«Au cours des trois mois suivants, chacun avait
à eectuer cinq interventions d’environ dix
minutes sur des résidents de leur choix au
moment qui leur semblait opportun. Ils devaient égale-
ment compléter une grille d’évaluation sur l’état de ceux-
ci avant, pendant et après l’intervention.
Au total, 53 personnes âgées en moyenne de 83 ans ont
été ainsi « touchées »; plusieurs souraient de démence et
la très grande majorité d’entre elles n’avaient jamais vécu
ce type de contact auparavant. Si le Toucher-massage
n’a pas eu d’eet sur leurs malaises persistants (même
bénins), il en a eu de manière signicative sur le bien-
être général de ces vieillards et ce, tout de suite après la
période de massage. On a constaté que les traits de leur
visage étaient plus détendus, qu’ils avaient une meilleure
disposition à bouger et à communiquer (ce que les cher-
cheurs ont associé au « goût de vivre ») et un sentiment
accru d’estime de soi. Aucun bénéce à moyen terme n’a
toutefois pu être dégagé à partir de cette recherche.
Par contre, un aspect inattendu s’est révélé en cours de
route : la satisfaction du personnel soignant.
En eet, ces employés se sentaient valorisés par cette
occasion de « prendre soin » des bénéciaires, par oppo-
sition à leur travail habituel qui consiste souvent à les
« embêter ». Tous ont déclaré continuer à pratiquer ces
gestes, même un an après la n de la recherche. »
46 Krankenpflege 6/2003
Soins infirmiers
Culture des soins
Le toucher-massage a des effets positifs à différents égards
chez les personnes âgées: le visage se détend, le tonus mus-
culaire augmente, les mouvements se font plus souples. Les
bénéficiaires disent en retirer un sentiment de bien-être, tan-
dis que les soignants découvrent de nouvelles possibilités de
soins. Une étude vient d’être menée à ce sujet.
Un plus pour les personnes âgées en institution
RUTH RAPIN ET COLL.
NOTRE NOTRE
étude a été réalisée de 2001
à 2002 dans trois EMS (établissements
médico-sociaux pour personnes âgées) du
canton de Vaud en partenariat avec l’Ecole
de soins infirmiers de Chantepierre et son
unité de recherche. Pratiquant le toucher-
massage à des personnes âgées depuis
plusieurs années, nous avions observé à
maintes reprises l’apparition d’une déten-
te et d’une sensation de bien-être et ce,
après quelques minutes de massage seu-
lement. Pour disposer d’arguments pour
promouvoir cette pratique, nous avons
jugé indispensable de documenter nos
observations par une étude systématique.
Cela nous a paru d’autant plus nécessaire
que nous n’avons pas trouvé dans nos
lectures de résultats de recherches sur les
effets des massages de confort à des per-
sonnes âgées en institution. Nous avons
évalué 53 touchers-massages à des ré-
sidants âgés au moyen d’une grille d’éva-
luation de sept aspects caractéristiques
d’un bien-être. Trois temps d’observation
étaient prévus: juste avant, pendant et jus-
te après le massage. Pour la majorité des
résidants, l’effet des massages était positif
pendant l’intervention, mais la différence
n’est pas significative. A la fin du soin,
l’effet positif est significatif dans tous les
cas sauf pour ce qui est des plaintes. L’évo-
lution positive est particulièrement obser-
vable sur les traits du visage, le tonus mus-
culaire, et les mouvements. Sur l’ensemble
des aspects observés, l’effet des massages
est positif, mais moins apparent pendant
l’intervention que lorsqu’elle est terminée.
Nos résultats positifs nous donnent des ar-
guments pour la promotion de la formation
et de la pratique du toucher-massage.
Le projet
Notre projet d’étude se situe dans un
contexte de collaboration entre EMS et
Prendre soin par le
toucher-massage
Photos: Jean-Baptiste Lœwenbruck
Evolution des effets «pendant»
et «après» le massage Tableau 1
Evolution + ou – «pendant» Evolution + ou – «après»
+ + 41,3%
PC + 10,7%
– + 4,9%
+ PC 6,2%
PC PC 23,5%
– PC 3,6%
+ – 2%
PC – 1,6%
– – 6,2%
Signification des symboles:
+ = «effet positif» – = «effet négatif»
PC = «pas de changement» par rapport à la situation de départ
« En 2001 et 2002, Une inrmière et enseignante en soins inrmiers depuis plusieurs
années, la Suissesse Ruth Rapin, a mené une recherche sur l’impact du toucher auprès
d’une clientèle âgée en institution. Treize soignants volontaires de trois établissements
d’hébergement pour personnes âgées du canton de Vaud (Suisse) ont donc suivi la
formation au Toucher-massage ».
Prendre soin par le Toucher-massage
Lucie Dumoulin sur Passeport-
-
lité de vie des personnes âgées en
er
En 2006, la revue INFOKara publie les résultats d’une étude menée par Monique
Boegli et Elisabeth Cabotte, inrmières d’équipes mobiles antalgie et soins palliatifs
aux Hôpitaux Universitaires de Genève : quels sont les bénéces réels ressentis par les
patients douloureux chroniques et ou en soins palliatifs ?
Quels bénéces pour les patients ?
«Pour réaliser ce travail, nous avons abordé les
concepts de soins palliatifs et de Toucher Mas-
sage®. Nous avons réalisé une revue de la littéra-
ture avec un récapitulatif des études. Suite à celles-ci, nous
avons construit une base de données des massages eectués
(mi-2003 et 2004) qui nous a permis de faire un bilan et
une analyse de notre activité. Nous avons élaboré une grille
d’évaluation en lien avec les symptômes (douleur, anxiété,
dyspnée, bien-être). A l’aide d’une échelle visuelle ana-
logique dite EVA ou une échelle numérique de 0 à 10, le
patient évalue le symptôme avant et après le massage. Cette
grille permet également de recueillir les commentaires spon-
tanés du patient ainsi que nos observations et celles relevées
dans le dossier de soin.
Les inrmières, pratiquant le massage bien-être en rôle auto-
nome, ont suivi une formation intra-muros permettant un
apprentissage rapide des techniques du massage minute®.
Pour 94 patients, cette approche a permis d’abaisser le-
symptôme gênant à un seuil tolérable en apportant une
relaxation et en améliorant leur bien-être pour 44% anxiété,
17% douleur, 5% dyspnée, 20% altération du bien-être. La
durée fut adaptée aux besoins du patient avec une moyenne
de 20 minutes. Les localisations furent les pieds (26%), les
jambes (19%), le dos (17%), les mains (16%) pour les prin-
cipaux. 4 patients ont refusé le massage après une première
séance. Ce contact apporte un enrichissement relationnel,
augmente la qualité des soins, permet la communication et
l’expression d’émotions face à la situation de maladie grave.
Parfois plus que des mots, il permet d’apaiser par la détente
(...)».
INFOKara, vol. 21, N°1/2006 29
Communications libres
Les massages : quels bénéfices pour les patients ?
Monique Boegli
Infirmière EMSP, département ASPIC, HUG, Genève
Elisabeth Cabotte
Infirmière EMASP, département de réhabilitation et de gériatrie, CESCO, Genève
Introduction
Dans l’approche antalgique et en soins palliatifs, les
équipes de soins sont confrontées aux patients souffrant
dans leur corps, avec un besoin de communication plus
ou moins exprimé.
En tant qu’infirmières d’équipes mobiles antalgie et
soins palliatifs aux Hôpitaux Universitaires de Genève
nous développons, en collaboration, avec les équipes des
unités de soins, une approche par le massage de bien-être
que nous avons nommé massage de confort. Ce soin est
décrit dans la littérature comme bienfaisant.
L’objectif de l’étude fut de rechercher les bénéfices
réels ressentis par les patients douloureux chroniques et
ou en soins palliatifs.
La méthode
Pour réaliser ce travail, nous avons abordé les concepts de
soins palliatifs et de Toucher Massage
®1
. Nous avons réa-
lisé une revue de la littérature avec un récapitulatif des
études. Suite à celles-ci, nous avons construit une base de
données des massages effectués (mi-2003 et 2004) qui
nous a permis de faire un bilan et une analyse de notre
activité. Nous avons élaboré une grille d’évaluation en
lien avec les symptômes (douleur, anxiété, dyspnée,
bien-être). A l’aide d’une échelle visuelle analogique dite
EVA ou une échelle numérique de 0 à 10, le patient éva-
lue le symptôme avant et après le massage. Cette grille
permet également de recueillir les commentaires sponta-
nés du patient ainsi que nos observations et celles rele-
vées dans le dossier de soin.
Les infirmières, pratiquant le massage bien-être en
rôle autonome, ont suivi une formation intra-muros per-
mettant un apprentissage rapide des techniques du mas-
sage minute
®
.
Les résultats
Pour 94patients, cette approche a permis d’abaisser le
symptôme gênant à un seuil tolérable en apportant une
relaxation et en améliorant leur bien-être pour 44%
anxiété, 17% douleur, 5% dyspnée, 20% altération du
bien-être. La durée fut adaptée aux besoins du patient
avec une moyenne de 20 minutes. Les localisations
furent les pieds (26%), les jambes (19%), le dos (17%), les
mains (16%) pour les principaux. 4 patients ont refusé le
massage après une première séance. Ce contact apporte
un enrichissement relationnel, augmente la qualité des
soins, permet la communication et l’expression d’émo-
tions face à la situation de maladie grave. Parfois plus que
des mots, il permet d’apaiser par la détente.
Conclusion et perspectives
Le massage de confort est une approche complémentaire
positive par ses effets, à portée de main des soignants, qui
rassure et soulage les patients. C’est aussi une sensibili-
sation à la communication. Ce travail nous a permis de
confirmer que le massage de confort est un outil d’ac-
compagnement privilégié pour le patient en situation de
douleur et ou de soins palliatifs et qu’il fait partie du rôle
autonome de l’infirmière.
Le développement de cette approche tactile présente
un avantage pour l’ensemble de l’équipe soignante, dans
la mesure où elle permet de repenser et d’améliorer
l’approche du soin. Celui-ci se fera par une formation
action au sein des unités de soins.
Remerciements
Gisèle Schaerer
2
, Huguette Guisado
3
, Céliane Héliot
4
,
Sandra Merkli
5
, Mireille Balahoczky
6
.
Correspondance: Monique Boegli, HUG, 24, rue Micheli-du-Crest,
CH 1211 Genève.
Elisabeth Cabotte, CESCO, 11, ch. de la Savonnière, CH-1245 Col-
longe-Bellerive, Genève.
1Le toucher massage®, concept Joël Savatofski, tiré à part, extrait
du Manuel de soins palliatifs, Dunod, Juin 2001.
2Infirmière spécialiste clinique douleur et soins palliatifs, Dépar-
tement des Soins Infirmiers, HUG.
3Infirmière assistante coordinatrice, Département Réhabilitation
et Gériatrie, HUG.
4Infirmière chargée d’étude, Département des Soins Infirmiers,
HUG.
5Infirmière coordinatrice, Département APSIC, HUG.
6Infirmière coordinatrice, Département Réhabilitation et géria-
trie, HUG.
52 < Cahier spécial «Les 30 ans de l’IFJS» 1986 - 2016
2001-2011 / LES AUTRES ÉTUDES SUR LE TOUCHER À L’INITIATIVE DE SOIGNANTS EN FRANCE ET EN SUISSE