Les anniversaires sont autant d’occa-
sions de dresser des bilans ou de réé-
chir à son avenir. Ainsi le 175e anniver-
saire des CJBG, en 1992, permit de dessiner
un tableau du devenir des Jardins bota-
niques. Dans l’exercice de synthèse nale,
Vernon Heywood, alors président du BGCI,
annonçait la signature prochaine de la
Convention sur la Diversité Biologique, et
la nécessité pour les Jardins botaniques
de se positionner par rapport à ces nou-
veaux objectifs, notamment en termes de
conservation in situ et ex situ. Face à la
transformation du paysage par l’Homme,
il prédisait qu ’ « à l’avenir, la conserva-
tion ne se fera plus dans des zones proté-
gées au sens formel ». Bien qu’il pensât que
les réintroductions d’espèces ne seraient
qu’un pis-aller, il afrmait pourtant que
« les jardins botaniques ont un rôle impor-
tant à jouer dans les essais de réintroduc-
tion d’espèces, et dans la restauration, la
conservation et l’aménagement d’habi-
tats, ceci représentant leur part à l’adop-
tion d’une stratégie intégrée de la conser-
vation de la biodiversité ». Il érigeait en
principe la nécessité de collaborer entre
Jardins botaniques. Concernant la rela-
tion avec le public, il parlait d’un « remode-
lage complet » des Jardins botaniques, an
qu’ils puissent lui offrir des « loisirs et des
valeurs spirituelles ».
Rodolphe Spichiger, alors directeur des
CJBG, insistait sur la disparition de l’en-
seignement de la botanique systéma-
tique classique à l’Université, au prot
des sciences moléculaires. Il constatait
que cette fonction était de fait reprise par
les Jardins botaniques, la qualiant de
« science élémentaire permettant, entre
autres, aux Jardins botaniques de fonction-
ner. » Concernant les missions des Jardins
botaniques, il constatait que « s’il est
vrai que les Conservatoire et Jardin bota-
niques de Genève ont une mission d’édu-
cation et de conservation du milieu natu-
rel, ils n’ont pas été démis pour autant de
leurs anciennes missions traditionnelles :
conservation des collections (herbier et
bibliothèque), recherche (monographies,
ores), enseignement universitaire ». Et de
dresser un bilan inquiétant : « les tâches
d’un jardin botanique comme celui de
Genève sont devenues tellement multiples
qu’elles deviennent concurrentielles entre
elles ». La seconde partie de sa conclusion
consistait en une série de propositions de
collaboration, celles-ci essentiellement
basées sur des apports nanciers prove-
nant d’autres administrations, ou des col-
laborations avec des ONG, les CJBG agis-
sant en tant qu’experts.
Augustin-Pyramus de Candolle, en fon-
dant le Jardin botanique en 1817, poursuit
trois buts : enseigner, rechercher, acclima-
ter. C’est ce que vont faire tous ses succes-
seurs, avec plus ou moins de bonheur. Du
côté des collections, elles croissent rapi-
dement, puisqu’en l’espace de 200 ans,
elles ne vont cesser d’intégrer les CJBG
pour atteindre ce jour une estimation d’en-
viron 6 millions d’échantillons pour l’her-
bier et l’une des bibliothèques les plus
complètes au monde en botanique systé-
matique. La qualité de la recherche effec-
tuée à Genève associée à une stabilité
politique, des conditions de conservation
remarquables et l’assurance que ces col-
lections seront toujours disponibles pour
la recherche vont favoriser ces apports. Il
faut attendre le 150e anniversaire pour que
Jacques Miège intègre un parc aux biches.
Mais c’est sous l’impulsion de Gilbert
Bocquet dans les années quatre-vingt que
l’ouverture au public se fera de manière
irréversible, notamment avec ses fameuses
Editorial
31817-2017 – Célébration du bicentenaire – FV N°47