Plan de cours - Département de philosophie

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PHI4016 - Freud
Été 2010
Professeur Marc Djaballah
PLAN DE COURS
Horaire : mardi/jeudi 18h-21h
Salle : N-M450
Professeur Marc Djaballah
[email protected]
514.987.3000, poste 4910
Bureau : W-5240
DESCRIPTION (SELON L’ANNUAIRE)
« Étude globale de la pensée de Freud et de son influence déterminante sur le cours de la
philosophie occidentale, de manière à apprécier l'essentiel de son apport. »
CONTENU DU COURS
Titre : « Introduction à l'étude philosophique de Freud »
Ce cours vise à une initiation philosophique de la pensée du psychologue autrichien
Freud, fondateur de la psychanalyse. Sans vouloir remettre en question la valeur d’autres
approches possibles, nous focaliserons principalement sur l’analyse des concepts centraux de
Freud, en vue d’en dégager les conséquences philosophiques. On peut cerner de façon
préliminaire trois niveaux de pertinence.
La psychanalyse de Freud est partout présente autour de nous : c’est un point de repère
culturel hyper-commun dans notre culture. Puisque l’interrogation philosophique devrait se
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préoccuper des particularités de ses contemporains, et qu’elle a intérêt d'en tenir compte, la
lecture de Freud s’avère indispensable. Or son omniprésence est étrange : la notion de Freud est
vaguement familière à tous, mais rares sont les occasions de prendre connaissance de sa pensée
de façon compréhensive et détaillée. Freud est par conséquent partout et nulle part. Dans la
culture occidentale actuelle, sa pensée occupe une présence centrale, tout en se manifestant selon
un mode plurivoque et indéterminé. La complexité de cette situation nous invite à en faire un
constat philosophique, et l'impossibilité de s'y soustraire nous l'impose : il faut prendre
conscience de l'effet historique de la pensée de Freud et de la pratique de la psychanalyse dans la
culture contemporaine. La tâche d'étudier Freud culturellement dans l’optique d’une histoire du
présent en appelle une autre, dont le besoin se manifeste de l’intérieur du discours philosophique
même. Cette pertinence historico-culturelle se décline variablement selon les différentes
traditions philosophiques occidentales.
En effet, si la communauté philosophique anglo-saxonne analytique s'est assez peu
souciée de Freud, en Allemagne et en France, la philosophie après Freud s'est tenue dans une
proximité étroite, souvent en contact immédiat, des problèmes et des contributions de la
psychanalyse. Sans doute peut-on y voir l'effet de différences méthodologiques et thématiques
des différentes communautés philosophiques, autant qu'une plus grande ouverture institutionnelle
de et à la psychanalyse en général en France et en Allemagne. Quoi qu’il en soit, le fait demeure
qu'une compréhension conceptuelle de Freud promet d'enrichir, à titre de source cachée, oubliée,
l'interrogation : elle est quasi-inconnue de la philosophie analytique, et trop bien connue de la
philosophie allemande et française. La lecture philosophique de Freud peut seule remédier à cette
situation. Elle peut le faire ou bien par la voie d'un remaniement qui promet de renouveler et
d'aérer des problèmes tenus pour moribonds à l'aide d'un nouvel appareillage conceptuel, ou bien
par l'appréhension des capacités conceptuelles requises pour une compréhension explicite des
traditions des textes qui font constamment et tacitement référence à Freud. Ce deuxième niveau
de pertinence qui, bien entendu, demeure assez abstrait, en indique cependant un autre, plus
précis et qui a trait au contenu du discours philosophique et des facteurs conceptuels qui le
conditionnent.
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Tenons qu'il s'impose à toute réflexion philosophique soucieuse de s'interroger sur ses
propres conditions de possibilité d'examiner ses sources conceptuelles historiques, textuellement
et avec un souci de compréhension et – s’il y a lieu – d'objectivité. Pour la situation
philosophique présente, cet examen ne peut se permettre d’esquiver la confrontation avec la
pensée de Freud comme une de ces sources vives importantes, au même titre par exemple que
Platon, Aristote, Descartes, Gœthe, Kant, Hegel, Marx, Nietzsche, Heidegger, ou Bergson. Or, en
dépit de son apport conceptuel au discours philosophique - qui est considérable et évident à la
lecture - Freud ne fait pas généralement l'objet de considérations philosophiques sérieuses. D'une
part, la relative rareté des ouvrages philosophiques d'envergure sur Freud par des philosophes de
premier ordre est tout à fait remarquable. D’autre part, si Freud a un rôle dans la pédagogie
philosophique institutionnelle, c'est habituellement à titre de modèle général, flou, voire
caricatural, au sein d'une heuristique d'initiation conceptuellement mince dans un curriculum
collégial. Cette disparité entre intérêt réel et intérêt de fait est en général expliquée par des propos
qui sont philosophiquement loin d'être décisifs, tels : Freud ne se considérait pas lui-même
comme philosophe, et il ne l'était pas institutionnellement ; la pensée de Freud est ordinairement
considérée comme pièce inséparable de la pratique clinique de la psychanalyse ; les notions
freudiennes n'ont pas la rigueur d'expression, la cohérence textuelle, ou le support interprétatif et
argumentatif pour permettre de leur attribuer quelque chose de la dignité des concepts
philosophiques. Il y a là occasion à se réinterroger. Ayant aperçu les deux plans de pertinence
plus généraux élaborés, ce cours occupera ce troisième plan, en étudiant les textes de Freud à la
lumière de problèmes, de concepts et de formes de raisonnement philosophiques concrets.
Il s'agira bien d'une introduction philosophique à la pensée de Freud. Pour y procéder, est
méthodologiquement indispensable de mettre suspendre provisoirement tout ce qu'on peut par
ailleurs connaître de Freud, c’est-à-dire, de mettre les acquis de lecture précèdent et d'intuition
pré-réfléchie entre parenthèses, afin de se confronter directement aux textes de Freud.
Nous aborderons la pensée de Freud à partir d'une grille de trois moments interprétatifs
correspondant à des niveaux d'équilibre conceptuel, répétés et rééquilibrés en séquence, et servant
de principe organisateur au rassemblement d'un choix de textes représentatifs : le premier passe
de l'interprétation de l'hystérie et des rêves aux écrits de métapsychologie (la première topique
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stabilisée autour du modèle inconscient, préconscient, conscient), le second comprend
l'interprétation de la culture et la théorie de la sexualité (le ça, le moi, le surmoi), et le troisième
se centrant sur la pulsion de mort et la réinterprétation de la culture qu'elle commande.
Guidés par cette orientation herméneutique et philosophique, nous aurons l'occasion de
constater que les termes et les notions les plus couramment associés à Freud ont, dans son propre
usage, un sens très précis, dépendant constitutivement de contextes locaux, et sont donc
difficilement généralisables, et aucunement universalisables. Ces termes techniques sont utilisés
pour fixer les résultats d'observation de comportements en termes de pulsions particulières, et
sont inextricables à strictement parler de la description de la situation thérapeutique des études de
cas en question. Elles sont indicatives, cependant, de tendances générales, à l'intérieur de
l’appareil conceptuel freudien mettant en relation force (désir), sens, et interprétation de soi. C'est
à partir d'une incorporation interprétative de ces termes que le cours procèdera. Nous aurons
l'occasion de constater que l’apparat de Freud, solidement ancré dans l'histoire de la philosophie,
fournit une apte grille pour aborder un éventail de problèmes philosophiques dont la source
remonte à Platon. Sans imposer à cet appareil la détermination d'une exposition, on y trouvera un
fil conducteur pour l’étude des textes au programme.
ÉVALUATION
Examen 1(27 mai)
Travail écrit (à remettre le 11 juin)
Examen 2 (22 juin)
25%
35%
40%
Dans chaque cas, l’évaluation sera faite sur la base de la compréhension démontrée des textes
étudiés, de leur forme, leurs objectifs et leurs enjeux. La précision et la cohérence de la pensée
sont particulièrement valorisées.
TEXTES OBLIGATOIRE
Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne
Freud, Métapsychologie
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Freud, Cinq leçons de psychanalyse
Freud, Le malaise dans la culture
Freud, Au-delà du principe de plaisir
PLAN
1. 4 mai – Introduction.
2. 6 mai – Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, chapitres 1 et 4.
3. 11 mai – Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, chapitres 8 et 12.
4. 13 mai – Freud, « Remémoration, répétition et perlaboration » et « Deuil et mélancolie »
5. 18 mai – Freud, Cinq leçons de psychanalyse
6. 20 mai – Freud, Cinq leçons de psychanalyse
7. 25 mai – Freud, Cinq leçons de psychanalyse
8. 27 mai – Examen
9. 1 juin – « Trois essais sur la sexualité », chap. 1.
10. 3 juin – Freud, Au-delà du principe du plaisir
11. 8 juin – Freud, Au-delà du principe du plaisir.
12. 10 juin – Freud, «L’inquiétant » et « Le moïse de Michel-Ange ».
13. 15 juin – Freud, Le malaise dans la culture.
14. 17 juin – Freud, Le malaise dans la culture.
15. 22 juin – Examen
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BIBLIOGRAPHIE
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