Diaporama - Café

publicité
La paix totale est-elle une utopie ?
Médiathèque A. Malraux (Béziers)
Mercredi 10 décembre 2014
1. Étymologie / Définitions :
2. Notions / Concepts / Prise de vue :
La paix, une notion difficile à penser.
Essai de classification des utopies
3. Questions / Discussion : 2 questions préalables, 20 mn par question.
4. En guise de conclusion
Étymologie et définitions


Étymologie
• Paix est un mot du X e siècle avec s puis avec x au XI e siècle provenant du latin pax.
• Utopie vient du grec ou (privatif) et de topos, le lieu : ce qui n’existe nulle part.
Définitions :
Larousse sur internet (extrait):
Paix :
• État de pays, de nations qui ne sont pas en guerre : Lutter pour la paix dans le monde.
• État de quelqu'un qui jouit du calme intérieur ; tranquillité d'âme : Avoir la conscience en paix.
Utopie
• Construction imaginaire et rigoureuse d'une société, qui constitue, par rapport à celui qui la
réalise, un idéal ou un contre-idéal.
• Projet dont la réalisation est impossible, conception imaginaire : Une utopie pédagogique.
Notions / Concepts / Prise de vue
La paix, une notion difficile à penser ?
La réflexion théorique sur la guerre est plus nourrie que celle concernant la paix :
 L’absence de tout conflit signifie-t-il l’absence de toute violence, ou même, de tout
affrontement ?
 la paix exclut-elle les conflits idéologiques ainsi que les luttes et les rivalités
économiques ?
 La véritable « tranquillité sociale » peut-elle être obtenue au prix d’une répression ?
 La représentation individuelle de la paix (état de sérénité qu’aucune passion ne vient
troubler) peut-elle servir de modèle à la paix publique ?
 Ne faut-il pas plutôt penser la paix en termes d’équilibre des forces et de rapports de
puissance qu’en termes d’apaisement généralisé ?
 De ce fait, la paix n’impliquerait-elle pas nécessairement l’autorité ?
 Y aurait-il des conflits et/ou des guerres justes ?
 La raison peut-elle dans certains cas justifier la violence ?
 Toute paix est-elle bonne ? / Faudrait-il tolérer l’intolérable ?
 Le pacifisme : vertu ou idéologie ?
Si la paix est difficile à établir, l’idée de paix n’est-elle pas également délicate à penser ?
Le concept de paix n'est-il pas dual : absence d’agitation ou insensibilité ?
Notions / Concepts / Prise de vue
Essai de classification des utopies :
Les utopies peuvent être diversement interprétées et classées :
 Les utopies progressistes :
 Théoriques qui se caractérisent par leur dimension critique ou régulatrice dont
les auteurs n’attendent aucune réalisation effective.
Thomas More par exemple critique les vices de l’Angleterre du XVI e siècle en
les opposant aux vertus des lois et des mœurs des utopiens, sans jamais
croire à la possibilité de l’avènement d’Utopia.
 Ou pratiques qui se caractérisent par leur dimension de réforme effective de la
société. Les phalanstères de Fourier par exemple se veulent un projet
historiquement réalisable.
 Les utopies réactionnaires qui, par opposition, aux deux précédentes sont
accusées de refuser l’histoire en se refugiant dans un passé mythique.
Collectivement et/ou individuellement,
l’utopie est-elle utile, inutile ou dangereuse ?
QUESTIONS
Deux questions préalables :
1. Le pacifisme est-il une vertu ?
2. L'utopie est-elle utile ou inutile, voire dangereuse ?
Avant d'essayer de répondre à la question :
3. La paix totale est-elle une utopie ?
1.
Le pacifisme est-il une vertu ?
Pacifique et pacifiste est-ce la même chose ?
Le pacifisme : vertu ou idéologie ?
Toute paix est-elle bonne ?
Doit-on tolérer l’intolérable ?
La paix est-elle un fin ou un moyen ?
1. Le pacifisme est-il une vertu ?
1. Pacifique ?



Si ne pas être belliqueux, c’est être pacifique, être pacifique au nom d'une morale humaniste ne
serait-il pas une vertu ?
Si être pacifique, c’est désirer la paix, pourquoi faudrait-il en déduire que toute paix soit bonne
nécessairement, ni même acceptable ?
N'est-ce pas d'ailleurs la position soutenue par Spinoza « La guerre ne doit être entreprise
qu’en vue de la paix, et d’une paix qui soit celle non de la servitude mais d’une population libre » ?
Si être pacifique est une vertu, comment, hélas, cela pourrait-il suffire
pour que la paix, bien que souhaitable, constitue une fin en-soi ?
2. Pacifisme ?
•
Le pacifisme n'est-il pas la doctrine ou l'idéologie selon laquelle la guerre (ou le conflit) ne
saurait être justifiée par rien ?
•
Si pour le pacifiste, la paix, en toutes circonstances, vaut mieux, cela n'est-il pas plus une
opinion qu'une vertu ?
•
Pour le pacifiste, la paix étant non seulement le but, mais aussi l’unique moyen. la paix n'estelle pas une fin en soi?
•
Si la non-violence en tant qu’action ne suffit pas, cela ne revient-il pas penser que tout
pacifiste est prêt à tolérer l’intolérable ?
Qui pourrait prétendre qu’il faudrait tolérer l’intolérable ?
N’est-ce pas pourtant ce à quoi s’expose le pacifiste pour qui la paix est une fin en soi ?
Tout comme le bellicisme, le pacifisme n'est-il pas une idéologie ?
Si le bellicisme est de la barbarie, le pacifisme n’est-il pas de l’angélisme ?
Comment une idéologie prête à tolérer l'intolérable, pourrait-elle être une vertu ?
2. L'utopie est-elle utile ou inutile,
voire dangereuse ?
L'utopie est-elle un idéal ou une illusion ?
2. L'utopie est-elle utile ou inutile, voire dangereuse ?
1. Idéal ?
 Comme son étymologie l’indique, un idéal, n'est-ce pas quelque chose qui n’existe qu’en idée,
donc qui n’existe pas ?
 Chez Kant, un idéal est une pensée dont l’expérience ne fournit aucun exemple mais qui
satisfait au concept d’une perfection donnée et sert de fondement à certaines actions. En
ce sens, la vertu n'est-elle pas un idéal ?
 « Il faut croire au bien, car il n’est pas; par exemple à la justice, car elle n’est pas » disait
Alain.
 Qui pourrait penser, sous prétexte que le bien et la justice ne seraient que des idéaux, qu’il
ne faudrait pas s’en occuper ?
N'est-ce pas parce que l'idéal n'existe pas, qu'il convient précisément d'en avoir ?
2.
Illusion ?
 Pour Platon, l’illusion est une ignorance redoublée, une ignorance qui s’ignore.
 Telle est la situation des "prisonniers" de la "caverne" qui, n’ayant vu d’autre monde que
celui de leur représentation, croient spontanément qu’ils ont affaire au monde réel.
 L’illusion serait-elle une erreur : un manque de connaissance ?

Ou, à en croire Freud, un excès de croyance : « Ce qui caractérise l’illusion, c’est d’être
dérivée des désirs humains » dit-il ?
Prendre ses désirs pour la réalité n’est-il pas le propre de l’illusion ?
L’illusion n’est-elle pas à la fois positive (l’expression d’un idéal)
et négative (par son irréalisme ou son angélisme) ?
L’utopie n’est-elle pas une illusion :
 Utile, si elle relativise l'idéal qui l'anime
 Inutile, voire dangereuse, si elle l'absolutise ?
3. La paix totale est-elle une utopie ?
Le conflit n'est-il pas donné ?
La paix ne faut-il pas la faire ?
La paix totale : une utopie dangereuse ou un idéal ?
3. La paix totale est-elle une utopie ?
1. Le conflit n’est-il pas donné ?
 La lutte pour la vie n'est-elle pas la loi de la nature dont le conflit est inhérent ?
 Le besoin d’affirmation de l'ego, allié à la peur de manquer, n’en sont-ils pas aussi l’illustration
chez les humains ?
 Selon l’analyse et la terminologie d’ACS (1), le conflit ne serait-il pas de l'ordre de la vérité,
inhérent à l’enchaînement descendant des primats ? (1) : voir diapo suivante
La précarité de la paix, le fait que le conflit tende toujours à ressurgir ne prouve-t-il pas qu’il est donné ?
2. La paix, ne faut-il pas la faire ?
 Tant en soi-même qu’à l’égard d’autrui, la paix n’est-elle pas toujours à construire ?
 La paix intérieure n’est-elle pas, comme la sagesse elle-même, toujours approximative et instable,
toujours en construction de façon dialectique entre :
 L’amour de la vie et des autres, comme en vacuité d’ego (en Agapè), ce vers quoi tendent les
valeurs et/ou la morale (selon la hiérarchie ascendante des primautés (1) comme dirait ACS)
 Et l’amour de soi égocentré sur son propre intérêt, sa peur de manquer ou de perdre son
acquis (selon l’enchaînement descendant des primats (1)).
 N’en va-t-il pas de même concernant la paix avec les autres (en collectivité) :
 Aussi bien, lorsqu'elle est voulue en corolaire de la paix intérieure et en extension
 Que lorsqu’elle s'impose en raison du statut quo des belligérants ou de l'équilibre des forces?
Qu’elle procède du dépassement de l'ego par amour librement consenti (sagesse ou
morale humaniste) ou de l'équilibre des forces en présence, la paix, tant intérieure
qu'avec autrui, n’est-elle pas éminemment précaire et donc toujours à faire ?
Si la paix totale est une utopie dangereuse dès lors qu'on l'absolutise (« S'il faut appeler paix
l'esclavage, la barbarie ou l'isolement, il n'est rien pour les hommes de si lamentable que la
paix », dit Spinoza); relativisée, ne constitue-t-elle pas néanmoins un idéal nécessaire ?
La hiérarchie des ordres d’André Comte-Sponville
Primats et primautés /Vérités et valeurs
Vérités
Valeurs
L’amour
Enchaînement
descendant
des primats
C’est l’ordre de l’éthique. C’est ce qui éclaire la morale.
C’est la valeur suprême de « l’esprit ».
Pour expliquer
un ordre
donné,
On doit faire
appel aux
ordres
inférieurs
Le primat est
explicatif :
c’est l’ordre
des causes
et de la
connaissance.
C’est ce qui
sert à
comprendre.
L’ordre de la morale
C’est l’ordre où l’on se pose la question du bien et du mal.
C’est l’ensemble des règles que l’on se fixe soi-même.
C’est parce que nous ne sommes pas ‘‘tout amour’’ que nous
avons besoin d’une morale.
L’ordre juridico-politique
C’est l’ordre où l’on se pose la question du légal et de
l’illégal.
C’est l’ordre des lois de la vie en société.
C’est parce que nous manquons de moralité que nous avons
besoin de lois.
L’ordre de l’Economie, des sciences et des technologies
C’est l’ordre où l’on se pose la question du vrai et du faux.
C’est l’ordre de la vérité par excellence.
Hiérarchie
ascendante
des
primautés
Pour juger un
ordre donné,
on doit faire
appel aux
ordres
supérieurs
C’est l’ordre
des valeurs et
des fins, qui
tend au
meilleur ou
au plus élevé.
C’est ce qui
sert à juger
et à agir.
La dialectique primat de la vérité - primauté des valeurs s’exerce de proche en proche.
On ne passe du primat à la primauté qu’à la condition de le vouloir :
c’est le mouvement ascendant du désir.
« La guerre est donnée; la paix il faut la faire.
C’est ce qui donne raison aux pacifiques,
sans donner tort aux militaires. »
dit André Comte-Sponville
Que pourrait-il y avoir de meilleur en effet que la paix
si elle va avec l’amour, la justice et la liberté ?
Prochaines réunions
MDS Agde
de 18h30 à 20h :
• "Méditation" : mardi 13 janvier
Conférence-débat "Qu’est-ce qu’être beau ?" mardi 27 janvier de 21h à 22h30
• "Solitude" : mardi 10 février
• "Education" : mardi 10 mars
MAM Béziers de 18h30 à 20h :
"Vivons-nous dans le temps ou sommes-nous le temps même?" : mercredi 25 mars.
Informations et documents sont disponibles sur :
http://www.cafe-philo.eu/
Téléchargement