L’histoire du gène depuis le début du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui Michel Morange, Centre Cavaillès, République des savoirs USR 3608, Ecole normale supérieure et Université Pierre et Marie Curie, Paris Mieux Comprendre le gène, de Mendel à la génétique actuelle: l’apport de l’histoire de la biologie pour l’enseignement Genève, 11 Février 2016 Introduction • Le gène, de 1909 à 1950 • Le gène moléculaire • Le gène génomique • Les limites du gène: l’épigénétique I. Le gène, de 1909 à 1950 L’âge classique • 1910: la localisation des gènes sur les chromosomes • La question de la nature des gènes n’est pas posée • Le mécanisme d’action des gènes n’est pas recherché La localisation des gènes sur les chromosomes La nature et la fonction des gènes • Le modèle protéique et enzymatique du gène • Le gène est « à part » Le gène: un objet à part • Il ne se mêle pas autres constituants cellulaires • Il a un rôle essentiel, mais limité La génétique: science reine de la biologie • Le rôle central du noyau cellulaire, des chromosomes et des gènes • Les gènes sont les atomes de la biologie: le poids des métaphores • La génétique est une science mathématisée et formalisée • Elle est la « physique de la biologie » • Le gène est à l’origine de la vie (Müller dans les années 1920) II. Le gène moléculaire (19502000) Un processus de « réification » • Un processus lent • Un acmé au début des années 1960 avec le déchiffrage du code génétique • Les premières difficultés: - Les séquences régulatrices et les frontières floues des gènes - Les gènes qui ne codent pas Les difficultés se sont accumulées • Les gènes fragmentés • Les séquences régulatrices partagées (les enhancers) • Le « junk DNA » • L’édition des ARN • L’abondance des petits ARN régulateurs • Conclusion: le génome est le fruit d’une histoire évolutive Les gènes gardent une position dominante • Le déterminisme génétique • Le gène « causal » • Une symétrie entre les gènes et les autres facteurs causaux est-elle possible? • Distinguer les fonctions simples et les fonctions complexes • La place de l’environnement (le modèle de l’opéron) Pourquoi les gènes gardent une position dominante? • Le poids de l’histoire: les atomes de la biologie, le livre de la vie • Le gène est central dans les pratiques des biologistes: comparaison entre l’homme moderne et l’homme de Néandertal • Et pas seulement des biologistes (la PCR) • Les années 1990: l’isolement des gènes liés aux maladies et aux comportements • Aujourd’hui: l’édition du génome III. Le gène génomique • Un ensemble de gènes • Chaque portion du génome peut engendrer différents produits • Les gènes ont des fonctions différentes: un ensemble hétérogène • Il n’y a pas de définition générale du gène • Cela n’a pas d’importance! Faut-il enseigner la génétique classique? • Elle sert toujours à interpréter les croisements • Elle est importante dans le cas des maladies génétiques • Même si la recherche des gènes associés aux maladies utilise d’autres méthodes (GWAS) IV. Au-delà des gènes: l’épigénétique • Un terme au sens multiple: - « épigénétique » au sens « non-génétique » - épigénétique au sens « au-dessus de la génétique » • L’épigénétique en recherche aujourd’hui: les « marques épigénétiques » • Les effets de l’environnement: échapper au déterminisme génétique Quelques questions sur l’épigénétique • Un retour du lamarckisme? • L’instabilité des marques épigénétiques • La diversité des marques épigénétiques selon les organismes • Les modifications épigénétiques ne peuvent pas faire ce que font les mutations génétiques Conclusions • Ne pas nier l’existence de cas de déterminisme génétique • Un changement d’environnement peut faire disparaître le déterminisme génétique: le cas de certaines maladies génétiques • Ne pas céder aux mirages de l’épigénétique! • Le déterminisme génétique n’est qu’un déterminisme biologique