Quelques petits poèmes de Philippe Bédard

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de Philippe BEDARD
SEPTEMBRE
Ah ! tristounet matin de septembre !
Comme si le soleil, encore au lit,
Avec des paupières lourdes de sommeil,
S’étirait et se levait sans énergie.
Il ne se hâte plus, dès l’aube,
De remettre en beauté les fleurs éveillées,
Qui, elles aussi, hélas, négligent
De peaufiner leur toilette matinale
Et flânent sous une rosée sans éclat.
Les aubades des petits oiseaux
N’osent pas s’accorder à leur peine
Car, déjà, ils voient venir le moment
Où leur nids, tout ouverts au grand jour
Ne leur procureront plus la chaleur.
ROSES D’AUTOMNE
Roses rouges, écloses en fin d’août,
Comme des ornements déposés
Sur le cercueil qui emporte l’été !
Roses de la belle saison de l’automne
Qui reviennent dans des robes colorées,
Vous nous faites oublier les mille fleurs
Qui ont charmé les longs jours de l’été.
Je vous vois, le matin, dans le froid¸
Parfois, bravant le vent et la pluie,
Et je sais que, jusqu’en octobre,
Tendrement, le soleil vieillissant
Réchauffera vos fragiles pétales
Puis, pleurera votre inéluctable destin
Au moment où un linceul blanc
Inhumera nos joies d’été et d’automne.
DÉJEUNER
En ces jours lugubres d’automne,
Sur une table, près de ma fenêtre,
J’ai déposé des cacahuètes.
Dès l’aube, me faisant invisible,
Café à la main, d’une rôtie chaude,
Je déjeune en attendant fébrilement
Ces beaux geais costumés de bleu
Qui viennent agrémenter ce moment.
Puis, le temps d’un café siroté,
Ils me quittent jusqu’au lendemain,
Me laissant seul avec mon ennui.
TRISTE AUTOMNE
Sur mon triste sort, je m’afflige !
Entre murs et fenêtres closes,
Il me tient isolé et m’enferme.
Je regarde les feuilles qui tombent,
Le vent qui les bouscule et les chasse,
Le ciel, le soir, qui vêt leurs couleurs
Au moment où le soleil fatigué
S’efforce de se faire encore élégant.
Je voudrais aller vers la montagne,
Sentir le sol humide qui s’abreuve
Des pluies monotones d’octobre,
Marcher dans ce funèbre cortège
En pensant aux plaisirs qui s’achèvent,
Rêvant aux féeries froides et blanches
Qui, bientôt, les remplaceront.
CHARMANTE DAME
Je suis épris de la beauté
D’une vieille et charmante dame.
Son éclat voisine celui des astres.
À peine quelques rides ténues,
Par le nombre des ans affouillées,
Marquent son séduisant visage.
Lorsque, sur le sentier blanc de neige,
Elle accompagne ma solitude,
Je voudrais que chaque soir qui vient,
Encore, la ramène près de moi
Pour lui dire comme elle est belle,
Pour que son regard plein de tendresse,
Même à la nuit venue, ne me quitte pas.
Comme un amant, je voudrais la séduire,
Cette lune qui brille au firmament.
NOVEMBRE
C’est l’automne vieilli, à la demie de sa course.
Les matins naissent dans la noirceur froide.
C’est comme une vieille dame qui s’éveille à l’aube,
Toute frissonnante en quittant la chaleur de son lit.
Aujourd’hui, sur les fenêtres closes, glisse la pluie.
Silencieusement, c’est l’automne qui pleure.
Ce sont les larmes nostalgiques de la nuit,
Regrettant les couleurs d’octobre, au réveil,
Et les jardins où, dans la rosée matinale
Les fleurs éveillées faisaient leur toilette.
Comme une longue mélopée aux tristes accents
Dont les souvenirs, à un cœur fatigué,
Causent des pleurs qui geignent les plaisirs perdus.
INSOMNIE
Quand la nuit, sur notre côté de la terre,
A supprimé la lumière et la vie
Et qu’en un désert aride et obscur
L’insomnie vous tire de l’oreiller,
Écoutez le silence qui chante doux
Des berceuses tendres venues des cieux.
Comme sur des portées jalonnées de trilles,
Les étoiles scintillent des arpèges
Qui vibrent sur des rais de lune.
En sourdine, le bruissement des feuilles
Accompagne des mélodies célestes.
Alors, vous pouvez, sur cette musique,
Accrocher des paroles attendrissantes
Pour celle à qui vous voulez rêver.
VIENNE LA NUIT
"Mon bel ange va dormir.
Dans son nid, l’oiseau va se blottir".
Cessant sa sérénade câline,
En silence respirera le lac
Pendant qu’au ciel pointeront les étoiles,
Ces vigies qui veillent sur l’univers.
La déesse lune se lèvera,
Dominant les êtres et les choses,
Couvrant comme d’une couette
Les sommeils frangés de rêves bleus.
Alors, viendra la nuit pantouflarde,
Cette vieille dame sans âge,
Guérissant les blessures du jour
Et préparant, comme un présent céleste,
Le retour de l’aurore et de la vie.
SILENCE DU MATIN
Anxieux de colorer la nature endormie,
Le soleil, discrètement, s’étirait.
S’avouant vaincues, les ombres de la nuit,
Sans perdre les honneurs retraitaient.
Dans le matin, j’ai écouté le silence.
Dans les arbres, le vent marchait sans bruit,
Laissant s’éveiller doucement les feuilles.
Les oiseaux retenaient leurs gazouillis
Et les ondes du lac, à peine bougeaient.
Poèmes de Philippe Bédard
Photos de sources diverses, libres de droit.
Musique !: Ernesto Cortazar - Jitana
Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix
[email protected]
http://jackydubearn.over-blog.com/
http://www.jackydubearn.fr/
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