la présentation de monsieur Horatiu DRAGOMIRESCU au format

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LES DÉFIS DU NUMÉRIQUE
A L'ÉGARD DE
L'ÉCONOMIE DE L'INFORMATION
COMME DISCIPLINE SCIENTIFIQUE
Horatiu Dragomirescu
Académie d’Etudes Economiques
Bucarest, Roumanie
[email protected]
MOTTO
" Un oiseau numérisé ne connaît pas
de cage. "
Jean-Claude Guédon
Professeur de litérature
Université de Montréal
Source: http://www.cornu.eu.org/news/2-1-biens-non-consommables-etenvironnement-d-abondance
LES PROPOS DE L’INTERVENTION
• Illustrer le statut actuel de la discipline
Économie de l’information
• Approcher les défis du numérique à
l’égard de la pensée économique sur
l’information
• Proposer TELE – un référentiel composite
de rationalité applicable aux activités
informationnelles dans l’ère numérique
PRÉMICES
Un recentrage compensatoire s’impose en réponse à la
sophistication des technologies numériques:
"Sauvegarder l’âme-même de la TI"
en réitérant le primat de I
(Davenport, 2002)
Du T au I de la technologie
de l’information
(Drucker, 1999)
Ti
TI
ou encore
Ti
It
I
SUR LE STATUT ACTUEL
DE LA DISCIPLINE
ÉCONOMIE DE L’INFORMATION
L’ÉCONOMIE ET L’ÉCONOMIQUE
DE L’INFORMATION
L’économie de l’information en termes de la
réalité économique ("Information Economy"):
- Le découpage sectoriel: industries de
l’information et de la communication
- La section transversale: intensité
informationnelle de l’ensemble des activités
économiques
L’économie de l’information en termes de la
science économique ("Information
Economics")
L’INFORMATION SOUS L’ECLAIRAGE
DE L’ANALYSE ECONOMIQUE
UN THÈME – DEUX APPROCHES:
I.
L’INFORMATION DU MARCHÉ:
l'information comme condition de
l'échange
II.
LE MARCHÉ DE L’INFORMATION:
l'information comme bien qu'on
échange
L’ ÉCONOMIE DE L’INFO DANS LES
PROGRAMMES D’ENSEIGNEMENT
• tradition des Écoles des Sciences des
Bibliothèques et de l’Information ("Library &
Information Sciences"): Etats-Unis (ex. Berkeley,
Indiana, Tennessee etc.), France (ex. ENSSIB),
Danemark (ex. Royal School of Information
Sciences), Royaume-Uni (ex. Dept. of
Information Science at Loughborough University)
• insertion sélective dans les programmes
d’enseignement des facultés d’économie et
gestion et d’ingenieurie informatique: Israel (ex.
Haifa), Italie (ex. Pisa, Venise), Portugal (ex.
Minho) etc.
COORDONNÉES ÉDITORIALES
• Revue scientifique spécialisée: Information
Economics and Policy (Elsevier Science
Publishers)
• Ouvrages collectifs: Mosco and Wasko (1988),
Mayère (1990), Petit (1998)
• Manuels universitaires: Butler & Kingma
(1999), Low (2000)
MANIFESTATIONS SCIENTIFIQUES
INTERNATIONALES SPECIALISÉES
Titre de la manifestation
Institution organisatrice
Périodicité
Workshop on Information
Systems Economics - WISE
Consortium
Annuelle
depuis 1989
ZEW Conference on the
Economics of ICT
Centre de Recherche en
Economie Européene,
Mannheim, Allemagne
Annuelle
depuis 2003
Workshop on Economics of
Information and Network
Economics - WINE
Consortium
Annuelle
depuis 2005
Conference on the Economics of
ICT
Telecom ParisTech
Annuelle
depuis 2006
Kiel-Munich Workshop on the
Economics of Information and
Network Industries
CesIFO - Munich Society
for the Promotion of
Economic Research
Biennale 1997 2003
Annuelle depuis
2004
REPÈRES CHRONOLOGIQUES:
VILLEURBAINE-LYON 1995
NOUVEAU-BRUNSWICK 2010
Colloque international ÉCONOMIE DE L'INFORMATION
18-20 mai 1995, ENSSIB\CERSI, Villeurbanne-Lyon,
France
COSSI - Colloque spécialisé en sciences de
l’information: INFORMATION ET ORGANISATIONS :
NOUVELLES STRATÉGIES, STRUCTURES ET
FONCTIONS
16-17 juin 2010, Université de Moncton, Shippagan,
Nouveau-Brunswick, Canada
http://www.umoncton.ca/umcs/files/umcs/wf/wf/pdf/ACTES_COSSI_2010.pdf
II
DÉFIS DU NUMÉRIQUE À L’ÉGARD
DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE
SUR L’INFORMATION
QU’EST-CE QUE L’INFORMATION ?
“L’information est une différence qui engendre
une différence”
Gregory Bateson (1970)
“Les informations sont des données dotées
d’utilité et ayant une raison d’être”
Peter F. Drucker (1988)
“Tout ce qui peut être numérisé - codé en flux
d'éléments binaires – constitue de
l'information”
Carl Shapiro & Hal Varian (1998)
L’APPLICABILITÉ DE LA THÉORIE
ECONOMIQUE STANDARD
"La technologie change, les lois économiques demeurent" (Shapiro
& Varian, 1998)
Les lois économiques de la théorie standard sont entièrement
applicables aux biens informationnels numériques (Picard, 2005)
Mais cette application se fait en fonction:
- des patricularités intrinsèques de ces biens
- de l’environnement économique particulier où ceux-ci opèrent
Qu’est-ce qui émerge sous l’incidence des technologies numériques
convergentes ?:
• nouveaux modèles d’affaires;
• nouvelles logiques économiques et sociaux
• nouveaux produits et nouveaux usages (Curien, 2009)
OPTIQUES ÉCONOMIQUES DIVERSES
SUR L’INFORMATION NUMÉRIQUE
• Bien à propriétés extrêmes (Shapiro &
Varian, 1998)
• Bien paradoxal (Thépaut, 2002)
• Bien parfait (Simpson, 2006, d’après
Varian, 1999)
L’INFORMATION – BIEN À
DES PROPRIÉTÉS EXTRÊMES
Les biens informationnels numériques sont:
• coûteux à produire (coût fixe élevé de
l’original)
• très peu coûteux à reproduire (coût marginal
quasi-nul des copies)
• indéfiniment duplicables: copies aussi
nombreuses que nécessaires, identiques à
l’original
• des biens durables, quasi-indéfiniment
préservables
• des biens d’expérience permanents
L’INFORMATION - BIEN
PARADOXAL
L’information est, à la fois:
- omniprésente et, pourtant, difficile à
retrouver sur demande
- abondante, pendant qu’elle présente des
asymétries contraignantes
- susceptible d’être monopolisée, malgré sa
vocation intrinsèque de proliférer
- susceptible d’être communiquée sans que
son émetteur en soit dépossédé (codisponibilité)
L’INFORMATION - BIEN PARFAIT
Par rapport à ses producteurs, l’information
présente:
• malléabilité prononcée: biens transformables au
but de différentiation par versions,
personnalisation etc. (Shapiro & Varian, 1998);
• séparation potentiellement totale des contenus
par rapport aux médias;
• possibilité de toujours produire plus, sans
limites imposées par l’investissement initial
(Thépaut, 2002)
"LE MÉDIUM C’EST LE MESSAGE ”
Les médias sont des extensions de nous-mêmes“ (McLuhan, 1964)
Technologie
Médium
Design
Style
Message
Thème
NOUYAU D’
INFORMATION
Fonctionnalité
Forme
intérieure
Forme
extérieure
Source: Schweizer, 2006
http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=636786
LOGIQUE MARCHANDE DE
L’INFORMATION ET SES LIMITES
L’information – bien public à accès privé (Thépaut, 2002)
Le régime marchand: la société du "pay per" (Mosco, 1988)
En théorie:
Le marché à concurrence parfaite aurait impliqué la distribution
de l’information numérique à un prix nul, égal au coût marginal
Nécessité d’imposer l’excluabilité:
En absence de la protection technique et juridique, les
producteurs des biens informationnels numériques
deviendraient de concurents de leurs propres clients (chaque
acheteur devenant un potentiel re-distributeur)
En pratique:
La prolifération numérique est largement associée au gratuit:
contenus et logiciels libres, information publique
ALTERNATIVES AU RÉGIME
MARCHAND DE L’INFO
Prémices:
• "Les TIC fournissent les instruments
qui devraient en théorie favoriser un
fonctionnement plus efficace d’une
économie de marché, elles installent
dans le même temps les ingrédients
d’une économie publique" (Mebtoul,
2009)
Source: http://www.algerie-focus.com/2009
ALTERNATIVES AU RÉGIME
MARCHAND DE L’INFO (suite)
• Le gratuit:
Motivations de la production intellectuelle sans
compensation (Picard, 2005):
- s’exprimer
- raisons créatives: scientifiques, artistiques etc.
- rendre service au public
- acquérir de la célébrité
• Le don:
- mise volontaire des ressources à la disposition des
membres des communautés en ligne, sans contrepartie
immédiate directe
- pratique fondée sur la confiance
DÉFIS VISANT LA CONSOMMATION
• Le modèle de la consommation change:
de “buy and try” à “try and buy”
• Consommer implique copier: se faire
enregistrer et garder sa propre copie privée
relèvent de l'acte-même de la consommation
(Rayna, 2006).
• L'acte de consommation multiplie
l'information:
- il est non-destructif
- il peut engager le consommateur en tant que
co-producteur
DÉFIS VISANT LA CONSOMMATION
(suite)
• Le paradoxe du choix (Currah, 2006):
La quantité de + en + large d’information nonmarchande disponible sur l’Internet rend difficile
le repérage des dons relevant des intérêts
particuliers des utilisateurs; la consommation
peut ainsi être limitée.
• Le phénomène du "double informationnel"
(Dalloz & Portnoff, 2001): le consommateur en
ligne fournit, en temps réel, des informations sur
soi-même, potentiellement d’intérêt lucratif pour
des tiers
DÉFIS AU RÉGIME JURIDIQUE DES
BIENS INFO NUMÉRIQUES
L'enjeu d’harmoniser:
• l’Intérêt public
• les principes légaux consacrés
• les réalités émergeantes de l’univers numérique (Samuelson,
2001)
Le réseau Internet:
• représente un canal de transmission et une ressource
d’information pour un nombre croissant de clients
• renforce la capacité technique d’accéder, copier, enregistrer,
utiliser et partager, quasi-instantannément, des contenus
protégés par droits d’auteur (“simultannéité de-spatialisée”
(Thompson, 1995))
• renforce, en même temps, la capacité technique des
detenteurs des droits d’auteur de contrôler l’usage de leurs
objets de propriété intellectuelle (bots de surveillance,
spoofing, filtres)
LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
ET SES LIMITES
LE SYSTÈME LÉGAL TRADITIONNEL:
Critique:
"La propriété intellectuelle n’est pas une loi
naturelle, c’est une loi faite par les hommes pour
promouvoir des objectifs sociaux. J’ai toujours été
en faveur d’un régime équilibré de propriété
intellectuelle, or nous avons perdu cet équilibre"
(Stiglitz, cité par Latrive, 2004)
LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
ET SES LIMITES (suite)
Solutions:
• renforcement: Hollywood vs. Internet (Currah,
2006)
• réforme: breveter les logiciels, les matériels
génétiques etc.
• promouvoir les systèmes alternatifs:
- les communaux créatifs
- les logiciels libres
- la protection par des secrets commerciaux au cas des
PME, pendant que les grandes entreprises privilégient
les brevets d’invention
III
T E L E: UN RÉFÉRENTIEL
COMPOSITE DE RATIONALITÉ
DANS L’UNIVERS NUMÉRIQUE
FACILE ET NON-COÛTEUX,
DONC … POURQUOI PAS ?!
DES STIMULANTS POUR AGIR, RELEVANT DES
MOYENS:
• être technologiquement facile: web 2.0, réseaux P2P
• être économiquement attractif: coût quasi-nul
EXEMPLES:
• Partager ou ne pas partager pair-à-pair ? ("To peer or
not to peer ?" )
• Visualiser ou télécharger ?
• Pirater ou payer ?
LES REPÈRES NORMATIFS
LES NORMES LÉGALES:
- le régime juridique de la propriété intellectuelle
- le droit à l’information
- le droit à l’expression
- le droit à la protection de la vie privée
LES NORMES MORALES:
- le côté moral des droits d’auteur
- l’éthique de comportements dans l’univers
numérique
RATIONALITÉS COHÉRENTES POUR
UNE NOUVELLE GAMME DE CHOIX
Le reférentiel composite TELE:
Assommer par les acteurs-mêmes la condition
que ce qui est technologiquement faisable (T)
doit être validé par rapport à la soutenabilité
écono-environnementale (E), la légalité (L) et la
pertinence éthique (E’)
Opérationnalisation envisagée par:
- formation professionnelle des travailleurs de
l’information et du savoir
- adoption par des communautés en-ligne
CONCLUSIONS
Les défis mis en évidence suscitent la prise de
conscience quant à:
• réfléchir d’avantage sur la phénoménologie
afférente au terme "I" des NTIC, par retour
systématique aux fondements conceptuels et reexamination critique des expériences relevantes
• intensifier le dialogue entre sciences de
l'information et sciences économiques
• intégrer l’économie de l’information et l’éthique
de la civilisation numérique dans les
programmes de formation des travailleurs de
l’information et du savoir
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