Santé, immunité et parasitisme dans les populations de chevreuils

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Santé, immunité et parasitisme dans les populations de chevreuils
Directeur : Emmanuelle Gilot-Fromont, PR VetAgro-Sup
Co-directeur : Gilles Bourgoin, MC VetAgro-Sup
Couleur scientifique : Biologie evolutive, biologie des populations / ecophysiologie
Contact : [email protected]
Le contrôle des populations animales et leur maintien à des densités acceptables passe par la
compréhension des mécanismes liant les ressources du milieu et la dynamique des populations. En particulier,
le rôle respectif des parasites et des contraintes liées aux ressources alimentaires doit être élucidé. Les
parasites sont-ils présents lorsque les animaux sont moins résistants, auquel cas ils constituent les « témoins »
de la relation entre une population d’hôte et son environnement, ou bien interviennent-ils comme cause, et
dans quel sens? Les parasites peuvent en effet à la fois affecter la condition physique des animaux mais aussi
stimuler l’immunité et améliorer la résistance aux futures infections. Ces questions demandent de mesurer
simultanément chez les animaux, le niveau de ressources disponibles pour le métabolisme (état général de
santé), la compétence immunitaire et la présence de parasites, dans un contexte qui permette en plus d’estimer
les performances (survie, reproduction) résultant de ces interactions.
Les ongulés, et en particulier le chevreuil, représentent un bon modèle biologique: en France, les
populations sont denses et des phénomènes de mortalité ont été observés. Plusieurs agents pathogènes ont été
détectés, mais leur rôle respectif reste incertain, ils peuvent constituer une cause indépendante de mortalité ou
seulement un marqueur de la présence d’animaux faibles dans les populations. Le chevreuil est une espèce
bien connue, notamment à travers les suivis des trois populations qui seront suivies ici, Aurignac, Chizé et
Trois-Fontaines, suivies par capture-marquage-recapture depuis 2005, 1978 et 1975 respectivement.
Objectifs
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proposer des indicateurs pertinents pour mesurer la condition physique et la compétence immunitaire ;
ces indicateurs seront validés chez le chevreuil et pourront être proposés pour d’autres espèces ;
analyser les facteurs internes et externes expliquant la condition physique et le niveau
d’immunocompétence des individus ;
rechercher les conséquences de ces interactions sur la dynamique de l’interaction hôte-pathogène et la
dynamique de la population hôte, et proposer des indicateurs pertinents pour la gestion des populations.
Méthodes
Le principe est de mesurer simultanément chez les mêmes animaux la condition physique, la
compétence immunitaire et la présence des principaux agents pathogènes susceptibles d’avoir un impact sur la
dynamique des populations. Les mesures seront basées sur des prélèvements sanguins effectués au cours des
captures. Le suivi se déroulera tout au long de la thèse et prendra aussi en compte les échantillons déjà
prélevés depuis l’hiver 2009-2010, ce qui permettra d’avoir au total 4 années de données, avec environ 200
chevreuils capturés par an. Les populations suivies possèdent des caractéristiques contrastées : une population
est située en milieu ouvert et a des contacts avec le bétail (Aurignac) et deux populations vivent en enclos en
milieu forestier (Chizé et Trois-Fontaines), mais diffèrent par le niveau de ressources disponibles. Ces
populations sont aussi hétérogènes spatialement, avec des secteurs ou la végétation est plus ou moins riche et
plus ou moins ouverte. La comparaison entre populations et entre sites à l’intérieur de chaque population
constituera la base du travail, de même qu’une comparaison entre les 4 années de mesure si celles-ci
présentent des caractéristiques (météo par exemple) différentes.
La mesure de la condition physique sera effectuée à l’aide des mesures classiques utilisant la masse
corporelle, mais aussi à travers des indicateurs de différents niveaux de métabolisme en utilisant les
prélèvements sanguins effectués. Les résultats préliminaires des données déjà acquises montrent que les
niveaux d’albumine, de fructosamine et de créatinine sont des indicateurs sensibles aux conditions
environnementales.
L’immunocompétence doit être mesurée en prenant en compte la multiplicité des voies immunitaires.
Les mesures envisagées incluent ainsi des indicateurs de l’immunité innée cellulaire (capacité phagocytaire
des cellules mononucléées), innée humorale (anticorps naturels, complément, haptoglobine), acquise cellulaire
(numération des neutrophiles, lymphocytes et monocytes) et acquise humorale (gamma-globulines).
Le suivi doit être complété par une recherche d’agents pathogènes concernant 6 groupes d’agents
identifiés comme possiblement liés à la performance des animaux et pour lesquels des méthodes de détection
sont disponibles : les nématodes gastro-intestinaux, les Pestivirus, les bactéries abortives (Chlamydophila,
Coxiella et Salmonella), les mycobactéries et mycoplasmes (Mycobacterium paratuberculosis et Mycoplasma
agactiae), les maladies transmises par les tiques (Anaplasma et Babesia) et les protozoaires agents
d’avortement (Toxoplasma et Neospora). Ces recherches seront effectuées avec différents laboratoires
partenaires.
Collaborations
Le projet est effectué en collaboration étroite avec l’Office National de la Chasse et de la Faune
Sauvage (ONCFS : François Klein, CNERA Cervidés-sangliers ; Philippe Gibert, CNERA Faune de
Montagne) dans le cadre de deux conventions de recherche, qui prendront en charge le fonctionnement de la
thèse.
Le projet se déroule également en collaboration avec l’INRA de Toulouse (Hélène Verheyden) et avec
les laboratoires effectuant les recherches d’agents pathogènes et les mesures de condition physique et
immunitaire : ANSES Reims, LDAV de Chambéry, Université de Murcia, Oniris Nantes, plateau technique
BEMT de VetAgro-Sup, U851 INSERM Gerland.
Résultats attendus
Le suivi permettra d’aborder des questions à différentes échelles de travail, tout d’abord en élucidant les
relations entre parasitisme, immunité et état de santé des animaux :
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Entre individus, comment varient les différents axes de la compétence immunitaire? Les résultats
préliminaires, concernant la première année de suivi, montrent une différence nette d’état de santé
entre les sites de Trois-Fontaines et Chizé, les animaux de ce dernier site étant en général en moins
bon état de santé, mais dans un état de stimulation immunitaire plus important.
Les individus les plus parasités sont-ils les plus faibles immunitairement, ou le parasitisme permetil de stimuler le système immunitaire ? L’état de santé général permet-il d’expliquer
l’investissement immunitaire ?
La comparaison entre populations, mais aussi entre secteurs géographiques dans les populations,
permettra d’aborder le rôle des caractéristiques de l’environnement : lorsque le niveau de ressources
est faible, le niveau général de santé est-il altéré ? Le parasitisme est-il corrélé à une diminution de
compétence immunitaire dans les zones à faible disponibilité alimentaire ?
Nous pourrons également aborder les relations entre ces composantes de l’histoire de vie et la
dynamique des populations :
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La condition physique, la condition immunitaire et le parasitisme sont-ils de bons prédicteurs de la
survie et de la fécondité ?
Les mesures d’état général, de compétence immunitaire et de parasitisme reflètent-il bien les
variations de la relation entre la population et son environnement, et peuvent-ils être utilisés comme
des outils de gestion de ces populations ?
Budget prévisionnel : le fonctionnement sera pris en charge par les conventions de recherche avec
l’ONCFS. Une demande d’allocation de recherche est en cours auprès de l’ONCFS et de VetAgro-Sup.
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