HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre Maladies de la de l’intestin motricite ^ le gre Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Motility disorders of the small bowel 3 lien Amiot(1), Dominique Cazals-Hatem(2), Aure Olivier Corcos(3), Xavier Treton(3), Carmen Stefanescu(3), Francisca Joly(3), Yoram Bouhnik(3) 1 ^pital Henri-Mondor, Ho universite Paris Est Creteil, gastroenterologie, 51, avenue du Marechal-de-Lattre-de-Tassigny, 94000 Creteil, France 2 ^pital Beaujon, Ho universite Paris VII Denis-Diderot, anatomopathologie, 92110 Clichy, France Centre agr e e de nutrition parenterale a domicile pour l’adulte, centre de transplantation intestinale, gastroenterologie, MICI et assistance nutritive, ^le des maladies de l’appareil digestif, po 92110 Clichy, France e-mail : <[email protected]> sume Re ^le essentiel dans La motricit e de l’intestin gr^ ele joue un ro la physiologie intestinale. C’est un processus parfaitement coordonn e dans le temps et l’espace, qui tend a faciliter le brassage du bol alimentaire, sa mise en contact avec la muqueuse intestinale et donc sa propulsion et son absorption. Elle d epend de l’interaction fine d’un large panel d’acteur, dont les principaux sont l’appareil musculaire lisse intestinal, le syst eme nerveux ent erique et l’activit e pacemaker g ener ee par les cellules interstitielles de Cajal. Toute anomalie d’un des acteurs de la motricit e entraı̂ne de facto une dysmotricit e de l’intestin gr^ ele. De nombreuses avanc ees ont emaill ees ces 15 derni eres ann ees, les connaissances physiopathologique, diagnostique et nosologique. Le but de cette revue est de donner un eclairage sur les connaissances actuelles sur la motricit e de l’intestin gr^ ele la neurogaset la façon de l’appr ehender a l’heure ou troent erologie tend a devenir une sp ecialit e a part enti ere. s : intestin gr^ele, troubles de la motricite, pseudon Mots cle obstruction intestinale chronique, neurogastroenterologie Abstract Small bowel motility is a highly coordinated process of mixing, absorption and propulsion of ingesta throughout the gastrointestinal tract, eventually leading to the expulsion of residues. This complex series of processes results from the activity of the enteric nervous system to digestive smooth muscle and pacemaker activity evoked by the interstitial cells of Cajal. Abnormality in any of these components will result in dysmotility. Recently, several newer diagnostic tools and findings have highlighted our understanding of small bowel motility. At the era of neurogastroenterology, this review outlines the current understanding of the causes, pathophysiology, diagnostic evaluation, and classification of motility disorders of the small intestine. n Key words: small bowel, motor disorders, chronic intestinal pseudo-obstruction 536 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 doi: 10.1684/hpg.2012.0756 Pour citer cet article : Amiot A, Cazals-Hatem D, Corcos O, Treton X, Stefanescu C, Joly F, Bouhnik Y. Maladies de la motricite de l’intestin gr^ele. H epato Gastro 2012 ; 19 : 536-546. doi : 10.1684/hpg.2012.0756 D ossier thematique Mise-au-point HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre Rappel anatomique et physiologique ^ le de l’intestin gre A Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. gastro-intestinale Les acteurs de la motricite ^le est compos La musculature de l’intestin gre ee d’un syncytium fonctionnel de cellules musculaires lisses organisees en deux couches, longitudinale externe et circulaire interne. L’intestin gr^ ele est le si ege d’une alternance de contractions/relaxations, sous la d ependance du systeme nerveux ent erique et des cellules interstitielles de Cajal (CIC) (figure 1) [1]. Les CIC sont des cellules d’origine m esodermique, organisees en reseau dense, au contact des couches musculaires et du SNE. Elles remplissent une fonction de pacemaker en imposant aux l eiomyocytes (cellules musculaires lisses) un train d’activit e myo electrique basale ou ondes lentes, propag ees de proche en proche dans le sens aboral. Ces ondes n’ont aucune traduction mecanique mais coupl ee a une stimulation provenant des neurones du SNE, elles permettent la formation d’une contraction musculaire. Bien que physiologiquement ind ependantes, les CIC sont n eanmoins egalement r egul ees par le syst eme sympathique et parasympathique. Le SNE est constitu e de l’ensemble des neurones du tractus gastro-intestinal, soit autant que dans la moelle epiniere ( 80 a 100 millions) [2]. Il est autonome mais ^le du syst reste sous le contro eme nerveux central (SNC) et d’une innervation extrins eque autonome (syst eme nerveux autonome [SNA]) sympathique et parasympa^le de la motricit thique. Il assure le contro e, des s ecretions endo- et exocrines et de la microcirculation du tractus e dans la gastro-intestinal ; il est egalement impliqu r egulation des processus immunitaires. Le SNE est organise sous la forme de ganglions, contenant les corps neuronaux, connect es les uns aux autres, en amont et en aval, et formant des plexus (myent eriques, entre les deux couches musculaires lisses sous-muqueux, au niveau de la sous-muqueuse). Au sein de chaque ganglion, on trouve une tr es grande diversit e de neurones. Le peristaltisme intestinal est le fruit d’un arc reflexe qui va, de façon simultan ee et coordonn ee, produire un reflexe ascendant excitateur (ac etylcholine et substance P) responsable d’une contraction d’amont et un reflexe descendant inhibiteur (NO, VIP, ATP et NPY) responsable d’une relaxation d’aval. D’autres classes de neurones (dopaminergique, s erotoninergique. . .) sont egalement impliqu ees dans la r egulation plus fine. de l’intestin gre ^ le est sous La motricite pendance de la musculature lisse la de me nerveux ente rique et d’un intestinale, du syste ‘‘ B C Figure 1. Coupes histologiques de la paroi de l’intestin gre^le montrant les acteurs de la motricite gastro-intestinale : les deux couches musculaires lisses superposees (A), les neurones des plexus myenteriques mis en evidence gr^ace a un anticorps anti-Hu C/D (B) et les cellules interstitielles de Cajal (CIC) revelee par un anticorps antiCD117 (C). HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 537 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre seau me senchymateux dense constitue par re des cellules interstitielles de Cajal. Toute anomalie d’un de ces acteurs se traduit par des anomalies de l’intestin gre ^ le de la motricite de l’intestin gre ^ le Motricite ’’ Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. La motricite de l’intestin gr^ ele s’organise en deux phases. ^ne est caract La phase de jeu eris ee au niveau electrophysiologique par le complexe moteur migrant (CMM) dont la fonction est la propulsion du bol alimentaire [3]. Le CMM consiste en une activit e motrice, cyclique et migrant dans le sens aboral. Il est segment e en plusieurs phases : – la phase I (quiescence motrice) ; – la phase II (contractions intermittentes et irr eguli eres non propagees, phase de brassage) ; – la phase III (phase p eristaltique) caract eris ee par des contractions reguli eres et propag ees, qui assurent le balayage de la lumi ere intestinale, pour faire transiter les residus dans le sens aboral et assurer une clairance bacterienne efficace. Bien qu’intermittente, la phase II participe a la progression du bol alimentaire a hauteur de 30-40 %. Seuls respectivement 40-50 % et 5 % des phases III sont propag es jusqu’a l’ileon proximal et la valvule il eo-cæcale. La phase post-prandiale, caract eris ee par des contractions irregulieres peu ou pas propag ee, sert au brassage du bol alimentaire et favorise son absorption, notamment au niveau ileal. La dur ee de la phase post-prandiale est variable selon la composition du repas et sa valeur calorique (environ six a sept heures). de l’intestin gre ^ le est La motricite e de phases d’activite motrice, compose pe titives, permettant la propulsion cycliques et re du bol alimentaire dans le sens aboral : le complexe moteur migrant ‘‘ ’’ Acteurs influençant la motricite ^ de l’intestin grele et microbiote intestinal Motricite Il existe une etroite relation entre le microbiote et motricite [4]. Cette relation a notamment et e demontr ee en implantant diverses souches bact eriennes a des souris axeniques (tube digestif st erile). Dans ces mod eles, la composition de la flore implant ee influe sur la motricit e gastro-intestinale mais egalement de la plasticit e de 538 ^me type l’appareil neuromusculaire intestinal. Le me d’observation a et e fait chez l’homme, en modifiant le microbiote a l’aide d’antibiotiques. En retour, la motricit e intestinale influe sur le microbiote intestinal. Ainsi, toute alt eration du CMM et notamment de la phase III est associ ee a l’apparition d’une colonisation bact erienne chronique du gr^ ele (CBCG). et inflammation Motricite Il existe de nombreuses preuves des modifications de la motricit e de l’intestin gr^ ele et de la plasticit e du SNE, au d ecours d’une inflammation intestinale [5]. N eanmoins, il le lien entre inflammation et existe deux situations ou motricit e de l’intestin gr^ ele a et e d emontr e. Au cours de l’il eus postop eratoire, il a et e d emontr e que l’intensit e et la dur ee de l’il eus sont corr el ees a la pr esence de cellules inflammatoires, en particulier des mastocytes, dans la paroi intestinale. La pr esence de l esions d’inflammatoire (infiltrat lymphocytaire a pr edominance T-cytotoxique) au sein des plexus myent eriques ou plexite myenterique a egalement et e mise en evidence au cours de troubles de la motricit e gastro-intestinale : achalasie, gastropar esie, inertie colique ou dysmotricit e du gr^ ele. Ces l esions peuvent s’observer au cours d’une grande vari et e de maladies, paran eoplasique, infectieuse, MICI et connectiegalement de façon idiopathique. La pr esence vites, mais d’anticorps anti-neuronaux a et e rapport ee dans certains cas. Comme au cours du SII, une origine post-infectieuse semble ^ etre envisageable (herpes viridiae, virus Jc). et me tabolisme e nerge tique Motricite Les maladies mitochondriales ont un spectre clinique extr^ emement variable, pouvant affecter tous les organes a des degr es divers [6]. Au cours des maladies mitochondriales, l’atteinte du tractus gastro-intestinal est frequente (environ 15 % des cas) et parfois inaugurale. Elle consiste g en eralement dans un trouble de la motricit e gastro^mes isol intestinale sous la forme de sympto es (dysphagie, diarrh ee, constipation. . .) ou d’une v eritable POIC. Jusqu’ a r ecemment, les maladies mitochondriales etaient consid er ees comme une cause mineure de POIC et consistaient quasi essentiellement dans le syndrome dit mitochondrial neurogastrointestinal encephalomyopathy (MNGIE). Nous avons montr e qu’elles repr esentaient jusqu’ a 19 % de la totalit e des POIC suivie au sein d’une large cohorte et que le substratum g en etique de ces affections ne se limitait pas au simple syndrome MNGIE, mais semblait r esider dans un d efaut de la biogen ese de l’ADN mitochondrial [7]. En parall ele, la pr esence d’une dysfonction mitochondriale a egalement et e rapport ee dans des mod eles exp erimentaux de souris diab etiques, HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 D ossier thematique Mise-au-point HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre mais egalement au sein de cohortes de patients atteints d’inertie colique ou de POIC neurog ene, avec comme corollaire un exces d’apoptose. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. et hormones Motricite Differents hormones et neuropeptides contribuent au bon fonctionnement de la motricit e de l’intestin gr^ ele [8]. En ^ne, l’estomac et l’intestin gr^ p eriode de jeu ele sont au repos. N eanmoins, on observe une el evation des concentrations de motiline et de somatostatine de façon synchrone a l’apparition d’une phase III. D’autres hormones telles que la ghreline et l’orexine s’ el event et exercent un effet orexigene, via le nerf vague et le tronc c er ebral. En periode post-prandiale, en r eponse a la pr esence de nutriments dans la lumiere digestive, on observe une el evation des hormones de la sati et e et d’hormones agissant sur la motricite (ralentissement de la vidange gastrique et de la motricite de l’intestin gr^ ele = frein il eal) : la CCK au niveau duodenal, le polypeptide pancr eatique au niveau pancreatique et au niveau de il eocolique, le peptide YY, l’apolipoproteine A-IV et le GLP1. D’autres hormones sont impliquees dans la motricit e de l’intestin gr^ ele, comme la dopamine, les opioı̈des et la s erotonine. du gre ^ le Explorations de la motricite Plusieurs types d’explorations fonctionnelles sont disponibles. La manometrie du gr^ ele permet d’enregistrer en continu l’activite motrice contractile de l’intestin gr^ ele. L’ evaluation du temps de transit du gr^ ele apporte egalement un reflet indirect de sa motricit e, mais est limitee par une grande variabilit e interindividuelle [9]. Enfin, l’utilisation des tests respiratoires a l’hydrog ene permet de confirmer une colonisation bact erienne du gr^ele, frequente au cours des troubles de la motricite [10]. trie du gre ^ le Manome La manometrie du gr^ ele est l’examen de r ef erence pour confirmer ou infirmer la pr esence d’un trouble moteur [3]. Elle permet d’etudier les variations de pression endoluminales, en plusieurs points de l’intestin gr^ ele, au moyen d’une sonde equip ee de multiples capteurs. L’activit e motrice est enregistr ee sur une p eriode d’au moins huit a 24 heures, en incluant au moins une phase de jeun et une phase post-prandiale. L’indication principale de la manometrie du gr^ ele reste la confirmation diagnostique de POIC. La manom etrie du gr^ ele dans cette indication peut apporter des arguments nosologiques sur l’atteinte neuromusculaire sous-jacente et en evaluer la sev erit e [11]. Elle permet egalement d’ evoquer un obstacle canique m me econnu. Son application est n eanmoins limit ee par son caract ere invasif et ses difficult es d’acc es en pratique courante. trie du gre ^ le est l’examen La manome fe rence pour explorer un trouble de re de l’intestin gre ^ le. Elle est indique e de la motricite sentant une suspicion chez tout patient pre de pseudo-obstruction intestinale chronique liminer un obstacle organique et pour e ‘‘ La scintigraphie intestinale ’’ valuer le temps de La scintigraphie intestinale permet d’e transit du gr^ ele a l’aide d’un traceur marqu e, liquide et/ou solide [9]. L’analyse des donn ees permet d’ evaluer le pourcentage du traceur a un site d’int er^ et (il eon terminal ou cæcum) en fonction du temps. Le crit ere de jugement habituellement utilis e est le pourcentage du traceur ayant atteint le cæcum, six heures apr es l’ingestion du traceur. N eanmoins, il existe une grande variabilit e entre les sujets et les m ethodes scintigraphiques utilis ees. Ainsi, le test est uniquement diagnostic si des valeurs extr^ emes sont atteintes. Un transit ralenti est d efini si seulement 11 a ^lon apr 40 % du traceur a atteint le co es six heures. Il est a noter que la constipation allonge egalement le temps de transit du gr^ ele. Capsule motrice Une nouvelle application de la capsule endoscopique a r ecemment et e evalu ee. En effet, dans cette configuration, elle permet de mesurer le temps de vidange gastrique (le pH s’ el eve brusquement lorsque la capsule passe dans le duod enum) et de transit du gr^ ele (le pH alcalin de l’il eon diminue d’au moins une unit e lors du ^lon). Les performances de la capsule passage dans le co sont identiques a la scintigraphie intestinale mais egalement soumises a une variabilit e interindividuelle du temps de transit du gr^ ele. En revanche, les r esultats ne semblent pas ^ etre influenc es par l’existence d’une gastropar esie ou d’une constipation. L’ etude des variations de pression ainsi que l’ etude des contractions endoluminales par un syst eme d’analyse informatique standardis ee pourrait egalement apporter une evaluation plus pertinente de la motricit e de l’intestin gr^ ele [12]. Test respiratoire Le test respiratoire a l’hydrog ene permet d’ etudier la cin etique d’apparition d’hydrog ene dans l’air expir e, HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 539 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. apres ingestion de 50 g de glucose [10]. En l’absence de CBCG, le glucose ing er e est absorb e dans l’intestin proximal et n’est pas ferment e. En pr esence d’une CBCG, une partie du glucose ing er e est ferment ee dans l’intestin gr^ele par les bact eries et produit de l’hydrog ene, ulterieurement expir e. Cet examen simple, non invasif ^teux, de sensibilit et peu cou e et de sp ecificit e variant respectivement de 60-90 % et 70-90 %. Le lactulose est egalement utilis e avec des performances analogues, pour ^t plus elev un cou e. Ce type de test peut ^ etre egalement utilise pour calculer le temps de transit orocæcal, mais il est associe a une grande vari et e inter-individuelle et a de nombreux facteurs confondants. Manifestations cliniques au cours de l’intestin des troubles de la motricite ^ grele un rythme variable suivant les cures d’antibiotiques, a patients, en essayant d’alterner les classes d’antibiotiques pour eviter l’apparition d’une r esistance au traitement. Divers classes d’antibiotiques ont demontr e une efficacit e dans le traitement de la CBCG. Pour eviter l’ emergence de souches r esistantes aux antibiotiques, il est conseill e d’ eviter en premi ere intention l’utilisation de fluoroquinolones de derni ere g en eration, de rifaximine et d’aminosides. rienne chronique La colonisation bacte ^ le est fre quente en cas de trouble du gre de l’intestin gre ^ le. Sa mise de la motricite vidence repose sur un test respiratoire en e l’hydroge ne apre s ingestion de 50 g de glucose. a rapie Son traitement repose sur une antibiothe quentielle se ‘‘ ’’ rienne chronique du gre ^ le Colonisation bacte La CBCG se definit par la pr esence dans l’intestin gr^ ele proximal, d’une population bact erienne r esidente quantitativement (> 105 UFC/mL) et qualitativement anormale erobies strictes) [10]. La composition (> 103 UFC/mL ana de la population bact erienne du gr^ ele proximal d epend en grande partie des capacit es de clairance des bact eries du gr^ele. Un trouble de la motricit e de l’intestin gr^ ele est classiquement associ e a la survenue d’une CBCG. La presence de bact eries a des concentrations elev ees au niveau du gr^ele proximal peut ^ etre asymptomatique ou ^etre responsable d’une diarrh ee chronique et/ou d’un syndrome de malabsorption lies a des phenom enes luminaux (deconjugaison et d eshydroxylation des acides biliaires, captation du complexe vitamine B12-facteur intrinseque, m etabolisme des sucres) et pari etaux (augmentation de la perm eabilit e intestinale, inflammation muqueuse, atrophie villositaire). La pr esentation clinique est extr^emement variable ; le tableau classique est celui d’une diarrhee chronique avec malabsorption associ ee frequemment a une hypoalbumin emie et une carence en vitamine B12. Des cons equences syst emiques ont egalement ete decrites et notamment un lien potentiellement causale avec la rosac ee. L’examen de reference pour confirmer le diagnostic de CBCG reste le tubage bact eriologique du gr^ ele, examen fastidieux ^teux, exceptionnellement r et cou ealis e actuellement au profit du test respiratoire a l’hydrog ene. Un test therapeutique consistant peut egalement ^ etre propos e. Le traitement repose sur le traitement etiologique et l’utilisation des antibiotiques (norfloxacine, metronidazole, minocycline ou amoxicilline + acide clavulanique pendant sept jours), eventuellement de façon sequentielle. Il est habituel d’avoir a renouveler les 540 Pseudo-obstruction intestinale chronique (POIC) La POIC d esigne un syndrome clinique evoquant une obstruction m ecanique de l’intestin gr^ ele, mais pour laquelle aucun obstacle n’est mis en evidence [11]. Conceptuellement, elle repr esente la forme la plus s ev ere des troubles de la motricit e de l’intestin gr^ ele, r ealisant un v eritable tableau d’insuffisance intestinale dont les cons equences sont comparables a celles observ ees au cours du syndrome de gr^ ele court (figure 2). Il s’agit d’une affection rare et grave, responsable d’une insuffisance intestinale fonctionnelle par d efaut de p eristaltisme intestinal. Elle regroupe un large panel de maladies affectant la musculature lisse intestinale, l’innervation du tractus gastro-intestinal et les CIC. Par convention, l’atteinte de l’intestin gr^ ele est syst ematique, bien qu’une atteinte motrice d’un autre segment du tractus digestif soit fr equente. signe un syndrome clinique La POIC de rise par des signes occlusifs caracte ^ le, morphologiques objectifs (distension du gre riques) en l’absence d’obstacle niveaux hydro-ae organique. Son diagnostic repose sur la mise vidence d’anomalie significative en e trie du gre ^ le ou d’anomalie en manome histologique significative de l’appareil neuromusculaire intestinal ‘‘ ’’ Qu’elle soit primitive ou secondaire, la POIC s’int egre souvent dans un tableau complexe, en rapport avec la HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 D ossier thematique Mise-au-point HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. A galement d’envisager le diagnostic de POIC, il convient e d’ eliminer de façon formelle un obstacle m ecanique. Enfin, le diagnostic repose sur la mise en evidence d’anomalies soit neuromusculaires intestinales a partir d’une biopsie cun eiforme ou d’une pi ece de r esection intestinale, soit manom etriques (absence ou anomalie de configuration et/ou de propagation du CMM a la manom etrie antro-duod enale). Chez l’adulte, la POIC survient chez des patients jeunes (20-40 ans), avec une discr ete pr edominance f eminine. L’existence de laparo^mes continus sans tomie blanche et/ou de sympto intervalle libre, evoluant depuis plusieurs ann ees, sont fr equents. Le recours a la nutrition parent erale a domicile est n ecessaire dans 20-50 % des cas, ce qui caract erise les formes les plus s ev eres. La mortalit e est de 10-30 % a dix ans [14]. Les el ements influant n egativement le pronostic sont : sence d’une scl – la pre erodermie syst emique ; – une intol erance alimentaire r efractaire ; ^mes apr – l’^ age d’apparition des premiers sympto es 20 ans ; – les crit eres de gravit e a la manom etrie du gr^ ele. B Les objectifs et les modalit es du traitement sont d etaill es dans le paragraphe sp ecifique. Syndrome de l’intestin irritable (SII) ente rique et dysmotricite Figure 2. Aspect radiologique et tomodensitometrique au cours de la pseudo-obstruction intestinale chronique. maladie causale (POIC secondaire) ou une atteinte neuromusculaire plus diffuse (atteinte cardiovasculaire, urologique, myopathie stri ee, enc ephalopathie ou neuropathie peripherique) (tableau 1) [13]. Si la pr esentation clinique est souvent h et erog ene, la pr esence de signes objectifs d’occlusion intestinale est obligatoire : niveaux hydro-aeriques ou distension de l’intestin gr^ ele. Avant quent des syndromes fonctionnels Le SII est le plus fre digestifs. Il est d efini par la pr esence de douleurs abdominales chroniques ou d’un inconfort digestif, associ es a des perturbations du transit intestinal et/ou de la d ef ecation. Un trouble de la motricit e de l’intestin gr^ ele a et e la premi ere explication apport ee au SII, bien que les perturbations motrices observ ees ne puissent r esumer a elles seules le syndrome, notamment du fait de la richesse de sa physiopathologie : hypersensibilit e visc erale, etat micro-inflammatoire, troubles de la perm eabilit e intestinale, dysbiose et troubles de l’int egration de la douleur visc erale. Au cours du SII, notamment a pr edominance diarrh eique, on observe des anomalies de la motricit e interdigestive avec des phases III de fr equence et de propagation anormales. N eanmoins, ces anomalies sont inconstantes ainsi que l’est la r eponse th erapeutique a des agents prokin etiques. L’utilisation de crit eres purement clinique pour le diagnostic de SII induit le risque d’inclure au sein du SII, une maladie nosologiquement diff erente mais cliniquement proche. En 2002, un groupe de travail du congr es mondial de gastroent erologie a propos e l’introduction e ent erique, d’une nouvelle entit e d enommee dysmotricit ^mes digestifs pseudod efinit par la pr esence de sympto HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 541 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre Tableau 1. Causes de pseudo-obstruction intestinale chronique et plus largement de troubles de la motricite ^ le. de l’intestin gre Cadre nosologique Cause Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Idiopathique (40-60 % des cas) Maladies mitochondriales s Mitochondrial neurogastrointestinal encephalomyopathy et syndromes apparente me nerveux Atteinte du syste rique d rative ente eg ene inflammatoire te, amylose, maladie de Parkinson, maladies mitochondriales Auto-immune, Diabe rique neurotrope paraneoplasique (anti-Hu ++ + ), post-infectieuse, infection ente galovirus, (maladie de Chagas, varicelle zona virus, Epstein-Barr virus, cytome Herpes simplex virus, virus Jc). me nerveux central Atteinte du syste re bral, dysautonomie (maladies de Parkinson, Shy-Drager, Accident vasculaire ce , botulisme), le sions me dullaires Guillain-Barre Atteinte musculaire lisse € intermittente Connectivite, dystrophies musculaires, hypothyroı̈die, porphyrie aigue s a la pre sence obstructifs evoquant un SII mais associe d’anomalies de la motricit e en manom etrie [15]. En utilisant cette d efinition, l’ equipe du Karolinska Institute a etudie les caract eristiques de 65 patients atteints de dysmotricite ent erique, sur une p eriode de 16 ans, en les comparant aux patients atteints de POIC. La presentation clinique etait similaire entre POIC et dysmotricit e enterique hormis pour les vomissements et l’amaigrissement, plus frequents au cours de la POIC, de m^ eme que le recours a la nutrition parent erale (49 % versus 14 %) et la survie (67 % versus 85 % a dix ans) [16]. Dans tous les cas, les anomalies cliniques etaient en relation avec des anomalies histologiques de l’intestin gr^ ele, similaires a celles observees au cours de la POIC mais avec une predominance de plexite myent erique au cours de la dysmotricite ent erique. Les donn ees manom etriques ne montraient pas de diff erence entre les deux groupes hormis pour l’hypomotilit e s ev ere, associ ee a la POIC myogene. Le retentissement fonctionnel et en termes de qualite de vie etaient d egrad e dans les deux groupes, de façon identique. La dysmotricite ent erique apparaı̂t d es lors comme une forme intermediaire entre le SII et la POIC. L’adoption de ce type de classification soul eve un grand nombre de questions. Tout d’abord, la manom etrie du gr^ele est un examen invasif et d’acces difficile. De m^ eme, il paraı̂t inconcevable de proposer une laparoscopie a chaque patient atteint de SII. Au-del a de l’int er^ et nosologique, dont le benefice pour le patient n’est pas d emontr e, la question posee est l’indication et l’efficacit e d’un traitement specifique de l’inflammation myent erique. Dans cette indication, les r esultats des corticoı̈des et des immunosuppresseurs sont mitig es et doivent ^ etre ^ l confirmes dans des etudes contro ees. Un el ement rassurant reside dans le fait que sur une periode de 16 ans, au sein d’une population de plus de neuf millions e d’habitants, seules 70 dysmotricit es ent eriques ont et 542 es. De nombreuses diagnostique etudes sont encore n ecessaires avant de pouvoir obtenir un consensus sur le diagnostic, la prise en charge et le pronostic de la DE. En pratique, la r ealisation d’une manom etrie du gr^ele peut ^ etre recommand ee dans les formes s ev eres de SII pour evaluer un trouble de la motricit e de l’intestin gr^ele sousjacent et evaluer l’efficacit e d’un traitement prokin etique (octr eotide ou prucalopride). Bien que des anomalies de la motricite ^ le puissent e ^ tre observe es de l’intestin gre au cours du syndrome de l’intestin irritable, alisation d’une manome trie du gre ^ le n’est la re e de façon syste matique pas recommande ‘‘ ’’ Traitements L’objectif principal du traitement est double : restaurer une propulsion efficace au niveau de l’intestin gr^ ele en utilisant des agents prokin etiques et traiter les cons equences d’un trouble de la motricit e (CBCG, d enutrition, prise en charge symptomatique). Les agents prokin etiques ont d emontr e une efficacit e sur les tests dynamiques, moins fr equemment au niveau symptomatique et ont et e evalu es sur de faibles cohortes de patients, de façon non ^ l contro ee. Leur utilisation est donc empirique mais est n eanmoins accompagn ee d’un b en efice clinique. Le traitement de la CBCG repose sur les antibiotiques, utilis es de façon s equentielle et r ep et ee en cas de trouble moteur persistant. La denutrition doit ^ etre d epist ee et combattue, de façon pr ecoce. La prise en charge symptomatique ne sera pas d etaill ee ici. Elle fait appel aux m^ emes traitements qu’au cours du SII, bien que les etudes ne se soient pas focalis ees sur la composante HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 D ossier thematique Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. ^mes pour l’ motrice des sympto evaluation des differents dicaments [17]. me Certaines equipes travaillent a l’heure actuelle sur l’utilisation de cellules souches pluripotentes au cours des troubles de la motricit e. Ainsi, il a et e r ecemment demontre la faisabilite de greffes de cellules souches autologues, chez des patients atteints de maladie de Hirschsprung. Ces donn ees pr eliminaires n ecessitent n eanmoins d’^etre approfondies avant d’^ etre import ees a notre pratique clinique. Le traitement des troubles de la motricite ^ le repose sur les agents de l’intestin gre tiques et sur le de pistage et la prise prokine quences nutritionnelles en charge des conse ventuelle colonisation bacte rienne et d’une e ^ le chronique du gre ‘‘ ’’ dicaments prokine tiques Les me Ils visent a restaurer une activit e motrice gastro-intestinale ; ils sont rarement efficaces, notamment en cas de dilatation majeure, chronique et irr eversible du gr^ ele [13]. ridone et le me toclopramide Le dompe Il s’agit d’antagonistes aux r ecepteurs dopaminergiques. Ils agissent au niveau de l’antre et du duod enum. Les effets secondaires anti-dopaminergiques du m etoclopramide (somnolence, diarrh ee et syndromes extrapyramidaux) sont observes jusque dans 25 % des cas, et limitent son utilisation au long cours. Les effets secondaires du domperidone sont un allongement de l’espace QT et une hyperprolactin emie, responsable de gyn ecomastie, d’impuissance, de galactorrh ee et d’am enorrh ee. rythromycine L’e Il s’agit d’un antibiotique de la famille des macrolides, analogue de la motiline, dont les r ecepteurs sont localis es au systeme nerveux intestinal, principalement au niveau de la partie proximale du tractus gastro-intestinal. Agoniste motiline « like », l’ erythromycine initie des contractions gastriques de phase III, de façon dose-d ependante. Il n’a pas d’action sur la motricit e de l’intestin gr^ ele de façon directe. La posologie standard utilis ee est de 125 a 250 mg par voie orale ou intraveineuse, trois a quatre fois par jour. Le principal risque est l’interaction m edicamenteuse avec des traitements anti-arythmiques, pouvant allonger l’espace QT. L’utilisation de l’ erythromycine est limit ee dans le temps par l’existence d’un ph enom ene de tachyphylaxie qui att enue son effet prokin etique. Mise-au-point otide L’octre HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre rokine tique, il s’agit d’un de rive de Seul v eritable ente synth ese de la somatostatine qui, a faible dose, stimule la motricit e intestinale et induit des complexes moteurs migrants de phase III propag es pendant les phases de jeun, et exerce une activit e motrice principalement au niveau du gr^ ele. En revanche, a dose plus elev ee, il perd son effet prokin etique. Il a et e d emontr e que les deriv es retard de l’octr eotide ont un effet d el et ere sur la motricit e intestinale. La posologie standard est de 50 mg en souscutan e, une a deux fois par jour. Il a particuli erement et e evalu e au cours de la scl erodermie avec une efficacite sur ^mes abdominaux. Le profil de la CBCG et sur les sympto tol erance est favorable, en dehors d’un risque lithog ene et de dysr egulation glyc emique. La prostigmine Il s’agit d’un inhibiteur r eversible de l’ac etylcholinesterase dont l’efficacit ea et e d emontr ee au cours du syndrome d’Ogilvie et de l’il eus postop eratoire [18]. Bien que son action sympathomim etique semble s’exercer essentielle^lon, son action dans l’il ment au niveau du co eus postop eratoire pourrait sugg erer une action egalement au niveau du gr^ ele. Son utilisation est limit ee par les effets secondaires fr equents, a type de bradycardie, hypers ecr etion bronchique, crampes abdominales, naus ees, et doit ^ etre r eserv ee a des cas particuli erement problematiques par exemple des patients atteints de POIC. Le prucalopride lectif des re cepteurs 5Le prucalopride est un agoniste se HT4, qui a d emontr e une action acc el eratrice du temps de ^lon [19]. Il pr transit du gr^ ele et du co esente aussi un effet protecteur au niveau des neurones du SNE, en am eliorant leur survie et r eduisant les ph enom enes d’apoptose. Il a d emontr e son efficacit e au cours du SII-constipation son profil de tol erance (c ephal ees, naus ees, douleurs abdomi nales et diarrhee dans seulement 10 % des cas) lui a permis d’obtenir une AMM tr es r ecemment. Son int er^ et dans les troubles de la motricit e du gr^ ele n’a pour l’instant pas et e evalu e. tiques Autres prokine Divers prokin etiques sont actuellement a l’ etude. L’obtention d’une AMM semble n eanmoins soumise a caution, tant le rapport b en efice/risque semble difficile a evaluer au cours de maladies fonctionnelles. Le lubiprostone et la linaclotide sont des agents s ecr etoires (augmentation de la concentration du chlore dans la lumi ere intestinale) qui ^lon. Comme pour le acc el erent le transit du gr^ ele et du co prucalopride, les etudes cliniques ont et e r ealis ees pour la constipation et ont montr e une efficacit e significative avec HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 543 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre rance satisfaisant. La ghreline est une un profil de tole hormone peptidique, principalement s ecr et ee au niveau de l’estomac. Outre un effet orexig ene et GH-like, elle possede un effet prokin etique sur la vidange gastrique et la motricit e de l’intestin gr^ ele, en induisant des phases III, independamment de l’action de la motiline. L’effet GH-like est limitant en pratique clinique, l’utilisation d’un agoniste de la ghreline, le TZP-101, qui ne possede pas d’effet GH-like, pourrait ^ etre une alternative. tide (50 mg par Un traitement par octre ) est jour, par voie sous-cutane en premie re intention en cas de recommande de l’intestin gre ^ le. La place trouble de la motricite du prucalopride dans cette indication n’est pas tablie mais peu e ^ tre propose e encore e me intention en deuxie Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. ‘‘ ’’ te tique Prise en charge die et nutritionnelle te tique Les principaux objectifs de la prise en charge die chez les patients atteints de troubles de la motricit e de l’intestin gr^ele sont de r epondre a leurs besoins nutritionnels ( a la fois caloriques mais egalement en micro- et macronutriments), de pr evenir la perte de poids et la denutrition, et d’adapter le r egime pour minimiser les ^mes digestifs [20]. Aucun r sympto egime d’exclusion n’est a promouvoir s’il se fait au d etriment d’un bon equilibre nutritionnel. La fragmentation des repas est souvent associee a une meilleure tol erance de l’alimentation orale. Les mesures di et etiques incluent l’utilisation d’une faible teneur en lactose, d’un r egime pauvre en fibres, d’une faible teneur en graisses afin d’optimiser la motilit e intestinale et de diminuer le risque de prolif eration bacterienne et b ezoard gastrique. Les compl ements nutritionnels peuvent ^ etre utilis es de m^ eme qu’une complementation en micronutriments au cas par cas (fer, folates, calcium et vitamines D, K et B12), afin de prevenir les carences sp ecifiques. En cas de d enutrition et d’echec des mesures di et etiques, le recours a une assistance nutritionnelle est justifi e, dans la quasi-totalit e des cas chez des patients atteints de POIC. La nutrition ee en premi ere intention mais enterale doit ^etre propos peut ^etre limit ee par la tol erance et le risque de pneumopathie d’inhalation. La nutrition parent erale ne doit ^etre envisag ee qu’en cas d’ echec des techniques de nutrition orale et ent erale et chez des patients ayant un trouble de la motricit e de l’intestin gr^ ele s ev ere et refractaire au traitement m edical maximal. 544 La chirurgie ^le tr La chirurgie a un ro es limit e dans la prise en charge des troubles de la motricit e de l’intestin gr^ ele et devra ^ etre evit ee au maximum (risque d’aggravation postop eratoire et risque de chirurgie ult erieure a r ep etition (suspicion de bride). La mise en place d’une gastrostomie d’aspiration, permettant de r ealiser une aspiration gastrique et eventuellement une nutrition ent erale, est r eserv ee aux patients en echec de pose par voie endoscopique [13]. La r ealisation de biopsies cun eiformes de l’intestin gr^ ele (en site j ejunal et il eal) est indiqu ee chez tous les patients ayant une suspicion de trouble de la motricit e de l’intestin gr^ ele, ayant n ecessit e une chirurgie abdominale, quel qu’en soit le motif ou en cas d’indication a une nutrition parent erale de longue dur ee, lorsque le diagnostic de POIC n’est pas formel ou qu’il existe un doute sur une occlusion m ecanique. L’analyse histologique des pr el evements doit suivre les recommandations de bonnes pratiques et ^ etre interpr et ee comme indiqu e par la classification de Londres [21]. L’abord cœlioscopique semble ^ etre une alternative a la laparotomie exploratrice, mais doit ^ etre contree par le risque de plaie intestinale perop eratoire balanc en cas de distension intestinale majeure. Dans certaines situations de POIC r efractaires au traitement m edical, n ecessitant une nutrition parent erale avec un haut degr e de d ependance et associ ees a des complications majeures de la nutrition parent erale, une ent erectomie subtotale ou une transplantation intestinale peuvent ^ etre envisag ees. La stimulation electrique gastrique (mise en place d’un couple d’ electrodes dans la paroi gastrique qui d elivre une stimulation electrique a haute fr equence) permet une am elioration symptomatique et nutritionnelle chez le patient atteint de gastropar esie. Le b en efice d’une stimulation multisite (gastrique, duod enale et j ejunale) sur un trouble de la motricit e de l’intestin gr^ ele n’a jamais et e evalu e mais pourrait s’av erer efficace. ^ le tre s limite au cours La chirurgie a un ro de l’intestin des troubles de la motricite ^ le. Lorsqu’elle est indique e, elle doit gre alisation de biopsies s’accompagner de la re iformes de l’intestin gre ^ le cune ‘‘ ’’ tenir pratique Conduite a Les patients souffrant d’un trouble de la motricit e de ^l’intestin gr^ ele pr esentent un large eventail de sympto mes, souvent articul es autour de la triade douleurs HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 D ossier thematique Mise-au-point HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre abdominales, naus ees et des vomissements et distension ^mes sont loin d’^ abdominale. Neanmoins, ces sympto etre sensibles et specifiques. D’autres el ements doivent ^ etre recherches systematiquement a l’interrogatoire et a l’examen clinique (tableau 2). Une fois le diagnostic evoque, la premi ere etape est d’ eliminer un obstacle organique. L’enteroscanner avec ent eroclyse est le principal examen pour exclure un obstacle m ecanique. Dans certains cas, il est n ecessaire de recourir a une exploration chirurgicale pour s’assurer de l’absence d’obstacle organique. Une fois un obstacle m ecanique exclu, il est necessaire de confirmer l’atteinte motrice. L’examen de reference est la manom etrie antro-duod enale, realisee de façon non ambulatoire. D’autres m ethodes d’exploration en cours de d eveloppement sont actuellement en cours d’ evaluation, mais ne sont pas a preconiser en premi ere intention a l’heure actuelle (scintigraphie intestinale, capsule motrice du gr^ ele. . .). Il ele en cas de est possible de se passer de manom etrie du gr^ d’anomalies histopathologiques patentes d ej a disponibles ou en cas de tableau typique dans un contexte de pathologie a haut risque (essentiellement une cytopathie mitochondriale et une scl erodermie syst emique). Des lors que le trouble de la motricit e de l’intestin gr^ ele est av er e, il convient de rechercher une cause secondaire et/ou des stigmates d’une maladie neuromusculaire plus diffuse (atteintes cardiovasculaire, neurologique, musculaire, urologique. . .) (tableau 3). Conclusion mentaires Tableau 3. Examens comple re aliser en cas de trouble de la motricite a ^ le. de l’intestin gre re intention Examens a proposer en premie Examens biologiques : NFS-plaquettes, ionogramme sanguin, atinine, calcium, phosphore, magnesium, ferritine, uree, cre folates, vitamine B12, TSH, facteurs antinucleaires cifiques en fonction), anticorps anti-neurone ( anticorps spe leucocytaire (-Hu, -Ro, -Yi. . .), lactates sanguins a jeun, activite de la thymidine phosphorylase rebrale IRM ce ne (glucose 50 g) Test respiratoire a l’hydroge Examens a proposer en fonction du tableau clinique ne tiques spe cifiques suivant l’orientation diagnosTests ge tique Bilan urodynamique Echocardiographie Electromyogramme Biopsie (neuro-) musculaire tale de l’intestin gre ^le Biopsie transparie ses acteurs entraı̂ne une dysfonction de la motricite de l’intestin gr^ ele. La traduction clinique peut vari ee de ^mes digestifs « mineurs » jusqu’ sympto a une v eritable POIC. Il est toujours n ecessaire d’ eliminer un obstacle organique avant de conclure a un trouble de la motricit e. ^le des La prise en charge doit ^ etre centr ee sur le contro ^mes (m sympto edicaments prokin etiques) et la prise en charge nutritionnelle. ^le est un processus parfaiLa motricite de l’intestin gre tement coordonn e, mettant en jeu un large panel d’acteurs composant l’appareil neuromusculaire intestinal en interaction avec des facteurs environnementaux, hormonaux et immunitaires. Toute anomalie d’un de e ments anamnestiques devant faire Tableau 2. El voquer un trouble de la motricite e ^ le. de l’intestin gre ce dents personnels ou familiaux de maladie Ante neuromusculaire ce dents de laparotomie (-scopie) blanche Ante nutrition ou stigmates de malabsorption De riode d’accalmie Evolution chronique (> 2 ans) sans pe sence d’une colonisation bacterienne chronique du gre ^le Pre Episode(s) d’occlusion intestinale prouvee par des examens canique retrouve e morphologiques sans cause me T ake home messages ^le essentiel & La motricit e de l’intestin gr^ ele joue un ro dans la physiologie intestinale (propulsion, digestion, absorption). ^le est l’examen de r & La manom etrie du gre ef erence pour evaluer la motricit e de l’intestin gr^ ele. Elle est indiqu ee chez tous patients pr esentant une suspicion de POIC et pour eliminer un obstacle organique. & ^le, une & En cas de maladie de la motricit e du gre enqu^ ete etiologique est syst ematique (traitement etiologique). tiques & Le traitement repose sur les agents prokine (octr eotide ++), l’antibioth erapie (s equentielle) et la prise en charge nutritionnelle. HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 19 n8 7, septembre 2012 545 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Maladies de la motricit e de ^le l‘intestin gre re ^ts : aucun Conflits d’inte & 11. Stanghellini V, Cogliandro RF, de Giorgio R, et al. Chronic intestinal pseudo-obstruction: manifestations, natural history and management. Neurogastroenterol Motil 2007 ; 19 : 440-52. fe rences Re Les r ef erences importantes apparaissent en gras. 1. De Giorgio R, Sarnelli G, Corinaldesi R, et al. Advances in our understanding of the pathology of chronic intestinal pseudoobstruction. 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