Sumatra est encore hindou mais a des conseillers musulmans. Le plus
ancien témoignage écrit connu attestant de l’établissement de l’islam
en Indonésie, est la tombe de Malik Al-Salih, roi de Samudra mort en
1297.
Lorsqu’en 1292 Marco Polo, dans son voyage de retour de Chine par la
mer, fait escale dans le port de Perlak près de Samudra, il y constate la
présence d’une communauté musulmane bien établie. Le voyageur
marocain Ibn Battûta, qui fait à son tour escale à Samudra en 1346 lors
de son voyage en Chine, est reçu par son prince, Al-Malik Al-Zahir qui
est donc musulman. Egalement, plus caractéristique du monde
indonésien est le cimetière de Troloyo, près du site de la capitale du
royaume hindou-bouddhique de Majapahit dans l’est de Java, où l’on
trouve des tombes musulmanes dont les dates vont de 1376 à 1611.
Louis-Charles Damais de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO)
pense qu’il s’agit de personnages importants, peut-être même de
membres de la famille royale. Ces tombes attestent donc de la présence
de l’islam au cœur même du plus prestigieux des royaumes javanais de
la période hindou-bouddhique, dès son apogée au XIVe siècle.
L’origine des marchands qui apportent l’islam en Indonésie est
incertaine. Selon Sluglett, les différents éléments trouvés en Aceh et
d’autres lieux à Sumatra suggèrent comme origine des premiers
marchands musulmans venus dans l’archipel, les régions indiennes du
Gujarat et de Malabar. Dans le cas de Java, des Chinois ont également
joué un rôle dans la diffusion de l’islam sur la côte nord de l’île, où au
XVe siècle déjà ils formaient d’importantes communautés. La tradition
javanaise associe des Chinois à l’islam, dont évidemment l’amiral
Zheng He, qui fait escale dans l’île lors de ses différentes expéditions de
1405 à 1433.