INTRODUCTION
Même celui qui n’a qu’une connaissance élémentaire d’une
langue bantoue y remarque sans peine l’existence de phénomènes
sémantiques qui rappellent ce qu’il a expérimenté dans sa langue
maternelle. Cela est fort compréhensible. Car il paraît bien que
la vie des mots et l’évolution 'de leur sens sont soumises à des
lois universelles, qui font l’objet de la branche de la linguistique
qu’on appelle sémantique.
Il m’a semblé intéressant de rechercher dans quelle mesure ces
lois sont d’application dans la langue des M:>ng), ethnie hantoue
vivant dans la cuvette centrale à l’intérieur de la bouche formée
par le fleuve Zaïre (Congo) .au Nord et au Sud de l’Equateur
africain, avec comme limite méridionale approximative le Kasai,
infléchie vers le Nord seulement dans sa partie occidentale (1).
Pour les langues européennes on peut s’appuyer sur de nom
breux documents s’étendant sur une longue série de siècles et se
référer à un large éventail de parlers plus ou moins apparentés.
La situation de l’Afrique est très différente. Même en nous limi
tant à la famille bantoue, la documentation publiée présente
d’énormes lacunes.
Ainsi malgré les nombreuses études faites dès l’époque colo
niale, les langues de la république du Zaïre sont encore très im
parfaitement connues. Que savons-nous p.ex. de la situation lin
guistique de l’ancienne province orientale?
D ’autre part, comme ces populations ignoraient l’écriture, les
documents historiques manquent totalement.
Voilà les deux facteurs qui rendent l’entreprise sémantique fort
hasardeuse. En effet, l’évolution du sens des mots ne peut se dé
gager que difficilement sans la comparaison entre divers parlers
ou/et entre les divers stades de la vie d’une langue. Or, en Afri-
(1) G. Van der Kerken: Cf. L’Ethnie MsngD, I.R.C.B. Bruxelles 1944;
G. Hulstaert: Les M^ngp, Tervuren 1961; Carte Linguistique du Congo Belge
I.R.C.B. Bruxelles 1950; Dictionnaire IomongD - Français, Tervuren 1957; Gram
maire du Iom3ng3 I, II, III, Tervuren 1961-66.