simulation, il est nécessaire de mettre de côté cette dernière équation, faute de quoi le modèle
sera surdéterminé et l’ordinateur refusera de résoudre le modèle. Ceci fait penser à la fameuse loi
de Walras, et de fait, certains auteurs néoclassiques ont l’habitude de présenter cette
caractéristique comme une émanation de la loi de Walras. Dans les modèles néoclassiques
habituels, il est courant d’ignorer le marché des titres (obligations ou actions), et de postuler que
la recherche de l’équilibre sur les marchés financiers va se faire par l’intermédiaire du marché de
la monnaie.
Ce choix n’est pas sans conséquences. Qu’est-ce que le marché de la monnaie? Quelle est
sa signification. Par exemple, dans le cas où la monnaie est constituée par des dépôts bancaires,
qu’est-ce que “l’offre de monnaie”? Comme le dit avec ironie Charles Goodhart (1984, p. 268),
“de quelle façon les banques offrent-elles des dépôts à vue?”.Comment peut-on affirmer sans
sourciller que l’offre et la demande de monnaie sont véritablement différentes l’une de l’autre? Il
semble bien qu’il soit plus raisonnable d’évacuer le prétendu marché de la monnaie, et de
raisonner en terme d’offre et de demande de titres, en supposant que l’équilibre sur les divers
marchés de titres est obtenu à l’intérieur du cadre de la période, grâce à des fluctuations dans le
prix de ces actifs.
Une matrice des flux d’opérations avec monnaie bancaire
Prenons pour exemple la matrice des opérations du tableau 2, qui est la contrepartie de la matrice
des bilans du tableau 1. Le tableau 2 est la matrice légèrement modifiée du modèle de Lavoie et
Godley (2001-2002). Comme on l’a déjà dit, le secteur gouvernemental et sa banque centrale
sont exclus, comme dans le modèle wicksellien de crédit pur. Le secteur bancaire est quant à lui
réduit à sa plus simple expression, comme on l’a déjà dit, n’accumulant aucun fonds propre. Ceci
pourrait être le cas si les profits des banques étaient entièrement versés sous forme de
dividendes, mais on postule ici que même ceux-ci sont inexistants, et les taux prêteur et
emprunteur sont identiques. Le secteur productif est plus réaliste. Grâce à ses ventes, il fait des
profits nets de ses frais d’intérêt, et une partie de ces profits (FU) sont conservés en entreprise, et
il émet des actions. Les ménages reçoivent des salaires W, des dividendes FD et des intérêts sur
les dépôts accumulés à la période précédente. Ils peuvent consommer leurs revenus ou acquérir
de nouvelles créances. Comme toutes les matrices de flux d’opération, les éléments de chaque
ligne et de chaque colonne doivent avoir zéro pour somme.
TABLEAU 2 ICI
Regardons avec davantage d’attention le secteur des entreprises non-financières, qui est
plus complexe puisqu’il comprend un compte courant et un compte capital. Les deux comptes se
doivent d’arriver à zéro. Toutes les variables avec un signe négatif sont des emplois de flux
financiers; toutes les variables accolées à un signe positif sont les ressources financières du
secteur. Dans le compte courant, les flux financiers avec un signe positif sont les ventes de bien
de consommation et d’investissement. Les produits qui ont été fabriqués mais qui n’ont pas été
vendus sur les marchés sont réputés avoir été acquis à leur coût de production. Ils apparaissent
donc avec un signe positif au compte courant. Ces flux positifs doivent être exactement
compensés par l’emploi de ces ressources: les paiements en salaires, dividendes et intérêts versés
par les entreprises, plus les sommes conservées en entreprise – le profit non distribué.
Au compte capital, l’acquisition de capital fixe et de nouveaux stocks d’inventaires doit
être financée par les profits non distribués, l’émission de nouvelles actions au prix courant, et un
endettement supplémentaire auprès des banques.
La matrice illustre certaines des affirmations des post-keynésiens, du moins certains
d’entre-eux, notamment les “horizontalistes” et les circuitistes. La première affirmation, c’est
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