34 | La Lettre du Gynécologue • n° 350 - mars 2010
MISE AU POINT
Rôles respectifs de la LH
et de l’hCG
Activité LH, stéroïdogenèse
et folliculogenèse
En phase folliculaire précoce, la stéroïdogenèse
illustre la complémentarité de l’activité LH et de
la FSH (Follicle-Stimulating Hormone ou hormone
folliculo-stimulante) sur le complexe folliculo-ovocy-
taire. À ce stade, la production des estrogènes néces-
site la coopération des cellules de la thèque et de
celles de la granulosa, pourvues d’un équipement
enzymatique différent. Cette suite d’événements
hormonaux est connue sous le nom de “théorie bicel-
lulaire” (2 cellules-2 gonadotrophines) [figure 1].
Au cours de la première partie de la phase folliculaire,
la LH agit sur les cellules de la thèque interne, qui
expriment constitutivement à leur surface le récep-
teur LH/hCG-R, stimulant un complexe hydroxy-
lase-lyase capable de convertir la progestérone en
androgènes (16). Ces androgènes diffusent vers
les cellules de la granulosa, pourvues d’enzymes
à activité aromatase capables de transformer les
androgènes en estrogènes sous l’action de la FSH
(figure 1) [2, 16, 17].
La FSH donnée en début de cycle lance le signal
du recrutement folliculaire, entraîne la multipli-
cation et achève la différenciation des follicules
recrutés dans les cellules de la granulosa (figure 1)
[2, 15]. La granulosa devient alors compétente pour
synthétiser les estrogènes à partir d’androgènes.
Avec l’aromatisation des androgènes en estrogènes
en phase folliculaire tardive, l’activité LH prend le
relais de la FSH dans toutes ses actions et le statut
hormonal du follicule bascule vers un stade estro-
génique dominant (1, 3).
Des données issues d’études in vitro et d’études
cliniques chez l’homme montrent que l’activité LH
soutient de façon prépondérante le développement
et la maturation des plus gros follicules pourvus de
nombreux récepteurs à cette gonadotrophine (3).
Simultanément, les plus petits follicules (diamètre
inférieur à 10 mm) involuent, leur granulosa n’expri-
mant pas suffisamment de récepteurs à la LH pour
faire face à la déprivation en FSH (3). La produc-
tion thécale d’androgènes médiée par l’activité LH
contribue, avec le déclin des taux de FSH, à l’atrésie
et à l’apoptose des follicules les moins matures (2,
3, 17).
L’hCG, un marqueur décisif
de l’implantation embryonnaire
La réussite du processus implantatoire naturel
requiert deux acteurs principaux, l’endomètre
et l’embryon, tous deux dialoguant à l’interface
materno-fœtale ; le processus ne peut avoir lieu que
lors de la “fenêtre implantatoire” aux jours 20-24
du cycle menstruel. Le succès de l’implantation
embryonnaire est une étape cruciale de la repro-
duction assistée (FIV, ICSI...), qui implique des méca-
nismes moléculaires complexes faisant intervenir un
grand nombre d’effecteurs : des médiateurs solubles
(cytokines, interleukines, facteurs de croissance),
des molécules d’adhésion (intégrines, sélectines,
trophinines) et des enzymes protéolytiques de la
matrice externe (18).
Parmi les médiateurs de cette cascade, l’hCG
trophoblastique est le facteur le plus spécifique-
ment produit par l’embryon. L’hCG est aussi le signal
embryonnaire le plus précocement exprimé (dès le
stade 4-8 cellules) à l’interface materno-fœtale.
Grâce à sa production d’hCG, l’embryon orchestre
finement et contrôle (figure 2) [19] :
➤
l’augmentation de la durée de la fenêtre implan-
tatoire, via la réduction de l’IGFBP-1 (Insulin-like
Growth Factor Binding Protein 1) ;
Figure 1. La théorie bicellulaire (d’après 2 et 15).
Cellules
thécales
Cholestérol
Progestérone
Androgènes
▼
▼
Cellules
de la granulosa
Cholestérol
Progestérone
Androgènes
Estradiol
▼▼
▼
FSH
Androgènes
transférés
aux cellules
de la granulosa
A
A
A
AA
A
EE
E
E
E
Activité LH
Estradiol
Croissance
folliculaire
Maturation
ovocytaire
E
Références
bibliographiques
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