitivement perdus. Ce-
la peut poser des problèmes à l'homme, qui ne cesse d'effectuer des croisements entre
des variétés parentes de végétaux et d'animaux utiles, afin de préserver ou même d'amé-
liorer leurs propriétés. Nous produisons des denrées alimentaires, des produits chimiques
et des médicaments grâce à la nature. Au cours de son histoire, l’être humain s’est nourri
de 7000 espèces végétales et a fait de 70 000 autres espèces végétales des parties inté-
grantes de sa nourriture. Parmi les 150 médicaments les plus prescrits aux Etats-Unis,
118 sont à base de substances actives naturelles.
Les espèces ne peuvent être nombreuses que si les divers habitats dont elles ont besoin
existent. Ainsi, par exemple, 40 pour cent des papillons présents en Suisse vivent sur des
terrains secs, alors que le grand tétras a besoin de forêts de montagne bien structurées et
d’aspect naturel.
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Les prestations écosystémiques qui résultent de la biodiversité sont extrêmement importan-
tes. Sans elles, l’être humain ne peut survivre. La fertilité des sols ou la régulation climatique
sont des phénomènes de la biodiversité basés sur des liens complexes. Si la fertilité des sols
est naturellement bonne, la production agricole nécessite moins d’engrais. De même, plus
les sols peuvent purifier l’eau, plus l’eau que nous buvons est propre et plus les coûts de son
traitement sont bas. Une perturbation des prestations écosystémiques peut avoir des consé-
quences graves, comme nous en faisons l’expérience avec le réchauffement du climat. Il est
naturellement difficile d’estimer la valeur totale de la biodiversité en raison de sa complexité.
Cependant, la seule valeur marchande des produits fabriqués chaque année à partir de res-
sources génétiques est estimée entre 500 et 800 milliards de dollars états-uniens. Cette es-
timation montre à elle seule la grande valeur économique de la biodiversité.
Enfin, la diversité contribue aussi à la beauté et à la valeur récréative de la nature : papillons,
oiseaux, fleurs et bien d’autres sont un plaisir pour les yeux, de même que des paysages va-
riés. Ceci joue un rôle très important pour le tourisme notamment.
3. Engagement à la promotion de la biodiversité
Le terme de « diversité biologique » a fait son entrée dans un large débat public lors
de la conférence du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à Rio de
Janeiro, en 1992. Cette conférence a permis l'adoption de la CONVENTION DE RIO, selon la-
quelle1 :
les éléments constitutifs de la diversité biologique doivent être recensés ;
les activités qui la menacent doivent être identifiées et largement réduites ;
les ressources génétiques doivent être préservées dans les habitats naturels et les éco-
systèmes abîmés doivent être reconstitués ;
la sécurité biologique doit être garantie par des mesures appropriées en cas d'utilisation
d'organismes génétiquement modifiés.
Lors du sommet mondial de Johannesburg en 2002, les Etats, Suisse comprise, se sont en-
gagés à réduire de façon significative la diminution de la diversité des espèces d’ici 2010. La
conférence de l’ONU sur la biodiversité à Bonn, en mai 2008, a démontré que cet objectif se-
rait très difficile à atteindre.
4. Comment la biodiversité est-elle mesurée ?
Pour mesurer la qualité biologique des terres cultivées, des espèces dites indicatri-
ces sont définies. Ces espèces indiquent si la diversité des espèces est grande ou petite.
Par exemple, l’hippocrépide à toupet et la brize intermédiaire sont le signe d’une grande di-
versité des espèces, tandis que le pissenlit et la cardamine des prés signifient que les espè-
ces sont peu nombreuses.
C’est l’avifaune qui est la mieux surveillée : des ornithologiques privés collectent et échan-
gent leurs observations depuis des décennies. La Station ornithologique suisse de Sempach
développe depuis 1990 un groupe d’indicateurs, le SWISS BIRD INDEX (SBI), qui montre
l’évolution des effectifs des espèces d’oiseaux nicheurs.
Les observations et évaluations intégrales et à grande échelle de la biodiversité n’en
sont qu’à leurs débuts. Depuis 2001, l’évolution de la diversité des espèces fait l’objet d’un
relevé systématique de la part du MONITORING DE LA BIODIVERSITE EN SUISSE (MBD) sur
mandat de l’Office fédéral de l’environnement. Des spécialistes comptent régulièrement les
animaux et les végétaux sur le terrain, dans de nombreuses surfaces prédéfinies. Tant les
1 Voir les sources mentionnées à la fin de la présente fiche d’information.
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espèces largement répandues que les espèces rares et menacées sont recensées. La biodi-
versité ne se mesure pas seulement en fonction des espèces menacées mais selon une
large palette de critères.
Depuis 1996, le canton d’Argovie mesure l’évolution de la diversité des espèces à l’aide de
l’INDICE KESSLER, qui présente cette évolution sous la forme d’une « courbe de tempéra-
ture », comme un indice boursier, et permet de fixer des objectifs mesurables et de contrôler
la réalisation de ces objectifs. Cet indice sert à surveiller à long terme la diversité des espè-
ces sur le territoire cantonal. Il montre la modification de cette diversité par l’exemple de qua-
tre groupes d’espèces présélectionnés : oiseaux, gastéropodes, papillons et végétaux.
L’indice réagit notamment à la modification des espèces les plus répandues. Il est calcu
chaque année pour les catégories d’exploitation suivantes : forêt, agglomération et paysage.
Le taux de surfaces de compensation écologique de qualité de la surface agricole
utile peut servir d’indicateur pragmatique et approximatif de l’évolution de la biodiversité dans
les terres cultivées (voir fiche d’information BIODIVERSITE ET COMPENSATION ECOLOGIQUE
DANS LAGRICULTURE, chiffre 4).
5. Evolution de la biodiversité en Suisse
Durant la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale et plus encore pendant
les années 1960, la nature et les paysages ont profondément mué à cause de
l’intensification générale de l’exploitation (agriculture, loisirs), de l’urbanisation, de la frag-
mentation ainsi que de l’extension forcée des infrastructures. Le nombre d’espèces animales
et végétales a ainsi sensiblement diminué, à l’échelle mondiale comme en Suisse et dans le
canton de Berne, et cette forte baisse de la diversité des espèces se poursuit. Aujourd’hui, la
Suisse abrite environ 50 000 espèces de végétaux, d'animaux et de champignons. L'état de
conservation de quelque 12 pour cent d'entre elles a été évalué jusqu'à présent pour permet-
tre l'élaboration des listes rouges. La moitié d'entre elles sont au moins potentiellement me-
nacées. En revanche, nous ne savons que peu de choses voire rien de la situation de plus
de 60 pour cent des espèces, pour lesquelles on peut aussi supposer une évolution néga-
tive. En Suisse, 237 espèces sont considérées comme éteintes ou disparues. Actuellement,
au moins 60 des espèces considérées par l'UICN (Union mondiale pour la nature) comme
menacées à l'échelle mondiale sont présentes en Suisse.
Un tiers (31%) des plantes à fleurs et des fougères et deux cinquièmes (38 %) des mousses
et lichens sont éteints ou menacés. Près de la moitié (40 %) des espèces animales évaluées
figurent sur une liste rouge. Les classes les plus touchées en Suisse sont les reptiles et les
batraciens (notamment la rainette verte), car ils ne disposent pas d'habitats appropriés. Les
conditions de vie des oiseaux se sont aussi détériorées récemment dans les zones agricoles
et les zones humides, mais elles restent stables en forêt et en montagne. Si les oiseaux font
l'objet de recherches approfondies, la majeure partie des invertébrés reste mal connue.
Des informations complémentaires sont disponibles notamment sur les sites Internet suivants :
Office fédéral de l’environnement
http://www.bafu.admin.ch/artenvielfalt/01020/index.html?lang=fr
Forum Biodiversité Suisse
http://www.biodiversity.ch
Monitoring de la biodiversité (MBD) en Suisse
http://www.biodiversitymonitoring.ch/francais/aktuell/portal.php
Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL):
http://www.wsl.ch/dossiers/biodiversitaet/index_FR?-C=&
Stratégie nationale de diversité biologique (gouvernement fédéral allemand, 7 novembre
2007 ; en allemand)
http://www.naturallianz.de/fileadmin/redaktion/Downloads/Biodivstrategie.pdf
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