« C`est la communication entre les équipes qui permettra de

« C’est la communication entre les équipes qui permettra de construire autour des patients un cadre de soins adapté » Entretien avec le Dr Sarah Dauchy
Centre national de ressources (http://www.parlons-fin-de-vie.fr/)
« C?est la communication entre les équipes qui
permettra de construire autour des patients un cadre
de soins adapté » Entretien avec le Dr Sarah Dauchy
« C?est la communication entre les équipes qui permettra
de construire autour des patients un cadre de soins adapté
» Entretien avec le Dr Sarah Dauchy
Publié le 07 déc. 2015 à 12h58 - Modifié le 05 janv. 2016 à 11h46
Dr Sarah Dauchy, psychiatre, responsable de l?Unité Psycho-oncologie de l?Institut Gustave Roussy
[1] et présidente de la Société Française de Psycho-oncologie [2].
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Propos recueillis par Delphine Doré-Pautonnier, responsable de l?information des publics et de la
communication au CNDR Soin Palliatif
Bonjour Dr Sarah Dauchy. Nous vous remercions de cet entretien pour
www.soin-palliatif.org [3].
Tout d?abord, êtes-vous amenée à prendre en charge, à l?Unité
Psycho-oncologie de l?Institut Gustave Roussy [4], des patients présentant
des troubles psychiatriques et à un stade avancé d?un cancer ?
Pouvez-vous nous donner des exemples de situation que vous
rencontrez ?
La maladie cancéreuse qui affecte la population générale atteint aussi naturellement les patients
atteints de pathologie psychiatrique chronique. Ces patients sont même plutôt plus exposés, avec un
risque majoré de diagnostic de cancer, entre autres par mauvaise hygiène de vie, et surtout le risque
d?un diagnostic plus tardif de pathologies à un stade plus avancé - par retard au dépistage et des
difficultés d?accès aux soins sans doute. Nous sommes ainsi amenés à rencontrer schématiquement
deux types de patients :
des patients pris en charge pour des troubles psychiatriques chroniques, tels que la
schizophrénie ou une dépression récurrente traitée ou encore un trouble de l?humeur grave -
adressés par l?équipe du secteur psychiatrique, avec d?emblée un accompagnement
collaboratif entre équipes d?oncologie et équipes de psychiatrie.
des patients souffrant de pathologies psychiatriques non diagnostiquées, parce que plus ou
moins compensées avant le cancer, ou en rupture de soins, par exemple troubles bipolaires
de l?humeur. Dans ces situations la prise en charge sera plus lourde et plus compliquée, car
les soins psychiatriques seront initiés par l?équipe de psycho-oncologie de l?hôpital
Dans le cadre de ces situations, quelles sont les principales questions et
difficultés qui se posent alors à vous et à votre équipe ? Comment
travaillez-vous ces questions au sein de votre service ?
Les difficultés sont d?abord d?ordre médical : la pathologie est souvent plus avancée, les patients
moins observants, tant au dépistage que de la surveillance ou des soins. Par ailleurs, ces patients qui
ont finalement une double pathologie peuvent être plus sensibles aux iatrogénies et aux
complications thérapeutiques. Ils peuvent aussi présenter des contre-indications à certains
traitements.
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Les difficultés sont ensuite d?ordre psychologique ou psychiatrique. L?existence de troubles cognitifs
peut rendre l?information et l?obtention du consentement problématiques, ce qui peut être majoré
par des carences éducatives parfois sévères en ce qui concerne l?éducation à la santé. Un patient
instable émotionnellement aura plus de mal à accepter les soins et à se conformer à leurs
contraintes.
Enfin, les difficultés sont en termes de collaboration pluridisciplinaire. La prise en charge d?une
double affection physique et psychiatrique implique la collaboration d?équipes de compétences très
distinctes et de fonctionnement - objectifs, temporalités, etc. - très différents également. A défaut
d?une excellente communication et de la réalisation d?un projet de soin commun, les équipes se
retrouveront rapidement en difficulté des deux côtés.
Pouvez-vous nous donner un ou deux exemples de situations pour
lesquelles vous avez mené une réflexion éthique ?
Le cas suivant illustre bien cette problématique, et avait fait l?objet d?une saisine du Comité
d?Ethique de la Ligue Nationale contre le Cancer. [5] Une patiente âgée de 46 ans, adressée par
l'hôpital de G. pour une tumeur du massif facial, carcinome mucoépidermoïde, présentait une
pathologie psychiatrique mal étiquetée, soit une « psychose infantile» ancienne, responsable d'une
dégradation sociale majeure et d'une vulnérabilité certaine. Elle requérait un traitement chirurgical
lourd, sous peine de l'extension d'une tumeur potentiellement très symptomatique notamment en
termes de douleur. La difficulté posée par cette patiente était son consentement très aléatoire, avec
une demande de soins intermittente mais un refus des traitements, tant psychiatriques que
cancérologiques. Ce refus était intriqué à ses troubles psychiatriques, en particulier à ses
fluctuations d'angoisse avec instabilité et impulsivité. Précisément, ces troubles psychiatriques, dont
le caractère curable est loin d'être évident, étaient aussi l'élément qui mettait en péril le succès de
l'intervention chirurgicale lourde nécessaire, qui pourrait aussi lui laisser d'importantes séquelles
esthétiques et fonctionnelles, qu'elle n'était peut-être pas capable de supporter.
Mme B. semblait comprendre les informations données, a demandé un traitement, surtout quand
elle était symptomatique, mais a retiré son consentement à plusieurs reprises, et notamment le
matin même de l'opération prévue.
Cette situation a posé la difficile question du consentement aux soins des malades mentaux, alors
même que le refus est sans doute lié aux troubles mentaux, mais sans garantie de leur curabilité, et
avec un risque de catastrophe médicale en cas de mauvaise acceptation d'un traitement lourd chez
un patient très vulnérable.
Ce cas soulevait un questionnement éthique d'autant plus aigu que le refus de la thérapeutique
proposée pouvait sembler entaché d'un défaut de discernement chez un malade en état de
souffrance, dans un état de vulnérabilité particulière.
Quels messages transmettriez-vous aux professionnels confrontés à ces
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situations pour leur donner les principaux repères ? Que peuvent-ils
mettre en ?uvre lorsqu?ils ont à prendre en charge ces patients ? Sur quoi
peuvent-ils s?appuyer ?
Le premier et le principal est : « Luttons ensemble contre la perte de chance ! » Ces patients aux
besoins particuliers ne doivent pas être les laissés pour compte d?un système qui de plus en plus
élimine les plus vulnérables de l?accès aux soins.
Le deuxième repose sur le respect mutuel et la recherche à tout prix d?une collaboration entre
équipes. C?est la communication de ces équipes entre elles qui permettra de construire autour des
patients, un cadre de soins adapté et suffisamment souple pour être accepté par eux de leur plein
gré.
Le troisième message enfin est un message d?anticipation par rapport aux patients, en recherchant,
dès l?identification de la vulnérabilité psychiatrique, un contact avec l?équipe de psychiatrie qui suit
habituellement le patient, ce qui permettra l?intervention précoce d?un psycho-oncologue, si
possible en dehors d?un moment de crise, afin de nouer le contact.
Sommaire
Introduction [6]
Complexités de la prise en charge, en fin de vie, de patients atteints simultanément de pathologies
psychiatriques et somatiques [7]
Travailler ensemble pour améliorer la prise en charge des patients présentant un trouble
psychiatrique et en fin de vie [8]
Repères juridiques et éthiques pour la prise en charge de ces patients en fin de vie [9]
« Les patients atteints de troubles mentaux souffrent plus fréquemment de pathologies
organiques », entretien avec le Dr Djéa Saravane [10]
« C?est la communication entre les équipes qui permettra de construire autour des patients un cadre
de soins adapté », entretien avec le Dr Sarah Dauchy [11]
Conclusion [12]
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Ressources [13]
Le contenu de ce dossier a été élaboré par l'équipe du Centre National de
Ressources Soin Palliatif avec les collaborations actives et précieuses de :
Dr Sarah Dauchy, psychiatre, responsable de l?Unité Psycho-oncologie de l?Institut Gustave
Roussy [1] et présidente de la Société Française de Psycho-oncologie [2].
Dr Djéa Saravane, chef de service au Centre Régional Douleur et Soins Somatiques en Santé
Mentale et Autisme [14] à l?établissement Public de santé Barthélemy Durand à Etampes
(Essonne) et président de l?Association nationale pour la Promotion des Soins Somatiques en
Santé mentale [15].
Gilles Raoul Cormier, juriste, maître de conférences en droit civil à l?Université de Caen,
Directeur du Diplôme Universitaire « Protection juridique des personnes vulnérables », couplé
au Certificat national de Compétences « Mandataire judiciaire à la protection des majeurs »
Nous remercions également pour leur participation active :
Benoît Maillard, docteur en psychopathologie clinique, Centre Fédératif
Douleur, Soins palliatifs, Ethique clinique - Centre Hospitalier Universitaire de Nantes
Dr Amel Nasfi, médecin chef de pôle USLD La Roseraie ? EPS Maison Blanche
Stéphanie Gasnier, psychologue et Christelle Laugerat, infirmière IDE - EADSP 41
Céline Loubières, chargée de mission « participation des usagers » - Psycom
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