duction du génome viral dans le cytoplasme de la cellule
infectée. Ces étapes du cycle viral mettent en jeu deux
grands acteurs : les protéines d’enveloppe à la surface du
virus et les récepteurs et co-récepteurs à la surface des
cellules.
Les glycoprotéines d’enveloppe du HCV
Les protéines d’enveloppe jouent un rôle prépondérant
dans l’entrée virale. En effet, en plus de permettre l’interac-
tion avec le(s) récepteur(s) cellulaire(s), ces protéines per-
mettent d’induire la fusion entre les enveloppes virale et
cellulaire. Le génome du HCV code une polyprotéine d’en-
viron 3 000 acides aminés qui est clivée de façon co- et
post-traductionnelle, par des protéases virales et cellulai-
res, pour produire une dizaine de protéines [1], dont les
deux glycoprotéines d’enveloppe, E1 et E2 (figure 1). Ces
deux protéines possèdent un large ectodomaine N-terminal
et sont ancrées dans les membranes par leurs domaines
transmembranaires (TM) C-terminaux [3]. Les ectodomai-
nes de E1 et E2 sont hautement N-glycosylés, et cette
glycosylation semble jouer un rôle important dans le replie-
ment des protéines, l’entrée virale et la protection contre
des anticorps neutralisants [4-6]. Durant leur synthèse, les
ectodomaines de E1 et E2 sont dirigés vers la lumière du RE
et leur domaine TM est inséré dans la membrane de ce
compartiment [3]. L’extrêmité C-terminale de la forme
immature de la protéine de capside (C) contient une sé-
quence signal responsable de la translocation de l’ectodo-
maine de E1 dans la lumière du RE, et les domaines TM de
E1 et E2 contiennent également un signal permettant une
réinitiation de la translocation dans la lumière du RE. Les
domaines TM de E1 et E2 sont multifonctionnels car, en
plus de leur rôle d’ancrage membranaire et de séquence
signal, ces domaines contiennent des signaux de rétention
stricte dans le RE et jouent un rôle majeur dans l’hétérodi-
mérisation de E1 et E2 [3]. Par ailleurs, la mutation de
certains résidus des domaines TM de E1 et E2 altère la
propriété de fusion des glycoprotéines d’enveloppe, suggé-
rant que ces domaines jouent également un rôle majeur
dans le mécanisme de fusion [7]. Une étude récente de
Lavilette et al. a également permis d’identifier trois régions
de E1 et E2 impliquées dans le mécanisme de fusion [8].
Systèmes d’étude de l’entrée du HCV
En 1989, le génome du HCV a été cloné par Choo et al. [9].
Cela a permis une analyse rapide de son organisation géno-
mique ainsi qu’une caractérisation biochimique de ses pro-
téines. Néanmoins, jusqu’en 2005, aucun système de cul-
ture cellulaire permettant de produire de manière efficace le
virus n’a pu être développé. L’absence d’un tel système a
donc constitué pendant plus de quinze ans un véritable
obstacle à l’étude du cycle réplicatif du HCV. Des particu-
les issues de sérum de patients infectés ont été utilisées par
certains groupes pour étudier l’entrée du HCV. Néanmoins,
du fait de leur faible taux de réplication et de leur grande
hétérogénéité, ce type de particules n’a permis qu’une
exploration partielle du cycle infectieux du HCV. C’est
pourquoi d’autres outils ont été par la suite développés. Une
forme soluble de la glycoprotéine E2 a permis d’identifier
un certain nombre de protéines de surface cellulaire poten-
tiellement impliquées dans l’entrée du HCV [10]. D’autres
laboratoires ont également utilisé des virus-like particles
(VLP) produites en cellules d’insectes ou des pseudoparti-
cules recombinantes du virus de la stomatite vésiculaire
(VSV) [10-12]. Néanmoins, ces systèmes n’ont pas permis
d’étudier l’étape de fusion faisant intervenir les hétérodi-
mères E1E2. En 2003, une avancée majeure dans l’étude de
l’entrée du HCV a été le développement de particules
rétrovirales pseudotypées avec les protéines d’enveloppe
du HCV (HCVpp) [13-15]. Ces pseudoparticules sont pro-
duites après transfection de cellules humaines 293T par
trois vecteurs d’expression : le premier exprime les glyco-
protéines E1 et E2 natives, le deuxième exprime les protéi-
nes codées par les gènes gag et pol du virus de la leucémie
murine (matrice, capside, nucléocapside, protéase, reverse-
transcriptase, intégrase) et le troisième exprime un ARN
codant un gène rapporteur, qui sera intégré dans le génome
des cellules infectées (figure 3). Les HCVpp sont sécrétées
dans le milieu de culture cellulaire et permettent une bonne
transduction des cellules qui est dépendante de la présence
des protéines E1 et E2 à la surface de ces particules. Du fait
de leur tropisme préférentiel pour les cellules d’origine
hépatique et de leur neutralisation spécifique par des anti-
corps monoclonaux reconnaissant la protéine E2 ainsi que
par des sera de patients infectés, ces pseudotypes ont repré-
senté pendant plusieurs années l’outil le plus proche des
particules natives du HCV. Toutefois, ces HCVpp ne reflè-
tent pas complètement le virus produit chez les patients. En
particulier, contrairement au virus natif dont la production
semble liée à l’assemblage et à la sécrétion des lipoprotéi-
nes de très faible densité (VLDL, very low density lipopro-
teins) [16], les HCVpp sont supposées s’assembler indé-
pendamment des VLDL. Par ailleurs, les HCVpp ne
contiennent pas de génome capable de se répliquer. Elles ne
permettent donc d’étudier que l’étape de l’entrée virale. En
2005, un clone du HCV isolé chez un patient japonais
atteint d’une hépatite fulminante a finalement permis le
développement d’un système de culture cellulaire permet-
tant de produire efficacement des particules infectieuses du
HCV [17]. Ce système est basé sur la transfection d’une
lignée d’hépatocarcinome humain (Huh-7) avec des ARN
de la souche JFH1 (génotype 2a). Ce système permet de
revue
Virologie, Vol. 12, n° 2, mars-avril 2008
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