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tendre. Sans doute n’a-t-il voulu apporter sa caution à
aucune philosophie de l’inconscient, pas même à la Philo-
sophie de l’Inconscient d’Edouard von Hartman à laquelle
il se référé dès L’interprétation des Rêves de 1899. Mais il
cite Platon dans Au delà du principe de plaisir, et il admet
comme allant de soi, dans la Métapsychologie, la distinc-
tion kantienne du phénomène et de la chose en soi, posée
métaphysiquement. Dans Sigmund Freud présenté par
lui-même, quand il est amené à rappeler les rapports de la
psychanalyse et de la spéculation philosophique, Scho-
penhauer occupe une place centrale entre Fechner et
Nietzsche : « Les concordances étendues de la psychana-
lyse et de la philosophie de Schopenhauer (il n’a pas seu-
lement défendu la primauté de l’affectivité et l’importance
prépondérante de la sexualité, mais il a même deviné le
mécanisme du refoulement) ne se laissent pas ramener à
ma connaissance de sa doctrine. J’ai lu Schopenhauer très
tard dans ma vie » (p. 100). Quoi qu’il en soit de cette der-
nière affirmation, le moment de la formation intellectuelle
de Freud à Vienne, correspond à celui de l’influence la
plus étendue de Schopenhauer dont les thèmes ont pu être
connus indirectement sans même que leur origine soit
reconnue, et il avait sûrement lu le schopenhauerien
Hartman. Aucune source historique ne serait-elle avérée,
que les concordances dont parle Freud ne seraient que
plus remarquables. Schopenhauer est de nouveau cité
dans Au delà du principe de plaisir comme précurseur à
propos de l’instinct de mort. Le primat de la sexualité, le
refoulement, l’instinct de mort sont les principales décou-
vertes dont Freud fait honneur au philosophe : ce sont
aussi celles qui sont le plus difficilement admises et que,