RÉSERVES NATURELLES RÉGIONALES DE FRANCHE-COMTÉ Grottes Pelouses sèches Vallées alluviales 4, square Castan 25031 Besançon cedex Tél. 03 81 61 61 61 Fax : 03 81 83 12 92 www.cr-franche-comte.fr Ce document a été réalisé en partenariat avec Espace naturel comtois Tourbières Leucorrhine (Leucorrhinia pectoralis) ÉDITORIAL La gestion des réserves naturelles régionales a été confiée aux Régions par la loi relative à la démocratie de proximité de 2002. C’est au Conseil régional de délivrer et renouveler dorénavant l’agrément de ces anciennes réserves naturelles volontaires. Des vallées alluviales aux tourbières, en passant par les grottes et les pelouses sèches, ces réserves naturelles recèlent toute la richesse et la diversité du patrimoine naturel de notre région. Le Conseil régional de Franche-Comté s’est engagé à mettre en œuvre une politique volontariste en faveur de la protection de ces milieux. La Franche-Comté compte à ce jour onze réserves naturelles régionales réparties dans les départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône, et se place ainsi à la 3e place au niveau national en nombre de sites. C’est pourquoi nous avons souhaité à travers cette publication de l’Observatoire Régional de l’Environnement faire découvrir ces espaces qui ne sont pas toujours ouverts au grand public. Je remercie Espace Naturel Comtois pour le travail exhaustif qui a été réalisé afin de vous apporter ces informations précieuses. Espérant qu’une meilleure connaissance favorise une appropriation des enjeux sur ces milieux naturels, je vous en souhaite une excellente découverte au fil de cette lecture. Raymond Forni Président de la Région Franche-Comté Iberides des rochers (Iberis Saxatilis) 3 SOMMAIRE “ Localisation des réserves naturelles régionales de Franche-Comté “ RÉSERVES NATURELLES RÉGIONALES DE FRANCHE-COMTÉ Éditorial > 3 Cartographie > 4 Introduction > 6 > 8 Grottes > 16 Pelouses sèches Vallées alluviales > 22 Tourbières > 30 Glossaire > 38 Bibliographie > 39 4 5 Nacré de la Canneberge (Boloria aquilanaris) LES RÉSERVES NATURELLES sont des espaces naturels sensibles dont la préservation nécessite la mise en œuvre d’une protection réglementaire adaptée. Généralement, le classement d'un site en réserve naturelle est motivé par la présence de milieux naturels et d'espèces rares ou menacées, c'est-à-dire de tout élément justifiant d'un intérêt patrimonial et scientifique élevé. Il existe en France deux types de réserves naturelles : nationales et régionales. Les réserves nationales forment un réseau représentatif de la richesse naturelle du territoire français et abritent des espèces d'importance nationale. Relevant des services de l’État, elles ne sont pas traitées dans le présent document. Les réserves naturelles régionales (qui comprennent les anciennes « réserves naturelles volontaires ») sont quant à elles représentatives du patrimoine naturel régional. Pouvant être créées à l’initiative de particuliers, elles relèvent de la compétence de chaque Conseil régional qui, notamment, délivre et renouvelle leur agrément. Les réserves naturelles régionales sont créées à l’initiative de demandeurs (propriétaires…) ou, le cas échéant, des conseils régionaux. Au 1er janvier 2006, la Franche-Comté compte onze réserves naturelles régionales, quatre dans le Doubs, trois dans le Jura et quatre en Haute-Saône. La surface totale de ces réserves représente en Franche-Comté 610 hectares soit 0,04 % du territoire régional. La Franche-Comté occupe la troisième place au niveau national en nombre de sites, derrière le Nord-Pas-de-Calais (19 réserves) et la région Rhône-Alpes (14 réserves). La richesse et la diversité de ces réserves justifient la réalisation d’une brochure de présentation. Un tel document est d’autant plus utile qu’il est parfois le seul moyen pour le lecteur de découvrir des espaces qui ne sont pas toujours ouverts au grand public. Vous y trouverez une description simple de chaque réserve avec pour chacune d’entre elles une synthèse des données qui la caractérisent. Les réserves y sont regroupées par grands types de milieux : grottes, pelouses sèches, vallées alluviales et tourbières. Bonne lecture ! Surface Identification des pictogrammes Contact 6 Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) Propriétaire Particularités Gestionnaire Recommandations 7 LESGROTTES En Franche-Comté, l'immense majorité du territoire est constituée de roches calcaires où dominent des formes géologiques dites "karstiques". Celles-ci sont la conséquence de l'érosion des calcaires par des processus essentiellement chimiques liés à la circulation des eaux. Utilisant les failles et les fissures, l'eau de pluie pénètre au cœur du calcaire et provoque une dissolution de la roche formant des réseaux souterrains et, par la suite, des grottes. La Franche-Comté est richement dotée en cavités souterraines : pas moins de 5 500 d'entre elles ont été recensées. Certains de ces réseaux sont particulièrement importants. Par exemple, le réseau du Verneau (Nans-sous-Sainte-Anne, 25) présente un développement d'environ 32 kilomètres. Grottes naturelles, anciennes mines ou zones de fissure du karst, les habitats souterrains ont toujours les mêmes caractéristiques : obscurité permanente, variations des températures atténuées, quantité faible de nourriture… L'intérêt des grottes réside dans leur faune extrêmement originale et spécialisée. Le groupe le plus connu est celui des chauves-souris avec 27 espèces dénombrées dans la région (33 en France, ce qui place la Franche-Comté parmi les régions les plus riches de l'Hexagone). En dehors de ces mammifères, qui n'utilisent ces cavités que pour l'hibernation ou la mise bas, un autre groupe est bien présent dans les grottes : les arthropodes avec en particulier les insectes et les crustacés. Certains d'entre eux y vivent toute l'année, c'est le cas notamment de quelques crustacés aveugles et dépigmentés. Les cavernicoles représentent de véritables archives zoologiques pour la planète et un certain nombre d'invertébrés sont d'authentiques « fossiles vivants ». Enfin, n'oublions pas que les grottes, dans lesquelles circulent encore des rivières souterraines, constituent un réceptacle où coule l'eau qui alimente nos robinets… 8 9 grottes “ Baume Un dédale dans l'obscurité la GROTTE de laBAUME “ Baume noire Grotte aux Ours Cette grotte possède un réseau de cavités d'environ 500 mètres. Elle s'ouvre dans une petite falaise dominant le hameau du Cotêt. Après une salle de départ, elle se sépare en deux réseaux de galeries et de salles, l'une orientée au nord, l'autre au sud et débouchant à l'air libre au niveau d'une entrée secondaire. La réserve a été créée en 1988 et fermée partiellement au public en 1995 en raison de dégradations matérielles importantes (saccages, fouilles, pillages archéologiques…) mettant en péril une intéressante population de chauves-souris. Outre les intérêts archéologiques et paléontologiques connus de longue date, la grotte de la Baume est de renommée nationale en ce qui concerne les chiroptères. Une population de grands rhinolophes hiberne dans ses cavités et c'est également un site de transit du minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi), entre ses colonies de mise bas (réserve naturelle nationale du Carroussel) et d'hibernation (Réserve naturelle régionale de la grotte de la Baume noire). Depuis la mise en réserve de la grotte, les effectifs de ces deux espèces augmentent de façon irrégulière mais réelle. 12 hectares Commune d’Echenoz-la-Méline (Haute-Saône) Commission de protection des eaux, du patrimoine, de l'environnement, du sous-sol et des chiroptères (CPEPESC) CPEPESC 3, rue Beauregard 25000 Besançon Tél : 03 81 88 66 71 [email protected] 10 La cavité principale est fermée par une grille, mais les visites sont possibles, uniquement à but scientifique ou pédagogique. Elles sont organisées par la CPEPESC, gestionnaire des lieux. Deux panneaux d'information ont été installés, mais ont malheureusement été vandalisés et dégradés. Chiroptères en écholocation ! Sur les 35 espèces de chiroptères présentes en Europe, pas moins de 27 ont élu domicile sur le territoire franc-comtois. Toutes les chauves-souris bénéficient du statut d’espèces protégées. Souvent méconnues du grand public, elles sont généralement mal perçues. Pourtant elles sont de précieuses auxiliaires : strictement insectivores, elles ont la bonne idée de nous débarrasser des désagréables moustiques qui animent nos soirées d'été… Pour la capture de ces insectes, elles utilisent un système performant : l'écholocation, qui leur permet de localiser leurs proies. En émettant régulièrement des ultrasons par le nez ou par la gueule, la chauve-souris est capable d'identifier précisément ses proies et les obstacles qui sont sur sa route et ainsi de se déplacer dans l'obscurité avec la plus grande précision. Des outils spécifiques permettent cependant d'entendre les cris émis par les chauves-souris la nuit. Ces appareillages sont utilisés par les biologistes. La diversité des chiroptères en FrancheComté s’explique, d'une part, par un climat varié, où des espèces méditerranéennes comme le molosse de Cestoni (Tadarida teniotis) côtoient des Nordiques comme la sérotine boréale (Eptesicus nilssonii), et d'autre part, par l'abondance des cavités qui constituent autant de gîtes propices à la mise bas ou à l'hibernation. 11 grottes “ Baume Baume noire Grotte aux Ours Un havre de paix pour le minioptère “ la GROTTE de laBAUME NOIRE La grotte de la Baume noire a été placée en réserve naturelle régionale en 1988 au vu des importantes colonies de chiroptères qui y ont élu domicile. Cette cavité est constituée de deux grandes salles reliées entre elles par un ressaut naturel. Longue de 115 mètres, c’est principalement dans la seconde salle que se tient l’essentiel des populations de chauves-souris. 19 hectares Commune de Fretigney-et-Velloreille (Haute-Saône) Commission de protection des eaux, du patrimoine, de l'environnement, du sous-sol et des chiroptères (CPEPESC) Certaines espèces de chauves-souris fréquentent le site en hibernation, d’autres sont en transit ou en estive (présence estivale sans reproduction). Cette grotte est l’une des trois cavités françaises les plus importantes pour l’hibernation des minioptères de Schreibers (Miniopterus schreibersi), ce qui lui confère une envergure internationale. Des mesures ont été mises en place pour restreindre l'accès aux zones profondes. C'est également un site d'intérêt archéologique. La cavité est interdite d’accès pour préserver les chauves-souris, mais les visites sont possibles, uniquement à but scientifique ou pédagogique. Elles sont organisées par la CPEPESC, gestionnnaire des lieux. La réserve est balisée en surface et un panneau d’information est présent sur le site. Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi) La population de minioptères de Schreibers en Franche-Comté compte aujourd’hui environ 15 000 individus, soit 15 % de l’effectif national. La Franche-Comté représente donc un des bastions de l’espèce. Les minioptères fréquentent uniquement les cavernes (grottes, gouffres, anciennes mines et tunnels), ils sont donc dépendants d’un nombre limité de refuges pour accomplir leur cycle biologique (hibernation, transit, mise bas, estive). Avec seulement une vingtaine de sites fréquentés régulièrement en FrancheComté et l’importance régionale des populations, le minioptère de Schreibers constitue une espèce à conserver en priorité. En 2002, une mortalité inexpliquée de centaines d’individus a provoqué des baisses de populations nationales et régionales de l’ordre de 65 %. CPEPESC 3, rue Beauregard 25000 Besançon Tél : 03 81 88 66 71 [email protected] 12 13 grottes “ Baume Baume noire Grotte aux Ours Attention, ne pas déranger, chauves-souris ! “ la GROTTE auxOURS Cette réserve créée en 1987 regroupe un ensemble de cavités situées au niveau du cirque de Gondenans-les-Moulins. Elle comprend la grotte aux Ours ainsi que le ruisseau souterrain du Seris. 13,7 hectares Commune de Gondenansles-Moulins (Doubs) Commission de protection des eaux, du patrimoine, de l'environnement, du soussol et des chiroptères (CPEPESC) CPEPESC 3, rue Beauregard 25000 Besançon Tél : 03 81 88 66 71 [email protected] 14 Cette cavité à chauves-souris est un site d'importance régionale, avant tout en tant que site d'hibernation pour les petits et grands rhinolophes (Rhinolophus hipposideros, Rhinolophus ferrumequinum). D'autres espèces de chiroptères ont également été recensées : vespertilion de Natterer (Myotis nattereri), vespertilion à moustaches (Myotis mystacinus), sérotine commune (Eptesicus serotinus), barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus), minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi)... Depuis le classement, une diversification des espèces ainsi qu'une augmentation de la population ont été remarquées. Elle présente également un intérêt archéologique de premier ordre. En effet, des ossements fossiles divers et des témoignages d’occupation au paléolithique moyen (de 300 000 à 30 000 ans avant notre ère) ont été découverts. Depuis 1988, la grotte aux Ours est fermée et non ouvrable. L’accès est interdit. Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) Avec ses 30 cm d'envergure, le grand rhinolophe est une des plus grandes espèces de chauvessouris en Franche-Comté. Il est reconnaissable à son nez en forme de fer à cheval. Ses populations européennes ont chuté dramatiquement depuis les années cinquante en conséquence des modifications du paysage et à la mise en place d’infrastructures (routes, etc.). Une des techniques de chasse du grand rhinolophe est l’affût, accroché à une branche basse en bordure d’une prairie. Dès qu’une proie est détectée, il s’envole pour la capturer et revient sur son poste d’affût. Ce mode de chasse lui permet de s’économiser quand les proies deviennent moins abondantes. 15 LESPELOUSESSÈCHES Les pelouses sèches se caractérisent par une végétation plutôt basse et peu productive. Ce sont des formations typiques des plateaux et coteaux secs avec des sols peu épais, pauvres en nutriments et sur roche fissurée. Les conditions de vie sont contraignantes, en particulier vis-à-vis de l'eau ; les plantes qui se développent dans ces milieux sont adaptées à la sécheresse. Des buissons et des bosquets avec des arbustes tels que le genévrier parsèment les pelouses ; on les reconnaît alors de loin. On parle également parfois de prairies maigres ou de prairies sèches. L’origine des pelouses sèches n’est pas forcément naturelle. La majorité d'entre elles doit leur existence à de très anciennes déforestations menées par l’homme au profit de l'agriculture ; on parle alors de formations « secondaires ». D'autres sont en place depuis des millénaires, ce sont des pelouses dites « primaires », comme par exemple les rebords de corniches dans notre région ou les pelouses d'altitude, là où les arbres ne peuvent pas pousser. Les pelouses sèches sont des milieux d’intérêt écologique majeur. Elles abritent 30 % des espèces végétales françaises, 26 % des plantes protégées et elles constituent également un milieu apprécié par les espèces à affinité méridionale. Elles sont réputées pour l’intérêt de leur faune et en particulier par la présence de nombreux insectes. La plupart de ces habitats naturels sont classés comme prioritaires dans les textes internationaux. La grande richesse des pelouses est sans doute liée à la sécheresse, mais également à leur pauvreté en substances nutritives. Un enrichissement de ces milieux par des engrais entraîne toujours une diminution spectaculaire du nombre d'espèces en favorisant des plantes très concurrentielles. Environ 50 à 75 % des pelouses sèches ont disparu depuis le début du XXe siècle sur le territoire national. Ce déclin est principalement dû aux changements de pratiques agricoles survenus depuis la fin de la seconde guerre mondiale : abandon du pâturage sur les sites possédant les plus fortes contraintes d'exploitation et intensification (par fertilisation ou tout simplement retournement au profit des cultures) sur les autres sites. 16 17 pelouses sèches “ Crêt des Roches Plateau de Mancy Une réserve à l’accent méditerranéen “ le PLATEAU deMANCY Située à cheval sur les communes de Lons-le-Saunier et de Macornay, ancien pâturage intercommunal, cette réserve est essentiellement composée d’un coteau, l'appellation de "plateau" n'étant que le résultat d'une activité militaire passée. Une mosaïque de pelouses sèches et de boisements, auxquels s’ajoutent des falaises et des éboulis hébergeant des espèces animales et végétales variées, font la particularité du site. Créée en 1996, elle est située à proximité d’une réserve naturelle nationale, la réserve naturelle de la grotte de Gravelle. 46 hectares Commune de Macornay : 32 ha Commune de Lons-leSaunier (Jura) : 14 ha L'établissement public d'enseignement et de formation professionnelle agricole de Mancy Établissement public d'enseignement et de formation professionnelle agricole de Mancy 18 L’orientation privilégiée du site offre une diversité de microclimats exceptionnelle pour la région. Des sols peu épais et une faible capacité à retenir l’eau donnent à ce milieu les caractéristiques de la pelouse sèche. Inversement, la Sorne qui coule au pied de l'ancienne carrière au sud, crée une juxtaposition milieu humide/milieu sec, source de richesse biologique. Cette particularité favorise la présence de nombreuses espèces animales (criquets, papillons, insectes, reptiles, oiseaux…) et végétales aux exigences écologiques diverses et qui ne se côtoient pas habituellement. La grande qualité du patrimoine recensé a motivé sa désignation au réseau européen des sites « Natura 2 000 ». La réserve offre aux promeneurs une diversité de milieux, de la pelouse à la forêt en passant par d’anciennes carrières. Un sentier thématique de 2 km, jalonné de 11 panneaux d’information, permet de découvrir la réserve en y accédant par Lons-le-Saunier. Il est recommandé de suivre le tracé des chemins (marquage jaune) pour ne pas perturber la faune et la flore. Pour la même raison, les compagnons canins ne sont acceptés qu'en laisse. Attention, l’accès aux véhicules est réservé aux ayants droit. L’escalade et la chasse sont autorisées mais réglementées. Les facultés du konik polski Les konik polski, petits chevaux d'origine polonaise, pâturent sur la réserve depuis 1999 et sont utilisés pour leur capacité à maintenir le milieu ouvert. Alors qu'ils avaient déjà fait montre de leur utilité sur des réserves naturelles à caractère plus humide (la réserve naturelle nationale du lac de Remoray dans le Doubs et celle de l'Île du Girard dans le Jura), leur faculté d'adaptation et leur rusticité ont facilité la réussite de l'expérience sur pelouses sèches. C'est en hiver qu'ils sont utilisés car c'est à cette saison qu'ils sont le plus efficaces sur les repousses d’arbres et d'arbustes. Comparé au pastoralisme ovin, l'intérêt du konik est triple : une consommation régulière dans l'espace, une meilleure capacité à supporter la présence du public, une tendance à la nonconsommation des espèces à protéger (notamment les orchidées). 410, montée Gauthier-Villars - BP 320 39015 Lons-le-Saunier cedex Tél. 03 84 47 16 77 19 pelouses sèches “ Un des sites botaniques majeurs de Franche-Comté “ le CRÊT desROCHES Crêt des Roches Plateau de Mancy En projet depuis 1988 mais officiellement créée en 2000, cette réserve est située au-dessus d'une falaise calcaire dominant la vallée du Doubs et la ville de Pont-de-Roide. Le fort des Roches est inclus dans le périmètre de la réserve mais n'est pas soumis à réglementation. 42,5 hectares Commune de Pont-de-Roide (Doubs) : 39,5 ha Propriété privée : 3 ha En cours de désignation Société d'histoire naturelle du Pays de Montbéliard Musée du Château des ducs de Wurtemberg 25200 Montbéliard Tél : 03 81 37 35 24 Mairie de Pont-de-Roide 1, rue du Général Herr 25150 Pont-de-Roide Tél. 03 81 99 42 42 20 La réserve naturelle régionale du Crêt des Roches présente une mosaïque de milieux xérophiles originaux : pelouses, éboulis, chênaies pubescentes d'intérêt régional et hêtraies thermophiles. C'est un des sites botaniques majeur de la région en raison de la présence de nombreuses espèces relictuelles (voir encart ci-contre). On y trouve par exemple l'ibéride intermédiaire (Iberis intermedia), le daphné des Alpes (Daphne alpina), ainsi que l'unique station franc-comtoise de l'iberide des rochers (Iberis saxatilis). La grande qualité du patrimoine recensé a motivé son inscription au réseau européen des sites « Natura 2000 ».. Le site est libre d'accès. L’ancienne signalisation est en cours de rénovation. Le site souffre cependant de la surfréquentation liée à la visite du fort : piétinement au niveau des corniches, cueillette illicite, pénétration de véhicules en infraction ou encore pratique de l'escalade. Il faut savoir que le sol, peu épais, ne résiste pas au piétinement, entraînant ainsi la disparition des espèces liées à ce milieu. L’iberide des rochers Espèce relictuelle Une espèce relictuelle est par définition une espèce qui subsiste en marge de son aire de répartition suite au retrait de cette même espèce, pour des raisons climatiques le plus souvent. Le Crêt des Roches présente de nombreuses plantes dont l’installation remonte aux périodes inter et post glaciaires. L’iberide des rochers (Iberis saxatilis) en est un exemple. Son aire de répartition fractionnée est révélatrice de ce caractère relictuel. La surfréquentation du site ainsi que le comportement de certains promeneurs (cueillette et place à feu) ont provoqué une diminution des effectifs de cette espèce génétiquement isolée et de grande valeur patrimoniale. Escalade Les falaises et les corniches peuvent souffrir de la pratique de l’escalade : poses de pitons, "nettoyage" des voies et fréquentation perturbante pour certaines espèces (oiseaux). Au Crêt des Roches, une falaise est mise spécialement à disposition un jour par semaine pour la pratique de ce loisir (prendre contact avec la commune pour tout renseignement). Sur toutes les autres corniches, l’escalade est interdite. 21 LESVALLÉESALLUVIALES L’importance des vallées alluviales dans le paysage comtois est indéniable. L'espace qu'elles occupent a depuis longtemps été mis à profit par l’homme qui a installé des villages et exploité les ressources du milieu naturel. La richesse des sols et la douceur des topographies ont entraîné la conquête des plaines alluviales par l’agriculture au détriment des forêts. Les zones alluviales constituent des milieux semi-naturels remarquables mais fragiles où convergent et s'affrontent parfois intérêts économiques et intérêts environnementaux. Le lit majeur des rivières présente des conditions écologiques particulières liées au fonctionnement hydraulique de la vallée (inondations) et aux différentes propriétés des sols. Parmi les écosystèmes résultant de ce fonctionnement, on notera les prairies de fauche, peuplées d'une flore et d'une faune spécifiques. Pour la flore on notera par exemple la gratiole officinale (Gratiola officinalis) et le vulpin de Rendel (Alopecurus rendlei) tandis que pour la faune, ce sont des oiseaux comme le râle des genêts (Crex crex) ou le courlis cendré (Numenius arquata) qui retiennent l'attention. Les vallées alluviales représentent d'importants axes ou couloirs permettant la dispersion de nombreuses espèces tant animales que végétales. Elles constituent également des bassins de rétention naturels indispensables à la régulation des crues en aval. La préservation des ripisylves, des haies et des surfaces en herbe est une garantie pour la protection des terres agricoles, en freinant considérablement les effets de l'érosion des sols par le passage brutal des eaux de crues. Enfin, les zones humides constituent un élément important dans la régulation des climats et cela à diverses échelles. La fragilité de ces milieux est liée à leurs caractéristiques, qui unissent et rendent interdépendants chacun de ces éléments : forêts alluviales, prairies, fossés, bras morts, rivières et dépendances. Toute atteinte sur un secteur donné peut donc se répercuter en d'autres endroits, même éloignés. Les zones alluviales ont toujours été des secteurs particulièrement recherchés pour l'agriculture, du fait de l'apport régulier d'éléments nutritifs par les inondations et de l'abondante présence de l'eau. Les changements intervenus dans l'agriculture depuis cinquante ans ont eu pour effet de modifier considérablement les paysages alluviaux. Dans de nombreuses vallées, les labours, l'arasement des haies, le drainage mais aussi l'extraction de matériaux alluvionnaires et l'urbanisation ont provoqué une régression importante des milieux naturels. Les conséquences sont désastreuses : désordres hydrauliques parfois irréversibles (réduction de l'alimentation en eau des rivières et des zones humides), pollution, destruction du milieu aquatique, augmentation des inondations en aval, etc. 22 23 vallées alluviales “ Noue Rouge Bocage de Buthiers Basse vallée de la Savoureuse Une réserve au cœur de l’agglomération Montbéliardaise “ la BASSE VALLÉEde laSAVOUREUSE Cette réserve s'intègre au sein du lit majeur de la Savoureuse, en amont de l'agglomération de Montbéliard. Ce site forme un complexe alluvial composé d'annexes fluviales, de prairies inondables et de forêts riveraines, associé à des gravières de taille modeste. L'arrêté constitutif de la réserve a été signé en 2000. Un projet d'arrêté préfectoral de protection de biotope sur un périmètre plus large est en cours d'élaboration. 35 hectares Communauté d'agglomération du pays de Montbéliard (Doubs) Communauté d'agglomération du pays de Montbéliard Communauté d’agglomération du pays de Montbéliard 8, avenue des Alliés – BP 98407 25208 Montbéliard cedex Tél : 03 81 31 88 88 24 Cette réserve est implantée au sein d’une vallée alluviale ayant subi de fortes dégradations : infrastructures routières, voie fluviale, industrialisation, extraction de granulats, urbanisation du lit majeur. Elle constitue ainsi une enclave de nature en contexte fortement urbanisé. La réserve joue également un rôle fonctionnel important pour l’étalement des crues, la restitution des eaux en période sèche et l’épuration des eaux. Sans oublier la valeur écologique de la forêt alluviale ainsi que l’intérêt ornithologique de la zone (nidification, halte migratoire, hivernage). Parmi les espèces les plus remarquables du site, citons un papillon, le cuivré des marais (Lycaena dispar) et un oiseau, le pic-cendré (Picus canus). Cette zone naturelle périurbaine subit une importante fréquentation humaine, l’enjeu majeur consiste donc à maîtriser les visites. Des panneaux d’accueil rappelant la réglementation en vigueur et des bornes matérialisent le périmètre de la réserve. Afin de ne pas nuire aux espèces sensibles, il faut absolument éviter de pénétrer sur les zones hors sentiers... Forêt alluviale Grâce à leurs caratéristiques architecturales (jusqu’à huit niveaux de végétation) et à l’abondance de leurs ressources, les forêts alluviales abritent une faune et une flore très diversifiées et souvent remarquables. C'est dans ce type de forêt que l'on peut observer de nombreuses lianes telles que la clématite, le houblon ou la très rare vigne sauvage. Cet écosystème forestier compte parmi les plus originaux d’Europe occidentale. Victimes de la concurrence avec l'agriculture, du développement mal contrôlé de l’urbanisation et des activités de loisirs, elles ont dramatiquement régressé au point de n’être aujourd’hui concentrées que dans quelques vallées ; on parle de forêts alluviales résiduelles. De ce fait, elles font désormais partie des habitats naturels dont la protection est prioritaire en Europe. 25 vallées alluviales “ Noue Rouge Bocage de Buthiers Basse vallée de la Savoureuse La rencontre de deux vallées “ le BOCAGE deBUTHIERS La réserve se situe à cheval sur les départements de la Haute-Saône et du Doubs. Elle concerne essentiellement la partie aval de la vallée de la rivière Buthiers jusqu’à sa confluence avec l’Ognon, dont elle intègre également un tronçon de vallée. Au centre de la réserve se trouvent un étang de 4 hectares ainsi que le château et son parc, tous deux classés monuments historiques. Créée en 1982, c’est la plus ancienne réserve de Franche-Comté. 136,4 hectares M. J.P. de Scey-Montbéliard (Doubs) M. J.P. de Scey-Montbéliard Château de Buthiers 2, rue de l’Église 70190 Buthiers Tél : 03 81 56 80 89 CPIE* de la Vallée de l’Ognon Maison de la nature de Brussey 70150 Brussey Tél : 03 84 31 75 49 [email protected] 26 * Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement) La réserve est composée du parc du château de Buthiers et d'une importante surface de forêts alluviales. Il représente une zone de quiétude dans la vallée de l’Ognon pour les oiseaux d’eau en période de chasse, de migration et d’hivernage. La richesse ornithologique a cependant beaucoup diminué entre 1985 et 1995, mais s'est stabilisé depuis. L’étang est accessible depuis la départementale 31 menant au village. L’accès au reste de la réserve est limité à des groupes encadrés. Les visites sont animées par la Maison de la nature de Brussey (public adulte et enfant). Cependant, les visiteurs individuels peuvent sans autorisation particulière traverser la réserve sur plus d'un kilomètre en empruntant le cours de l'Ognon (en bateau sans moteur) du village de Buthiers au village de Voray-sur-l'Ognon. Seul le débarquement est interdit. Le cincle plongeur (Cinclus cinclus) Celui que l’on nomme parfois le « merle d’eau » est l’hôte des cours d’eau peu profonds et des ruisseaux à eaux vives. Sa technique de chasse est des plus originales pour un passereau. En effet, il nage sous l’eau à l’aide de ses ailes et peut marcher au fond en remontant le courant à la recherche de larves d’invertébrés aquatiques qu’il déniche sous les pierres. Un fois remonté à la surface, il se poste sur une pierre émergée et salue d’invisibles admirateurs de quelques « révérences » avant de plonger à nouveau à la recherche de nourriture… 27 vallées alluviales “ “ la NOUEROUGE Noue Rouge Bocage de Buthiers La Saône rencontre la Lanterne Basse vallée de la Savoureuse Cette réserve, créée en 1998, est constituée d’une zone inondable située en rive gauche de la Saône (entre Port d’Atelier et Conflandey) à proximité de sa confluence avec la Lanterne. Elle s’insère dans la vaste plaine alluviale de la Saône et est composée essentiellement de prairies humides et de cariçaies. Ce type de végétation présente un grand intérêt biologique et notamment ornithologique. Cette réserve fait partie des secteurs les moins dégradés du Val de Saône, victime de nombreuses atteintes dues entre autres à l’agriculture intensive, à l’urbanisation et à l’extraction de granulats alluvionnaires. Elle présente un intérêt majeur en matière d’ornithologie avec la présence du vanneau huppé (Vanellus vanellus), du courlis cendré (Numenius arquata) ou encore du râle d’eau (Rallus aquaticus). Les secteurs les plus humides de la réserve hébergent des espèces végétales rares et/ou protégées telles que la stellaire des marais (Stellaria palustris) et l'hydrocharis des grenouilles (Hydrocharis morsus ranae). L’accès à la réserve est fortement réglementé et ne prévoit pas l’accueil du public, sauf pour les ayants droit. En conséquence, aucune signalisation ne balise la réserve. Val de Saône La Saône est une rivière de 480 km, qui prend sa source dans les Vosges et se jette dans le Rhône à Lyon. Sa plaine alluviale, vaste zone d’expansion des crues, constitue la zone humide la plus étendue du bassin Rhône Méditerranée - Corse. D’une richesse écologique remarquable, les milieux naturels du Val de Saône ont été et sont encore victimes de nombreuses atteintes. Changements des pratiques agricoles traditionnelles liées à la culture extensive de l'herbe au profit des cultures intensives (retournement et drainage pour la culture des céréales, fauche précoce des prairies), extraction de granulats alluvionnaires, rectifications et modifications hydrauliques des cours d'eau de tête de bassin, pollutions diverses sont autant d’atteintes qui déséquilibrent la rivière. Diverses mesures sont en cours d’élaboration sur tout le bassin versant pour préserver et restaurer cette vallée. C'est notamment l'un des plus vastes sites Natura 2000 de Franche-Comté. Le contrat de vallée inondable Saône est également mis en œuvre depuis 2005. 64,5 hectares M. Daniel Pfeffer 14, bis avenue de Plessis 49110 Chaudron-en-Mauges M. Daniel Pfeffer 28 29 LESTOURBIÈRES Parmi les milieux qui contribuent à la diversité des paysages francs-comtois, les tourbières ont une place de premier ordre et une valeur patrimoniale inégalée aussi bien sur le plan scientifique qu'esthétique. Un recensement réalisé au cours des années 1990 a révélé l'existence de 361 tourbières pour une surface de 2 800 hectares (0,17 % du territoire régional). Il existe deux ensembles très distincts, correspondant essentiellement aux deux massifs montagnards de la région : les Vosges comtoises (108 sites) et le Jura (253 sites). Il s’agit de milieux dont l’histoire est très ancienne puisque leur origine remonte aux périodes froides du quaternaire. Ils constituent de véritables témoins et archives des temps passés. Une tourbière est une zone humide particulière, peuplée par une végétation adaptée à des conditions de vie contraignantes. L'absence d'oxygène, liée à la permanence de l'eau et à la pauvreté du milieu, ne permet pas le développement des micro-organismes qui décomposent habituellement la matière organique. En conséquence celle-ci s'accumule et forme alors un sol spécifique : la tourbe. Plusieurs végétaux peuvent la constituer mais aucun n'atteindra l'efficacité des sphaignes. Ces bâtisseuses de tourbières sont des mousses qui croissent indéfiniment par leur extrémité supérieure tandis que leur extrémité inférieure périt et s'accumule au fil des ans. La couche ainsi formée peut atteindre plusieurs mètres d'épaisseur et finit par former un bombement caractéristique. Les sphaignes sont capables de stocker jusqu'à 30 fois leur propre poids en eau. Hormis les sphaignes, les plantes adaptées à ces conditions de vie sont peu nombreuses, mais spécifiques, ce qui en fait toute la valeur. Parmi les adaptations les plus spectaculaires, l'alimentation partiellement carnivore de certaines plantes retient l'attention et frappe l'imagination. Charles Darwin, l'inestimable scientifique, leur a d'ailleurs consacré un ouvrage. Les rossolis, ou Drosera par leur nom scientifique, font partie de cette catégorie peu commune dans le monde végétal. Ces plantes attirent, capturent, décomposent et assimilent les nutriments, en particulier l'azote, que contiennent leurs proies, de petits insectes. D'autres végétaux, de la famille des bruyères (canneberge, andromède, myrtilles) ont choisi la vie en symbiose avec des champignons pour subsister. Des espèces animales sont également spécifiques aux tourbières. Par exemple, le nacré de la canneberge (Boloria aquilonaris) est un papillon très rare dont la chenille se nourrit exclusivement de la canneberge, l'une des cinq espèces de myrtilles que l'on rencontre dans la région. 30 31 tourbières “ Un des sites phares du patrimoine naturel franc-comtois “ les TOURBIÈRES deFRASNE Frasne Seigne des Barbouillons Avec ses 154 hectares, la réserve naturelle des tourbières de Frasne est la Bief de Nanchez plus vaste des réserves naturelles régionales de Franche-Comté. Créée en 1986, elle se compose de trois ensembles : le complexe tourbeux du Forbonnet, largement boisé avec de belles zones de hauts marais ainsi que les Levresses et le marais de l'Ecouland, tous deux constitués de hauts marais, de bas marais et de prairies paratourbeuses. 160,70 hectares Commune de Frasne (Doubs) Communauté de communes du plateau de Frasne et du Val du Drugeon Communauté de communes du plateau de Frasne et du Val du Drugeon Mairie – 25560 Frasne Tél : 03 81 49 88 84 32 L’importance de son patrimoine écologique est d’ordre international car on y recense plus de 25 espèces végétales protégées. La plus emblématique est sans aucun doute le saxifrage œil-de-bouc (Saxifraga hirculus) qui est présent dans seulement trois localités franccomtoises. Ces stations constituent l'ensemble de la population française connue aujourd'hui. Les oiseaux, tels que le courlis cendré (Numenius arquata) ou la bécassine des marais (Gallinago gallinago) ainsi que les insectes avec notamment la leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) sont également remarquables. Différents suivis scientifiques sont en cours actuellement. La Réserve naturelle régionale des tourbières de Frasne illustre bien l'intérêt écologique de la vallée du Drugeon. En atteste l'inscription de cette vallée en 2003 au réseau des sites RAMSAR, rassemblant les zones humides les plus remarquables de la planète. Elle appartient également au réseau de sites Natura 2000. Un sentier de découverte sur pilotis, d'environ 800 mètres, a été aménagé sur la zone du Forbonnet, et des tables d’interprétation expliquent l’intérêt de la conservation des tourbières. L’accès en dehors du sentier est interdit. Bon à savoir... Le site accueille tous les 3e dimanches de juillet la fête des « tireurs de tourbe ». Grain de pollen de sapin (Abies sp.) au microscope Palynologie L’apport des tourbières est primordial dans le domaine de la reconstitution des climats. Les conditions physicochimiques qui règnent dans ces milieux permettent la conservation des pluies de pollen qui s'y déposent depuis des milliers d’années. On peut ainsi établir, au fil des couches consécutives, la succession des différents peuplements végétaux pour une région donnée. Connaissant les conditions écologiques permettant le développement de ces communautés végétales, il est alors possible de reconstituer les paramètres climatiques d’une époque donnée. 33 tourbières “ Un statut de protection démonstratif “ les TOURBIÈRES duBIEFdeNANCHEZ Située au sein du parc naturel régional du Haut-Jura, la réserve naturelle régionale des tourbières du Bief de Nanchez se situe à cheval sur les territoires communaux de Prénovel et de Grande-Rivière, à une altitude de 880 mètres. Elle regroupe un ensemble de trois tourbières (Cotat-Bossu, Prénovel de Bise et l’Arête) regroupées dans une combe, où coule le Bief de Nanchez et le Bief de Trémontagne. Elle a été créée en 1992. 28 hectares Commune de Grande-Rivière (Jura) : 8,50 ha Commune de Prénovel : 9,6 ha Association foncière de Prénovel : 2,4 ha 23 propriétaires privés : 7,5 ha Parc naturel régional du Haut-Jura Parc naturel régional du Haut-Jura Cette tourbière présente un intérêt écologique élevé en ce qui concerne la flore avec notamment la présence de la laîche cespiteuse (Carex cespitosa), espèce à très fort intérêt patrimonial et dont les effectifs sont assez faibles. Elle est également très intéressante sur le plan entomologique, avec la présence de deux espèces de papillons strictement liées aux tourbières: le solitaire (Colias palaeno) et le nacré de la canneberge (Boloria aquilonaris). Le statut de réserve a permis de définir des orientations de gestion et de conduire une étude plus fine du milieu. Bien qu'elle n'ait pas été trop endommagée par le passé, des travaux de restauration ont été engagés sur la tourbière: colmatage des rares drains présents et abattage des épicéas qui devenaient envahissants. La protection du site a servi d'exemple et a influencé les orientations en matière d’aménagement du territoire (restauration du Bief de Nanchez en 1998). La mise en réserve du site a également pu répondre à une importante demande en matière de fréquentation scolaire et touristique. La tourbière est équipée depuis 1994 d’un sentier d’interprétation sur plancher de bois, accompagné de panneaux d’information. Ce sentier est accessible depuis le centre du village de Prénovel où démarre la signalisation de la réserve. Possibilité de stationner sur la place de l'Église. Le nombre actuel de visiteurs est de 8 000 à 9 000 par an (système de comptage automatique). L' inféodé solitaire (Colias palaeno) Grand papillon jaune vif, le solitaire (Colias palaeno) a élu domicile dans les tourbières. Très rare en France, il est menacé par la destruction de ses biotopes. En effet, les espèces inféodés aux tourbières sont toutes dépendantes de certaines plantes spécifiques des habitats humides, au stade chenille (plante hôte) puis au stade adulte (plante nectarifère). Ainsi, maintenir les espèces remarquables de papillons des zones humides nécessite de préserver leur habitat. Pour le solitaire, la ponte et le développement des chenilles se font essentiellement sur l’airelle des marais (Vaccinium uligosum). Maison du Haut-Jura 39310 Lajoux Tél : 03 84 34 12 30 [email protected] 34 35 tourbières “ Une véritable archive naturelle “ laSEIGNE desBARBOUILLONS Cette réserve naturelle régionale, créée en 1987, est une tourbière représentative du massif jurassien, dans laquelle on peut observer la Frasne Seigne des Barbouillons Bief de Nanchez plupart des stades dynamiques de ce type d' écosystème. Elle forme un îlot compact, isolé, sur la commune de Mignovillard. Historiquement, c’est la première réserve naturelle régionale du département du Jura. 14,6 hectares Commune de Mignovillard (Jura) : 11,7 ha Propriété privée : 2,9 ha Association de la réserve naturelle « La Seigne des Barbouillons » Association de gestion de la Seigne des Barbouillons Mairie - 39250 Mignovillard Tél. 03 84 51 31 03 [email protected] 36 Cette tourbière est considérée comme un exemple type de tourbière jurassienne, et constitue pour les scientifiques un « témoin » de l’évolution des tourbières. Elle présente, entre autres, un très fort intérêt sur le plan entomologique : c’est un des sites majeurs de la région en ce qui concerne les papillons de jour. Les espèces présentes ont pour la plupart un statut de protection nationale comme par exemple le cuivré de la bistorte (Helleia helle) et le nacré de la canneberge (Boloria aquilonaris). Les libellules ne sont pas en reste avec la rare aeshne subarctique (Aeshna subarctica) qui est un exemple d'espèce relictuelle (voir encadré page 21). Il n’y a pas de chemin d’accès au site, car les visites ne sont pas souhaitées, dans l’intérêt de la conservation de la tourbière. Toutefois, des visites animées par l’association gestionnaire sont conduites sur la proche réserve de Frasne, n’hésitez pas à la contacter si vous êtes intéressé… Assèchement d'une tourbière par le drainage Menaces sur les tourbières ! Les tourbières, comme beaucoup de zones humides, ont supporté d'importantes et continuelles dégradations découlant des activités humaines. Autrefois considérées comme des endroits malsains et inutiles, elles ont fait l'objet de nombreuses tentatives pour les rendre "utiles" : drainages, boisements, décharges, créations d'étangs, etc. Elles ont alors subi des dommages irréversibles qui ont parfois entraîné leur disparition pure et simple. La plupart des tourbières, surtout dans le massif jurassien, ont également été exploitées artisanalement jusqu'au début des années cinquante pour la tourbe qui était utilisée comme combustible pour le chauffage. Une prise de conscience a eu lieu depuis quelques années et d'importants programmes de conservation des tourbières ont été lancés. 37 GLOSSAIRE Arthropodes > terme désignant les animaux invertébrés possédant un squelette externe et des appendices articulés comme les crustacés, les insectes ou les araignées. Les arthropodes représentent la classe la plus nombreuse avec quelque 875 000 espèces connues. Bas marais > type d'habitat caractéristique des zones humides alimentées par des eaux qui ont circulé au contact du sol et qui sont de ce fait plus ou moins chargées en minéraux. Cariçaies > BIBLIOGRAPHIE Haut marais > type d'habitat caractéristique des zones humides alimentées exclusivement par les eaux de pluie et qui sont de ce fait très pauvres en minéraux (oligotrophes). Inféodé > qui ne vit exclusivement que dans un certain milieu. Lit majeur > espace situé entre le lit mineur et la limite de la plus grande crue répertoriée d’un cours d’eau. groupement végétal de milieux humides dominé par des espèces du genre Carex, également appelée laîche en français. Lit mineur > Cavernicole > Milieu ouvert > organisme vivant dans les grottes, les cavernes, ou utilisant les cavités des rochers et des arbres pour s’abriter ou se reproduire. Chiroptères > chauves-souris. L'ordre des chiroptères est le deuxième des mammifères en nombre d'espèces (près de 950), derrière celui des rongeurs. Culture extensive > exploitation impliquant l’utilisation minimum de pesticides et d’engrais ainsi que des chargements en animaux faibles. Drainage > création de fossés pour évacuer l'eau en dehors de terrains trop humides. Entomologie > partie de la zoologie qui lit occupé en permanence, délimité par des berges. milieu caractérisé par une prédominance des plantes herbacées et la quasi-absence des ligneux. La prairie est l'exemple type des milieux ouverts. Milieu fermé > par opposition au milieu ouvert, il est caractérisé par la prédominance des végétaux ligneux (arbres et arbustes). La forêt est l'exemple type des milieux fermés. Ornithologie > partie de la zoologie qui traite des oiseaux. Prairie paratourbeuse > un milieu est paratourbeux lorsque l'épaisseur de tourbe dans le sol est plus faible que dans une tourbière (moins de 40 cm de tourbe d'épaisseur). Ressaut > masse rocheuse faisant saillie et rompant une surface plane. traite des insectes. Espèce xérophile > se dit pour une espèce tolérant ou même recherchant les milieux secs. Elle est capable de vivre dans les lieux secs et arides en ne bénéficiant parfois que d'apports hydriques très espacés. 38 Ripisylve > bordure boisée des cours d’eau. Thermophile > se dit d’un organisme recherchant la chaleur. Toutes les espèces à affinités méditerranéennes que l'on rencontre en Franche-Comté sont thermophiles. Ouvrages Sites internet André M., Blanchard O., Le Pennec C. 2002. La flore de la montagne jurassienne. URCPIE / Néo éditions. 361 pages. > Site du Conseil régional de Franche-Comté : http://www.cr-franche-comte.fr André M., Moingeon J.-M. 2005. Les champignons de la montagne jurassienne. URCPIE / Néo éditions. 366 pages. Chauve P. 1975. Guides géologiques régionaux Jura. Paris, Masson & Cie Éditeurs. 216 pages. Ferrez Y., Prost J.-F., André M., Carteron M., Millet P., Piguet A. & Vadam J.-C. 2001. Atlas des plantes rares ou protégées de Franche-Comté. Besançon, Société d'horticulture du Doubs et des amis du jardin botanique / Turriers, Naturalia Publications. 312 pages. Michelat D., Duquet M., Tissot B., Lambert J.-L., Beschet L., Pépin D. 2003. Les oiseaux de la montagne jurassienne. URCPIE / Néo éditions. 368 pages. Michelat D., Roué S., Pépin D., 2005. Les mammifères de la montagne jurassienne. URCPIE / Néo éditions. 183 pages. Vergon J.-P., Craney E., Pinston H., Hérold J.-P. 2005. Les poissons amphibiens et reptiles de la montagne jurassienne. URCPIE / Néo éditions. 183 pages. > Site de la Maison régionale de l’environnement de Franche-Comté : http://mre-fcomte.fr > Site de « Réserves naturelles de France » : http://www.reserves-naturelles.org > Site de la Diren : http://www.franche-comte.environnement.gouv.fr > Site du Pôle relais tourbière : http://www.pole-tourbieres.org > Site de la CPEPESC (Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères) : http://cpepesc.free.fr > Site du service public de la diffusion du droit : http://www.legifrance.gouv.fr Coordination : Conseil régional de Franche-Comté et Espace naturel comtois Auteurs principaux : Emmanuelle Roux, Elvina Bunod, Sylvain Moncorgé, Pascal Collin Contribution : Les gestionnaires des Réserves naturelles régionales de Franche-Comté Conception : Impression : Imprimerie Simon Crédits photographiques : M. André (p 2, p 21) ; P. Collin – ENC (p 6, p 24, p 25, p 28, p 29, p 30, p 32, p 35, p 36) ; CPEPESC (p 8, p 10, p 12, p 13, p 14, p 15) ; L. Delafollye – ENC (p 16, p 18) ; D. Delfino (p 20, p 22, p 24, p 27) ; B. Dupont (p 26) ; ENC (p 2, p 6, p 37) ; D. Malécot (p 19) ; S. Moncorgé – ENC (p 34) ; F. Schwaab (p 11) ; Laboratoire de Chrono-écologie Besançon (p 33). 39