Théorie des systèmes d`information 3

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Théorie des systèmes
d’information 3
ULB
22 novembre 2002
Éclairage historique
• Histoire du micro-ordinateur
• Dynamique des équilibres du marché des logiciels
• Évolution du marché de l’informatique
Histoire du micro-ordinateur
•
•
•
•
•
•
Les « Hackers » des années 60 et 70
Les premiers micro-ordinateurs
Le coup de force de Bill Gates (3 février 1976)
Le PARC de Xerox
L’évolution de Microsoft
Suite de l’histoire
Les « hackers » des années 60 et 70
• MIT, Bell Labs d’AT&T, PARC de Xerox etc.
• Le logiciel ouvert : Unix (1969) et C (1972) aux Bell
Labs
• La souris (Douglas Engelbart, 1968)
• Fenêtres et menus déroulants (Dan Ingals, 1974)
• L’éthique des hackers
« The Hackers Ethic »
• 1) l’accès aux ordinateurs doit être illimité et total
(« hands-on imperative »)
• 2) l’information doit être gratuite
• 3) ne pas faire confiance à la hiérarchie,
promouvoir la décentralisation
• 4) juger les hackers selon leur compétence, et non
selon le diplôme, l’âge, la race ou le grade
• 5) créer de l’art et de la beauté avec l’ordinateur
• 6) améliorer la vie avec l’ordinateur
Les premiers micro-ordinateurs
• Le premier micro-processeur : 4004 d’Intel,
novembre 1971
• Le Micral (1973)
L’Altair 8800 de MITS (1974)
L’Altair et la naissance de
Microsoft
• Paul Allen (né en 1953) et Bill Gates (né le 28
octobre 1955) vendent à MITS la licence de leur
interpréteur Basic (1er février 1975)
• 3 février 1976 : « Open letter to Hobbyists » de
Bill Gates dans Computer Notes
• 26 novembre 1976 : la marque « Microsoft » est
enregistrée
Microsoft
60 000
$30 000
50 000
$25 000
40 000
$20 000
30 000
$15 000
20 000
$10 000
10 000
$5 000
2001
1999
1997
1995
1993
1991
1989
1987
1985
1983
1981
1979
1977
$0
1975
0
Effectifs
CA net M$
February 3, 1976
An Open Letter to Hobbyists
To me, the most critical thing in the hobby market right now is the lack of good software courses, books and software itself. Without
good software and an owner who understands programming, a hobby computer is wasted. Will quality software be written for the
hobby market?
Almost a year ago, Paul Allen and myself, expecting the hobby market to expand, hired Monte Davidoff and developed Altair BASIC.
Though the initial work took only two months, the three of us have spent most of the last year documenting, improving and adding
features to BASIC. Now we have 4K, 8K, EXTENDED, ROM and DISK BASIC. The value of the computer time we have used
exceeds $40,000.
The feedback we have gotten from the hundreds of people who say they are using BASIC has all been positive. Two surprising
things are apparent, however. 1) Most of these "users" never bought BASIC (less than 10% of all Altair owners have bought BASIC),
and 2) The amount of royalties we have received from sales to hobbyists makes the time spent of Altair BASIC worth less than $2 an
hour.
Why is this? As the majority of hobbyists must be aware, most of you steal your software. Hardware must be paid for, but software is
something to share. Who cares if the people who worked on it get paid?
Is this fair? One thing you don't do by steeling software is get back at MITS for some problem you may have had. MITS doesn't make
money selling software. The royalty paid to us, the manual, the tape and the overhead make it a break-even operation. One thing you
do is prevent good software from being written. Who can afford to do professional work for nothing? What hobbyist can put 3-man
years into programming, finding all bugs, documenting his product and distribute for free? The fact is, no one besides us has invested
a lot of money in hobby software. We have written 6800 BASIC, and are writing 8080 APL and 6800 APL, but there is very little
incentive to make this software available to hobbyists. Most directly, the thing you do is theft.
What about the guy who re-sell Altair BASIC, aren't they making money on hobby software? Yes, but those who have been reported
to us may lose in the end. They are the ones who give hobbyists a bad name, and should be kicked out of any club meeting they
show up at.
I would appreciate letters from any one who wants to pay up, or has a suggestion or comment. Just write me at 1180 Alvarado SE,
#114, Albuquerque, New Mexico, 87108. Nothing would please me more than being able to hire ten programmers and deluge the
hobby market with good software.
Bill Gates
General Partner, Micro-Soft
Le PARC de Xerox
• Xerox achète Scientific Data Systems en 1969 et décide de
créer un centre de recherche
• Le PARC est créé en 1970
– 1971 : Smalltalk (Alan Kay) premier langage orienté objet ;
l’imprimante à laser (Gary Starkweather)
– 1973 : Ethernet (Bob Metcalfe), publié en 1980
– 1974 : Fenêtres et menus déroulants (Dan Ingals) ; premier
traitement de texte convivial (Charles Simonyi et alii)
– 1979 : microprocesseur graphique 3D (James Clark)
– Décembre 1979 : visite de Steve Jobs, d’Apple.
– 27 avril 1981 : Xerox lance la station de travail Star (16 000 $).
Mais le 24 août 1981 IBM lance le PC (2 000 $).
– Janvier 1984 : Apple lance le Macintosh.
IBM et le PC
• Décision politique de Frank Cary en 1981
• Sortie du PC en août 1981
• Micro-processeur Intel, système d’exploitation
MS-DOS de Microsoft, sans contrat d’exclusivité
• Les « clones » à partir de 1986
• Le PC, à faible marge, concurrence les mainframes
et les minis
• Effondrement d’IBM au début des années 1990
Suite de l’histoire
• 1982 : premier « portable » (Compaq, 15 kg)
• 1983 : Lisa d’Apple, première interface graphique ;
publication de la norme IEEE 802.3 (Ethernet) : début des
réseaux locaux
• 1984 : Tableur Lotus 1-2-3 ; Macintosh d’Apple
• 1985 : Token Ring d’IBM ; PC AT d’IBM ; Windows 1.0 de
Microsoft
• 1986 : dBase d’Ashton et Tate, premier SGBD sur PC ; Excel
de Microsoft ; PC 386 de Compaq (le premier clone) ;
développement de la messagerie
• 1991 : naissance du World Wide Web
• 1992 : groupware avec Notes de Lotus
• 1997 : succès des Intranets
Technologies importantes
• CD-Rom (650 Mo) et DVD-Rom (4,7 Go), puis nouveaux
procédés de stockage (3D etc.)
• Cryptage : PGP de Phil Zimmermann
• Groupware : de la messagerie à l’Intranet, puis au temps réel
• Modems : progrès vers le haut débit
• Réseaux locaux, WAN, RPV
• Logiciel libre
• RAD : Visual Basic, classes Java réutilisables
• Web
• Etc…
Paris gagnés
•
•
•
•
•
Federal Express
Groupware
Interface graphique
Datawarehouse
Commerce électronique
– Amazon
– Dell
Dynamique des équilibres du
logiciel
• En économie, un équilibre est un régime de
production dans lequel les clients, fournisseurs et
techniques entretiennent une relation durable
• Sur un marché, il peut exister plusieurs types
d’équilibre ; le passage de l’un à l’autre suppose une
dynamique.
• La dynamique s’enclenche à l’occasion d’un
changement technologique ou d’une modification
des règles du jeu.
– Exemple : succession historique des “systèmes
techniques” (Bertrand Gille)
Equilibre de la production des
logiciels
• Pour produire un grand logiciel, il faut quatre
composantes :
– Un “centre” qui définit les tâches à accomplir, attire les
contributeurs et sélectionne les contributions à retenir ;
– Des contributeurs qui réalisent le travail de
développement ;
– Un réseau de communication ;
– Un moyen pour rémunérer les contributeurs.
Deux types de produit
• Logiciel ouvert :
– le code source est distribué, il peut être modifié
– le logiciel n’est pas nécessairement gratuit mais son prix
est bas
• Logiciel compilé :
– seul le code compilé est distribué, il ne peut pas être
modifié
– le prix est élevé
Equilibre du logiciel compilé
• Exemple de Microsoft :
– “Centre” : Bill Gates et ses lieutenants ; relation
hiérarchique
– Contributeurs : programmeurs de Microsoft et de ses
sous-traitants
– Réseau : LAN du campus de Redmond + Internet avec les
sous-traitants
– Rémunération : salaire et contrats
Equilibre du logiciel libre
• Exemple : Linux
– “Centre” : Linus Torvalds et ses lieutenants ; relation :
“dictature bienveillante”
– Contributeurs : programmeurs du monde entier
– Réseau : Internet
– Rémunération : purement symbolique
Rémunération symbolique
• Une rémunération économique, mais indirecte
– Prestige et image ont des conséquences sur la carrière
– Accès plus facile au capital risque
– Il ne s’agit pas d’altruisme !
• Il ne s’agit pas d’une exception
– Dans d’autres secteurs (machines outils, équipement
scientifique), des utilisateurs “pointus” ont contribué à la
définition des produits
“Dictateur bienveillant”
• Dictateur : a tout pouvoir pour sélectionner les contributions
– Fournit une “vision”, recentre les développeurs sur le coeur du
projet
– Eclate le projet en sous-projets
• Bienveillant : manifeste de la considération envers le
contributeurs, aussi modeste soit leur contribution.
– 80 % des contributions proviennent de 20 % des contributeurs ;
les autres fournissent de petites contributions mais elles sont
précieuses.
– La production du code est encore plus concentrée.
La succession des équilibres
•
•
•
Années 60 : pratique générale du logiciel libre parmi les “hackers” ;
“the hackers ethic” ; Berkeley, MIT; AT&T avec Unix, etc. (Steven
Levy, Hackers)
“Unbundling” d’IBM (juin 1969) : vente séparée du matériel et du
logiciel
A partir de 1976 : émergence du modèle du logiciel compilé
marchand (Bill Gates, “An Open Letter to Hobbyists”, Computer
Notes, 3 février 1976)
– Des résistances : Free Software Foundation de Stallman au MIT en
1983
• General Public License (GPL)
•
A partir de 1991 : retour en force du logiciel libre (Linux) associé à
l’Internet (www)
– Debian Free Software Guidelines 1995
Bilan du logiciel compilé marchand
• Les plus :
–
–
–
–
Equilibre le coût de production
garantit le profit
a permis le développement d’une offre pour PC
bien adapté à l’utilisateur inexpert
• Les moins :
– Difficultés du déboguage
– contraintes de la compatibilité ascendante
– différenciation sur mesures faible
Bilan du logiciel libre
• Les plus :
– Convergence du déboguage
– possibilité d’une personnalisation (d’où moindre lourdeur),
– bien adapté à l’utilisateur expert dont les contributions
peuvent être valorisées
– bonne relation avec les universités (“alumni effect”)
– visibilité de la performance
• Les moins :
– Eclatement en variantes multiples (Unix, Sendmail)
– faiblesse de la documentation et du support aux
utilisateurs
Suite de l’histoire
?
1960
1975
1991
?
Logiciel libre et pirates
• Les “hackers” d’aujourd’hui (pirates) tirent parti
du logiciel libre
– diffusion du code source
– partage des améliorations
– progrès exponentiels
• Faiblesse de la recherche en sécurité
– faible nombre de diplômés
– embauche rapide des chercheurs par les entreprises
• Le vainqueur est désigné d’avance !
Tentation de l’« enclosure »
• L’équilibre économique des détenteurs de droits
est compromis par le Web (moteurs de recherche,
échange de fichiers, BD coopératives)
• Développement de techniques de contrôle :
« réseaux intelligents »
• Protection des logiciels par des brevets depuis
1980
• Digital Millenium Copyright Act de 1998
(décryptage interdit) ; durée du copyright passe
de 14 à 70 ans
• Une « économie des droits » est à créer
Marché de l’informatique au début
des années 80
Vente et
distribution
Logiciel
applicatif
Système
d ’exploitation
Ordinateur
Puces
IBM
DEC
Wang
Univac
Marché de l’informatique à la fin
des années 80
Vente et
distribution
Magasins
spécialisés
Logiciel
applicatif
Système
d ’exploitation
Ordinateur
Puces
Supermarchés
Wordperfect
Word
DOS / Windows
Compaq
Dell
Intel
Vente par
correspondance
etc.
OS/2 Mac Unix
Packard
Hewlett
IBM
etc.
Bell
Packard
Motorola
RISC
Conjoncture des nouvelles
technologies
• Trois secteurs fournissent des NTIC :
– Techniques fondamentales : circuits intégrés,
langages de programmation
• Intel, IBM, Xerox PARC, Bell Labs, Universités etc.
– Application des techniques fondamentales :
ordinateurs, commutateurs, fibres optiques etc.
; progiciels, logiciels
• Dell, IBM, HP, Microsoft, SAP etc.
– Utilisation des applications : services
informatiques et télécoms
• SSII, intégrateurs, réseaux télécoms
Pénétration : loi de Gompertz
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
yt = δ + α exp[-exp(β – γt)]
α = 1, β = 2,5, γ = 0,3, δ = 0
31
29
27
25
23
21
19
17
15
13
11
9
7
5
3
1
0
Une crise banale
– Le début de la logistique est pris pour le début d’une
exponentielle
• Extrapolation de la croissance constatée, d’où forte valeur des
entreprises
• Endettement, acquisitions, conquête de parts de marché
– Quand arrive l’inflexion
• Révision brutale des anticipations et donc des évaluations
• Révélation de la surcapitalisation et de la fragilité des bilans
• Faillites réelles (Worldcom) ou virtuelles (France Télécom)
– Un précédent instructif
• La croissance des chemins de fer américains au début des années
1870 ; crise de 1873 : 20 % des entreprises font faillite, baisse des
cours de 33 %, récession économique. Nouveau « boom » en 1877
Hypothèse d’évolution du PIB
3
2,5
2
1,5
1
0,5
31
29
27
25
23
21
19
17
15
13
11
9
7
5
3
1
0
Croissance tendancielle de 3%, fluctuation conjoncturelle de
périodicité 5 ans
Évolution du parc installé
3
2,5
2
1,5
1
0,5
Parc = PIB * pénétration
31
29
27
25
23
21
19
17
15
13
11
9
7
5
3
1
0
Du premier équipement au
renouvellement
• Lorsque le parc installé croît, la part du renouvellement dans
les commandes croît également
• Le renouvellement des équipements dépend des progrès
techniques et de la mode
• L’équipement obsolète est encore en parfait état de marche
• La durée de vie est dès lors sensible à la conjoncture
économique
• L’économie des équipements NTIC va ressembler de plus en
plus à celle des biens durables à cycle court (exemple :
automobile)
Distributions de la durée de vie
0,4
0,35
0,3
0,25
Haut
0,2
Bas
0,15
0,1
0,05
0
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Marché des équipements
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
31
29
27
25
23
21
19
17
15
13
11
9
7
5
3
1
0
Leçons pour l’économie des NTIC
• La crise actuelle est due à l’inflexion de la
pénétration (inévitable, mais difficile à dater a
priori)
• Les opérateurs télécoms, SSII etc. souffrent de
l’inflexion
• Les équipementiers devront en outre s’adapter à
un changement de régime conjoncturel : de la
pénétration au renouvellement
• Une « crise de la stratégie » est prévisible
Lectures recommandées
•
Langages
•
Histoire
•
Économie
– Bjarne Stroustrup, The Design and Evolution of C++, Addison Wesley,
1999
– Bill Gates, « Open Letter to Hobbyists », Computer Notes, 3 février
1976
– Paul Carroll, Big Blues, The Unmaking of IBM, Crown 1994
– Steven Levy, Hackers, Delta Publishing 1994
– Michael Hiltzik, Dealers of Ligthning - Xerox PARC and the Dawn of the
Computer Age, Harper Business 1999
– Paul E. Ceruzzi, A History of Modern Computing, MIT 1998
– Philippe Breton, Une histoire de l’informatique, La Découverte 1987
– Tirole Jean et Lerner Josh « The simple economics of Open Source »,
Journal of Industrial Economics, July 24, 2001
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