Le noyau de la Voie Lactée
Le disque galactique est animé d'un mouvement de rotation qui entraîne la formation d'une
région centrale plus renflée où la concentration des étoiles est la plus forte. Ce bulbe central
forme un halo de 12000 années-lumière de rayon duquel s'échappent les bras spiralés.
Le Soleil étant plongé dans les bras nébuleux et opaques du disque, il nous est très difficile
d'observer dans la direction du noyau, tout au moins en lumière visible car l'extinction de la
lumière atteint 30 magnitudes dans la région du Sagittaire.
Aussi les astronomes ont-ils tenté de percer son voile en utilisant des longueurs d'ondes
auxquelles la matière interstellaire était plus transparente. Ce fut le début des premières
découvertes en ondes radios millimétriques, infrarouges, X et gamma
Grâce aux recherches des astronomes nous savons aujourd'hui que le disque galactique n'est
pas uniformément plat. Les radiotélescopes millimétriques ont permis de découvrir qu'au
centre du noyau se trouvait un disque de 8000 années-lumière (2500 pc) de diamètre, incliné
d'environ 18° sur le plan galactique, confirmant le motif légèrement incliné des bras,
gauchissement surtout visible à 21 cm de longueur d'onde. Jusqu'à présent les astrophysiciens
pensaient que le bulbe avait la forme d'une sphéroïde aplatie asymétriquement. Grâce aux
mesures de COBE nous avons des indices selon lesquels le bulbe est allongé dans la direction
de son plan; la Voie Lactée est bien une galaxie spirale barrée
Le disque galactique tourne sur lui-même trois fois plus vite que la matière qui l'entoure (130
km/s). Outre des débris de supernovae, il contient des gaz chauds sous pression, de la
poussière et des molécules. La région comprise dans les 300 pc autour du noyau représente
une masse d'environ 108 M~, soit environ 5% de la masse moléculaire totale de la Galaxie,
concentrée dans 0.04% de sa surface !
La densité surfacique des gaz moléculaires du noyau est extraordinaire. On y trouve des
nuages moléculaires CO et CS confinés qui requièrent de fortes densités pour être excités
comme ils le sont. La vitesse des nuages déduite du décalage Doppler de leurs raies spectrales
est de l'ordre de 15 km/s, plus de 15 fois supérieure à la vitesse du son ! On pense que ces
déplacements sont induits par des champs magnétiques très intenses de l'ordre de 130 mG. Par
comparaison, il n'est que de 5 mG dans le gaz diffus Local. On en a également déduit que la
pression du gaz moléculaire est trois fois plus élevée dans le noyau que dans le disque. Ces
phénomènes s'expliqueraient par la température, qui est voisine de 108 K, supérieure à celle
qui règne dans le noyau du Soleil et la densité du milieu (env.0.03 à 0.06 protons/cm3) qui
correspond à une pression près de 1000 fois supérieure à celle mesurée dans le voisinage du
Soleil ! Dans de telles conditions, le gaz émet des rayons X qui pourraient se transformer en
"vent galactique" s'il n'est pas confiné dans le champ magnétique.
Malgré cette grande concentration de matière, peu d'étoiles s'y forme, probablement en raison
de l'intense dispersion qui se produit au sein des nuages moléculaires. La masse de Jeans de
ces nuages atteint 106 M~, ce qui signifie qu'une liaison gravitationnelle ne peut se produire
qu'au sein de nuages extrêmement massifs, tels Sgr A et Sgr B2. Des mesures permettent
également d'estimer que les nuages de gaz présents dans le noyau de la Voie Lactée se seront
diffusés avant leur effondrement. Cette diffusion peut s'étendre sur cent millions d’années.
La région couvrant les 30 pc centraux (100 a.l.) fait preuve d'une activité très exotique. Dans
un espace réduit à 0.3° d’arc se trouve cinq sources de rayonnement intense dont l'une est
baptisé "Sagittarius A". Elle se divise en deux composantes, Sgr A East et Sgr A West. La
première s'étend sur 3' (8 pc) et présente un spectre non thermique vraisemblablement
entretenu par le rayonnement des supernovae. Sgr A West est plus petite (2 pc). Au centre de
cette structure s'agglomère quelque 5 millions d'étoiles sur 3 années-lumière ! Sa cartographie
en proche infrarouge (2.2 et 10 mm) a permis d'y déceler une vingtaine de sources d'émission