Un texte, des mouches,
l’univers
Une introduction au cours de philosophie
par Gilbert Dispaux, professeur à Bruxelles II
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Présentation du projet
Je voudrais soumettre à votre examen quelques questions que la
plupart d’entre vous auraient pu se poser. Elles sont banales. De plus,
elles sont empruntées à des domaines de curiosité très variés. Elles
sont hétérogènes.
L’une est purement technique, une autre est une question d’hygiène,
une autre a l’apparence d’une question scientifique.
Bien qu’elles ne soient pas elles-mêmes des questions philosophiques,
elles ont cependant en commun de conduire l’investigateur à se poser
des questions philosophiques.
Comment caractériser ce glissement à la philosophie ?
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Première question :
une question technique
Prenons pour commencer une question qui est technique mais qui entre dans la
vie quotidienne de plus en plus de gens. Certains programmes informatiques
effectuent la reconnaissance optique des caractères. Un scanner fournit l’image
d’une page de livre et le texte de cette page peut ensuite être inséré dans un
programme de traitement de texte que presque tout le monde utilise aujourd’hui.
Beaucoup de personnes qui ne sont pas initiées aux arcanes de l’informatique ne
comprennent pas clairement les différences entre un fichier contenant l’image
d’un texte d’une part, et d’autre part un fichier de texte produit à partir d’une
image.
Voilà donc notre question technique : Quelles différences devons-nous faire entre un
fichier d’image et un fichier de texte reproduisant tous deux le même objet (une
page d’un livre) ?
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L’image
Un bon pédagogue devrait être capable de faire saisir ces différences à
un adolescent intéressé par la question. Il pourrait comparer l’image
fournie par le scanner à celle de l’appareil photographique. L’élève
comprend très bien que l’on photographie un texte. Les espions ne le
font-ils pas depuis longtemps ? Une photographie est un assemblage de
très petits points sur la pellicule, de “grains” plus ou moins noirs que
l’on finit par voir si l’on agrandit démesurément l’image.
Une image du scanner est aussi composée d’un grand nombre de points
mais chacun de ces points est constitué par une information numérique
(“digitale” de digit = chiffre) qui pourra se traduire sur un écran
d’ordinateur ou sur une imprimante par un point plus ou moins
sombre. L’image, peu importe qu’elle soit d’un texte, d’un paysage ou
d’un personnage, est ainsi constituée d’un très grand nombre (souvent
de l’ordre de plusieurs millions) de chiffres.
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Les caractères
En revanche, le texte que j’écris et que j’édite sur mon appareil de traitement
de texte est composé d’un très petit nombre de caractères (de l’ordre de
quelques centaines par page), les caractères comprenant les lettres, les signes
de ponctuation, les chiffres et les espaces. Par exemple, le texte que j’écris en
ce moment comprend environ 2.200 caractères depuis le titre jusqu’à cette
ligne. Comme pour les points d’une image, chacun d’eux est “digitalisé” ou
stocké comme un nombre par la machine.
On comprend pourquoi, lorsque je sauvegarde un texte d’une part, l’image d’un
texte d’autre part, la quantité de données est énormément plus importante
dans le deuxième cas. L’image d’une page de texte occupera plusieurs millions
de bytes sur mon disque (le nombre dépend de la résolution de l’image) alors
que la même page de texte comme suite de caractères n’occupera que
quelques milliers de bytes.
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