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Avant-propos
Introduire à la lecture d’un texte de Husserl, bien qu’il
s’agisse ici, avec la Crise de l’humanité européenne et la
philosophie, d’une conférence prononcée devant un audi-
toire assez ouvert, pose de très nombreux problèmes.
En effet, la phénoménologie dont Husserl est le fonda-
teur se présente comme une discipline de pensée appa-
remment peu susceptible d’être vulgarisée.
Se donnant comme une expérience et une méditation
qui trouve son lieu d’ancrage philosophique dans les Mé-
ditations Métaphysiques de Descartes, la phénoménologie
est un cheminement que chaque lecteur est invité à suivre,
et à plus forte raison, à répéter pour lui-même. « Qui-
conque veut vraiment devenir philosophe devra « une fois
en sa vie » se replier sur lui-même », affirme Husserl dans
les Méditations Cartésiennes
. La phénoménologie re-
quiert en effet un effort de réflexion sur soi-même. C’est ce
qui fait d’elle une philosophie dont le point de départ est la
subjectivité. On ne saurait pour autant la confondre avec
un quelconque subjectivisme qui ramène tout ce qui est à
l’être du sujet ou de la pensée. Inversement et parallèle-
Méditations Cartésiennes, Paris, Colin, 1931, trad. fr. E. Levi-
nas et G. Pfeiffer, Éd. Vrin, 1947, § 1, p. 2 (abrégé MC dans la suite
du texte et des notes).