Hens Pieter
Source: http://www.rfi.fr/sciencefr/articles/105/article_72102.asp
Chaque faisceau est formé de quelque 3 000 paquets de particules, chaque paquet contenant
100 milliards de particules. Celles-ci sont bien trop petites pour qu’elles se percutent lorsque
les deux faisceaux se croisent : la probabilité n’est que de 20 collisions sur 200 milliards de
particules. Mais c’est là où l’ampleur du LHC change la donne pour les scientifiques : grâce à
cette fantastique machine, les paquets vont se croiser 30 millions de fois par seconde, le LHC
va donc produire jusque 600 millions de collisions par seconde.
Recréer les conditions qui existaient juste après le Big bang
Quatre centres détecteurs géants, plus hauts que des immeubles parisiens, sont chargés
d’accueillir ces collisions, qui provoqueront de mini-explosions, une sorte de feux d’artifice
qu’il s’agira ensuite d’analyser. Car ce sont les collisions que guettent les physiciens. En
faisant percuter ces hadrons à une vitesse toute proche de celle de la lumière, et à de très
hautes énergies, le LHC tente de reproduire les conditions qui existaient quelques millièmes
de seconde après le Big Bang.
A quoi ressemblait la matière au tout début de l’univers, ? Peut-il y avoir d’autres
dimensions ? Qu’est-ce que la masse ? Comment concilier l’espace temps d’Einstein et la
physique quantique … Ces questions ne sont que quelques exemples de celles auxquelles le
LHC pourra fournir -du moins l'espèrent fortement les scientifiques- sinon des réponses, au
moins des éléments de réponse.
Le boson de Higgs
Parmi les cibles du LHC figure le boson de Higgs, du nom de son « inventeur » en 1963. Le
boson de Higgs est une particule instable, parfois qualifiée de « particule de Dieu » car, si
elle a été étudiée théoriquement, si son existence est nécessaire pour valider le Modèle
standard de physique des particules tel qu’il est admis aujourd’hui, elle n’a pourtant jamais été
mise en évidence dans aucune expérience… Pourtant, c’est elle qui donnerait leur masse aux
choses. Trouver ce boson de Higgs, chaînon manquant –et le trouver avant les Américains,
disent même certains- serait évidemment une très belle victoire pour le CERN.
Le CERN, fondé en 1954, est avant tout un organisme européen, comprenant 20 membres,
dont les plus gros bataillons sont fournis par l’Italie, l’Allemagne, la France et le Royaume
Uni. Les Etats-Unis ou la Russie ont le statut d’observateurs seulement. Le CERN a investi
plus de 6 milliards d’euros au total dans le LHC, payés par ses membres.
Le LHC est néanmoins un pur produit de la collaboration mondiale : ce sont en tout quelque
10 000 scientifiques issus de 500 instituts et entreprises du monde entier qui ont travaillé pour
le LHC depuis 1994 – à l’heure où même les super-aimants supra-conducteurs n’existaient
pas encore !