Résumé
Les relations entre l’Etat et la religion sont déterminantes dans l’histoire de chaque
pays. Au Kazakhstan, le statut de l’islam a varié au gré du régime sur place. Implanté en
plusieurs vagues, commençant par la conquête arabe du sud du pays, puis officialisé par les
Qarakhanides, la Horde d’Or sous le khan Özbek et les khans kazakhs, l’islam a trouvé une
certaine régulation à partir du XVIIIème siècle avec la colonisation russe. L’Empire russe,
intéressé par le fait de gagner les musulmans à sa cause, favorise leur religion en créant
l’Assemblée spirituelle à Orenbourg. L’impératrice Catherine II envoie des mollahs tatars
dans la steppe kazakhe et construit de nombreuses mosquées pour mieux contrôler les
Kazakhs. Mais le renforcement de l’islam donne des résultats inverses à ceux escomptés et
l’empire durcit sa position envers le dernier, il limite le nombre de mollahs et de mosquées
par région. Avec l’arrivée des soviétiques au pouvoir, tout semble changer. Mais
provisoirement seulement ; les premières « déclarations démocratiques » n’aboutissent qu’à se
retourner contre toutes les religions par une série de répressions à la fin des années 1920, et
l’idéologie communiste espère mettre fin à l’islam. Pourtant les Directions spirituelles
musulmanes avaient été rétablies durant la Deuxième Guerre Mondiale par Staline qui avait
voulu utiliser le potentiel religieux pour servir ses buts. Elles ont fonctionné jusqu’à
l’effondrement de l’URSS en reflétant les décisions du parti. L’indépendance du Kazakhstan a
donné une chance aux croyants de rétablir la religion, mais en même temps elle a contribué à
l’apparition de mouvances radicales. Depuis les années 2000 le gouvernement revoit sa
politique en matière religieuse, en effectuant de nouveau des restrictions. L’histoire
recommence-t-elle ?
Mots-clés : islam, identité nationale, religion, URSS, Empire russe, Kazakhstan, pouvoir
politique, Etat-religion