dans l'idée que la philosophie pouvait avoir sa place dans l'enseignement spécialisé et
particulièrement dans ma classe. Une seconde rencontre fut celle avec M.Cassagne à qui j'ai
eu à présenter mon projet de mémoire. J'ai tout de suite deviné de sa part un certain
enthousiasme et, pour le moins, une ouverture à ce genre de projet. Un projet qui répond tout
d'abord à une exploration intellectuelle en lien avec une approche pédagogique.
Je me sentais soutenu dans ce projet, l'idée ne semblait pas hors sujet mais au contraire
présentait une pertinence dans le contexte professionnel qui était le mien. Je pouvais
m'engager plus en avant dans une recherche alliant pratique professionnelle et réflexion
théorique.
Le choix de ce projet répond aussi à une remarque faite par un ami lorsque j'ai choisi d'étudier
la philosophie. Pour lui la philosophie c'était « du pipeau ». Cette remarque, pour le moins
étonnante, n'a pas manqué de me déstabiliser. A l'époque, je ne connaissais de la philosophie
que les quelques cours reçus au lycée et les grands classiques de l'histoire de la philosophie
que j'avais lus. Il me fallait pourtant répondre à cet ami, lui démontrer que la philosophie était
autre chose qu'une musique propre à endormir les esprits. Je n'avais pas alors en tête une des
pensées de Pascal (2004) « Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher ».
Toutefois, fort de mes lectures et de certaines convictions je lui avais répondu que la
philosophie était présente à tout moment de notre vie, dès que nous avions, par exemple, à
faire un choix moral, esthétique ou de connaissance. Lorsque j'accepte l'autre dans sa
différence à quel principe moral je fais référence ? Lorsque je juge ce bâtiment beau à quel
jugement esthétique ai-je recours ? Lorsque je juge cet événement vrai et indubitable sur
quelle théorie de la connaissance je fonde mon jugement ? Ces questions nous nous les posons
en permanence. A tout moment nous sommes confrontés à des questions qui peuvent prendre
une dimension philosophique. Il nous reste à trancher, à faire un choix tel que l'entend Sartre
(1945). Même ne pas faire de choix c'est déjà faire un choix. Par exemple, si je choisis de ne
pas me préoccuper de la question des migrants en Europe c'est déjà et aussi faire un choix.
La philosophie nous entoure, nous accompagne à tout moment quand bien même nous n'en
n'avons pas conscience. Loin de produire une douce musique propre à bercer nos consciences
elle nous maintient en éveil, nous rend vigilant, nous garde en alerte pour répondre aux
grandes questions de notre actualité. Le pipeau nous berce, la philosophie nous invite à
réagir, à prendre position, à trancher. Il m'avait semblé qu'avec toute ma jeunesse et mon
Périchon Sylvain Mai 2016 5