AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE
SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL DE SOFIA
SERVICE ECONOMIQUE DE ZAGREB
Le compte courant a connu en 2015 un excédent record de 5,2 % du PIB, dont la principale contribution
s’explique par un surplus du compte des revenus suite à la conversion forcée des prêts aux particuliers libellés
en CHF. Deux autres facteurs expliquent cet excédent exceptionnel : l’excellente saison touristique, dont
les recettes se sont accrues de 10 % et la croissance des transferts de fonds européens vers la Croatie
en raison d’une meilleure absorption de ces fonds. A noter une détérioration de la balance commerciale
malgré une croissance significative des exportations.
Des résultats meilleurs qu’attendus sur le plan fiscal mais la dette
publique, qui dépasse 80 % du PIB, n’est pas encore stabilisée
L’année fiscale 2015 s’est terminée avec un résultat bien meilleur qu’attendu puisque le déficit
budgétaire (ESA 2010) s’établit à 3,2 % alors que la Commission européenne anticipait un déficit de
4,2 %. Ces résultats s’expliquent par des rentrées fiscales significatives en raison de la croissance de la
consommation et notamment de l’excellente saison touristique, par des dépenses publiques contenues, et de
la réduction de l’investissement public, enfin par des recettes exceptionnelles notamment celle relative à la
« légalisation » des propriétés foncières qui avaient été construites ces dernières années sans autorisation.
S’agissant de la dette publique, elle s’établirait à 86,7 % du PIB fin 2015 contre 86,5 % en 2014. Elle
n’est pas encore stabilisée. En 2016, le gouvernement a programmé un ratio de 86,9 %. Le Premier Ministre
espère ramener le niveau d’endettement à moins de 80 % d’ici 2020.
Le PLF 2016 approuvé le 10 mars 2016 par le Parlement retient une hypothèse de croissance de 2 % et
un déficit public de 2,7 % en norme ESA 2010. Ce budget traduit la volonté du gouvernement de maîtriser
ses comptes publics. Tant les dépenses que les recettes seraient en réduction relative par rapport au PIB en
comparaison avec l’année précédente. Un solde primaire de 0,5 % du PIB serait dégagé, par ailleurs la charge
de la dette est chiffrée à 1,5 Md EUR, soit 3,5 % du PIB.
La procédure de déficit excessif (PDE) lancée peu après l’adhésion du pays par la Commission
Européenne est toujours en cours et devrait être maintenue compte tenu du haut niveau de la dette
publique. Les résultats budgétaires de l’année 2015 et les prévisions 2016 devraient également amener la
Commission à recommander un renforcement des réformes structurelles pour conforter la réduction du
déficit et engager la stabilisation de la dette.
Un système bancaire stable, malgré la décision des pouvoirs publics de
faire peser sur les banques le coût de la conversion des prêts aux
particuliers libellés en francs suisses.
Le secteur bancaire croate est très concentré, les six premières banques (filiales de banques systémiques
européennes : Unicredit, Intesa, Erste, Hypo, Raiffeisen et Société Générale) représentent 80 % du total des
actifs. Vingt-cinq autres banques se partagent le solde, avec moins de 1 % des actifs pour les 21 plus petites
banques. La capitalisation des banques est globalement élevée avec un ratio d’adéquation du capital
de l’ordre de 20 %, bien supérieur au seuil préconisé par Bâle III et l’un des plus élevé de la région. Ce
secteur fait cependant face à deux difficultés : la conversion forcée des prêts aux particuliers libellés en CHF,
et le taux élevé des prêts non performants.
L’appréciation du franc suisse en début d’année 2015 a eu un impact important en Croatie où l’encours
de crédit libellé en CHF est particulièrement élevé. Le coût de cette appréciation a été supporté par les
banques croates suite aux amendements à la loi sur les crédits à la consommation et à la loi sur les institutions
de crédit en date du 18 septembre 2015, qui imposent aux banques ayant octroyé des prêts libellés en CHF
de les convertir en EUR ou en HRK selon le taux d’intérêt valable le jour de l’octroi du crédit. Le coût du lissage
des mensualités du crédit est pris en charge par les banques. Au 5 avril 2016, plus de 50 000 foyers ont
bénéficié de cette procédure et 93,6 % des prêts en CHF ont été convertis. La Banque centrale a estimé le
coût global de cette mesure à 1 Md EUR. A ce jour, trois types de procédures devraient être engagées
à l’encontre des autorités croates, par les banques concernées par cette conversion forcée : auprès de
la Cour Constitutionnelle croate, auprès de la Commission européenne, et auprès du CIRDI à Washington.Il
est très difficile à ce stade de prévoir l’issue de ces recours.