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cancer intraductal ou peu différencié (Gleason 4 ou 5)
n’est pas augmentée [12].
Ces lésions ont été décrites en 1986 par McNEAL et
BOSTWICK sous le terme de dysplasie intracanalaire [2,
14] et subdivisées en 3 grades : grade 1, 2, 3. Le terme
de PIN proposé par BOSTWICK et BRAWER [3, 4] a pro-
gressivement remplacé le terme de dysplasie intracana-
laire. La subdivision en 3 grades est remplacée par 2
grades : PIN de bas grade correspondant à la dysplasie
intra canalaire de grade 1, et PIN de haut grade regrou-
pant les dysplasie intracanalaires de grade 2 et 3.
Seules les PIN de haut grade doivent être signalées sur
les compte rendus histologiques des prélèvements
biopsiques. Les lésions de PIN sont considérées
comme des lésions prédisposantes du cancer, à la fois
du fait d’une corrélation importante entre la présence
de PIN et cancer, et du fait de l’observation fréquente
de cancer invasif naissant à partir de lésions de PIN
[14]. D’autres études ont montré, que les lésions de
PIN de haut grade et le cancer invasif partagent plu-
sieurs caractéristiques histopathologiques, morphomé-
triques et génétiques communes qui sont décrites de
façon détaillées dans un autre article [16].
Conséquences du diagnostic de lésions de PIN
L’importance clinique de la mise en évidence de
lésions de PIN isolées sur des biopsies prostatiques est
basée sur le risque élevé de cancer invasif associé dans
la glande prostatique, le plus souvent à proximité des
lésions de PIN. Ce risque est d’autant plus élevé que la
lésion est de haut grade, que la suspicion clinique (tou-
cher rectal anormal) ou biologique (PSA) et que l’âge
sont élevés. La présence de foyer de PIN de haut grade,
associé à un carcinome prostatique, serait un facteur
d'agressivité clinique [13].
Incidence et prévalence des lésions de PIN
Séries autopsiques : Les séries autopsiques montrent
que, comme pour le cancer invasif, la prévalence des
lésions de PIN augmente avec l’âge. 70% des lésions
de PIN de haut grade sont associées à un cancer inva-
sif [21]. Ces constatations font émettre l’hypothèse que
les lésions de PIN, observées dès la troisième décade,
précédent de 10 ans les lésions de cancer. Ces lésions
ne semblent pas être différentes en cas de cancer spo-
radique, familial ou héréditaire.
Séries biopsiques : L’incidence de découverte de PIN
sur les biopsies varie de 0,7 à 19% en fonction de la
population étudiée (population générale versus popula-
tion urologique) et des grades retenus [16]. Dans une
série de 330 biopsies de l’American Cancer Society
National Prostate Detection Project le taux des PIN
était de 5.2% contre 15.8% pour les cancers [15]. LEE
a retrouvé sur 256 lésions hypoéchogènes biopsiées 27
cas de PIN (10,5%) et 103 cas de cancer (40,2%). Dans
cette même étude il a montré que l’âge moyen de sur-
venue des PIN était de 5 ans inférieur à celui du cancer
(65 versus 70 ans) [11]; Dans les séries de biopsies de
la Mayo Clinique la fréquence des PIN de haut grade
est de 16.5% (3). Dans l’étude de WILLS [24], 439
biopsies en sextant, à l’aiguille 18 Gauge, ont été
revues et le diagnostic de PIN de haut grade était
retrouvé dans 5,5% des cas. Les autres diagnostics
étaient : lésion bénignes 48%, atypie 5% et cancer
invasif 41,5%. Une étude récente de l’ERSPC
(European Randomized study of Screening for Prostate
Cancer) a montré un taux de 2,7% de PIN de bas grade
et 3,4% de PIN de haut grade associées à un adénocar-
cinome prostatique, sur les biopsies effectuées dans
une population standard de 1824 hommes soumis à une
campagne de dépistage du cancer de la prostate, basée
sur une augmentation du taux des PSA [7]. Dans cette
même étude il existait dans 0,7% des cas des foyers de
PIN de haut grade isolés.
Séries de résection trans-urétrale: Les lésions de PIN
prédominant dans la zone périphérique, l’incidence des
lésions isolées de PIN sur matériel de résection prosta-
tique varie de 2,3% à 4,2% [16].La découverte de PIN
sur des prélèvements de résection trans-urétrale doit
être signalée et doit obliger le pathologiste à inclure en
totalité les copeaux de résection à la recherche d’un
cancer associé.
Résultats de nouvelles biopsies en cas de lésions iso-
lées de PIN de haut grade sur des biopsies
Quel que soit le degré de suspicion clinique ou bio-
logique, la fréquence de la mise en évidence d’un
cancer invasif associé varie de 28 à 100% des cas
pour les lésions de PIN de haut grade, (Tableau 1) et
de 0 à 40% des cas pour les lésions de PIN de bas
grade. Pour D
AV I D S O N
[5], la probabilité de trouver
sur une deuxième biopsie un cancer lorsque une PIN
de haut grade est mise en évidence est de 35% com-
parée au 13% pour les patients n’ayant pas eu de
PIN. Dans la série de l’ERSPC la pratique de nou-
velles biopsies, 6 mois après le diagnostic de PIN de
haut grade isolée, n’a pas permis de retrouver de
foyer de carcinome [7]. Chez un patient la pratique
de biopsies répétées a permis de retrouver des
lésions de PIN de haut grade.
La stratégie des biopsies prostatiques a été évaluée. Le
cancer est mis en évidence avec la même fréquence en
cas de biopsies dirigées sur le site des lésions de PIN et
en cas de biopsies systématisées. Dans 60 à 90% des
cas, le cancer est mis en évidence du même côté que la
lésion de PIN de haut grade [9, 18] et dans 60% des cas
dans le site même où la biopsie avait montré une lésion
de PIN [10]. Dans la série de KAMOI [9], la fréquence
de la mise en évidence d’un cancer invasif était de 22%
Arnauld Villers et Vincent Molinié, Progrès en Urologie (2000), 10, 1267-1270