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Descartes et la médecine
1. Statut de la médecine, le corps et l’âme, le
dualisme, le mécanisme
2. Les connaissances médicales de Descartes
et son projet d’une médecine certaine
3. L’exemple du vieillissement
1. Le statut de la médecine selon
Descartes
« Ainsi toute la philosophie est comme un arbre
dont les racines sont la métaphysique, le tronc
est la physique, et les branches qui sortent de ce
tronc sont toutes les autres sciences, qui se
réduisent à trois principales, à savoir la
médecine, la mécanique, et la morale ».
Descartes. Lettre Préface aux principes de la
philosophie, ed. Gf-Flammarion, 1996, p. 74.
Présence de la médecine dans l’œuvre
de Descartes
« J’ai résolu de n’employer le temps qui me reste à vivre à
autre chose qu’à tâcher d’acquérir quelque connaissance
de la nature, qui soit telle qu’on en puisse tirer des règles
pour la médecine plus assurées que celles qu’on a eues
jusqu’à présent ». Discours de la méthode (1637), AT, VI,
78.
Référence à Œuvres de Descartes, éd. C. Adam et P.
Tannery, rééd. Paris, Vrin, Cnrs, 1969, 11 volumes.
- Découverte de Harvey : circulation sanguine
- Descriptions anatomiques de l’œil et vision
- Excerpta Anatomica. Description du corps humain.
Traité de l’homme.
Descartes : dualisme et interactions
âme / corps
- La distinction de l’âme et du corps :
« Les choses que l’on conçoit clairement et distinctement
être des substances différentes, comme l’on conçoit
l’esprit et le corps, sont en effet des substances diverses,
et réellement distinctes les unes des autres ». Abrégé des
méditations, AT, IX-1, 10.
« L’esprit dépend si fort du tempérament et de la
disposition des organes du corps, que, s’il est possible de
trouver qq moyen qui rendre les hommes plus sages et
plus habiles qu’ils n’ont été jusqu’ici, je crois que c’est
dans la médecine qu’on doit le chercher ». Discours, AT,
VI, 62, 15-20.
Le corps comme machine ?
« … ceux qui sachant combien de divers automates,
ou machines mouvantes, l’industrie des hommes
peut faire, à comparaison de la grande multitude
des os, des muscles, des nerfs, des artères, des
veines et de toutes les autres parties qui sont dans
le corps de chaque animal, considèreront ce corps
comme une machine qui, ayant été faite des mains
de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée et
a en soi des mouvements plus admirables
qu’aucune de celles qui peuvent être inventées par
les hommes ». Discours de la méthode, 5e partie.
L’union de l’âme et du corps se vit plus
qu’elle ne se définit.
« C’est en usant seulement de la vie et des
conversations ordinaires, et en s’abstenant de
méditer et d’étudier aux choses qui exercent
l’imagination, qu’on apprend à concevoir l’union
de l’âme et du corps ». Lettre à Elisabeth, 28 juin
1643, AT III, 692.
L’exemple de la douleur. 6e Méditation.
2. Les connaissances médicales de
Descartes
- Situation de la médecine au XVIIe s : présence du galénisme mais
apparition aussi de théories rivales : médecine corpusculaire
(mécanisme), médecine chimique (Paracelse).
- A Mersenne, 20 février 1639 : « En effet, j’ai considéré non st ce
que Vésale et les autres écrivent de l’anatomie, mais aussi plusieurs
choses plus particulières que celles qu’ils écrivent, lesquelles j’ai
remarquées en faisant moi-même la dissection de divers animaux/
C’est un exercice où je me suis souvent occupé depuis 11 ans, et je
crois qu’il n’y a guère de médecine qui y ait regardé de si près que
moi ».
- « J’étudie maintenant en chimie et en anatomie tout ensemble, et
apprends tous les jours qqchose que je ne trouve pas dedans les
livres. Je voudrais bien être déjà parvenu jusques à la recherche des
maladies et des remèdes, afin d’en trouver un pour votre
érésipèle [infection de la peau] ». A Mersenne, 15 avril, 1630.
Le projet d’une science certaine et
d’un savoir utile
Le projet d’une médecine scientifique et rationnelle
Lettre à Mersenne du 15 avril 1630 : conseil donné
à Mersenne : prendre soin de lui « jusqu’à ce que je
sache s’il y a moyen de trouver une Médecine qui
soit fondée en démonstrations infaillibles, qui est ce
que je cherche maintenant ».
Discours de la méthode, 1637
La nécessité de l’expérience pour Descartes.
3. Vieillissement et prolongation de la
vie
Discours de la Méthode : « on se pourrait exempter
d’une infinité de maladies, tant du corps que de
l’esprit, et même aussi peut-être de
l’affaiblissement de la vieillesse ».
1648 : « Que la vie humaine puisse être prolongée
si nous en connaissions le mécanisme, il n’en fait
pas douter, puisque nous pouvons accroître et
prolonger la vie des plantes, etc. grâce à notre
connaissance de leur mécanisme, pourquoi donc ne
le pourrions nous pas aussi pour l’homme ? ».
La médecine de soi et la mort
prématurée de Descartes
« Il me semble qu’il n’y a personne, qui ait un peu
d’esprit, qui ne puisse mieux remarquer ce qui est
utile à sa santé, pourvu qu’il y veuille un peu
prendre garde, que les plus savants docteurs ne lui
sauraient enseigner ». Descartes à Newcastle, 1645.
1650. Mort de Descartes à Stockholm. « Il est mort
en Suède un fol qui disait qu’il pourrait vivre aussi
longtemps qu’il voudrait ». Gazette d’Anvers, 1650.
De la médecine vers la morale
Le but recherché : moins l’augmentation
quantitative de la durée de vue que
l’amélioration qualitative de notre vie terrestre.
Moins la prolongation de la vie que la
conservation de la santé.
L’action de l’âme : psychologie et
physiologie
Les pensées propices à la conservation de la santé :
« celle qui consiste en une forte persuasion et
ferme créance que l’architecture de notre corps est
si bonne que, lorsqu’on est une fois sain, on ne peut
pas aisément tomber malade, si ce n’est qu’on fasse
quelque excès notable, ou bien que l’air ou les
causes extérieurs nous nuisent ; et qu’ayant une
maladie, on peut aisément se remettre par la seule
force de la nature ». lettre de Descartes à Elisabeth
de juillet 1644.
Etude d’un cas particulier : la
mélancolie
Car « comme la santé du corps et la présence
des objets agréables aident beaucoup à l’esprit,
pour chasser hors de soi toutes les passions qui
participent à la tristesse . Ainsi réciproquement,
lorsque l’esprit est plein de joie, cela sert
beaucoup à faire que le corps se porte mieux, et
que les objets présents lui apparaissent
agréable ». A Elisabeth, Novembre 1646.
Conclusion
« L’un des points de ma morale est d’aimer la vie
sans craindre la mort ».
Descartes à Mersenne, 9 janvier 1639.
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