Maladies de la
motricit
e de l’intestin
gr^
ele
Pour citer cet article : Amiot A, Cazals-Hatem D, Corcos O, Treton X, Stefanescu C, Joly F, Bouhnik Y. Maladies de la motricit
e de l’intestin gr^
ele.
H
epato Gastro 2012 ; 19 : 536-546. doi : 10.1684/hpg.2012.0756
Motility disorders of the small bowel
Aur
elien Amiot
(1)
, Dominique Cazals-Hatem
(2)
,
Olivier Corcos
(3)
, Xavier Treton
(3)
, Carmen Stefanescu
(3)
,
Francisca Joly
(3)
, Yoram Bouhnik
(3)
1
H^
opital Henri-Mondor,
universit
e Paris Est Cr
eteil,
gastroent
erologie,
51, avenue du Mar
echal-de-Lattre-de-Tassigny,
94000 Cr
eteil,
France
2
H^
opital Beaujon,
universit
e Paris VII Denis-Diderot,
anatomopathologie,
92110 Clichy,
France
3
Centre agr
e
e de nutrition parent
erale
a domicile pour l’adulte,
centre de transplantation intestinale,
gastroent
erologie,
MICI et assistance nutritive,
p^
ole des maladies de l’appareil digestif,
92110 Clichy,
France
R
esum
e
La motricit
edelintestingr
^
ele joue un r^
ole essentiel dans
la physiologie intestinale. C’est un processus parfaite-
ment coordonn
e dans le temps et l’espace, qui tend
a
faciliter le brassage du bol alimentaire, sa mise en
contact avec la muqueuse intestinale et donc sa
propulsion et son absorption. Elle d
epend de l’interac-
tion fine d’un large panel d’acteur, dont les principaux
sont l’appareil musculaire lisse intestinal, le syst
eme
nerveux ent
erique et l’activit
e pacemaker g
en
er
ee par
les cellules interstitielles de Cajal. Toute anomalie d’un
des acteurs de la motricit
eentraı
ˆne de facto une
dysmotricit
e de l’intestin gr^
ele. De nombreuses avanc
ees
ont
emaill
ees ces 15 derni
eres ann
ees, les connaissances
physiopathologique, diagnostique et nosologique. Le
but de cette revue est de donner un
eclairage sur les
connaissances actuelles sur la motricit
edelintestingr
^
ele
et la fac¸on de l’appr
ehender
alheureo
u la neurogas-
troent
erologie tend
a devenir une sp
ecialit
e
apart
enti
ere.
nMots cl
es : intestin gr^
ele, troubles de la motricit
e, pseudo-
obstruction intestinale chronique, neurogastroent
erologie
Abstract
Small bowel motility is a highly coordinated process of
mixing, absorption and propulsion of ingesta throughout
the gastrointestinal tract, eventually leading to the
expulsion of residues. This complex series of processes
results from the activity of the enteric nervous system to
digestive smooth muscle and pacemaker activity evoked
by the interstitial cells of Cajal. Abnormality in any of these
components will result in dysmotility. Recently, several
newer diagnostic tools and findings have highlighted our
understanding of small bowel motility. At the era of
neurogastroenterology, this review outlines the current
understanding of the causes, pathophysiology, diagnostic
evaluation, and classification of motility disorders of the
small intestine.
nKey words: small bowel, motor disorders, chronic intestinal ps-
eudo-obstruction
doi: 10.1684/hpg.2012.0756
536 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n87, septembre 2012
ossier th
ematiqueD
HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
Maladies de la
motricit
ede
l‘intestin gr^
ele
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Rappel anatomique et physiologique
de l’intestin gr^
ele
Les acteurs de la motricit
e gastro-intestinale
La musculature de l’intestin gr^
ele est compos
ee
d’un syncytium fonctionnel de cellules musculaires lisses
organis
ees en deux couches, longitudinale externe et
circulaire interne. L’intestin gr^
ele est le si
ege d’une
alternance de contractions/relaxations, sous la d
ependance
du syst
eme nerveux ent
erique et des cellules interstitielles
de Cajal (CIC) (figure 1)[1].
Les CIC sont des cellules d’origine m
esodermique,
organis
ees en r
eseau dense, au contact des couches
musculaires et du SNE. Elles remplissent une fonction de
pacemaker en imposant aux l
eiomyocytes (cellules
musculaires lisses) un train d’activit
emyo
electrique
basale ou ondes lentes, propag
eesdeprocheen
proche dans le sens aboral. Ces ondes n’ont aucune
traduction m
ecanique mais coupl
ee
a une stimulation
provenant des neurones du SNE, elles permettent
la formation d’une contraction musculaire. Bien que
physiologiquement ind
ependantes, les CIC sont
n
eanmoins
egalement r
egul
ees par le syst
eme sympa-
thique et parasympathique.
Le SNE est constitu
e de l’ensemble des neurones du
tractus gastro-intestinal, soit autant que dans la moelle
epini
ere (80
a 100 millions) [2]. Il est autonome mais
reste sous le contr^
ole du syst
eme nerveux central (SNC)
et d’une innervation extrins
eque autonome (syst
eme
nerveux autonome [SNA]) sympathique et parasympa-
thique. Il assure le contr^
oledelamotricit
e, des s
ecr
etions
endo- et exocrines et de la microcirculation du tractus
gastro-intestinal ; il est
egalement impliqu
edansla
r
egulation des processus immunitaires. Le SNE est
organis
e sous la forme de ganglions, contenant les
corps neuronaux, connect
es les uns aux autres, en
amont et en aval, et formant des plexus (myent
eriques,
entre les deux couches musculaires lisses sous-muqueux,
au niveau de la sous-muqueuse). Au sein de chaque
ganglion, on trouve une tr
es grande diversit
ede
neurones. Le p
eristaltisme intestinal est le fruit d’un
arc r
eflexe qui va, de fac¸on simultan
ee et coordonn
ee,
produire un r
eflexe ascendant excitateur (ac
etylcholine
et substance P) responsable d’une contraction d’amont
et un r
eflexe descendant inhibiteur (NO, VIP, ATP et NPY)
responsable d’une relaxation d’aval. D’autres classes de
neurones (dopaminergique, s
erotoninergique...)sont
egalement impliqu
ees dans la r
egulation plus fine.
‘‘ La motricit
e de l’intestin gr^
ele est sous
la d
ependance de la musculature lisse
intestinale, du syst
eme nerveux ent
erique et d’un
A
B
C
Figure 1. Coupes histologiques de la paroi de l’intestin gr^
ele
montrant les acteurs de la motricit
e gastro-intestinale : les deux
couches musculaires lisses superpos
ees (A), les neurones des plexus
myent
eriques mis en
evidence gr^
ace
a un anticorps anti-Hu C/D (B) et
les cellules interstitielles de Cajal (CIC) r
ev
el
ee par un anticorps anti-
CD117 (C).
537
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n87, septembre 2012
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motricit
ede
l‘intestin gr^
ele
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
r
eseau m
esenchymateux dense constitu
e par
des cellules interstitielles de Cajal. Toute anomalie
d’un de ces acteurs se traduit par des anomalies
de la motricit
e de l’intestin gr^
ele’’
Motricit
e de l’intestin gr^
ele
La motricit
e de l’intestin gr^
ele s’organise en deux phases.
La phase de je^
une est caract
eris
ee au niveau
electrophysiologique par le complexe moteur migrant
(CMM) dont la fonction est la propulsion du bol alimentaire
[3]. Le CMM consiste en une activit
e motrice, cyclique et
migrant dans le sens aboral. Il est segment
e en plusieurs
phases :
la phase I (quiescence motrice) ;
la phase II (contractions intermittentes et irr
eguli
eres
non propag
ees, phase de brassage) ;
la phase III (phase p
eristaltique) caract
eris
ee par des
contractions r
eguli
eres et propag
ees, qui assurent le
balayage de la lumi
ere intestinale, pour faire transiter les
r
esidus dans le sens aboral et assurer une clairance
bact
erienne efficace.
Bien qu’intermittente, la phase II participe
a la progression
du bol alimentaire
a hauteur de 30-40 %. Seuls respec-
tivement 40-50 % et 5 % des phases III sont propag
es
jusqu’
a l’il
eon proximal et la valvule il
eo-cæcale. La
phase post-prandiale, caract
eris
ee par des contractions
irr
eguli
eres peu ou pas propag
ee, sert au brassage du bol
alimentaire et favorise son absorption, notamment au
niveau il
eal. La dur
ee de la phase post-prandiale est
variable selon la composition du repas et sa valeur
calorique (environ six
a sept heures).
‘‘ La motricit
e de l’intestin gr^
ele est
compos
ee de phases d’activit
e motrice,
cycliques et r
ep
etitives, permettant la propulsion
du bol alimentaire dans le sens aboral :
le complexe moteur migrant’’
Acteurs influenc¸ant la motricit
e
de l’intestin gr^
ele
Motricit
e et microbiote intestinal
Il existe une
etroite relation entre le microbiote et
motricit
e [4]. Cette relation a notamment
et
ed
emontr
ee
en implantant diverses souches bact
eriennes
a des souris
ax
eniques (tube digestif st
erile). Dans ces mod
eles, la
composition de la flore implant
ee influe sur la motricit
e
gastro-intestinale mais
egalement de la plasticit
ede
l’appareil neuromusculaire intestinal. Le m^
eme type
d’observation a
et
e fait chez l’homme, en modifiant le
microbiote
a l’aide d’antibiotiques. En retour, la motricit
e
intestinale influe sur le microbiote intestinal. Ainsi, toute
alt
eration du CMM et notamment de la phase III est
associ
ee
a l’apparition d’une colonisation bact
erienne
chronique du gr^
ele (CBCG).
Motricit
e et inflammation
Il existe de nombreuses preuves des modifications de la
motricit
e de l’intestin gr^
ele et de la plasticit
e du SNE, au
d
ecours d’une inflammation intestinale [5]. N
eanmoins, il
existe deux situations o
u le lien entre inflammation et
motricit
e de l’intestin gr^
ele a
et
ed
emontr
e. Au cours de
l’il
eus postop
eratoire, il a
et
ed
emontr
e que l’intensit
eet
la dur
ee de l’il
eus sont corr
el
ees
alapr
esence de cellules
inflammatoires, en particulier des mastocytes, dans la
paroi intestinale. La pr
esence de l
esions d’inflammatoire
(infiltrat lymphocytaire
apr
edominance T-cytotoxique) au
sein des plexus myent
eriques ou plexite myent
erique a
egalement
et
e mise en
evidence au cours de troubles de la
motricit
e gastro-intestinale : achalasie, gastropar
esie,
inertie colique ou dysmotricit
edugr
^
ele. Ces l
esions
peuvent s’observer au cours d’une grande vari
et
ede
maladies, paran
eoplasique, infectieuse, MICI et connecti-
vites, mais
egalement de fac¸on idiopathique. La pr
esence
d’anticorps anti-neuronaux a
et
e rapport
ee dans certains
cas. Comme au cours du SII, une origine post-infectieuse
semble ^
etre envisageable (herpes viridiae,virus Jc).
Motricit
eetm
etabolisme
energ
etique
Les maladies mitochondriales ont un spectre clinique
extr^
emement variable, pouvant affecter tous les organes
a
des degr
es divers [6]. Au cours des maladies mitochon-
driales, l’atteinte du tractus gastro-intestinal est fr
equente
(environ 15 % des cas) et parfois inaugurale. Elle consiste
g
en
eralement dans un trouble de la motricit
e gastro-
intestinale sous la forme de sympt^
omes isol
es (dysphagie,
diarrh
ee, constipation...) ou d’une v
eritable POIC.
Jusqu’
ar
ecemment, les maladies mitochondriales
etaient
consid
er
ees comme une cause mineure de POIC et
consistaient quasi essentiellement dans le syndrome dit
mitochondrial neurogastrointestinal encephalomyopathy
(MNGIE). Nous avons montr
e qu’elles repr
esentaient
jusqu’
a 19 % de la totalit
e des POIC suivie au sein d’une
large cohorte et que le substratum g
en
etique de ces
affections ne se limitait pas au simple syndrome MNGIE,
mais semblait r
esider dans un d
efaut de la biogen
ese de
l’ADN mitochondrial [7]. En parall
ele, la pr
esence d’une
dysfonction mitochondriale a
egalement
et
e rapport
ee
dans des mod
eles exp
erimentaux de souris diab
etiques,
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HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
Maladies de la
motricit
ede
l‘intestin gr^
ele
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mais
egalement au sein de cohortes de patients atteints
d’inertie colique ou de POIC neurog
ene, avec comme
corollaire un exc
es d’apoptose.
Motricit
e et hormones
Diff
erents hormones et neuropeptides contribuent au bon
fonctionnement de la motricit
e de l’intestin gr^
ele [8]. En
p
eriode de je^
une, l’estomac et l’intestin gr^
ele sont au repos.
N
eanmoins, on observe une
el
evation des concentrations
de motiline et de somatostatine de fac¸on synchrone
a
l’apparition d’une phase III. D’autres hormones telles que
la ghreline et l’orexine s’
el
event et exercent un effet
orexig
ene, via le nerf vague et le tronc c
er
ebral. En p
eriode
post-prandiale, en r
eponse
alapr
esence de nutriments
dans la lumi
ere digestive, on observe une
el
evation des
hormones de la sati
et
e et d’hormones agissant sur la
motricit
e (ralentissement de la vidange gastrique et de
la motricit
e de l’intestin gr^
ele = frein il
eal) : la CCK au
niveau duod
enal, le polypeptide pancr
eatique au niveau
pancr
eatique et au niveau de il
eocolique, le peptide YY,
l’apolipoprot
eine A-IV et le GLP1. D’autres hormones sont
impliqu
ees dans la motricit
e de l’intestin gr^
ele, comme la
dopamine, les opioı¨des et la s
erotonine.
Explorations de la motricit
edugr
^
ele
Plusieurs types d’explorations fonctionnelles sont disponi-
bles. La manom
etrie du gr^
ele permet d’enregistrer en
continu l’activit
e motrice contractile de l’intestin gr^
ele.
L’
evaluation du temps de transit du gr^
ele apporte
egalement un reflet indirect de sa motricit
e, mais est
limit
ee par une grande variabilit
e interindividuelle [9].
Enfin, l’utilisation des tests respiratoires
a l’hydrog
ene
permet de confirmer une colonisation bact
erienne du
gr^
ele, fr
equente au cours des troubles de la motricit
e [10].
Manom
etrie du gr^
ele
La manom
etrie du gr^
ele est l’examen de r
ef
erence pour
confirmer ou infirmer la pr
esence d’un trouble moteur [3].
Elle permet d’
etudier les variations de pression endo-
luminales, en plusieurs points de l’intestin gr^
ele, au moyen
d’une sonde
equip
ee de multiples capteurs. L’activit
e
motrice est enregistr
ee sur une p
eriode d’au moins huit
a
24 heures, en incluant au moins une phase de jeun et
une phase post-prandiale. L’indication principale de la
manom
etrie du gr^
ele reste la confirmation diagnostique
de POIC. La manom
etrie du gr^
ele dans cette indication
peut apporter des arguments nosologiques sur l’atteinte
neuromusculaire sous-jacente et en
evaluer la s
ev
erit
e
[11]. Elle permet
egalement d’
evoquer un obstacle
m
ecanique m
econnu. Son application est n
eanmoins
limit
ee par son caract
ere invasif et ses difficult
es d’acc
es
en pratique courante.
‘‘ La manom
etrie du gr^
ele est l’examen
de r
ef
erence pour explorer un trouble
de la motricit
e de l’intestin gr^
ele. Elle est indiqu
ee
chez tout patient pr
esentant une suspicion
de pseudo-obstruction intestinale chronique
et pour
eliminer un obstacle organique’’
La scintigraphie intestinale
La scintigraphie intestinale permet d’
evaluer le temps de
transit du gr^
ele
a l’aide d’un traceur marqu
e, liquide et/ou
solide [9]. L’analyse des donn
ees permet d’
evaluer le
pourcentage du traceur
a un site d’int
er^
et (il
eon terminal ou
cæcum) en fonction du temps. Le crit
ere de jugement
habituellement utilis
e est le pourcentage du traceur ayant
atteint le cæcum, six heures apr
es l’ingestion du traceur.
N
eanmoins, il existe une grande variabilit
e entre les sujets et
les m
ethodes scintigraphiques utilis
ees. Ainsi, le test est
uniquement diagnostic si des valeurs extr^
emes sont
atteintes. Un transit ralenti est d
efini si seulement 11
a
40 % du traceur a atteint le c^
olon apr
es six heures. Il est
a
noter que la constipation allonge
egalement le temps de
transit du gr^
ele.
Capsule motrice
Une nouvelle application de la capsule endoscopique a
r
ecemment
et
e
evalu
ee. En effet, dans cette configura-
tion, elle permet de mesurer le temps de vidange
gastrique (le pH s’
el
eve brusquement lorsque la capsule
passe dans le duod
enum) et de transit du gr^
ele (le pH
alcalin de l’il
eon diminue d’au moins une unit
e lors du
passage dans le c^
olon). Les performances de la capsule
sont identiques
a la scintigraphie intestinale mais
egalement soumises
a une variabilit
e interindividuelle
du temps de transit du gr^
ele. En revanche, les r
esultats ne
semblent pas ^
etre influenc
es par l’existence d’une
gastropar
esie ou d’une constipation. L’
etude des varia-
tions de pression ainsi que l’
etude des contractions
endoluminales par un syst
eme d’analyse informatique
standardis
ee pourrait
egalement apporter une
evaluation
plus pertinente de la motricit
e de l’intestin gr^
ele [12].
Test respiratoire
Le test respiratoire
a l’hydrog
ene permet d’
etudier la
cin
etique d’apparition d’hydrog
ene dans l’air expir
e,
539
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n87, septembre 2012
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motricit
ede
l‘intestin gr^
ele
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apr
es ingestion de 50 g de glucose [10]. En l’absence de
CBCG, le glucose ing
er
e est absorb
e dans l’intestin
proximal et n’est pas ferment
e. En pr
esence d’une CBCG,
une partie du glucose ing
er
e est ferment
ee dans l’intestin
gr^
ele par les bact
eries et produit de l’hydrog
ene,
ult
erieurement expir
e. Cet examen simple, non invasif
et peu co^
uteux, de sensibilit
eetdesp
ecificit
e variant
respectivement de 60-90 % et 70-90 %. Le lactulose est
egalement utilis
e avec des performances analogues, pour
un co^
ut plus
elev
e. Ce type de test peut ^
etre
egalement
utilis
e pour calculer le temps de transit orocæcal, mais il
est associ
e
a une grande vari
et
e inter-individuelle et
ade
nombreux facteurs confondants.
Manifestations cliniques au cours
des troubles de la motricit
e de l’intestin
gr^
ele
Colonisation bact
erienne chronique du gr^
ele
La CBCG se d
efinit par la pr
esence dans l’intestin gr^
ele
proximal, d’une population bact
erienne r
esidente quan-
titativement (>10
5
UFC/mL) et qualitativement anormale
(>10
3
UFC/mL ana
erobies strictes) [10]. La composition
de la population bact
erienne du gr^
ele proximal d
epend en
grande partie des capacit
es de clairance des bact
eries
du gr^
ele. Un trouble de la motricit
e de l’intestin gr^
ele
est classiquement associ
e
a la survenue d’une CBCG. La
pr
esence de bact
eries
a des concentrations
elev
ees au
niveau du gr^
ele proximal peut ^
etre asymptomatique ou
^
etre responsable d’une diarrh
ee chronique et/ou d’un
syndrome de malabsorption lies
a des ph
enom
enes
luminaux (d
econjugaison et d
eshydroxylation des acides
biliaires, captation du complexe vitamine B12-facteur
intrins
eque, m
etabolisme des sucres) et pari
etaux (aug-
mentation de la perm
eabilit
e intestinale, inflammation
muqueuse, atrophie villositaire). La pr
esentation clinique
est extr^
emement variable ; le tableau classique est celui
d’une diarrh
ee chronique avec malabsorption associ
ee
fr
equemment
a une hypoalbumin
emie et une carence
en vitamine B12. Des cons
equences syst
emiques ont
egalement
et
ed
ecrites et notamment un lien poten-
tiellement causale avec la rosac
ee. L’examen de
r
ef
erence pour confirmer le diagnostic de CBCG reste
le tubage bact
eriologique du gr^
ele, examen fastidieux
et co^
uteux, exceptionnellement r
ealis
e actuellement
au profit du test respiratoire
alhydrog
ene. Un test
th
erapeutique consistant peut
egalement ^
etre propos
e.
Le traitement repose sur le traitement
etiologique et
l’utilisation des antibiotiques (norfloxacine, metronida-
zole, minocycline ou amoxicilline + acide clavulanique
pendant sept jours),
eventuellement de fac¸on
s
equentielle. Il est habituel d’avoir
a renouveler les
cures d’antibiotiques,
a un rythme variable suivant les
patients, en essayant d’alterner les classes d’anti-
biotiques pour
eviter l’apparition d’une r
esistance au
traitement. Divers classes d’antibiotiques ont d
emontr
e
une efficacit
e dans le traitement de la CBCG. Pour
eviter
l’
emergence de souches r
esistantes aux antibiotiques, il
est conseill
ed
eviter en premi
ere intention l’utilisation
de fluoroquinolones de derni
ere g
en
eration, de rifaxi-
mine et d’aminosides.
‘‘ La colonisation bact
erienne chronique
du gr^
ele est fr
equente en cas de trouble
de la motricit
e de l’intestin gr^
ele. Sa mise
en
evidence repose sur un test respiratoire
a l’hydrog
ene apr
es ingestion de 50 g de glucose.
Son traitement repose sur une antibioth
erapie
s
equentielle’’
Pseudo-obstruction intestinale
chronique (POIC)
La POIC d
esigne un syndrome clinique
evoquant une
obstruction m
ecanique de l’intestin gr^
ele, mais pour
laquelle aucun obstacle n’est mis en
evidence [11].
Conceptuellement, elle repr
esente la forme la plus s
ev
ere
des troubles de la motricit
e de l’intestin gr^
ele, r
ealisant
un v
eritable tableau d’insuffisance intestinale dont les
cons
equences sont comparables
a celles observ
ees au
cours du syndrome de gr^
ele court (figure 2). Il s’agit d’une
affection rare et grave, responsable d’une insuffisance
intestinale fonctionnelle par d
efaut de p
eristaltisme
intestinal. Elle regroupe un large panel de maladies
affectant la musculature lisse intestinale, l’innervation du
tractus gastro-intestinal et les CIC. Par convention,
l’atteinte de l’intestin gr^
ele est syst
ematique, bien qu’une
atteinte motrice d’un autre segment du tractus digestif
soit fr
equente.
‘‘ La POIC d
esigne un syndrome clinique
caract
eris
e par des signes occlusifs
morphologiques objectifs (distension du gr^
ele,
niveaux hydro-a
eriques) en l’absence d’obstacle
organique. Son diagnostic repose sur la mise
en
evidence d’anomalie significative
en manom
etrie du gr^
ele ou d’anomalie
histologique significative de l’appareil
neuromusculaire intestinal’’
Qu’elle soit primitive ou secondaire, la POIC s’int
egre
souvent dans un tableau complexe, en rapport avec la
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