Précieux
Des havres de diversité
Vulnérables
Les effets du changement climatique
Vitaux
Une responsabilité partagée
Les territoires d’outre-mer s’expriment
Le Message de l’île de la Réunion
En 2008, l’UICN a organisé, en partenariat avec le
gouvernement français et le Conseil Régional de
l’île de la Réunion, la première conférence sur les
territoires d’outre-mer de l’Union européenne. À cette
occasion, tous les territoires d’outre-mer de l’UE, leurs
gouvernements, la Commission européenne, des experts et la société
civile étaient réunis pour la première fois dans l’objectif de mettre en place
une stratégie et un plan d’action communs pour lutter contre la perte de la
biodiversité et les effets du changement climatique.
À la suite de cet évènement, le Message de l’île de la Réunion a été adopté,
proposant une série d’actions concrètes pour protéger la biodiversité, les
économies et la pluralité des modes de vie des territoires d’outre-mer.
Une nouvelle ère
Le Programme de l’UICN pour les territoires d’outre-mer de
l’Union européenne
En mai 2010, l’UICN a lancé, avec le soutien du gouvernement français,
le Programme pour les régions ultrapériphériques et les territoires et pays
d’outre-mer de l’Union européenne afin de faire avancer la mise en œuvre
du Message de l’île de la Réunion. Les objectifs du Programme sont :
• D’accroître, au sein de l’Union européenne et de la communauté
internationale, la prise de conscience sur le problème de la
biodiversité et du changement climatique dans les territoires d’outre-
mer de l’Union européenne, afin de faciliter l’intégration de ce point
dans les politiques et programmes ;
• De promouvoir activement la collaboration dans les régions où ces
territoires d’outre-mer sont situés ;
• De renforcer les capacités des territoires d’outre-mer dans le
domaine de la conservation de la biodiversité et de l’adaptation au
changement climatique.
Actuellement, l’UICN travaille sur :
• L’établissement de mécanismes pour faciliter l’échange
d’informations, le dialogue, la coordination et les contributions aux
politiques et programmes européens ;
• La rédaction d’analyses stratégiques à destination des futurs
programmes et politiques européens et internationaux ; et
• La réalisation d’études techniques de diagnostic pour présenter
l’état de la conservation de la biodiversité et de l’adaptation au
changement climatique, qui serviront de base aux activités et à la
collaboration régionale.
Dispersés aux quatre coins du monde, abritant une grande diversité
d’espèces et d’écosystèmes, les territoires d’outre-mer de l’Union
européenne revêtent une importance cruciale pour la biodiversité mondiale.
Ces territoires :
• Sont situés dans les Points chauds de biodiversité (Caraïbes,
Océanie, Océan Indien occidental) ;
• Sont situés dans les plus vastes zones de nature sauvage (Plateau
des Guyanes) ; et
• Incluent des régions critiques pour les écosystèmes polaires et
les stocks halieutiques (Géorgie du Sud, Groenland, Îles Falkland
(Malouines),Terres australes et antarctiques françaises).
Les territoires d’outre-mer de l’UE abritent plus d’espèces animales et
végétales endémiques que toute l’Europe continentale, et plus de 20%
des récifs coralliens et des lagons du monde. À elle seule, la Nouvelle-
Calédonie abrite environ autant d’espèces endémiques que le continent
européen tout entier, et la Guyane française est recouverte de forêt
tropicale amazonienne équivalente en superficie au Portugal.
Aujourd’hui, l’UICN reconnaît l’importance cruciale de la biodiversité des
territoires d’outre-mer de l’Union européenne, et l’inclut davantage dans
ses programmes régionaux, européens et mondiaux.
La richesse naturelle des territoires d’outre-mer de l’Union européenne
est extrêmement vulnérable aux effets du changement climatique et
de l’activité humaine comme la destruction des habitats, l’invasion des
espèces exotiques, la surexploitation des ressources naturelles ou
la pollution. Les territoires d’outre-mer de l’UE subissent les mêmes
pressions environnementales que les autres pays de leur région.
Les impacts du changement climatique sur les écosystèmes marins et
terrestres peuvent inclure :
• Une augmentation des températures, provoquant un blanchiment
des coraux et une perte des écosystèmes coralliens ;
• Une aggravation des tempêtes tropicales, provoquant une plus
grande érosion des côtes et des plages, une disparition des
principaux écosystèmes côtiers comme les mangroves et l’extinction
des espèces qui y vivent ;
• Des variations de températures et de précipitations, provoquant une
disparition des espèces animales et végétales ne vivant que dans les
forêts sensibles au climat ou les latitudes polaires ;
• Une invasion d’espèces exotiques car les écosystèmes deviennent
plus accueillants ou perdent leurs barrières naturelles, comme cela
s’est produit dans les régions polaires.
Les territoires d’outre-mer de l’Union européenne permettent donc de
visualiser les impacts possibles du changement climatique sur la biodiversité
mondiale, et d’évaluer leur ampleur sur la plupart des écosystèmes
mondiaux et sur une grande variété de groupes taxonomiques.
La grande biodiversité et les services écosystémiques des territoires d’outre-
mer de l’Union européenne, internationalement reconnus, représentent plus
que de simples actifs pour les populations et les économies locales – ils
apportent à l’Union européenne un héritage culturel et naturel unique, et
libèrent des opportunités économiques et stratégiques considérables.
La situation géographique des territoires d’outre-mer de l’Union
européenne permet d’analyser les effets du changement climatique sur
une grande variété d’écosystèmes dans le monde. En effet, les régions
où sont situés les territoires d’outre-mer de l’UE seront parmi les premières
touchées par le changement climatique. Mais elles pourraient également
être parmi les premières à s’adapter à ses effets et à mettre en œuvre des
réponses innovantes.
Parmi les mesures efficaces de lutte contre le réchauffement climatique,
l’adaptation basée sur les écosystèmes privilégie l’entretien des
écosystèmes et des services écosystémiques pour réduire la vulnérabilité
aux variations et au changement climatiques. De plus, des écosystèmes
sains sont essentiels pour garantir les moyens d’existence et l’assise
économique des communautés locales des territoires d’outre-mer de
l’Union européenne.
Voilà les raisons pour lesquelles l’Union européenne, les États Membres
européens et les territoires d’outre mer doivent jouer un rôle essentiel pour
affronter l’une des priorités les plus importantes du 21
ème
siècle – la gestion
des interactions entre la biodiversité, les services écosystémiques, le
changement climatique et les communautés humaines.
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