Les trois âges de l’écologie
Les termes « croissance verte » et « emplois verts » se sont imposés dans le débat public mondial à la
faveur de la publication par le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le
Bureau International du travail (BIT), à l’automne 2008, du rapport Green Jobs: Towards decent work
in a sustainable, low-carbon world (Emplois verts : vers le travail décent dans un monde bas carbone
soutenable). Ce rapport marque l’entrée résolue des pays développés et émergents dans le
troisième âge, économique, de l’écologie.
Dans la période contemporaine, la préoccupation environnementale s’est en effet d’abord
cristallisée dans un âge mystique, de la publication de Nature en 1836 par le philosophe Ralph Waldo
Emerson jusqu’au combat de John Muir, épaulé par le Président Théodore Roosevelt, pour la
création des premiers parcs nationaux aux Etats-Unis dans le cadre du
mouvement « conservationiste », dont les racines étaient européennes.
Le deuxième âge de l’écologie, l’âge civique, se développa également aux Etats-Unis, à partir de la
publication de Silent Spring par Rachel Carson en 1962, pamphlet contre l’usage du DDT, interdit dix
ans plus tard sur le territoire américain.
L’avènement de l’âge économique de l’écologie peut être situé au début des années 1990, lorsque
les gouvernements des pays développés ont réalisé qu’ils devraient réduire leurs émissions de gaz à
effet de serre pour contrer la menace du changement climatique. Ce nouvel âge est parvenu à
maturité à l’automne 2008, dans le contexte de la crise globale, lorsque le PNUE a lancé l’idée de sa
« nouvelle donne verte » (« Green New Deal ») destinée à relancer, mais aussi et surtout à changer
les économies.