Observation d’une Araignée Salticidés peu commune :
Mendoza canestrinii (Ninni, 1868),
Réserve naturelle des Courtils de Bouquelon(Marais-Vernier, Eure)
Thierry Lecomte
Conservateur de la Réserve Naturelle des Courtils de Bouquelon
730, chemin des Courtils – 27500 – Bouquelon
courtils.de.bouquelon@gmail.com
Introduction :
Les Araignées constituent un groupe
relativement peu connu en Haute-Normandie et cette
région est encore loin de pouvoir publier une liste de
référence régionale assortie de critères de
patrimonialité robustes comme certains
départements ou certaines régions sont déjà en
mesure de le proposer. Cependant à l’occasion de
recherches davantage ciblées sur l’entomologie, il
arrive de prélever des Araignées pouvant s’avérer
intéressantes de par leur habitus, ou leur
spécialisation écologique, ou bien de par leur rareté
ou encore de par leur répartition géographique.
C’est ainsi que diverses espèces des milieux
humides ont déjà été inventoriées : Pachygnatha
clercki, Larinioides cornutus, Xysticus ulmi, Clubonia
phragmitis et la rare Clubonia germanica.
L’observation, le 4-VIII-2013 et suite à des
prélèvements réalisés au filet fauchoir, d’une station
conséquente de Mendoza canestrinii (Ninni, 1868),
espèce qui procède de ces divers intérêts évoqués ci-
dessus sur une des mares de la réserve naturelle des
Courtils de Bouquelon élargit considérablement la
distribution actuellement connue de l’espèce.
Le site du Marais Vernier et des mares des
Courtils de Bouquelon :
Il ne sera pas détaillé ici le site du Marais Vernier
et des Courtils de Bouquelon déjà présenté dans des
articles précédents (L
ECOMTE
Th., 2011).
Par contre la mare (mare N°1) où cette espèce
d’Araignée est contactée mérite quelques lignes. Il
s’agit d’une des deux mares qui ont été creusées en
1995 avec le concours du Fonds d’Intervention
Régional pour l’Environnelent, fonds créé par le
Conseil Régional de Haute Normandie, dédié aux
milieux naturels et en vigueur à cette période.
Ces mares ont été créées afin de permettre aux
diverses communautés aquatiques dulcicoles de bas
marais alcalin de s’exprimer au vu de la grande rareté
de nombre d’espèces - tous groupes taxonomiques
confondus - susceptibles de s’y développer.
C’est ainsi que, et uniquement sur le plan
végétal, sont apparus : Potamogeton coloratus,
Potamogeton polygonifolius, Utricularia vulgaris,
Nymphea cf alba ssp occidentalis, Typha angustifolia,
Chara globularis, Chara hispida, Chara vulgaris, Chara
major, Chara delicatula, Baldellia ranuculoïdes, Apium
inundatum… .
Cependant, ces mares s’avèrent relativement
instables dans le temps dans le sens où il existe une
propension assez forte à l’atterrissement ce qui est
lié davantage à une remontée progressive de la
tourbe sous-jacente plus qu’à l’envasement par
accumulation de particules organiques issues de la
décomposition partielle de la flore peuplant ces
mares.
Il s’ensuit un glissement des communautés
d’hydrophytes vers des communautés d’hélophytes
parmi lesquelles on observe principalement
Eleocharis multicaulis, Ranunculus lingua, Comarum
palustre, Phragmites communis et Cladium mariscus.
Les groupements aquatiques au caractère
hautement patrimonial cèdent donc le pas à des
groupements palustres qui sont eux aussi à fort
intérêt patrimonial, en particulier la cladiaie à
Cladium mariscus qui représente un Habitat
prioritaire visé par la Directive européenne 92/43 du
21 mai 1992 concernant la conservation des habitats
naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvage.
Pour cette raison, ces mares ne sont pas curées mais,
pour conserver les habitats aquatiques elles peuvent
être agrandies incluant ainsi une partie en eau libre
ou bien de nouvelles mares sont aménagées sur
d’autres secteurs.
Ces cladiaies d’apparition récente se présentent
comme peu étendues, plutôt sous forme de tâches ou