Le greffage d`embryons de caféiers : Mise au point technique

LE GREFFAGE
D’EMBRYONS DE
CAFÉIERS
Mise au point technique
E. COUTURON,
J.
BERTHAUD
ORSTOM,
BP
434
Man
(Côte
d‘Ivoire)
La multiplication et la vulgarisation des variétés
de caféiers cultivés reposent sur les techniques très
classiques du semis et plus récemment du boutu-
rage. Le greffage est plus souvent réservé aux
manipulations du matériel végétal dans les centres
de’ recherche caféière
:
cette technique a surtout
été.employée
à
Java (Cramer,
1957)
et
à
Madagas-
car @ar Vianney-Liaud. Ce dernier
a
largement
conpibué
à
l’amélioration et
à
la diversification
desiméthodes de greffage en les adaptant
à
des
objectifs variés comme le sauvetage de jeunes
plants chétifs, l’accélération des cycles de généra-
tio6
ou
l’introduction en collection d’espèces
sauvages issues de prospections (Charrier).
En Côte d’Ivoire, le greffage des caféiers est
depuis quelques années couramment pratiqué
par les chercheurs de
YORSTOM,
en vue d’amélio-
rer la croissance de certaines espèces et de certains
hybrides
ou
de réduire la durée des générations.
r/
i
SJ
I
c.
Le greffage en fente latérale est le plus employé
:
il consiste àtailler un greffon en biseau pour l’intro-
duire latéralement dans une fente pratiquée
à
la
base des porte-greffe. Ceux-ci sont choisis en fonc-
tion de la taille et de l’âge des greffons, qui peuvent
être constitués d’un fragment de rameau ortho-
trope aoûté
ou
non, d’un rejet
ou
d’une jeune plante.
Même le greffage de jeunes plants chétifs de taille
réduite, incapables de croître de façon autonome
a été réalisé avec succès.
I1 restait
à
tenter de remplacer ces greffons par les
embryons eux-mêmes. Jusqu’à maintenant, seule
leur culture sur milieu gelosé a été expérimentée
avec succès par Colonna
(1972)
et Rabéchault
(1973).
Nous
nous proposons ici de décrire la méthode de
greffage d’embryons de plusieurs espèces de caféiers
mise au point
à
Man (Côte d’Ivoire).
MATÉRIEL
ET
MÉTHODE
Les greffes ont été effectuées avec des embryons
,
de
C.
arabica,
de
C.
caneplzora,
de
C.
liberica
--
insérés sur des porte-greffe de
C.
caneplzora.
_.
Prélèvement
Les embryons sont extraits de graines immatures
au stade
((
albumen pâteux
B,
par simple pression
des deux doigts (fruits verts), quand ils atteignent
leur taille définitive. Le prélèvement peut égale-
ment être effectué sur des graines mûres (fruits
rouges), mais il est alors plus délicat du fait du
durcissement de l’albumen. Afin d’éviter tout risque
de séchage, les embryons doivent Etre déposés
dans un récipient hermétique sur une couche de
mousse imbibée d’eau. Ils peuvent y être conservés
au moins douze heures.
I.
I
Choix
des porte-greffe
On choisit de préférence les porte-greffe sur de
jeunes plantes vigoureuses, au stade
<(
feuilles
cotylédonaires étalées
D.
Greffage
L'ablation d'une partie de l'ensemble tigelle-
radicule de l'embryon est Fratiquée (fig.
1,
photo
2).
Le porte-greffe est incisé en fente latérale au niveau
I
-.
possible entre le porte-greffe et le greffon (photo
3).
du collet.
L'embryon est placé face excisée appliquée
contre la partie intérieure de la surface incisée de la
plantule porte-greffe. La greffe est ligaturée
à
l'aide
de raphia, afin d'établir un contact aussi précis que
Fig.
1.
-
Ablation suivant
A-A
$&ne partie de l'ensemble
tigelle-radicule et mise$ en place de l'embryon
Les plantules sont repiquées dans des pots
remplis de terreau, quatre
à
six semaines après le
L'ensemble porte-greffeelgreffon est installé dans greffage.
la sciure humide et maintenu en atmosphère
'
Le sevrage peut débuter deux
à
trois semaines
saturée en eau (enceinte de type bac de bouturage). après le repiquage, par recépage progressif des
Le point de greffe doit Stre recouvert par la sciure. porte-greffe.
Repiquage et sevrage
Les
clichb
sont
de
J.
Berthaud.
Photo
1.
-Embryon de
C.
arabica
Photo
2.
-
Ablation d'une partie de l'ensemble tigelle-radicule de l'embryon
Photo
3.
-
Incision en fente latérale au niveau collet de la plantule porte-greffe et mise en place de l'embryon
Photo
4.
-
Embryon développé, trente jours après le greffage
,
268
I
RÉSU
LTATS
Une série de greffes
a
été réalisée avec des
embryons de
C.
arabica
d’environ
4
mm de longueur
(photo
1).
Les cals se forment
au
bout de six
à
huit jours
;
les hypocotyles s’allongent et les
embryons sortent de la sciure environ vingt jours
après le greffage. Puis leurs feuilles cotylédonaires
s’étalent et verdissent environ quarante jours
après le greffage. C’est
à
ce stade qu’est effectué le
repiquage en terre. La longueur moyenne de l’liypo-
cotyle est alors de
12
mm. La première paire de
feuilles du greffon apparaît environ soixante jours
après le greffage.
A
ce stade, le sevrage peut être
considéré comme étant terminé. Sur les cent greffes
effectuées, quatre-vingt-dix-sept ont été réussies.
Des plants bien développés portant quatre
B
six paires de feuilles ont
été
obtenus
à
partir
d’embryons de
C.
caneplzora
et de
C.
liberica
greffés. Le taux de réussite de ces greffes était
équivalent
à
celui obtenu ayec des embryons de
C.
arabica.
Le greffage d’embryons semble donc pouvoir être
envisagé pour la plupart des espèces de caféiers.
Certaines améliorations de la technique proposée
sont en cours d’étude.
DISCUSSIQN
Le greffage d’embryons de caféiers est réalisable
au même titre que celui de segments d’axes cauli-
naires
ou
de jeunes plantes.
I1
permet l‘accélération
du cycle végétatif.
Les graines de
C.
arabica
ne germent que lorsque
le fruit a atteint sa pleine maturité, sept
à
huit mois
après la floraison. Par contre, dès le cinquième mois,
il est possible de prélever les embryons pour les
greffer.
De
plus, le greffage
a
un
effet bénéfique
sur la croissance et les délais de mise
à
fleurs des
plantules ainsi manipulées.
Mais le principal intérêt de cette technique est la
récupération du matériel qui n’aurait pu l’être
dans les conditions normales de germination des
graines. Deux cas peuvent se présenter
:
-
la graine est normalement constituée (pourvue
d’albumen>, mais le manque de vigueur de
l’embryon ne lui permet pas de se développer. Ce
cas
‘peut être rencontré lors de la recherche d’haploï-
des dans les graines polyembryonées
;
-
l’embryon est normal, mais croît difficilement,
faute d’un albumen bien développé
:
cela est fré-
quent lors de l’obtention d’hybrides triploïdes
(par exemple
C.
arabica
x
C.
carzeplzora),
dont
les graine$ sont dites
((
en écailles
B.
Les deux cas se présentent couramment lors
d’hybridations entre espèces diploïdes. Grâce
à
l’utilisation du greffage d’embryons, le sauvetage
de certains hybrides entre espèces de caféiers
génétiquement éloignées est devenu possible.
CHARRIER (A.), 1978.
-
Mémoire ORSTOM
(Paris),
no
87,
COLONNA
(J.
P.),
1972.
-
Café
Cacao
Thé
(Paris),
vol.
XVI,
223
p.
no
3,
juL-sept.,
p.
193-203.
COUTURON (E.), BERTHAUD
(J.).
-
Le greffage
d’embryons de caféiers. Mise au point technique.
Café
Cacao
Thé
(Paris), vol. XXIII, no
4,
oct.-déc. 1979,
p.
267-270, fig., photos, réf.
La méthode de greffage proposée permet de réussir
la greffe d‘embryons ‘de graines immatures ou mal
développées. Son utilisation rend possible la récupéra-
tion d’embryons résultant d‘hybridations interspécifi-
ques et accélère la vitesse de croissance des jeunes
plantes.
CRAMER
(P.
J.
S.),
1957.
-
Interamerican Institute
of
agri-
RABÉCHAULT
(H.),
CAS
(G.),
1973.
-
C.
R.
Acad.
Sci.
cultural Sciences, Turrialba, Costa Rica, 162
p.
(Paris), serie
D,
277,
p.
269-2700.
COUTURON
(E:),
BERTHAUD
(J.).
-
Coffee tree
embryo grafting. Technical development.
Café Cacao
Thé(Paris), vol. XXIII, no
4,
oct.-déc. 1979, p. 267-270,
fig., photos, réf.
The grafting method described allows the grafting of
immature or non well developed seed embryos to be
successful. Its utilization makes possible the recovery
of embryos issued from interspecific hybridation and
enhances the growth
-
rate
of
the young plants.,
269
COUTURON
(E.),
BERTHAUD
(J.).
-
Das Embryos-
pfropfen von dem Kaffeebaum. Technisches Einstellen.
Café
Cacao
Thé
(Paris), vol.
=II,
no
4,
oct.-déc.
1979, p. 267-270, fig., photos,réf.
Das beschreibte Pfropfenmethode erlaubt das
Embryospfropfen von unreifen oder unentwickelten
Samen zu gelingen. Seine Verwendung ermöglicht die
Wiedererlangung von aus interspezifischen Kreuzung
herstammenden Embryonen und erlaubt das Setzlingen
schnellere Wachstum.
COUTURON (E.), BERTHAUD
(J.).
-
EI injerto de
embriones del café. Elaboración técnica.
Café
Cacao
Thé
(Paris), vol.
XXIII,
no
4,
oct.-déc. 1979, p. 267-
270, fig., photos, réf.
El método de injerto descrito permite realizar el
injerto de embriones de semillas no maduras
o
mal
desarrolladas.
Su
utilización rende posible la recupera-
ción de embriones provenientes de hibridación interes-
pecífica
y
activa el desarrollo de plantas jovenes.
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