L ’insuffisance cardiaque en 2008 Réadaptation et éducation B PIERRE Bureau national du groupe G.E.R.S. de la S.F.C. Centre de réadaptation I.R.I.S et 29 place Bellecour 35 ème FORUM MEDICAL LYONNAIS. 29/11/08 L’INACTIVITE PHYSIQUE • • • • • • • • Mortalité totale Mortalité CV Obésité, SM, diabète 2 HTA Cancers IRCO Dépression Ostéoporose, pathologies rhumatismales « LA VIE EST MOUVEMENT » Aristote (IVe siècle avant JC) PRESCRIRE L ’EXERCICE PHYSIQUE • Ne va pas de soi • Difficulté à modifier des habitudes de vie « incrustées depuis des lustres » (sédentarité) • « Y a qu ’à », « faut que », « tout de suite et toujours plus » • Le risque??? PARADOXE • Pheilippides à Athènes • DC subit: 1/45000 sportifs 1/7 millions heures de sport Marron B.J.JAMA 2006 • Risque d ’IDM lors d ’effort intense occasionnel: 2.4 à 107 selon niveau d ’entraînement • BEH No 33 du 2/09/08: 1.5%-900 000 accidents/an ACCIDENTS EN READAPTATION hours exercise arrests Death Haskell 1960-1978 1,6.106 30 / 106 9 / 106 Van Camp 1980-1984 2,3.106 9 / 106 1,3 / 106 Franklin 1982-1998 0,29. 106 6,8 / 106 6,8 / 106 SFC 2003 0,74. 106 1,3 / 106 0 L’INSUFFISANCE CARDIAQUE - Problème majeur de santé publique dans les pays développés - 5 millions aux U.S.A. (38 milliards de dollars - 23 pour l ’hospitalisation) - 500 000 en France (peut-être 1 million ?) - 120 000 nouveaux cas/an. 33000 DC/an. 50000 hospitalisations évitables/an - 2/3 des patients ont plus de 70 ans - Mortalité globale à 5 ans d’environ 50 % Même s’il existe un impact significatif en terme de morbimortalité des traitements médicaux (IEC à dose maximale tolérable, béta bloquant à dose maximale tolérable, diurétique à dose minimale +/- spironolactone +/- AA II +/antithrombotique) et électrique, la réadaptation est un complément largement sous utilisée Elle devrait faire partie du traitement de base améliorant autant les symptômes que les marqueurs pronostiques • La réadaptation n ’est pas que de la « VELOTHERAPIE » • Les services de réadaptation ne sont pas des « CLUBS DE GYM » LES INDICATIONS - Tous les insuffisants cardiaques en situation clinique stable, quels que soient l’étiologie et les traitements en cours, aux stades II et III NYHA. 10 < pic VO2 < 20 ml/min/kg - Avant et après transplantation (assistance circulatoire,stimulateur multisites -DAI) - Efficacité d’autant plus intéressante que le patient est plus sévère avec un long passé d’IC, des périodes d’alitement ou sédentarité prolongées source d’un déconditionnement périphérique patent, et que le réentrainement est plus prolongé LES CONTRE INDICATIONS • • • • • • • • • IC décompensée Angor instable Arythmies ventriculaires sévères HTAP > 60 mmHg Epanchement péricardique Myocardites Thrombophlébites ou embolie pulmonaire récente Handicaps locomoteurs Affections inflammatoires ou infections évolutives LES OBJECTIFS 1 - Dépister et traiter complications et autres pathologies 2 - Evaluation fonctionnelle et du risque 3 - Ajuster la thérapeutique. Eduquer 4 - Optimiser la prophylaxie secondaire :B.A.S.I.C.(O.) 5 - Rendre possible la reprise du travail : l ’autonomie, le RAD pour les PA 6 - Ecouter, informer, dédramatiser (patients et conjoints), apprendre l’auto observation 7 - Réduire les coûts 8 - Transmettre un « état des lieux » aux correspondants *Amélioration de la QDV et du PRONOSTIC* - Si possible en ambulatoire : 2 à 5/semaine - ~ 20 jours - En hospitalisation complète (opérés récents, complications ou pathologies associées, personnes âgées, conditions socio-psychologiques défavorables, haut risque, IC sévère) LES MOYENS Prise en charge GLOBALE, POSITIVE et PLURIDISCIPLINAIRE Médicale (présence cardiologique obligatoire) Paramédicale . Ergothérapie . Kinésithérapie . Entraînement en endurance sur cyclo ergomètre ou tapis roulant . Parcours de marche . Balnéothérapie, hydrothérapie . Relaxation, psychothérapie de soutien, aide à la gestion du stress . Lutte antitabac . Diététique. . Aide à la réinsertion professionnelle EVALUATION INITIALE • STRATIFICATION DU RISQUE ET DES CAPACITES – Examen clinique - ECG - biologie - RP - échographie - Holter – – – – – – – Histoire du patient, de la maladie Facteurs pronostics (FEVG - ischémie - T du R) Comorbidités associées (pneumo - ortho - neuro) Motivation initiale Retentissement psychologique Traitement à adapter Poste de travail – EFX(i) - TM6 – Pour définir le programme de rééducation STRATIFICATION DU RISQUE Monpère et ad. Arch Mal Cœur Vass 2002 – FAIBLE Evolution clinique hospitalière non compliquée Bonnes capacités (>6 M.E.T. à distance) FEVG normale Pas d’ischémie résiduelle (repos ou effort) Pas d’arythmie sévère (repos ou effort – INTERMEDIAIRE Capacités moyennes (5 - 6 M.E.T.), seuil ischémique élevé FEVG modérément abaissée Ischémie résiduelle modérée Arythmie ventriculaire peu sévère (Lown I ou II) – ELEVE Evolution clinique hospitalière compliquée Capacités basses (< 5 M.E.T.) FEVG < 30 % Ischémie résiduelle sévère Arythmie ventriculaire complexe (Lown III, IV, V) LES MOYENS - TRAVAIL MUSCULAIRE SEGMENTAIRE (filière métabolique de la phosphocréatine) * Banc de Koch * Electro stimulation musculaire - ENDURANCE / RESISTANCE - EDUCATION: patient acteur compétent, central de sa prise en charge. Connaissance de IC et surveillance, diététique, activités physiques et de loisir, traitements. Métaanalyse McAlister. - AJUSTEMENT DU TRAITEMENT aux données de la Littérature EN PRATIQUE • Pour l’entraînement en endurance rectangulaire (1/2 h à 1 h) cycloergomètre, TR, marche « rapide » accompagnée – Charge ou FC à SV1 si EFX (i) – FC max - 10 ou Karvonen modifié : FCe = FCr +0,5 à 0,8 (FC max - FCr) – Fonction des sensations (BORG 14) + simple - anxiogène + efficace • Endurance : interval training (1 min 90 % FC max, 4 min FC SV1, 15 min) • Entraînement combiné, diversifié – Entraînement en résistance dynamique (haltères, banc de Koch) – Gymnastique – Balnéothérapie • Electromyostimulation • PROGRAMME INDIVIDUALISE ET PROGRESSIF PATIENTS EXTERNES GROUPE ROSE Matin 9h Marche 10 h 15 Vélo ou tapis roulant 11 h 15 Gymnase Après midi 13 h Repos GROUPE BLEU Matin 9h Gymnastique 10 h Marche 11 h Piscine Après midi 13 h Repos 13 h 45 Gymnastique 13 h 15 Gymnase 15 h Piscine 14 h 30 Vélo ou tapis roulant 16 h Départ 16 h Départ PATIENTS INTERNES GROUPE JAUNE Matin 9h 11 h GROUPE VERT Matin Marche Vélo ou Tapis Roulant 10 h Marche Gymnastique Après midi 14 h 30 Après midi 16 h Samedi 9h 10 h 15 15 h 30 Vélo ou tapis roulant Gymnastique Samedi GROUPE VIOLET Matin 10 h Ergothérapie en groupe 11 h 30 Vélo Après midi 14 h 30 Samedi Reprise de l’activité de marche 15 h 45 Gymnastique respiratoire Lundi/mercredi/vendredi 11 h Gymnastique respiratoire Gymnastique 15 h 45 Gymnase Lundi/mercredi/vendredi Piscine mardi/jeudi 10 h 15 Gymnase LES RESULTATS Les mécanismes d’action du réentraînement physique sont multiples et intriqués, avant tout périphériques : 1 - EFFETS SUR LE MUSCLE 2 - EFFETS SUR LES VAISSEAUX 3 - EFFETS SUR LE CŒUR 4 - EFFETS SUR LE SYSTEME NERVEUX VEGETATIF 5 - EFFETS VENTILATOIRES 6 - EFFETS PYSCHOLOGIQUES Quel primum movens à cet effet ubiquitaire? • L ’hypothèse du « shear stress » • Les forces de cisaillement induites par l ’augmentation du flux vasculaire lors de l ’exercice physique vont agir comme un mécano transducteur au niveau de la paroi endothéliale et engendrer par différentes voies l ’augmentation du largage du monoxyde d ’azote (NO) GLOBALEMENT - Réduction de la symptomatologie, rétrogradation dans la classe NYHA - Amélioration de la durée et de la puissance de l’effort évaluée par : * Amélioration de la distance de marche parcourue au test de marche de 6 min (+ 17 %) * Amélioration du pic de VO2 de 2 ml/min/kg (+ 17 % ; p<0.01). De COATS en 1992 à GIANNUZZI en 2005: 12 à 33%. - Amélioration de la qualité de vie. Réduction du nombre des hospitalisations (80 % des coûts de l’ICC sévère) - Amélioration du pronostic professionnel - Amélioration de puissants marqueurs du pronostic de l’IC : * Pic VO2 * Variabilité sinusale * Balance sympathico-vagale * Dynamique de l’intervalle QT • ETUDE DE MYERS Exercise capacity is a more powerful predictor of mortality among men than other established risk factors for cardiovascular disease. Myers Jet al.Exercise capacity and mortality amàng men referred for exercise testing.N Engl J Med 2002; 346 (11): 793-801 Jusqu ’à HF ACTION • Extra Match Collaborative Study Piepoli BMJ 2004 • 800 patients - 2 ans - FEVG=28% • mortalité totale = 35 % • mortalité CV ou réhospitalisation = 38 % • EBM 2004 • Traiter 11 patients = éviter un décès ou réhospitalisation • Coût/bénéfice très favorable • Exercice training in chronic heart failure subjects. Perk Jetal Cardiovasc Prev and rehabil - 2007 • 14 études randomisées (1990 à 2005) • VO2: 12 à 21 % sans complications HF ACTION • Objectif: « L ’exercice physique permet-il d ’améliorer le pronostic des IC? » • Essai prospectif randomisé • 2331 IC stade 2 à 4 NYHA. FEVG=25% > 90% béta-bloquant et IEC TT pharmacologique optimal +/- réadaptation puis exercice régulier à domicile • 2.5 ans • Déception? • Pas de bénéfice significatif sur le critère primaire (DC toutes causes + hospitalisations) • Après ajustement à certains facteurs pronostiques,l ’effet de l ’exercice physique est significatif pour le critère primaire (p<0.03) et pour le critère secondaire: mortalité CV et hospitalisations pou IC (p<O.O3) • Pas d ’effet néfaste de l ’exercice (40% DAI) • Mais seuls 1/3 des patients ont pratiqué l ’exercice à la durée exigée à domicile. Globalement les patients du groupe « actif » ont été très sous entraînés ( gain de VO2 = 0.6 ml = 4%), ceux du groupe « témoin » guère moins APRES LA READAPTATION • L’évaluation finale pour conseiller les activités physiques possibles • La phase 3+++ • Les bénéfices de la réadaptation s’effacent avec l’arrêt de l’entraînement • Importance – – – – – Suivi et encouragement médical Suivi téléphonique Télé médecine ou Télémonitoring Quelques séances par an en centre de réadaptation Club « Cœur et Santé » de la FFC L ’ EDUCATION THERAPEUTIQUE Mode, tarte à la crème? A l ’instar de Monsieur JOURDAIN faisant de la prose sans le savoir, tout bon clinicien a toujours fait de l ’éducation thérapeutique en plaçant le patient au centre du programme de soins DEFINITION OMS 1998 « L ’éducation thérapeutique devrait permettre aux patients d ’acquérir et de conserver les capacités et les compétences qui les aident à vivre de manière optimale leur vie avec leur maladie. Il s ’agit par conséquent d ’un processus permanent intégré dans les soins et centré sur le patient » EN PRATIQUE • Rendre le patient acteur vis à vis de sa santé • Lui expliquer sa maladie, les signes évocateurs d ’une décompensation et ses traitements (pharmacologique, diététique; le bénéfice de l ’activité physique), l ’importance du suivi clinique (dyspnée, OMI, courbe de P+++) et biologique • Déterminer sa situation vis à vis de la maladie (refus, acceptation, révolte, névrose obsessionnelle…). Analyser le dossier (nomadisme, défaut de compliance…) • Négocier des objectifs de progression précis, clairs, simples, atteignables (restriction hydro-sodée, P, alcool, maniement des diurétiques…), les évaluer.Remise éventuelle de documents • S ’adapter au patient et non pas à nos désirs. Former si possible les proches, calmer leur inquiétude • Travailler au besoin en réseau (MG, cardio, infirmière, pharmacien, infirmière…) READAPTATION THERAPEUTIQUE FANTASTIQUE? • « An agent with lipid-lowering, antihypertensive,positive inotropic,negative chrontropic, vasodilatating, diuretic, anorexigenic, weight reducing, hypoglycemic, tranquilizing, hypnotic and antidepressive. » • Williams C. Roberts, editor-in-chief • Am J Cardiol 1884; 53:251. MERCI POUR VOTRE ATTENTION