La morale laïque est-elle différente des morales religieuses

La morale laïque est-elle différente
de la morale religieuse ?
Supports de réflexion
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Lʼéducation nationale souhaite instaurer des cours de morale laïque à lʼécole.
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La morale laïque existe-t-elle ?
La laïcité n’est pas opinion, mais le droit d’en avoir une ! Dans ce cas, peut-on parler de morale laïque ?
Peut-on d’ailleurs parler de morale religieuse dans la mesure les préceptes dits moraux des religions
sont bien souvent des commandements qui ne sont en rien de l’ordre de la morale mais des dogmes
d’obéissance absolue à un dieu ? S’il n’y a pas de morale religieuse, il n’y a pas de raison qu’il y ait en
contrepoint une morale laïque.
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La laïcité relève d’un dispositif de pensée très différent d’un
modèle de tolérance fondé sur la coexistence des communautés.
Les rapports conceptuels entre ce modèle et la laïcité peuvent
s’établir à partir d’un système de trois propositions :
1- Personne n’est tenu d’avoir une religion plutôt qu’une autre;
2- Personne n’est tenue d’avoir une religion plutôt qu’aucune;
3- Personne n’est tenue de n’avoir aucune religion.
Ce système suppose qu’un droit commun règle la coexistence des
libertés. Il en résulte que les choses relatives à la croyance
demeurent privées : la loi n’a pas le droit de réglementer ce
domaine, sauf interférence avec le droit commun. Cela vaut même
si l’Etat pratique une religion officielle. Ce point a été avancé par
Locke dans sa Lettre sur la tolérance et par Pierre Bayle. Plus
généralement : la loi n’ pas tous les droits et ne peut pas paler de tout.
Catherine Kintzler,
Laïcité et philosophie
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Morale : définition
Morale (nom commun)
1. Ensemble des règles et normes de comportement relatives au bien et au mal, au juste et à l'injuste, en usage
dans un groupe humain.
2. Théorie particulière qui vise à établir les règles précédentes, qui dit ce qui doit être, le comportement à
adopter.
3. Partie de la philosophie qui étudie la morale aux sens précédents.
4. Morale au sens (1), pensée comme prétendant à l'universalité et focalisée sur le devoir. Distinct. éthique.
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Ethique : définition
Éthique (nom commun)
1. Ensemble des règles et normes de comportement d'un groupe humain.
2. Théorie morale particulière, qui porte sur le contenu des règles précédentes.
3. Partie de la philosophie qui étudie l'éthique aux sens précédents.
4. Éthique au sens (1) précédent, pensée dans son rapport à l'individu et au cas singulier.
5. Ensemble des principes et règles de conduite propres à une profession ou un secteur d'activité.
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Morale et éthique : deux mots pour un seul concept ?
A la lecture des définitions de ces deux termes, il semble aisé de conclure à une équivalence entre les
deux termes. Pourtant, éthique et morale entretiennent une relation de complémentarité dans laquelle
l’une (l’éthique) propose de s’interroger sur l’autre (la morale).
L'éthique vient des normes de conduites établies par la société, après réflexion sur ce que est bien ou mauvais.
Par exemple, on peut dire qu'il est éthique que quelqu'un mange de la viande car il n'enfreint aucune norme
sociale.
D'un autre coté, la morale est établie par les normes de conduite d'une personne ou d'un groupe de personne
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personne ou d'un groupe de personne. Par exemple, pour une société il peut être éthique de chasser des
animaux, alors que pour certains individus cette pratique est une mauvaise pratique car elle va à l'encontre de
la liberté des animaux. Leur morale leur interdit donc de chasser les animaux.
Alors que la morale constitue un cadre basique de conduite personnelle, c'est à dire de ce qui est correct ou
non, bien ou mal, juste ou injuste, l'éthique suppose un ensemble de normes et de lois qui définissent les
pratiques acceptables, ainsi que le comportement d'un groupe ou d'une société. L'éthique revient à une
réflexion théorique sur la manière "correcte" de se comporter visant à établir les règles.
Aussi bien l'éthique que la morale influent sur nos coutumes et s'occupent de nos coutumes et s'occupent de
régir nos actes en les définissant comme correct ou incorrect.
Une des différences est que, alors que la morale dicte des normes personnelles et des critères d'actuation,
l'éthique tente de les fonder de manière rationnelles. Par exemple il serait moral d'étudier jusqu'au brevet
puisque c'est un enseignement obligatoire, mais il est éthique de le faire puisque l'éducation est utile pour qu'un
la formation d'un individu et pour garantir son avenir.
En résumé, la morale est régie par des valeurs relatives comme le bien et le mal, la justice et l'injustice et
varient selon les individus, les sociétés et même les différentes époques, alors que l'éthique est la définition des
comportements acceptables ou non à travers un raisonnement.
Jérémy Sorbet,
http://education.toutcomment.com/
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Différence entre morale et éthique
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l'éthique%tend%le%plus%souvent%au%bonheur%et%culmine%dans%la%sagesse.%Je%
dis% le% plus% souvent% au% bonheur,% parce% qu'à% la% ques<on% "Comment%
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trouver% quelques%philosophes %dont%l'éthique% n'est% pas%une%éthique% du%
bonheur.%C'est%très%clair%chez% Nietzsche%dont%l'éthique%est%une%éthique%
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comme%valeurs%universelles %et% absolues.%C'est% l'ensemble%de% nos%devoirs.% La%morale%répond% à%la %ques<on%
"Que%dois‐je%faire%?".%Elle%se%veut%une%et%universelle.%Elle%tend%vers%la%vertu%et%culmine%dans%la%sainteté.%
J'appellerai%éthique%tout%discours%norma<f%mais%non%impéra<f% (sans%autre%impéra<f%qu'hypothé<que,%donc%
sans%impéra<f%au%sens%usuel%du%terme)%qui%résulte%de%l'opposi<on%du%bon%et%du%mauvais %considérés%comme%
valeurs % rela<ves.% C'est% l'ensemble % réfléchi % de% nos% désirs.% Une% éthique% répond% à% la % ques<on% "Comment%
vivre%?"% Elle%est%toujours%par<culière %un%individu%ou%à%un%groupe.%C'est%un%art%de%vivre.%Elle%tend%le%plus%
souvent%vers%le%bonheur%et%culmine%dans%la%sagesse.%
André&Compte‐Sponville,&
conférence&Morale,&éthique&et&poli:que
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La morale laïque = somme des morales religieuse ?
Si je refuse personnellement l’idée d’une morale laïque au sens d’une foi, d’une mystique substituée à la foi
religieuse, je crois qu’il existe un enseignement moral laïque fait des concordances pratiques des diverses
mystiques qui ont fait l’Occident!
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Paul Ricoeur,
Le Rappel du Morbihan
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Un individu sans morale mais qui respecte juste la loi est-il un homme bon ?
Guy Coq: La question de la morale laïque est liée à celle de la République. La séparation de l’école et de
l’église prépare l’instauration de la République com-me un ordre qui n’est plus soumis au religieux. La morale
laïque est donc une partie essentielle de la laïcité. Les questions sont les suivantes: une société peut-elle se
passer de repères moraux communs? Est-ce que l’ordre juridique se suffit à lui-même? N’y a-t-il pas une
sphère intermédiaire? Premier constat: le droit lui-même s’effondrerait s’il n’était soutenu par une certaine
obligation morale; deuxième constat: le parfait légaliste, celui qui n’agirait qu’en appliquant les lois, serait,
pour reprendre l’expression de Comte-Sponville «un salaud légaliste» (3). En effet, il n’y a pas de lois qui
interdisent l’égoïsme, l’intolérance, le mépris, la haine… S’imposent ici des enjeux moraux. Troisième point: il
n’y a pas de limite démocratique à la démocratie; la volonté du peuple n’a pas de «sur-loi» car c’est encore lui
qui changera la Constitution.
Nos sociétés ne sont plus unifiées ni par une religion commune ni par un pouvoir dur: l’espace commun ne
peut se faire qu’à un niveau éthique. Il ne s’agit pas d’en faire une morale complète car il y a des éléments de
morale commune et de morale personnelle. Mais on peut identifier un certain nombre de principes. Pourquoi
l’appeler morale laïque? Parce qu’elle ne découle pas d’une commune conviction religieuse et qu’elle provient
de la société et de la décision des hommes de s’entendre sur des critères. Il appartient à tous les citoyens de
cette morale commune de la fonder. C’est une fondation plurielle.
Entretien entre Guy Coq et Jean Baubérot,
Ligue de l’enseignement
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Pour approfondir ce sujet
APEL, K.O. L'éthique à l'âge de la science (Presses Universitaires de Lille).
ARENDT, H. La condition de l'homme moderne(Calmann-Lévy)
BOUDON, R.! Le juste et le vrai (Fayard).
CHALIER, C. La persévérance du mal(Cerf).
CONCHE, M.! Le fondement de la morale (De Mégare).
COMTE-SPONVILLE, A. Petit traité des grandes vertus (PUF).
DIDEROT, D. Est-il bon, est-il méchant ? (Pléiade Gallimard).
DOMENACH J.-M. Une morale sans moralisme (Flammarion).
EPICTETE Manuel (GF)
FACKENHEIM, E. Penser après Auschwitz(Cerf).
FERRY, L.! L'homme-Dieu ou le sens de la vie (Grasset)
FOUCAULT, M. Le souci de soi (Gallimard).
KANT, E. Sur un prétendu droit de mentir par humanité (Pléiade Gallimard).
NABERT, J. Eléments pour une éthique (Aubier).
RICOEUR, P. Soi-même comme un autre (Seuil)
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