Que va trouver le Grand collisionneur de hadrons

publicité
Hens Pieter
Que va trouver le Grand collisionneur de hadrons ?
par Catherine Frammery
Article publié le 09/09/2008 Dernière mise à jour le 10/09/2008 à 15:53 TU
Une scientifique regarde des écrans d'ordinateurs au centre de contrôle du LHC du CERN à Genève.
(Photo : Reuters)
C‘est un projet unique, pionnier et gigantesque : mercredi 10 septembre 2008 le CERN,
l’organisation européenne pour la recherche nucléaire, a mis en service le plus grand
accélérateur de particules du monde, installé dans un anneau souterrain de 27 kilomètres de
long à la frontière franco-suisse.
Prononcez le mot de LHC à un physicien théoricien et vous verrez son regard s’éclairer, et
son esprit vagabonder : le LHC (acronyme de Large hadron collisionner) est ce qu’il y a de
plus proche du Saint Graal pour ceux qui ont fait profession de comprendre pourquoi les
étoiles « tiennent » dans le « ciel », ou pourquoi les atomes défient les lois de la gravité. Car
le LHC promet d’apporter sinon de nouvelles réponses, en tout cas des millions de nouvelles
données qui, à terme, permettront d’en savoir plus dans les domaines
de l’énergie, de l’espace et du temps.
600 millions de collisions par seconde
Le LHC utilise en fait un tunnel gigantesque, construit dans les années
1980 pour le précédent grand accélérateur du CERN, le Grand
collisionneur électro-positon, un anneau de 27 kilomètres de long,
installé entre 50 et 150 mètres dans le sous-sol français et suisse tout
près de Genève. C’est là que vont circuler, en sens inverse, deux
faisceaux de particules identiques (des protons), guidés par de
gigantesques aimants supra-conducteurs, dans des tubes où règne un
vide comparable à celui de l’espace inter-sidéral.
Source: http://www.rfi.fr/sciencefr/articles/105/article_72102.asp
Hens Pieter
Chaque faisceau est formé de quelque 3 000 paquets de particules, chaque paquet contenant
100 milliards de particules. Celles-ci sont bien trop petites pour qu’elles se percutent lorsque
les deux faisceaux se croisent : la probabilité n’est que de 20 collisions sur 200 milliards de
particules. Mais c’est là où l’ampleur du LHC change la donne pour les scientifiques : grâce à
cette fantastique machine, les paquets vont se croiser 30 millions de fois par seconde, le LHC
va donc produire jusque 600 millions de collisions par seconde.
Recréer les conditions qui existaient juste après le Big bang
Quatre centres détecteurs géants, plus hauts que des immeubles parisiens, sont chargés
d’accueillir ces collisions, qui provoqueront de mini-explosions, une sorte de feux d’artifice
qu’il s’agira ensuite d’analyser. Car ce sont les collisions que guettent les physiciens. En
faisant percuter ces hadrons à une vitesse toute proche de celle de la lumière, et à de très
hautes énergies, le LHC tente de reproduire les conditions qui existaient quelques millièmes
de seconde après le Big Bang.
A quoi ressemblait la matière au tout début de l’univers, ? Peut-il y avoir d’autres
dimensions ? Qu’est-ce que la masse ? Comment concilier l’espace temps d’Einstein et la
physique quantique … Ces questions ne sont que quelques exemples de celles auxquelles le
LHC pourra fournir -du moins l'espèrent fortement les scientifiques- sinon des réponses, au
moins des éléments de réponse.
Le boson de Higgs
Parmi les cibles du LHC figure le boson de Higgs, du nom de son « inventeur » en 1963. Le
boson de Higgs est une particule instable, parfois qualifiée de « particule de Dieu » car, si
elle a été étudiée théoriquement, si son existence est nécessaire pour valider le Modèle
standard de physique des particules tel qu’il est admis aujourd’hui, elle n’a pourtant jamais été
mise en évidence dans aucune expérience… Pourtant, c’est elle qui donnerait leur masse aux
choses. Trouver ce boson de Higgs, chaînon manquant –et le trouver avant les Américains,
disent même certains- serait évidemment une très belle victoire pour le CERN.
Le CERN, fondé en 1954, est avant tout un organisme européen, comprenant 20 membres,
dont les plus gros bataillons sont fournis par l’Italie, l’Allemagne, la France et le Royaume
Uni. Les Etats-Unis ou la Russie ont le statut d’observateurs seulement. Le CERN a investi
plus de 6 milliards d’euros au total dans le LHC, payés par ses membres.
Le LHC est néanmoins un pur produit de la collaboration mondiale : ce sont en tout quelque
10 000 scientifiques issus de 500 instituts et entreprises du monde entier qui ont travaillé pour
le LHC depuis 1994 – à l’heure où même les super-aimants supra-conducteurs n’existaient
pas encore !
Source: http://www.rfi.fr/sciencefr/articles/105/article_72102.asp
Hens Pieter
Pistes de particules vues dans le détecteur de sommet LHCb (VELO) et déclenché par le
calorimètre pendant les tests de synchronisation.
(Graphique : CERN)
Source: http://www.rfi.fr/sciencefr/articles/105/article_72102.asp
Téléchargement