
et entreprise. Sa pratique consiste en une prise de recul inhérente à la
posture tierce, garante de neutralité, d’objectivité et propice à la prise
de recul. Elle implique la pratique du questionnement, de la reformula-
tion et de la pédagogie.
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Christian Pousset dirige aujourd’hui People to People, un cabinet de
cabinet de conseil pour les dirigeant-e-s. Il se forme personnellement
en philosophie depuis plusieurs années, convaincu que celle-ci irrigue
ce métier.
Quelles sont les bases des compétences utiles pour conseiller les diri-
geant-e-s ? D’abord le rapport à soi : être conscient de soi, se former.
En effet, la direction d’entreprise n’est pas un métier : c’est un appren-
tissage, une pratique qui repose sur la conscience de soi. L’approche
philosophique permet d’élargir la perspective, ce qui est totalement
indispensable à plusieurs niveaux : avoir conscience et faire prendre
conscience de l’écosystème de l’entreprise et de sa temporalité, affronter la complexité des structures,
des contraintes, et des changements de paradigme économique, sociétal, numérique. Au-delà de ça,
comprendre vers quoi ce foisonnement converge et rendre simple le complexe. L’objectif est de ne pas
se trouver dans des situations où l’entreprise perd de la valeur parce qu’elle n’a pas considéré une
perspective assez large ET assez portée par le ou la dirigeant-e. Ceci doit être incarné par une attitude
optimiste, appuyée sur des vertus morales : la conance, le courage, la sincérité, et surtout la ou les
erté(s).
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Adélaïde de Lastic est docteure en philosophie, consultante-cher-
cheuse à l’agence LUCIE (label de Responsabilité Sociétale en En-
treprise).
Avec un parcours mêlant philosophie universitaire et orientation
professionnelle en entreprise, Adélaïde de Lastic s’intéresse aux
questions d’éthique de l’entreprise qu’elle traite sous l’angle des
valeurs, de la responsabilité. Ce sujet émerge assez naturellement
de son double intérêt pour l’entreprise et les questions
philosophiques, en particulier éthiques d’une part, et de ses
expériences de travail en entreprise d’autre part. Que ce soit dans
des associations, des pme, des grands groupes, des organismes
publics, la question des valeurs, parfois recouverte par le terme de
« culture » de l’entreprise, se pose toujours. Partout les humains
travaillant revendiquent certaines valeurs, pour leur entreprise ou
pour eux-mêmes, consciemment ou entre les lignes : la discipline,
la rigueur, le partage, l’innovation...
Ce sujet est aussi nourri des problèmes éthiques contemporains
très médiatisés et qui provoquent en même temps un énorme scep-
ticisme. Le sujet des valeurs en entreprise se pose-t-il réellement ou est-elle un instrument de plus pour
manipuler les gens ? Les questions morales regardent-elles l’entreprise ? Vivre et travailler, en tant
que chercheuse, philosophe, éthicienne, dans une entreprise c’est se confronter à plusieurs problèmes.
En particulier les suivants : Comment concilier recherche fondamentale et recherche opérationnelle ?
Comment concilier pratiques de l’entreprise et pratique de la recherche ? Comment concilier la confron-
tation entre recherche sur l’éthique et éthique ordinaire en entreprise ? Il faut montrer comment le phi-
losophe dans l’entreprise peut faire la synthèse de cette double culture sans devenir schizophrène mais