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Dans les activités spatiales, si la fonction du transport
demeure centrale, il ne faut pas pour autant occulter ses représentations, réelles
ou fictives, concernant ce même sujet.
Dans l’ancienne Égypte, les barques étaient dévolues à conduire symboliquement
le défunt dans l’Au-delà de la voûte céleste pour assurer son éternité. Une
pratique qui prend une nouvelle ampleur aujourd’hui, puisque placer des cendres
dans le milieu extraterrestre est une pratique funéraire en développement. De
même, le transfert du monde réel vers le monde mystique peut évoquer la question
de la propulsion dans l’espace. Et les anges aux frontières de la vie et de la mort
nous entraînent dans un inconnu à l’instar des spationautes en sortie
extravéhiculaire.
La question de nos origines comme celle de notre finalité trouve des résonances
inattendues après l’annonce au XIXesiècle de « la mort de Dieu ». Dans un milieu
inhospitalier ou simplement inconnu, la voie tracée appelle à suivre une direction
sans terme assuré ; des cheminements que suivent des sondes spatiales expédiées
aux confins du système solaire. Plus proche, la détection de l’origine et de la
destination d’un lanceur extra-atmosphérique transportant une arme peut devenir
cruciale. Plus familier encore, grâce au GPS, le contrôle de flottilles dédiées aux
activités civiles, tisse un lien indissoluble entre transport terrestre et transport
spatial de systèmes de localisation.
Pour le plus grand nombre, les bases spatiales avec leurs lanceurs demeureront
inaccessibles, sauf en reproduction. Mais celles-ci seront nécessairement réduites
en maquette au regard du surdimensionnement de leurs composants, comme celle
qui nous transporte à Baïkonour où le lanceur, après avoir été érigé sur son pas de
tir, arrache les spationautes à l’attraction terrestre. C’est également le lot des
robots et des instruments emportés dans le système solaire : ainsi, transportés au-
delà de la Terre pour rouler « ailleurs » : les rov ers transmettent des images qui
déplacent notre imaginaire.
[
Transport du module
européen
Harmony
par la navette spatiale
vers la
Station spatiale
internationale,
le 25 octobre 2007.