La fête de l’Épiphanie Cette année, au Canada, l’Église catholique célèbre l’Épiphanie du Seigneur le dimanche 8 janvier. La célébration de cette fête a débuté dans les Églises orientales et a été introduite à Rome au sixième siècle. Elle vient comme « couronner » le temps de Noël, si on peut dire. Ce que l’Église célèbre à l’Épiphanie c’est Jésus Christ qui se manifeste au monde entier. Après s’être fait connaître aux bergers de Bethléem, l’Évangile nous révèle que Jésus a manifesté sa divinité aux mages qui, guidés par une étoile dans le ciel, sont venus de l’Orient pour l’adorer. Dans un sermon pour l’Épiphanie, saint Léo le Grand invitait les chrétiens à reconnaître dans l’adoration des mages les débuts de la chrétienté et le premier appel aux nations du monde à se mettre en route et à suivre cette lumière qui conduit au Seigneur. La tradition chrétienne reconnaît donc dans le parcours et les gestes des mages une première manifestation de la foi qui naît parmi les nations. Ces mages entraîneront à leur suite tous les peuples de la terre. L’Épiphanie est donc la manifestation de l'amour et du salut universel de Dieu. Cette vérité est très importante, surtout pour nous qui vivons dans un pays multiethnique, le Canada, et dans une ville multiculturelle comme Ottawa. L’archidiocèse d’Ottawa a bénéficié de l’apport de nombreuses personnes – prêtres, religieux, religieuses, laïques — venues collaborer à sa mission de divers pays et cultures. Soeur Élisabeth Bruyère et les Sœurs de la Charité ont jeté les fondations de nos services d’aide aux malades, aux orphelins, aux personnes illettrées ou dans le besoin. De nos jours, à ces services, s’ajoute l’aide aux immigrants et aux réfugiés. Les pères et frères Oblats ont participé au ministère diocésain et sont à l’origine de grandes institutions vouées à l’éducation et à la formation des nôtres. Ce sont eux qui ont fondé le Collège de Bytown, devenu par la suite l’Université d’Ottawa et l’Université Saint-Paul. Les Oblats sont d’abord venus de France et de Belgique; maintenant, outre les Canadiens de naissance, ils proviennent d’un peu partout dans le monde. L’Évêque fondateur du diocèse de Bytown (nom que notre diocèse portait à l’origine), Joseph-Bruno Guigues, était Oblat. Six paroisses de l’archidiocèse d’Ottawa, de diverses langues et cultures – polonaise, anglaise, française, allemande et italienne —, sont desservies par des pères Oblats. Nous nous rendons vite compte de la diversité du clergé d’Ottawa lorsque nous assistons à la messe chrismale durant la Semaine sainte. À cette occasion, plus de cent prêtres venus des cinq continents concélèbrent avec leur évêque. C’est lors de cette messe que sont consacrées les huiles qui serviront à la célébration des sacrements. Cette diversité est également apparue de manière on ne peut plus évidente durant la semaine de Noël lorsque quatre-vingts prêtres sont venus partager le repas avec moi. Un de ces prêtres, le père Ernest Schoenhammer, un Oblat originaire de Bamberg en Allemagne – un homme qui semblait pourtant en bonne santé et qui jouissait de la camaraderie de tous – est décédé ce soir-là, jetant ses paroissiens, paroissiennes, des cinquante dernières années dans le deuil. Le père Schoenhammer a célébré le cinquantième anniversaire de son ordination à l’église St. Albertus en décembre 2015, en compagnie de deux évêques auxiliaires qui ont déjà fait partie du groupe des fidèles de sa paroisse. Lors de la réception qui a suivi, je lui ai demandé de me parler de sa vocation et de son esprit missionnaire. Il me raconta qu’au début, ses supérieurs lui ont dit qu’ils serviraient probablement deux années à Ottawa et qu’il lui valait mieux se préparer à partir ensuite pour une mission quelque part en Amérique du Sud. Mais il n’en fut pas ainsi. C’est Ottawa qui a profité en entier de l’esprit et du zèle missionnaire du père Schoenhammer. Il a rendu visite aux catholiques de langue allemande dans leur foyer, a célébré les sacrements avec les malades dans les hôpitaux et dans les maisons et a créé des liens avec les luthériens d’origine allemande, en plus d’exercer toutes les autres tâches auxquelles doit s’adonner tout bon prêtre de paroisse. Réunis autour de lui en l’église St. Albertus lors de la veillée de prière, nous en avons profité pour rendre grâce pour sa vie et son ministère. Le lendemain, lors de la célébration des funérailles à la basilique Saint Patrick, nous avons confié le père Schoenhammer à la miséricorde de Dieu afin qu’il puisse enfin connaître ce Royaume dans lequel nulle autre lumière que celle du Christ n’est nécessaire aux saints et aux saintes.