Notions / Concepts / Prise de vue
A. Que dois-je faire ? L’impératif catégorique du devoir. Kant le philosophe de la morale :
Chez Kant (1724-1804), le devoir est la nécessité d’accomplir une action par pur respect pour la loi morale,
c'est-à-dire indépendamment de toute inclination sensible ou affective (si on agit par amour ou par
compassion, on n’agit plus par devoir), et en faisant abstraction, même, de tous les objets de la faculté de
désirer, de tout plaisir, de toute fin, et spécialement de toute récompense ou châtiment attendu. Le devoir,
dans son principe est désintéressé.
Ainsi, celui qui ne ferait le bien que pour le plaisir de le faire, n’aurait aucune « valeur morale véritable » :
mieux vaut pour Kant dit ACS «un misanthrope vertueux, qui n’agit que par devoir, plutôt qu’un
philanthrope sympathique, qui n’agirait que par inclination ».
Le total désintéressement du devoir kantien se traduit par la formule suivante : Agis uniquement d’après la
maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle (impératif
catégorique).
Spinoza est le philosophe de l’éthique (Qu’est-ce qui est bon pour moi ?)
au sens où il place l’éthique au dessus de la morale (Qu’est-ce qui est mal ? ).
Serait-ce à dire que l’éthique pourrait se passer du devoir ?
B. Comment vivre ? La hiérarchisation des désirs. Spinoza le philosophe de l’éthique :
C’est principalement concernant les notions de désir et de plaisir que le devoir et la morale, tels que Kant
les conçoit, s’opposent le plus clairement à la vertu et àl’éthique, telles que les Anciens (notamment
Aristote) ou Spinoza (1632-1677)les pensaient.
La générosité, par exemple, est d’autant plus vertueuse pour Aristote ou Spinoza qu’on y prend davantage
de plaisir (contrairement à Kant, celui qui donne sans plaisir n’est pas généreux : c’est un avare qui se
force).
Même si l’on peut penser avec Spinoza que l’éthique est plus large que la morale et qu’elle l’inclut dès lors
que répondre à la question « Comment vivre ? » c’est aussi répondre à la question « Que dois-je faire ? »
alors que l’inverse n’est pas vrai, comment néanmoins pourrait-on se passer de la morale ?
De là, dit ACS, ce qu’on pourrait appeler une primauté de l’éthique qui ne saurait pour autant abolir la
morale (puisque la vertu, presque toujours fait défaut) ni même en tenir lieu.
Même si la morale n’est strictement bonne que pour les égoïstes, comment pourrait-elle ne pas l’être, peu
ou prou, pour nous tous ?
Kant est le philosophe de la morale au sens où il donne priorité au devoir
(que dois-je faire ?) en tant qu’impératif catégorique fait de commandements
et d’interdits qui résultent de l’opposition du Bien et du Mal.