CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
PHILOSOPHIE ET
VOIE DU NON-ATTACHEMENT
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-024
PHILOSOPHIE ET VOIE DU NON-ATTACHEMENT
La philosophie comme voie de liberté intérieure
conférence d’Éric Lowen donnée le 01/07/2008
à la Maison de la philosophie à Toulouse
La philosophie n'est pas que Théoria, elle est aussi Praxis. Le détachement est un élément
indispensable dans la démarche et le travail philosophique sur soi. La philosophie invite à un
détachement à l'égard de bien des choses : de l'évidence des apparences à la dictature du
présentisme, aussi bien qu'à l'égard de ses propres opinions. On peut même dire, que sans
détachement aucune démarche philosophique n'est possible. Néanmoins, la philosophie n'a
pas le monopole de la notion de détachement, puisqu'on le retrouve dans de nombreuses
religions. Mais en examinant cette notion, on peut remarquer que le détachement
philosophique est tout autre que les détachements que proposent les religions la fois sur
les objets, les fins et les raisons de ce détachement). D’autant que le détachement
philosophique est surtout une voie de non-attachement. Cette conférence proposera un
éclaircissement de ces notions, en précisant la spécificité de la voie du non-attachement
propre à la philosophie.
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PHILOSOPHIE ET VOIE DU NON-ATTACHEMENT
La philosophie comme voie de liberté intérieure
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
La vie est un mouvement perpétuel de consolidation et de détachement.
Edward T. Hall (1914-2009)
Au-delà de la culture, 1979
I CONDITION HUMAINE, LIENS AFFECTIFS ET ATTACHEMENT
1 - L'importance des liens affectifs, phénomène naturel et normal
2 - Une conséquence de notre primativité, de notre socialité et de notre subjectivité
3 - Principe de l'attachement, verso des liens affectifs
4 - La source de l'attachement est le moi et non le monde
5 - Une problématique largement discernée dans les cultures humaines, religions et philosophies
6 - Mais des réponses souvent erronées dans les religions
II PRINCIPES DU DÉTACHEMENT
1 - La réponse aux retournements négatifs de l'attachement, le détachement
2 - Principe du détachement - se détacher c'est évoluer
3 - Absence n'est pas détachement et détachement n'est pas séparation du monde et de la vie
4 - Le détachement n’est pas l’indifférence ni l’inaction
5 - Le détachement implique un retour à l'essentiel
6 - Tout détachement est l'acceptation d'un lâcher prise initiatique
7 - L'importance du détachement dans la réalisation humaine
8 - La nécessité du détachement dans la démarche philosophique (prosophia)
III LES DIFFÉRENTES FORMES DU DÉTACHEMENT
1 - Un principe unique de détachement s'appliquant dans une multiplicité d'attachements différents
2 - Détachement externe et détachement interne
3 - Le détachement somatique
4 - Le détachement psychique
5 - Le détachement spirituel, le détachement des croyances et illusions métaphysiques
6 - La difficulté du passage du détachement matériel au détachement spirituel
IV LA RÉPONSE PHILOSOPHIQUE : LA VOIE DU NON-ATTACHEMENT
1 - Du détachement à la voie du non-attachement, une troisième voie
2 - Une voie dans le monde, qui ne renie pas le monde, pour vivre plus intensément
3 - Une double modification, du sens que nous donnons à la vie et de notre manière de vivre
4 - Une conscience de soi élevée, exigeant connaissance de soi et auto-observation
5 - La nécessité de la conscience des processus d'attachement pour les éviter et les dénouer
6 - L'action de la raison sur et dans nos processus affectifs
7 - Le recentrage sur l'essentiel de l'Être
8 - Un élargissement de la perspective du monde et de soi
9 - La relativisation de nos problématiques
10 - La dédramatisation de l'existence, l'existence comme jeu
V CONCLUSION
1 - Une éthique philosophique de vie, transformant la vie en praxis
2 - Une attitude transformante, une voie de liberté au sein d'une participation au monde améliorée
ORA ET LABORA
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Document 1 : Dans l’antiquité, un des grands courants philosophiques poussant à la vie non attachée, libre
et lumineuse, sans se détourner du monde pour un arrière-monde, fut l’épicurisme, l’école du Jardin. Le
texte suivant, qui s’applique à la question de la mort (thanatosophia), expose les principes généraux du
détachement et du non-attachement par le biais de la connaissance et de la conscience.
Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal
résident dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière. Cette
connaissance certaine que la mort n'est rien pour nous a pour conséquence que nous
apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère, parce qu'elle n'y ajoute pas
une durée illimitée, mais nous ôte au contraire le désir d'immortalité. En effet, il n'y a plus
d'effroi dans la vie pour celui qui a réellement compris que la mort n'a rien d'effrayant. Il
faut ainsi considérer comme un sot celui qui dit que nous craignons la mort, non pas
parce qu'elle nous afflige quand elle arrive, mais parce que nous souffrons déjà à l'idée
qu'elle arrivera un jour. Car si une chose ne nous cause aucun trouble par sa présence,
l'inquiétude qui est attachée à son attente est sans fondement. Ainsi, celui des maux qui
fait le plus frémir n'est rien pour nous, puisque tant que nous existons la mort n'est pas, et
que quand la mort est nous ne sommes plus. La mort n'a, par conséquent, aucun
rapport ni avec les vivants ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est plus rien pour les
premiers et que les derniers ne sont plus.
La foule tantôt fuit la mort comme le plus grand des maux, tantôt la désire comme le
terme des misères de la vie. Le sage, par contre, ne fait pas fi de la vie et ne craint pas la
mort, car la vie ne lui est pas à charge et il ne considère pas la non-existence comme un
mal. En effet, de même qu'il ne choisit certainement pas la nourriture la plus abondante,
mais celle qui est la plus agréable, pareillement il ne tient pas à jouir de la durée la plus
longue, mais de la durée la plus agréable. Celui qui proclame qu'il appartient au jeune
homme de bien vivre et au vieillard de bien mourir, est passablement sot, non seulement
parce que la vie est aimée de l'un aussi bien que de l'autre, mais surtout parce que
l'application à bien vivre, ne se distingue pas de celle à bien mourir. Plus sot est encore
celui qui dit que le mieux c'est de ne pas naître. Mais lorsqu'on est né, de franchir au plus
vite les portes de l'Hadès.
S'il parle ainsi par conviction, pourquoi alors ne sort-il pas de la vie ? Car cela lui sera
facile, si vraiment il a fermement décidé de le faire. Mais s'il le dit par plaisanterie, il
montre de la frivolité en un sujet qui n'en comporte point. Il convient de se rappeler que
l'avenir n'est ni entièrement en notre pouvoir, ni tout à fait hors de nos prises, de sorte
que nous ne devons ni compter sur lui, comme s'il devait arriver sûrement, ni nous priver
de tout espoir, comme s'il ne devait certainement pas arriver. Épicure (-341, -271)
Lettre à Ménécée
Document 2 : Une autre expression du non-attachement philosophique dans le stoïcisme.
CE QUI TROUBLE LES HOMMES
Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais l’opinion qu’ils s’en font ;
ainsi, la mort n’a rien de terrible... C’est l’opinion qu’on a de la mort qui la rend si affreuse.
Aussi lorsque nous sommes contrariés ou troublés,
n’en accusons que nous-mêmes, c’est-à-dire nos préjugés.
Accuser les autres de ses malheurs, c’est le fait d’un ignorant ;
les rejeter sur soi, c’est commencer à s’instruire ;
n’en accuser ni les autres ni soi-même, c’est être Sage. Épictète (1er siècle après JC)
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Document 3 :
TU SERAS UN HOMME
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir
Si tu peux être amant sans être fou d'amour
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Si te sentant haï sans haïr à ton tour
Pourtant lutter et te défendre
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot
Si tu peux rester digne en étant populaire
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver mais sans laisser ton rêve être ton maître
Penser sans n'être qu'un penseur
Si tu peux être dur sans jamais être en rage
Si tu peux être brave et jamais imprudent
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils.
Rudyard Kipling (1865-1936)
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