Lectures et points de vue 235
propres est soulignée par J.M. Durand, à travers le problème de la double
dénomination dans les manuscrits mésopotamiens, ainsi que par D. Charpin.
Il est question dans la seconde partie des Ecritures de la métamorphose,
écritures sémitiques et de l’Asie du Sud-Est. Le nom propre y reste le lieu privi-
légié d’une expression iconique, que ce soit dans les manuscrits hébreux
médiévaux (M. Garel), où l’absence de majuscule est palliée par des gra-
phismes divers, ou dans des emblèmes mêlant écriture et motifs, tugra otto-
mane (G. Veinstein) ou kâo japonais (Y. Hayashi). Il s’y affirme également
comme élément à la fois classifiant et individualisant, comme le montrent les
multiples possibilités d’écriture du nom propre arabe (J. Sublet) ou l’expression
de relations socio-familiales dans l’inscription du nom propre sur les stèles
ottomanes (N. Vatin). Le rôle du lecteur est particulièrement crucial dans le cas
de ces stèles, comme l’est celui du guru dans l’interprétation des noms du
Bouddha (C. Beccheti et F. Bizot), où se nouent des relations complexes entre
écriture et représentation graphique, inscription et oralité, contenu sémantique
et dimension magique.
Les Ecritures héritées de l’alphabet grec semblent coupées de toute relation
à l’image. Cependant, S. Le Men, dans cette troisième partie, montre la place
du nom propre dans la caricature du XIXe siècle, nom propre tronqué, trans-
formé, malmené comme l’est l’image dans le portrait caricaturé. Le rôle du
nom propre dans l’affirmation du sujet est mis en lumière par B. Fraenkel à
propos de la signature, exposition de son nom propre par l’individu, tandis que
M. Offerlé, retraÿant le parcours de l’identification à l’anonymisation de l’élec-
teur, aborde la question des fonctions individualisante et socialisante du nom
propre. Dans une perspective historique, M. Bourin considère l’écriture du nom
propre comme un témoin de l’évolution vers la double dénomination anthropo-
nymique et de la transmission de la valeur de preuve de l’oral vers l’écrit.
Dans la quatrième partie sont abordées des Ecritures retournées à l’image,
c’est-à-dire introduites dans un contexte pictural (D. Gamboni, M. Melot) ou
filmique (N. de Mourgues). Dans la problématique de l’inscription du nom
propre comme expression de l’individu et validation de cette individualité par le
lecteur, DG et MM s’intéressent à la place de la signature dans l’úuvre d’art,
concernant sa relation à l’image (D.G. : la signature cachée dans le tableau,
voire motif du tableau, ou la signature-emblème, « iconicisée ») ou sa relation
au statut d’úuvre d’art (M.M. s’interroge sur ce pouvoir de la signature qui fait
d’un objet une úuvre d’art). N. de M. aborde la signature filmique parallèlement
à celle de la peinture, tout d’abord comme une marque symbolique de la pré-
sence énonciative, puis dans une dimension iconique à travers la représentation
à l’écran du réalisateur lui-même, procédé qu’elle compare à celui de l’autopor-
trait.