Cultturegén néralle(S S,E,T) T) D Dissserta ation nlittéra aire D Dissserta ation nph hilosophiique e Epreuve de dissertation de culture générale options scientifique, économique, technologique Epreuve de l’EDHEC et de l'ESSEC Moyenne par école Ecoles Moyenne Ecart-type Candidats EDHEC 10,04 3,50 6123 ESSEC 10,37 3,60 4678 Moyenne de l’épreuve : 9,94 Ecart-type : 3,52 Nombre de candidats : 6430 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris – IDF. Les chiffres de ces tableaux par école sont communs. Dissertation de culture générale EDHEC/ESSEC Rapport établi par Robert Lévy Sujet : Le livre de la nature Commençons comme en 2015 et quasiment dans les mêmes termes par énoncer quelques sujets de satisfaction soulignés par la plupart des correcteurs - on verra dans les dernières lignes de ce rapport que ce n’est bien que la plupart - : globalement, les candidats maîtrisent l'expression écrite (syntaxe, propriété des termes et orthographe - même si, cette année encore sur ce dernier point quelques correcteurs font état d’une relative dégradation - ; pour la plupart d'entre eux, les candidats connaissent les schémas de base de la dissertation; tous les candidats ou presque ont, dans certaines limites, traité du sujet (le sujet proposé cette année, « Le livre de la nature. » était abordé dans chaque phase du développement, même lorsque le candidat se contentait de réciter des fragments de cours plus ou moins bien digérés). Cette qualité, dans l'ensemble, du niveau rhétorique et dialectique a donné, cette année encore, l'impression que l'épreuve est prise au sérieux et qu'elle est bien préparée. Il n'y a que très peu de copies ineptes et la forme littéraire "dissertation" est dans l’ensemble assez bien dominée. Toutes ces remarques doivent être complétées par une information concernant la moyenne de l’épreuve de la session 2016 : il n’a pas semblé illégitime de noter les copies de telle sorte que la moyenne générale de l’épreuve s’approche de 10, jurys EDHEC et ESSEC confondus, pour s’établir exactement à 9,83. La moyenne de la session 2016 confirme une tendance continue, ancienne déjà, et engagée dès 1994. Un ensemble, pour résumer, assez satisfaisant, malgré encore de grandes inégalités. Des copies plutôt plus longues, à la réflexion plus développée et nourrie de références plus précises, de bonne tenue sur le plan de l’expression et de l’orthographe. Le sujet, dans son ouverture, semble avoir été stimulant et a donné lieu à des perspectives variées. Reste, toujours pour reprendre les rapports de l’an dernier, que tout n’est pas encore parfait, et qu’il faut redire aux candidats qu’ils passent un concours : autrement dit, ils doivent, d’une part, exposer leurs qualités, se distinguer en évitant en particulier de voir en quelques lieux communs l’alpha et l’oméga de la pensée, et surtout affronter le sujet dans sa particularité ; et d’autre part, se plier aux exigences propres à l’épreuve de dissertation, exigences qui découlent de sa définition, que nous nous permettons de rappeler une fois de plus: "La dissertation de culture générale est un exercice, écrit dans une langue maîtrisée et choisie, au cours duquel, à propos d'un sujet faisant explicitement référence au thème de l'année, le candidat manifeste une aptitude tout d'abord à effectuer l'analyse et la problématisation du libellé proposé, ensuite à organiser et mener une discussion construite, sans préjugé, ouverte, conséquente et cultivée ; il y mobilise librement ce qu'il connaît des littératures française et étrangère, des différents arts (cinéma, peinture, photographie, théâtre...), de la tradition philosophique, des sciences exactes et des sciences de l'homme, des grandes religions et des principaux courants idéologiques contemporains ; il y démontre enfin en quoi cet enrichissement culturel permet de mieux comprendre le monde dans lequel il vit". Que les candidats, cette année encore, examinent avec soin cette définition et ils verront : - Tout d’abord, qu’elle préside à l’élaboration et à l’élection du sujet qui leur sera proposé : il se doit d’être ouvert, formulé simplement, lié mais non limité au thème de l’année; une fois encore il faut réaffirmer qu’il est nécessaire de mobiliser les acquis de la première année (enseignement de culture générale) pour traiter effectivement le sujet du concours et que le thème de la seconde année est l'occasion d'une réflexion conduisant à la confection d'une dissertation de culture générale, susceptible de prendre en compte la diversité des directions et des domaines qui font d’un terme (« La nature » en cette année 2016) un programme ; le traitement du sujet exige donc de mener des analyses portant sur la réalité sous tous ses aspects. - Ensuite, qu’elle organise le travail des correcteurs en ce qu’elle fixe les principes généraux de l’évaluation des copies: importance primordiale de la problématisation (il nous faut donc sanctionner toute copie dont l’introduction n’est qu’une formalité, qui évite ou dénature le sujet et se contente d’annoncer un programme là où on attend l’énoncé d’un problème); importance de l’aptitude à approfondir longuement, avec soin et minutie, une perspective, pertinente évidemment (il nous faut donc sanctionner toute copie qui se contente d’évoquer allusivement un grand nombre de directions possibles de réflexion et au contraire valoriser toute copie qui pense longuement et précisément en compagnie et à l’aide d’une référence, quelle qu’elle soit) ; importance des exemples que, là encore, on doit choisir et exposer avec attention et scrupule (il nous faut donc sanctionner et les copies sans exemple et celles qui, pratiquant la livraison en vrac d’exemples à peine évoqués, la plupart du temps confondent d’une part références et exemples et d’autre part exemples et références littéraires, philosophiques et historiques). On redira enfin que «citation n’est pas raison» et qu’il faut donc garder en mémoire le point suivant : une citation n’a de valeur que par le commentaire qui l’explique et l’exploite. Plusieurs défauts demeurent donc, et largement répandus : - Une absence de problématisation, qui fait que le sujet – brièvement rappelé en introduction, retraduit à la va-vite d’une manière trop simple et trop vague, et finalement perdu de vue – devient un prétexte à la récitation de connaissances certes louablement acquises, mais insuffisantes pour témoigner de la pertinence d’une réflexion et d’une culture générale assez maîtrisée pour enrichir et non paralyser l’analyse ou la recouvrir ou l’occulter, comme si celle-ci était au fond un obstacle à la satisfaction de montrer que l’on a travaillé, que l’on a appris, plus ou moins bien d’ailleurs, le cours dispensé durant l’année de préparation. Rappelons aussi que ce n’est pas seulement dans l’introduction, mais tout au long du développement que le sujet doit être envisagé, attaqué pour ainsi dire sous différents points de vue, que les interrogations qu’il suscite doivent être explicitement renouvelées, que l’effort de définition et de détermination des concepts doit être repris. - Une trame de réflexion simpliste, reposant sur des balancements exagérés et des oppositions traitées sans nuance. Les candidats ont certainement lu qu’il faut faire l’introduction une fois le devoir terminé ; ce qui fait que les introductions sont le plus souvent composées de trois phrases qui résument le contenu des trois parties, mais sans lien logique, sans unité problématique, sans qu’un enjeu clair apparaisse. Ces introductions sont souvent très fermement structurées et en même temps - par absence de liens - incompréhensibles, donc inutiles. Trop de copies, au motif d’annoncer le plan du devoir, proposent un résumé des analyses à suivre, pour se contenter ensuite de délayer plus ou moins habilement ce qui est présumé acquis. - Si l’expression est en général correcte, on peut regretter une certaine approximation dans le vocabulaire, même courant, une absence de souci et de recherche du mot juste et, plus largement, la méconnaissance du fait que la réflexion progresse, se nuance et se construit par un effort permanent de précision et de rigueur. L’expression reste souvent lourde et maladroite, encombrée de clichés contemporains. On ne terminera pas cette rubrique sans formuler une remarque banale mais qui ne semble pas avoir été prise en compte par tous les candidats : la tenue de langue est un critère important de sélection. La langue française est de façon surprenante souvent maltraitée et seuls quelques-uns se distinguent par leur qualité d’écriture et la recherche d’un style. On évitera cependant également la rhétorique creuse qui pense pouvoir substituer l’éloquence à la pensée. L’idéal serait bien sûr, comme toujours, l’alliance subtile du fond et de la forme ! Concernant les références, on peut noter, comme les années précédentes, qu’elles ne sont la plupart du temps ni suffisamment maîtrisées (elles sont de seconde main, approximatives, extraordinairement identiques d'une copie à l'autre), ni bien exploitées. Elles servent le plus souvent de simple caution au propos et, en fait, d'argument d'autorité. C'est vrai des références littéraires, utilisées à des fins purement ornementales ; c'est également vrai pour la philosophie : la référence, pas ou peu commentée, pas ou peu expliquée ne sert qu'à obliger le correcteur à considérer que le propos du candidat aurait du poids. Ainsi les candidats confondent donc trop souvent culture générale et culture en général, et force est de rappeler la nécessaire articulation de la réflexion et de la culture pour cette épreuve.Trop de copies oublient que disserter c’est prendre le risque du questionnement, le risque de thèses défendues et argumentées. Les copies que nous avons valorisées sont donc celles où le candidat s’installe et séjourne dans les références et non celles présentant une juxtaposition de doctrines ou de points de vue sans analyses ni transitions. Répétons-le: l’effort d’apprentissage, s’il se ressent dans de nombreuses copies, reste souvent trop superficiel ; et à force de se répéter, certaines références ne discriminent plus à elles seules les devoirs. Et plus précisément pour cette année 2016 … « Le livre de la nature » Le choix du jury s’est porté cette année sur un sujet ouvert, qui, nous l’avons dit plus haut, semble avoir été stimulant et qui a donné lieu à des perspectives variées. Il subsiste néanmoins dans de nombreux cas de grandes maladresses dans la démarche, mal construite ou non maîtrisée jusqu’au bout. Nous avons en effet choisi un sujet qui imposait d’emblée aux candidats de spécifier et de problématiser le thème de travail de l’année (la nature), en s’appuyant sur leur culture personnelle mais aussi sur leur propre expérience de « sujets pensants », capables de s’interroger sur les événements qui les touchent ou sur l’existence en général, et initiés, depuis de longues années déjà, au cours d’un parcours scolaire conséquent, aux efforts et aux joies éventuelles de la réflexion appliquée. Il vaut la peine d’insister sur ce point, car, comme on a pu déjà le remarquer au cours des sessions précédentes, beaucoup de sujets de culture générale, et c’était bien le cas de celui-ci, ne peuvent être traités de façon vraiment satisfaisante que si l’on sent dans le devoir un engagement – toujours servi par une écriture précise, élégante, dynamique – qui lui procure un élan et une cohésion que ne lui donneront jamais un simple empilement de citations d’auteurs et de résumés de cours. Plus généralement, mais toujours à propos du sujet de cette année 2016, on voudrait rappeler aux candidats que la lecture des rapports des années précédentes est un exercice qui ne peut que se révéler profitable ; ainsi bien des remarques formulées par nous-mêmes les années précédentes auraient pu être reprises et retravaillées pour traiter le sujet 2016. La forme de l’expression (« Le livre de la nature ») a déconcerté les candidats. Elle a mis au défi – et souvent en déroute – des méthodologies trop mécaniques, trop bien rôdées. Un nombre non négligeable de copies s’étonnent de la formulation et considèrent qu’il n’est pas possible de lui donner véritablement sens (parce que la nature est infinie et en perpétuel renouvellement, qu’un livre est un objet culturel et artificiel que la nature ne saurait produire, etc). Qu’il puisse s’agir d’une métaphore n’est alors même pas évoqué. Les candidats ont été en effet et en définitive peu nombreux à percevoir qu’il s’agissait là d’une métaphore, plus rare à désigner cette figure de style par son nom, et plus rare encore à en tirer des éléments pour leur analyse. Cela a donné lieu à des développements aux limites de la naïveté, détachée de toute réalité, de tout contexte scientifique ou culturel. Le « livre de la nature » devenait une chose, une hypostase dont on suivait les aventures dans un ciel des idées particulièrement nuageux. Beaucoup de copies témoignaient des connaissances acquises pendant l’année et faisaient l’effort d’accomplir formellement l’exercice, mais partaient d’emblée d’un mauvais pied. Il faut donc rappeler que l’analyse du sujet demeure la base d’une dissertation réussie, et qu’il faut d’autant plus s’y atteler, et s’y accrocher, que le sujet peut apparaître déconcertant. Or tout sujet réclame une analyse précise, singulière, souple, lucide et obstinée. Cette difficulté à analyser la formule « livre de la nature » est allée jusqu’à produire dans certaines copies une sorte de synonymie avec « la nature » elle-même, ce qui permettait au candidat de réciter à loisir des parties de son cours. Une autre grande difficulté du sujet tenait au contexte intellectuel qui lui est au premier abord associé : l’expression est traditionnellement associée à Galilée, qui parle de la nature comme d’un grand livre écrit en langage mathématique. Plusieurs remarques à ce propos. 1/ On pouvait attendre des candidats ayant travaillé sur le thème de la nature pendant une année qu’ils aient rencontré et retenu ce moment particulièrement important dans l’histoire de ce concept. Beaucoup de candidats, de fait, ont retrouvé cette référence, mais se sont souvent contentés d’une simple allusion. 2/ Le sujet n’étant pas posé comme une « question de cours », le fait de retrouver la référence n’était ni une condition nécessaire ni une condition suffisante pour construire une dissertation satisfaisante. Il est arrivé que de bonnes voire de très bonnes copies la méconnaissent, tout en livrant une analyse personnelle pertinente de la métaphore du livre de la nature. 3/ Cette métaphore n’appartient pas en propre à Galilée (ce qu’il lui apporte spécifiquement, c’est la détermination de ce livre comme étant écrit en langage mathématique), on la retrouve assez fréquemment dans l’histoire des idées, avec des significations diverses, par exemple chez Rousseau, et il était notable que quelques rares copies soient capables de dire qu’il s’agissait là d’une image classique, voire « éculée », quand la plupart se croyaient invitées à construire ou à reconstituer cet objet bizarre dont elles n’avaient manifestement jamais entendu parler. Les bons candidats se sont demandé, puisque « livre de la nature » il y avait, quelle pouvait bien être la nature de ce livre : livre sacré ? Livre d'images ? Roman ? poème ? (puisque si l'on en croit Mallarmé, le monde entier est fait pour aboutir à un beau livre ... ). Livre totalement écrit ? Mais dans ce cas, ce livre n'est-il pas un avatar du grand rouleau cher à Jacques le Fataliste? Livre devenu illisible ou inutile du fait de l'activité humaine ? Livre à réinterpréter et à compléter sans cesse (mais par qui et par quoi ?). Livre à abandonner, au vu des conflits que provoque la diversité des lectures ? On a parfois, et avec raison, discuté la légitimité de l'image du livre, en lui substituant celle du tableau, très classique, elle aussi, mais peut-être plus adaptée, en ce qu'elle laisse au contemplateur une plus grande latitude et ne présuppose ni langue ni parcours particuliers. (On pouvait songer à ces mots d'Henri Michaux : Les livres sont ennuyeux à lire. Pas de libre circulation. On est invité à suivre. Le chemin est tracé, unique. Tout différent le tableau. Immédiat, total. À gauche, aussi, à droite, en profondeur, à volonté. Pas de trajets, mille trajets, et les pauses ne sont pas indiquées. [Lecture de huit lithographies de Zao Wou Ki, 1950]) Est-il le livre écrit par la nature elle-même ? Est-ce la nature elle-même qui se donne directement sous forme de livre et qui nous met dans le rôle de l’herméneute ? On pouvait alors s’interroger sur ce que raconte ce livre, ce qui revenait à se demander ce que l’on entend par nature, et la visée propre de l’esprit humain lorsqu’il part à la recherche de la nature, aujourd’hui comme hier. Bien de ces points pouvaient être rencontrés à la simple condition d’une analyse des valeurs du génitif (le livre de la nature)… . Ce premier type de questionnement en amenait souvent un autre, qui partait alors du constat d’une certaine diversité des modes d’interprétation de ce livre (interprétation philosophique, scientifique, artistique etc.), et introduisait davantage de doute : Y a-t-il une interprétation correcte de ce livre de la nature ? Faut-il penser une hiérarchie entre toutes les versions de cette idée de nature, de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui ? De même : faut-il donner à l’interprétation scientifique, et à l’approche mathématique signalée par Galilée une supériorité indiscutable ? Ce qu'on n’a trouvé que dans les meilleures copies, dont les auteurs savent qu'une métaphore est rarement innocente et qu'elle constitue un puissant moyen de persuasion, c'est l'examen de cette question : à qui profite la métaphore ? Parler du livre de la nature, c'est parfois profiter de l'aura, de l'autorité du livre et de la chose écrite ou imprimée pour accréditer certaines idéologies, pour donner crédit à des élucubrations qu'on prétendra inscrites dans le livre de la nature. Beaucoup trop de candidats se sont contentés de filer la métaphore, non sans un certain talent littéraire quelquefois, non sans naïveté plus souvent – on remarquera que pour beaucoup de candidats, un livre est forcément un roman… – mais il était indispensable de l’objectiver pour se hisser au rang des meilleures copies. Une métaphore pose des questions qui ont trait à sa pertinence, à sa valeur d’exactitude ou à sa capacité à inspirer. Elle « fait voir ». Il faut donc déterminer ce qu’elle veut faire voir et si elle y parvient. D’une certaine manière, la formule de Galilée est assez riche en ce qu’elle énonce, en plus de la métaphore, ce qui est impliqué par celle-ci, à savoir que la nature semble s’exprimer, émettre des signes, qui doivent être déchiffrés. Quelle est la langue que parle la nature ? Ce livre est-il « poème » ou « mathème » ? Question simple, qui permettait d’ouvrir la voie à des développements intéressants, aussi bien du côté de l’histoire littéraire que de la philosophie des sciences, mais qui a été rarement posée ! Il a été encore plus rarement remarqué que le contexte et le sens de la métaphore chez Galilée nous renvoient à la « scientificisation » du regard porté sur la nature (et à la domination technique que l’on peut exercer sur elle), mais que cette scientificisation se dit au travers de cette métaphore d’une manière étonnamment poétique. Si, comme nous l’avons dit, la formule de Galilée est connue et citée par une grande partie des candidats, en revanche, elle est rarement commentée avec précision et exceptionnellement rapportée à des enjeux. Précisons encore et complexifions en énonçant quelques propositions de développement, à partir du texte même de Galilée : « La philosophie est écrite dans ce vaste livre qui constamment se tient ouvert devant nos yeux (je veux dire l’Univers), et on ne peut le comprendre si d’abord on n’apprend pas à connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. Or il est écrit en langue mathématique, et ses caractères sont les triangles, les cercles et autres figures géométriques, sans lesquelles il est humainement impossible d’en comprendre un seul mot, sans lesquelles on erre vraiment dans un labyrinthe obscur. » (Il Saggiatore - L'Essayeur, trad. Christiane Chauviré, Les BellesLettres, Paris, 1980.) Il faut rappeler que la « philosophie » désigne alors la « philosophie naturelle », c'est-à-dire la science physique, que la nature est ici l’ « Univers », que la langue de ce « vaste livre » ne semble devoir être intelligible que par les mathématiciens, les autres hommes étant condamnés à « errer dans un labyrinthe obscur ». Ecrire que sans la langue mathématique, il serait « humainement impossible » de comprendre un seul mot du livre de la nature peut signifier que les mathématiques ne seraient pas la langue de la nature elle-même, mais la langue de la science physique, laquelle supposerait un travail de mathématisation d’un réel qui en soi ne serait pas d’essence mathématique. Si à l’inverse, l’adverbe « humainement » est tenu pour négligeable, alors l’idée d’une structure mathématique du monde est présupposée, ce qui justifiait la référence à un calculateur divin – un Dieu leibnizien par exemple. Quoi qu’il en soit, les candidats auraient pu, ne serait-ce que sous la forme d’une simple remarque, s’étonner de la singularité de la science physique dans son rapport aux mathématiques : pour elle, les mathématiques ne sont pas un simple outil, mais lui sont essentielles. Quelles conclusions pour la nature doit-on tirer de cette relation singulière ? Enfin, les candidats ne s’étonnent pas du fait que le livre de la nature puisse être rédigé au moyen de « caractères » dont Galilée précise qu’ils « sont les triangles, les cercles et autres figures géométriques. » Des figures géométriques peuvent constituer une illustration – et on trouve de telles illustrations dans les textes de Galilée – mais ne sont pas à proprement parler les « caractères » d’un texte susceptible d’être lu. Seul le texte – au sens propre- qu’elles accompagnent peut leur donner sens. Il suffit d’ouvrir un ouvrage de physique pour constater que son « langage » est constitué de mots de la langue courante et de lignes d'équations. L’image du livre de la nature est relativement répandue dans la littérature, en particulier du Moyen-Âge au XVIIIème siècle (Sebond, Montaigne, Campanella, Rousseau,…), mais le sens et la valeur de l’image varient. Le « livre de la nature » peut être un complément du « livre de la révélation » (Sebond). Il peut entrer en résonnance avec le Livre par excellence (La Bible) – la nature comme livre divin est alors l’ouvrage qui témoigne de la grandeur de son Auteur. Mais le livre de la nature peut au contraire venir concurrencer le Livre. Les candidats ont rarement apprécié la valeur polémique que l’image pouvait recéler. Invoquer le livre de la nature, c’est pour Galilée, inviter à cesser de faire de la physique en lisant Aristote et ses commentateurs. Le Descartes du Discours de la méthode rapporte dans la première partie de l’ouvrage sa décision de s’émanciper de la tutelle de ses précepteurs en quittant « entièrement l'étude des lettres » pour « ne chercher plus d'autre science, que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde » ; la théologie du Vicaire savoyard d’Emile ne repose pas sur la lecture de la Bible, mais sur celle du grand livre de la nature : « J’ai donc refermé tous les livres. Il en est un seul ouvert à tous les yeux, c’est celui de la nature. C’est dans ce grand et sublime livre que j’apprends à servir et à adorer son divin auteur : nul n’est excusable de n’y pas lire parce qu’il parle à tous les hommes une langue intelligible à tous les esprits. » (Emile, Livre IV) Ainsi, le livre de la nature est aussi un anti-livre, l’image invitant à rejeter soit le Livre et les ouvrages des théologiens au profit d’une relation directe à Dieu que la nature permettrait, soit à plaider pour une culture véritable, loin des savoirs livresques, une tête bien faite ne pouvant se former que par la confrontation directe au monde. Enfin, on notera que le livre de la nature est pour Galilée illisible pour qui ignore la langue mathématique, mais parfaitement « intelligible à tous les esprits » pour Rousseau. De bonnes copies ont ainsi retrouvé aussi dans l’image du livre de la nature la notion de guide ou de manuel sur lequel nous devrions guider nos conduites, en s’appuyant sur les Stoïciens ou encore sur Jean-Jacques Rousseau. Mais peu ont remarqué la tension, le conflit qu’il pouvait y avoir entre le livre de la nature et les livres de la culture, les livres de papier – auxquels nous devrions préférer le premier, précisément parce qu’il n’est pas un livre de papier. Chez Galilée comme chez Rousseau, le livre de la nature doit se substituer aux livres des bibliothèques qui font écran à la connaissance du monde, qu’elle soit scientifique, poétique, ou religieuse Les meilleures copies ont été capables de mettre en évidence plusieurs significations et implications de la métaphore. Elles ont su en révéler des limites historiques ou conceptuelles. Certaines, en l’ancrant dans le contexte galiléen de maîtrise scientifique de la nature, ont appelé à la dépasser, en s’appuyant par exemple de façon informée et pertinente sur les réflexions de Husserl concernant Galilée et la crise des sciences européennes. D’autres se sont demandé quel sens nous devrions lui donner aujourd’hui, dans un temps d’interrogation sur la préservation de la nature – et si cette image même du livre ne pouvait pas nous enjoindre à voir dans la nature une source de maximes ou de préceptes moraux qui impliqueraient de la prendre en compte dans nos actions. Certes différents sens possibles du mot nature sont souvent déclinés en introduction (par exemple, la nature comme kosmos, phusis ou ousia), mais dans le corps de la copie, la notion de nature peut renvoyer, sans maîtrise, à des référents divers, au prix de glissements de sens qui grèvent l’analyse. Ainsi, considérer que la puissance technologique, susceptible de bouleverser les grands équilibres de la nature (réchauffement climatique, régression spectaculaire de la biodiversité,…) nous ferait entrer dans l’ère de l’anthropocène et que l’homme pourrait à présent être tenu pour l’auteur du livre de la nature constituait une perspective pertinente, mais à condition de préciser que la nature concernée était alors la biosphère, et non l’univers physique. Il est à noter que certains correcteurs (ce sentiment n’est pas unanime) ont fait part de leur sentiment d’un « mauvais cru » à la lecture des copies cette année. Ce sentiment est probablement dû en partie à l’étonnement provoqué par l’incapacité d’une très grande partie des candidats à se saisir pertinemment du sujet – par ce que l’on pourrait appeler un surprenant « manque d’à propos » – alors que nous avions été habitués, les années précédentes, à lire des copies faisant preuve d’une relative habileté rhétorique scolaire. Il importe donc de rappeler que l’épreuve de culture générale n’est pas une simple accumulation de connaissances, mais doit développer chez les candidats une capacité autonome de pensée et d’expression. Epreuve écrite de contraction de texte toutes options Epreuve HEC Moyenne par école Ecoles Moyennes AUDENCIA Nantes BREST Business School École de Management de NORMANDIE EDHEC Business School EM STRASBOURG Business School EMLYON Business School ESC DIJON BOURGOGNE ESC LA ROCHELLE ESC RENNES School of Business ESM de Saint-Cyr SES ESSEC GRENOBLE École de Management Groupe ESC Clermont Groupe ESC PAU Groupe ESC TROYES HEC Paris INSEEC BS - Paris, Bordeaux, Chambéry, Lyon ISC Paris Business School ISG International Business School MONTPELLIER Business School SKEMA Business School TOULOUSE Business School Moyenne générale : Ecart-type Candidats 9,94 7,90 8,02 10,22 8,70 10,18 8,12 8,02 8,70 10,14 10,48 9,89 7,88 8,02 8,02 10,60 3,76 3,42 3,51 3,81 3,56 3,82 3,45 3,51 3,56 3,21 3,94 3,77 3,43 3,51 3,51 3,92 7673 1116 3064 6917 5572 7148 2628 3064 5572 158 5521 7243 1272 3064 3064 5131 7,96 8,02 7,95 8,70 9,25 9,55 3,39 3,51 3,51 3,56 3,65 3,69 2299 3064 1459 5572 6868 7038 9,65 Ecart-type : 3,88 Nombre de candidats : 10038 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris – IDF Epreuve écrite de dissertation philosophique Option Lettres et sciences humaines Epreuve ESSEC Filière ENS B/L Moyenne par école Ecoles Moyennes AUDENCIA Nantes BREST Business School École de Management de NORMANDIE EDHEC Business School EM STRASBOURG Business School ESC DIJON BOURGOGNE ESC LA ROCHELLE ESC RENNES School of Business ESSEC GRENOBLE École de Management Groupe ESC Clermont Groupe ESC PAU Groupe ESC TROYES INSEEC BS - Paris, Bordeaux, Chambéry, Lyon ISC Paris Business School ISG International Business School MONTPELLIER Business School SKEMA Business School TELECOM École de Management TOULOUSE Business School Ecart-type Candidats 9,99 8,97 8,95 10,26 9,20 8,93 8,95 9,20 10,44 9,98 9,31 8,95 8,95 9,16 3,02 3,09 2,78 3,11 2,86 2,79 2,78 2,86 3,21 2,97 2,93 2,78 2,78 3,12 173 29 56 189 110 46 56 110 220 145 32 56 56 44 8,95 8,81 9,20 9,53 9,40 9,64 2,78 2,87 2,86 3,13 3,40 3,00 56 36 110 133 55 138 Moyenne générale : 10,08 Ecart-type : 3,13 Nombre de candidats : 289 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris - IDF DISSERTATION PHILOSOPHIQUE Option Lettres et sciences humaines Epreuve ENS B/L Valérie GERARD Sujet : « Le droit du plus faible » Comme l’an passé, cette session 2016 s’est dans l’ensemble bien déroulée, et la correction n’a pas soulevé de problèmes particuliers. Les copies sont globalement de même niveau que la session 2015, ce qui fait un ensemble fort honorable. Les copies ont souvent témoigné de connaissances précises, associées à une réflexion pertinente ainsi qu’à d’indéniables qualités rhétoriques (amorces, transitions) : le sujet a été travaillé, effectivement. Les copies indigentes sont très rares. Les copies sont la plupart du temps construites, argumentées, ce qui s’agissant de l’apprentissage du raisonnement philosophique est réellement encourageant. Rappelons comme les années passés, comme des professeurs préparateurs et pour éviter toute équivoque, que cette épreuve (le choix des sujets, les modes de lecture et d’évaluation des copies) correspond à l’esprit général et aux contenus de la formation philosophique dispensée dans les classes préparatoires littéraires et dans les khâgnes « BL » en particulier. On s’efforce de concevoir des sujets permettant aux étudiants de donner le meilleur d’eux-mêmes, sur la base du travail fourni et cela qu’il s’agisse d’une première ou d’une seconde année de préparation. S’agissant de la formulation même du sujet, on a cette année encore respecté la coutume qui semble faire consensus entre concepteurs et préparateurs : le sujet est formulé dans une langue qui ne comporte pas de sophistications ou d’équivoques excessives, susceptibles de brouiller la compréhension des difficultés qui sont en jeu. Le sujet est à la fois très classique, tout en proposant une formulation qui n’autorise pas la récitation d’un cours sur « le droit du plus fort » et appelle une réflexion personnelle à partir des connaissances. Il faut toutefois rappeler une fois encore que les candidats doivent être attentifs à la durée particulière de cette épreuve : quatre heures pour la composition d'une dissertation, ce qui impose un rythme de travail intense et une contrainte de concision à ne pas négliger. Cette année comme les années passées certaines copies apparaissent inachevées ou bâclées dans leurs dernières séquences ou dans leurs conclusions, faute sans doute d’une attention suffisante portée à ce temps (relativement) court. Il est un art d’aller à l’essentiel, que les candidats doivent vraiment faire leur. Le sujet de cette session – « Le droit du plus faible » – était comme ceux des années passées suffisamment ouvert pour permettre aux candidats de mobiliser une culture philosophique qui varie selon les parcours philosophiques des uns et des autres ; et aussi suffisamment déterminé pour résister à la tendance caractéristique des mauvaises copies, qui transforment les sujets en prétexte pour l’exposé de fiches préparées à l’avance. Ajoutons que c’est l’ensemble des années de préparation qui doivent être mobilisées lors de cette épreuve, sur la base d’une réelle maturité. Pour répondre à une question qui est souvent posée par les candidats ou les préparateurs : il n’existe pas sur un sujet donné de références ou d’exemples obligés. Si l’on a lu cette année de très bonnes copies faisant référence à Rousseau, à Hobbes, à Pascal, ces références (bienvenues) n’étaient évidemment pas considérées par le jury comme nécessaires à l’élaboration d’une bonne copie. Il revient à chaque candidat de mobiliser à bon escient et comme il l’entend les éléments de culture philosophique dont il dispose. C’est à partir du moment où il fait ses propres choix, convoque tel auteur ou telle œuvre, telle séquence conceptuelle ou tel exemple, qu’il s’oblige à un propos instruit, développé et surtout, pertinent : la norme de référence pour l’évaluation des copies leur est en principale partie immanente. Pour prendre l’exemple d’une référence à Rousseau, il ne revient pas au même de dire que Rousseau critique le droit du plus fort, et de montrer que finalement, le droit du plus fort couvre un droit du plus faible en puissance, puisque si les forts établissent du droit c’est pour se protéger en cas de faiblesse. Comme lors des sessions précédentes, toute l’échelle des notes (de 1 à 20) a été utilisée pour l’évaluation et l’ordonnancement des copies. Les notes les plus basses sont attribuées aux copies qui sont manifestement et gravement déficientes, et il y en a très peu. Le jury est soucieux de valoriser de manière nette les copies qui se détachent du lot (une très bonne copie sera sans hésitation notée entre 15-16 et 20). Il tient aussi à utiliser tout l’éventail des notes moyennes voire bonnes pour des copies qui, même si elles ne sont pas tout à fait abouties, témoignent d’un travail de préparation sérieux, de connaissances précises et d’un véritable engagement réflexif. Un essai sincère de problématiser, de réfléchir son propre propos, sera toujours valorisé. Il est important que la philosophie soit de ce point de vue à égalité avec les autres disciplines au sein du concours. Pas d’écrasement des notes donc, autour d’une moyenne qui serait préjudiciable aux candidats. On parvient cette année pour le concours Essec à une moyenne de 10,44 (10,50 en 2015). L’écarttype est de 03,130 (plus élevé qu’en 2015 (3,08)). 40,46% des copies ont une note comprise entre 10 et 13 ; 15%, une note égale ou supérieure à 14 ; 7,27% sont notées entre 16 et 20. Ce qui fait une solide « tête » de concours et permet à l’ensemble des candidats de bien profiter de leur travail en philosophie. Une copie ratée est une copie qui ne se confronte pas à la question, qui ne prend pas au sérieux l’expression dans son ensemble : ainsi, certains candidats se contentent de traiter de la faiblesse, en analysant les causes, éventuellement la dignité, en donnant des interprétations mythologiques (le mythe d’Epiméthée fréquemment convoqué), sans jamais aborder la question du droit. Une copie est ratée lorsqu’elle n’analyse pas l’expression proposée, mais ses termes, de manière séparée : cela peut conduire à passer à côté du problème voire à proposer de faux problèmes, comme ces copies qui partent de l’idée que le droit est universel, tandis que la faiblesse est relative et fluctuante, pour dire qu’il est problématique de donner au nom de la faiblesse des droits alors que les supposés plus faibles ne le sont pas toujours. Un grand nombre de copies restreint le sujet à la question de la discrimination positive (en substance, « est-il juste de donner davantage de droits aux plus faibles ? » – alors que rien dans le sujet n’indique que le droit du plus faible soit un droit exclusivement donné au faible, un droit à part). On peut alors regretter d’une part, une approche souvent très plate consistant à simplement décrire l’histoire de l’état providence par exemple, et d’autre part l’absence de problématisation de l’expression « droit du plus faible », et donc l’absence d’interrogation sur ce que c’est qu’avoir un droit, ce que cela suppose, ce qui garantit les droits, ce qui fait avoir besoin du droit. Rappelons donc ici qu’une dissertation ne consiste jamais en un traitement purement factuel et descriptif d’une question. Répétons-le, le sujet doit être analysé, questionné, et problématisé précisément, sans quoi il ne peut être traité, de même que le candidat doit réfléchir régulièrement son propre propos : cela fait toute la différence entre une copie qui confond le droit d’une part, et, d’autre part, la charité ou l’humanitaire (le droit du plus faible serait ainsi le droit d’être aidé), et qui s’arrête là, et une copie qui en parle et revient sur son raisonnement pour montrer la différence entre avoir un droit et bénéficier de la charité, voire, à partir de là, réfléchir sur le paradoxe de l’octroi du droit (sans se contenter d’affirmer, comme une évidence, que le droit du plus faible est octroyé). De manière comparable, certaines copies pensent que les plus faibles peuvent conquérir eux-mêmes leurs droits, en s’alliant par exemple, ils parlent de la démocratie comme de ce qui instaure le droit du plus faible, voire de la tyrannie des faibles, sans jamais s’interroger sur le renversement du rapport de force qui peut s’opérer, sur la notion de force numérique, ou de force que donne l’organisation, sans problématiser, donc, la question de savoir dans quelle mesure on peut encore parler de droit du plus faible. On ne rappellera jamais assez que les concepts employés doivent être pensés, réfléchis, et qu’il est délicat, sur un tel sujet, de partir de l’idée que la force légitime le droit, comme si c’était une évidence, sans jamais l’interroger – confondre le fait et le droit, confondre la légitimité et la force, est préjudiciable, et on ne saurait trop conseiller aux candidats de maîtriser les « repères » du programme de philosophie de terminale. Bien trop fréquemment dans les copies de cette année, l’absence d’interrogation est le corollaire d’un discours idéologique qui ne laisse pas de place à la réflexion, discours parfois caricatural, qui va jusqu’à une utilisation des œuvres philosophiques déroutante. Ainsi de ce qui est fait de Platon, où le pouvoir des plus forts, c’est-à-dire des rois philosophes (ce qui est déjà un contre sens…), sur les faibles ignorants serait légitime (donc la compétence et la force sont là confondues) ; ainsi de Kant, dont la formule « tu dois donc tu peux » est mise au service d’une critique des assistés… ; ainsi de Nietzsche, auteur le plus souvent mal usé pour dénoncer les droits accordés aux plus faibles et qui empêchent les personnalités, les talents, les capacités des autres de se développer. Les candidats parfois se demandent s’il est légitime que les faibles opprimés se soulèvent pour conclure aussitôt que non car cela cause du désordre social (confondant, sans aucune interrogation, le droit et l’ordre). Mentionnons cette copie qui, ne doutant de rien, explique que, dans l’affaire Snowden, l’Etat américain est le plus faible, Snowden le plus fort, et que la faiblesse de l’Etat américain l’empêche de faire valoir son droit à récupérer Snowden. Entendons-nous bien : il ne s’agit nullement ici de critiquer les candidats pour leurs opinions, il s’agit de rappeler qu’une dissertation est un exercice d’interrogation et de problématisation, et nous avons pu mettre de très bonnes notes à des copies qui, malheureusement, restreignaient le sujet à une question sur la discrimination positive et sur la légitimité de la redistribution, mais qui le faisaient avec rigueur, défendant par exemple les thèses de Hayek, mais avec des arguments précis, présentés comme une discussion précise et raisonnée avec celles de Rawls. Enfin, si beaucoup de copies ont confronté l’expression proposée à l’expression plus classique de « droit du plus fort », en partant souvent de La Fontaine (là encore trop peu problématisé), l’usage de la critique rousseauiste de la notion de droit du plus fort était souvent bien trop flottant, en raison d’une grande confusion entre le fait et le droit, la force et la légitimité, sauf lorsque les candidats sont capables à la fois d’analyses claires, précises, et appropriées à ce sujet, montrant par exemple que, si le plus fort n’est jamais assez fort pour le rester s’il ne transforme sa force en droit, cela signifie que le droit est institué (même s’il l’est par le plus fort) pour protéger la faiblesse, la faiblesse éventuelle, possible, future, du plus fort, et donc il serait inhérent au droit de protéger le faible (ou le faible en puissance). Ce type d’analyse est valorisé, car le texte classique est maîtrisé, et il n’est pas simplement raconté à côté du sujet (voire plaqué sur le sujet, comme beaucoup de pauvres récitations de Marx) : il est ramené au sujet pour le penser. Les meilleures copies savent donc faire un usage précis et approprié des références, et proposer véritablement un problème à partir du sujet. Ainsi, un candidat part de l’idée que l’expression « droit du plus faible » est paradoxale puisque le plus faible n’a pas la force de garantir son droit, et ne semble pas capable de le faire valoir, son droit est alors purement formel, et si le faible acquiert un droit c’est qu’il a eu la force de l’obtenir ; puis il montre que, à rebours, l’expression est presque une évidence puisque le plus fort n’a pas besoin du droit, sa force lui suffit à obtenir ce qu’il veut : finalement, le droit situe hors des rapports de force et est toujours le droit du faible, ce dont a besoin celui à qui sa force ne suffit pas. Un problème est mis en évidence puisque la même expression semble à la fois contradictoire et évidente. À partir de là, il est possible de travailler la distinction entre le droit naturel et le droit positif (à l’inverse des copies qui partent, sans justification, sur le terrain unique du droit positif ; et, ainsi, la référence souvent hors sujet d’Epiméthée devenait pertinente lorsque les copies faisaient le lien entre la faiblesse de l’homme et la création d’institutions politiques et juridiques), de se demander si un droit octroyé est un droit, et donc, ce que cela signifie, avoir un droit, et certaines copies peuvent proposer, de manière pertinente, la critique de l’octroi du droit comme tactique des plus forts pour garder le pouvoir, qui conforte l’idée que le droit est toujours le droit du plus fort – c’est-à-dire la stabilisation d’un état de fait (et il faudrait alors ajouter que cela remet en question l’existence même du droit, ou du moins la prétention du droit à sortir des rapports de force et à produire de la justice). Il était utile d’avoir des connaissances théoriques sur les rapports entre le droit et la force, et les candidats se sont souvent appuyés, avec plus ou moins de précision et de pertinence, sur Rousseau, Hobbes, le Pascal qui pense la justice et la force, mais cependant il n’y a pas de références attendues, ni de problématique unique : comme nous l’avons écrit plus haut, de solides copies fermant le sujet sur le problème de la légitimité de la redistribution et de la discrimination positive obtiennent de très bonnes notes ; de même, alors que souvent, l’approche morale du sujet est assez faible, et conduit à confondre le droit et la charité, un candidat est capable de s’appuyer sur Hans Jonas pour montrer comment, de la conscience de la vulnérabilité d’un être (la biosphère, les générations futures) nait la responsabilité, le devoir, et donc la pensée, problématique, d’un droit de la biosphère, d’un droit des générations futures – mais le passage de la pensée de la vulnérabilité au droit doit être argumenté, étayé, et problématisé, et il permet de penser des dimensions du sujet rarement abordées : le droit des enfants, de la nature, le droit de ceux qui n’ont ni la force ni la voix pour faire valoir leur droit. Epreuve écrite de dissertation philosophique Option Lettres et sciences humaines Epreuve HEC Filière ENS Ulm-Lyon Moyenne par école Ecoles Moyennes EDHEC Business School EMLYON Business School ESC DIJON BOURGOGNE ESCP Europe ESSEC GRENOBLE École de Management HEC Paris MONTPELLIER Business School TELECOM École de Management 10,63 10,61 9,27 10,83 10,80 10,32 10,96 9,47 9,57 Moyenne générale : 10,40 Ecart-type : 3,41 Nombre de candidats : 722 Ecart-type 3,24 3,23 3,29 3,32 3,29 3,22 3,29 3,49 3,68 Candidats 409 465 101 469 487 299 436 257 99 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris - IDF DISSERTATION PHILOSOPHIQUE ULM - LYON (Épreuve n° 263) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par HEC Paris Voie littéraire RÉSULTATS GLOBAUX NB CANDIDATS MOYENNES ÉCARTS TYPES 722 10,4 3,41 722 10,4 3,41 409 465 101 469 487 299 436 257 99 10,63 10,61 9,27 10,83 10,8 10,32 10,96 9,47 9,57 3,24 3,23 3,29 3,32 3,29 3,22 3,29 3,49 3,68 FILIÈRES ENS Ulm et ENS de Lyon (BEL) ÉCOLES UTILISATRICES EDHEC Business School EMLYON Business School ESC DIJON BOURGOGNE ESCP Europe ESSEC GRENOBLE École de Management HEC Paris MONTPELLIER Business School TELECOM École de Management CONTRACTION DE TEXTE (Épreuve n° 303) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par HEC Paris Voie économique et commerciale et voie littéraire I – Présentation du texte. L’ouvrage sollicité en 2016 pour la contraction est un essai de Gaëtan Picon, intitulé 1863, naissance de la peinture moderne. Dans cet ouvrage, publié une première fois par Skira en 1974 avant d’être repris chez Gallimard en 1988, l’auteur explique pourquoi la peinture moderne naît avec le Salon des Refusés. Le premier chapitre rappelle quelles circonstances conduisent Napoléon III à autoriser la tenue de ce salon en marge du salon officiel. Le chapitre suivant distingue la nouvelle peinture de la peinture antérieure, en observant que l’une privilégie la perception quand l’autre privilégie l’imaginaire. Or, l’imaginaire traditionnel s’efface sous le Second Empire, avec des conséquences que décrit le troisième chapitre. Le texte proposé aux candidats correspondait à la première moitié de ce chapitre, intitulé « Art et civilisation ». Donné sans coupure, il ne semblait pas présenter de difficultés particulières. Sa langue était d’une grande clarté, ses articulations étaient aisément perceptibles, le nombre de mots était d’environ 3500. Seule l’abondance des références pouvait troubler les candidats. Aussi le texte a-t-il été accompagné de quelques notes, selon le principe suivant : la contraction étant, comme la dissertation, une épreuve de culture générale, ces notes ne pouvaient concerner des événements ou des personnes qu’un étudiant curieux devait connaître. Dans ce texte, l’argumentation de Gaëtan Picon se développe en trois temps. Des paragraphes 1 à 5, l’auteur montre pourquoi la nouvelle peinture est une expression de la société bourgeoise. Ainsi prend-il le contrepied de ceux qui considèrent que cette peinture, révolutionnaire sur le plan artistique, l’est également sur le plan politique. Pour étayer sa thèse, il se réfère ponctuellement aux régimes socialistes, qui – bien que politiquement révolutionnaires – cultivent un art conservateur. Des paragraphes 6 à 8, Picon observe que la véritable opposition entre la société bourgeoise et la nouvelle peinture est une opposition de nature, qu’elle est donc plus absolue qu’une simple opposition politique. Des paragraphes 9 à 14, il s’intéresse enfin aux liens de la nouvelle peinture avec la science et la sculpture modernes, ce qui lui permet de mieux saisir la spécificité de son objet. 1 II – Compréhension et restitution du texte par les candidats. Malgré la clarté de sa thèse, le texte de Gaëtan Picon a dérouté nombre de candidats, dont les difficultés ont été argumentatives et culturelles. Si claire fût-elle, l’argumentation de l’auteur était exigeante : aussi supposait-elle une attention soutenue aux points de vue formulés, une capacité à distinguer celui de Gaëtan Picon de ceux qu’il réfutait, à lire en d’autres termes avec recul et pertinence. Cette qualité, qui a valu aux meilleurs devoirs l’admiration des correcteurs, est restée rare. Le début du texte a été particulièrement malmené : nombre de candidats ont par exemple cru qu’à partir de 1863 la représentation picturale de femmes nues était interdite, alors que l’auteur expliquait qu’à partir de cette date on ne les représentait plus en Vénus. Les mêmes ont souvent confondu les trois types d’art que l’essayiste distinguait (art euphorique, art académique, nouvelle peinture). La suite du texte ne les a pas davantage inspirés : les considérations de Gaëtan Picon sur le contexte politique des années 1860 ont donné lieu à de multiples contresens, certaines copies érigeant la nouvelle peinture en fer de lance de la révolte sociale et politique, quand l’auteur mettait justement en garde contre ce raccourci abusif, véritable trompe-l’œil suscité par une coïncidence de dates. Un peu plus loin, certains candidats n’ont pas compris que Gaëtan Picon se démarquait de l’opinion commune, qui reliait les audaces de la peinture nouvelle aux avancées de la science moderne. L’auteur voulait au contraire souligner ce qui séparait ces deux activités humaines, en particulier dans leur rapport à la perception. Un manque cruel de culture historique a également pénalisé les candidats. Plusieurs d’entre eux ont confondu Napoléon Ier et Napoléon III, alors que quarante-huit années séparent leurs débuts de règnes respectifs ; plusieurs ont cru contemporains la société bourgeoise évoquée par Picon et les régimes socialistes auxquels il se référait, comme si Joseph Staline appartenait à l’époque d’Adolphe Thiers ; la plupart ont révélé leur méconnaissance de la notion de bourgeoisie, qui était l’une des clefs de l’extrait. Le « génie bourgeois », « le mensonge bourgeois », « le refus bourgeois de l’emphase » : ces expressions ont rarement fait sens car, pour nombre de préparationnaires, « bourgeois » n’est qu’un synonyme de « riche ». La culture artistique souffre de lacunes plus profondes, qui ont fait de Meissonier le chef de file de la peinture nouvelle et qui ont souvent empêché les candidats de comprendre le huitième paragraphe, où Picon décrivait l’autonomisation de l’art dans la seconde moitié du XIXe siècle. Rien n’empêche pourtant les étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles de se rendre au musée, de lire des ouvrages d’histoire ou d’histoire de l’art, de se familiariser avec les différents régimes du XIXe siècle grâce aux romans de Balzac ou de Zola, de découvrir l’impressionnisme avec le même Zola, dont L’Œuvre évoque précisément le Salon des Refusés. C’est d’ailleurs parce qu’ils possèdent cette culture que les meilleurs candidats ont su se démarquer : le jury salue leur curiosité et leur ouverture d’esprit. III – Méthode. Les consignes formelles sont désormais connues et respectées, ainsi les dépassements sont-ils rares et souvent avoués. Mais il convient de rappeler quelques grands principes. La contraction doit refléter la structure du texte et son équilibre. Il ne faut donc pas 2 inventer une introduction lorsque le texte n’en comporte pas, pas plus qu’il ne faut éviter les difficultés. Les candidats qui ont choisi de survoler le huitième paragraphe – dense mais capital –, et qui ont étiré à l’excès une fin de texte nettement plus facile, ont été sanctionnés par le jury. Les transitions doivent pour leur part être soignées : le jury a par exemple valorisé les copies qui ont vu que le passage de la deuxième à la troisième partie s’opérait par analogie avec l’argumentation précédente. On rappellera enfin que la contraction de texte n’appelle aucun titre, et que les guillemets sont à proscrire : ils indiquent en effet que le candidat cite le texte, ce qui n’est pas conforme à l’exercice, ou qu’il sait que le mot qu’il choisit ne convient pas, ce qui est maladroit. IV – Expression. De manière générale, l’expression n’est guère plus soignée que les années précédentes. On condamnera notamment l’usage fréquent des néologismes (« bourgeoiserie », « symbolitique », « innovationiste », « légitimisation »), en invitant les candidats à utiliser les mots qui existent déjà (bourgeoisie, symbolique, innovant, légitimation). De manière analogue, on regrettera des confusions lexicales qui tiennent parfois à une recherche frénétique de synonymes (« impérialisme » pour « impérial », « finalisme » pour « finalité », « progression » pour « progrès »). On rappellera l’attention que mérite l’orthographe, surtout lorsque les mots malmenés appartiennent au texte (« sculture », « Beaudelaire »). Parmi les fautes les plus grossières, on signalera: « impressionnisme », « une statut », « quotidient », « innefficace », « plénétude », « exigente », « légitimitée », « anonyma », « abscence », « un soucis », « le soutient », « maléable », « le publique », « malgrés », « inutil », « géni », « pillier », « pécunier ». On observera pour finir que la technique de la contraction ne saurait justifier une syntaxe elliptique ou fautive. Ainsi les candidats doivent-ils renoncer à la tournure qui associe un adjectif à un pronom démonstratif (« la peinture bourgeoise, celle académique »). Ainsi doivent-ils comprendre que les subordonnants ont vocation à introduire des subordonnées qui, comme leur nom l’indique, dépendent d’une principale. Conclusion. Nous tenons à féliciter les étudiants qui ont restitué avec élégance la thèse de Gaëtan Picon, en respectant ses nuances et en ne sacrifiant aucune de ses idées majeures. Nous invitons les futurs candidats à suivre leur exemple. Qu’ils se convainquent que la culture n’est ni un privilège de classe, ni un idéal suranné : elle est la marque d’un esprit libre, et une promesse d’épanouissement. 3 Proposition d’une grille d’analyse du texte. I] La peinture nouvelle comme expression de la société bourgeoise. (§1 à 5) A partir de 1863, le grandissement épique d’un modèle pictural devient impossible, Napoléon III renonçant lui-même à l’héroïsme, peu compatible avec l’esprit bourgeois qu’il représente. A l’âge épique, qui s’est éteint avec Napoléon Ier, succède ainsi un âge économique, où la répétition d’un événement le dégrade forcément et où l’action historique entend soumettre le monde à l’homme. Dans les régimes socialistes, qui partagent ce dessein, les représentations épiques des dirigeants ne sont guère plus convaincantes (§ 1). Le lien de la nouvelle peinture à la société bourgeoise est ambigu (§ 2). Celle-ci revendique un art léger et hédoniste, ou bien un art académique qui lui offre une image sérieuse et embellie d’elle-même. Elle valorise en outre un savoir-faire traditionnel, qui détermine le prix de l’œuvre (§ 3). A l’inverse, la nouvelle peinture refuse d’embellir ses sujets. Elle ne dénonce cependant pas l’ordre bourgeois, dont l’art académique trouve son équivalent dans l’art officiel des régimes socialistes (§ 4). Cette nouvelle peinture est au contraire liée à l’esprit bourgeois, qui aspire à la domination éclairée de l’homme sur le monde et qui récuse l’emphase, comme Manet dans ses portraits. Par son refus de l’héroïsme, l’art nouveau s’oppose finalement moins à la société bourgeoise qu’à un public bourgeois, jugé fermé aux choses de l’esprit (§ 5). II] La véritable opposition entre la société bourgeoise et la nouvelle peinture. (§ 6 à 8) Certes 1863 marque aussi les progrès des oppositions politique et sociale. Mais l’une aspire à cette valeur bourgeoise que constitue la liberté, quand l’autre s’attaque davantage à l’Empire qu’à la bourgeoisie, selon une singularité française. Or la peinture sociale suit le même mouvement, qui s’en prend aux injustices sans mettre l’accent sur l’ouvrier. Aussi n’est-elle pas plus politiquement révolutionnaire qu’elle ne l’est artistiquement (§ 6). L’opposition entre la société bourgeoise et la nouvelle peinture n’est pas politique : elle est ontologique (§ 7). Libérale par essence, la société bourgeoise exige que ses membres transforment la matière par leur travail, dans une optique utilitaire. Or le peintre moderne, dont les tableaux mettent l’accent sur l’éphémère, estime ainsi atteindre une utilité supérieure. La société bourgeoise se ferme donc à un art qui ébranle ses fondements, et qui s’autonomise de son côté avant de s’affirmer comme immanent (§ 8). III] La nouvelle peinture et les autres activités humaines. (§ 9 à 14) Les liens de la nouvelle peinture avec la science moderne méritent également examen (§ 9). Toutes deux rompent avec la conception usuelle de la perception, mais la perception des peintres modernes, loin d’obéir à l’abstraction scientifique, réhabilite la sensation (§ 10). On peut encore s’intéresser aux liens de la nouvelle peinture avec la sculpture (§ 11), qui ne connaît aucune transformation profonde. Certes, Carpeaux et Rodin livrent des œuvres qui heurtent le public, et dont les formes sont tendues et fluides, mais leur inspiration demeure traditionnelle (§ 12). Le conservatisme de la sculpture (§13) tiendrait selon Zola à son histoire. Pour Baudelaire, il résulterait de la liberté qu’elle laisse au spectateur, à qui le tableau impose au contraire un angle – même s’il le fait avec une relative souplesse (§ 14). 4 Epreuve écrite de dissertation littéraire Option Lettres et sciences humaines Epreuve ESSEC Filière ENS Ulm-Lyon Moyenne par école Ecoles Moyennes EDHEC Business School EMLYON Business School ESCP Europe ESSEC GRENOBLE École de Management HEC Paris MONTPELLIER Business School TELECOM École de Management TOULOUSE Business School 10,40 10,69 10,84 10,87 10,40 11,10 9,37 9,10 9,90 Moyenne générale : 10,43 Ecart-type : 3,56 Nombre de candidats : 735 Ecart-type 3,44 3,41 3,51 3,53 3,43 3,66 3,33 3,49 3,32 Candidats 410 466 471 489 300 439 257 99 291 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris - IDF DISSERTATION LITTÉRAIRE Option Lettres et sciences humaines Épreuve Ulm- LYON Jean-Pierre DUSO-BAUDUIN Sujet : « Entre les mains du romancier, [la fiction romanesque] est l’arme qui permet de réduire la distance qui sépare la réalité de l’exigence, l’homme de son destin. La fiction nous découvre une vie plus intense et plus significative que la véritable : celle que, précisément, nous souhaitons. Cette transfiguration de la réalité, qui la fait paraître plus urgente et plus profonde, plus vraie que la vie, n’est-ce pas cela que nous appelons le romanesque ? » Quelles remarques appelle, selon vous, ce propos de Gaétan Picon (Bernanos, L’impatiente joie. 1948, réédition Hachette Littératures, 1997, pp.76-77) ? Pour nourrir votre réflexion, vous convoquerez les œuvres au programme et des lectures de votre choix. Les correcteurs ont éprouvé une certaine déception devant l’incapacité de beaucoup de candidats à lire l’intégralité de la citation et à en comprendre la portée. On constate que la dissertation est trop volontiers assimilée à un exercice polémique où il s’agit de déprécier l’auteur du propos avant même d’avoir saisi ce qu’il voulait dire. Du coup, sa position est caricaturée et la dissertation se limite à montrer, à partir de là, sur la foi d’exemples censés parler d’eux-mêmes, que Gaétan Picon ne comprend décidément rien au roman. La portée philosophique, spirituelle du propos est largement méconnue. Nombre de candidats s’emploient à (mal) traiter du rapport entre roman et réel, négligeant purement et simplement la question du « romanesque », centrale pour le sujet. Ces copies, totalement inopportunes, ne pouvaient évidemment pas obtenir une bonne note. Au contraire, celles qui prenaient en compte la totalité de la citation, mesuraient la profondeur du propos et s’efforçaient de construire une problématique claire ont été récompensées par de très bonnes notes. Le sujet s’est au fond révélé tout à fait sélectif, puisque les copies se répartissent en trois groupes à peu près égaux : Un tiers correspond à une compréhension insuffisante du sujet, un tiers à une compréhension médiocre, un tiers à une approche pertinente. Précisons que, dans ce dernier groupe, on trouve d’excellents travaux dont on souhaite sincèrement féliciter les auteurs. La citation, extraite de l’essai sur Bernanos publié en 1948, veut définir la tâche majeure de la fiction romanesque. Loin de cantonner celle-ci à la sphère du divertissement, Gaétan Picon lui reconnaît une dimension philosophique, morale, plus exactement spirituelle. A le considérer un peu rapidement, on trouvera ce propos peu original. D’autres auteurs ont en effet, avant Picon, justifié une telle ambition pour la création romanesque. Ce qui fait l’intérêt de ce propos, c’est l’exigence qu’il manifeste dans l’expression de l’idée. Il s’agit pour Picon de dire avec la plus grande précision ce qu’il faut entendre lorsqu’on parle de la tâche du roman, tâche qu’illustre à ses yeux admirablement la création romanesque de Bernanos. Mais, il est un autre point qui doit retenir notre attention, c’est la toute fin du propos. Alors que les trois phrases décrivent patiemment en quoi consiste l’action de la fiction romanesque, autrement dit s’emploient à définir une fonction, la fin de la troisième phrase renverse en somme la perspective en réalisant une opération de désignation. On passe ainsi de la question « que fait la fiction romanesque ? » à la question « Quel nom donner à cette fonction ? » La difficulté du sujet, dès lors, résidait dans la problématique articulation de ces deux questions, compte tenu du fait que la désignation proposée paraît d’emblée paradoxale. Le « romanesque », en effet, n’est, au sens courant du mot, guère assimilable à l’ambitieuse fonction que le critique assigne au roman. On n’a pas coutume de définir le « romanesque » en des termes aussi élevés. L’histoire littéraire montre plutôt que le sens du mot a très tôt comporté une valeur critique dépréciative. Rappelons que la première occurrence connue de l’adjectif « romanesque » figure dans Le Berger Extravagant de Charles Sorel, paru en 1627, parodie satirique de la veine pastorale et dont le protagoniste, non sans extravagance, prétend vivre comme les personnages de L’Astrée. La description de la fiction romanesque proposée par Gaétan Picon semble moins correspondre à ce qu’on nomme généralement « le romanesque » qu’à ce qu’on considère comme le roman idéaliste. Celui-ci, loin de jouer prioritairement (et abusivement) sur les multiples rebondissements d’une intrigue mêlant amour(s) et merveilleux (par où se reconnaît le « romanesque), peut, en effet, viser à « réduire la distance qui sépare la réalité de l’exigence, l’homme de son destin ». Il peut nous découvrir « une vie plus intense et plus significative que la véritable ». Il consiste alors en une « transfiguration » (transformation de quelqu’un ou de quelque chose qui prend une apparence supérieure, qui est vu sous un jour surnaturel ou nouveau, comme l’indique le dictionnaire) de la réalité, qui la « fait apparaître plus urgente et plus profonde, plus vraie que la vie ». Le « romanesque » au sens courant du terme, qui ne se réduit pas au roman, est un mode de la fiction jouant sur l’écart entre la réalité vécue et le monde souhaité. Sans doute opère-t-il une transformation positive de la réalité, mais les mots que Gaétan Picon emploie ici (exigence, destin, significative, urgente, profonde, vraie) sont d’un registre plus élevé. En ce cas, pourquoi désigne-t-il ce qu’il vient de décrire comme roman idéaliste par le terme plus équivoque de romanesque ? Les romans de Bernanos, qui sont l’objet du discours de l’essayiste, ne sauraient d’ailleurs se ranger sous cette étiquette. En quoi seraient-ils « romanesques » ? Qu’y a -til de commun entre eux et L’Astrée ? Nous verrons plus loin qu’il n’est peut-être pas davantage pertinent de parler d’idéalisation ou d’idéalisme pour caractériser le roman bernanosien. Il faudra sans doute examiner de plus près ce que Picon entend par « réduire la distance qui sépare la réalité de l’exigence, l’homme de son destin » et interroger l’idée de « transfiguration ». Le problème que cette citation invite à traiter est d’abord celui du rapport entre roman idéaliste et « romanesque ». La transformation de la réalité qu’opère le premier coïncide-t-elle avec celle qu’induit le second ? La fiction romanesque (l’adjectif renvoie ici au genre) à vocation idéaliste exhausse l’humain. Elle élève la réalité humaine à la hauteur de « l’exigence », c’est-à-dire d’un idéal. Elle porte l’existence de l’homme au plan même du « destin ». L’homme n’est plus un être jeté sur terre pour y vivre une existence purement contingente. Il est porteur d’une « exigence », d’un désir de valeurs (sens, vérité, plénitude). La transformation de la réalité par le roman idéaliste correspond à une dramatisation (« une vie plus intense ») et à une valorisation (une réalité « plus urgente et plus profonde, plus vraie »). Ce que la citation souligne bien, c’est que le roman (tout roman) est le lieu d’une tension entre la réalité et l’idéal. La fiction romanesque n’occulte pas la réalité, elle ne la trahit pas en lui substituant un double idéal, elle figure, selon de multiples variations, le conflit qui oppose les aspirations les plus hautes de l’homme et la conscience variable que celui-ci peut avoir des imperfections qui, en lui, contredisent ces aspirations. Dire que la fiction romanesque permet de « réduire la distance qui sépare la réalité de l’exigence », c’est présupposer qu’elle s’inscrit entre deux pôles, qu’elle travaille à les confronter dialectiquement. Seul, peut-être, (nous verrons plus loin qu’il faut nuancer cela), le « romanesque » le plus naïf se propose de mettre entre parenthèses la « réalité », la « vie véritable », le souci de vraisemblance, pour que règne sans partage un merveilleux propre à combler magiquement les souhaits des hommes. Le romanesque auquel songe Gaétan Picon (il met ce mot en italiques) est d’un tout autre ordre. Il ne vise pas à satisfaire les rêves puérils de puissance, de richesse, d’amour qu’exploite l’imaginaire des contes. Le romanesque selon Picon, celui que le critique décèle entre autres chez Bernanos, s’adresse à la part spirituelle du lecteur, à son âme. L’emploi du mot « transfiguration » n’est pas fortuit : la transformation confère éclat, dignité, sur le modèle de celle du Christ apparaissant revêtu de gloire à trois de ses disciples sur le mont Thabor. On comprend dès lors qu’il était fort injuste de reprocher à Gaétan Picon de méconnaître la veine réaliste du roman, seule capable, au dire d’un grand nombre de candidats, de révéler la vraie vie. Cette veine réaliste, illustrée selon eux par Zola, Flaubert, Céline, aurait le mérite de dissiper les mirages de la fiction idéaliste, de donner conscience au lecteur de ce qu’il y a de plus urgent, de plus profond, de plus vrai. En somme, il faudrait considérer que le seul roman qui vaille, c’est le roman anti-romanesque, celui qui augmente absolument la distance entre la « réalité » et son double (idéaliste) illusoire. Et, au fond, on en viendrait à soutenir qu’il n’est de roman digne de ce nom que les antiromans. Ainsi, le Paysan parvenu ne serait estimable que lorsque Marivaux peint le cynisme des financiers, des femmes de condition, des directeurs de conscience. Il perdrait considérablement de son intérêt en inventant tous ces coups de chance qui portent le jeune paysan champenois vers les plus hautes sphères de la société aristocratique de l’époque. Avec Céline, au moins, le lecteur ne risquerait pas d’être endormi par de tels contes. On reconnaît la thèse implicite : les progrès du genre romanesque tiennent au degré de réalisme auquel il atteint. Le propos de Gaétan Picon nous incite à envisager un autre critère, une autre perspective historique et théorique. Précisons tout de suite que l’admiration que le critique porte à Bernanos romancier n’est pas due au fait qu’il partagerait la foi chrétienne de celui-ci. Gaétan Picon ne fait pas ici la promotion du roman catholique. Ce qu’il veut révéler chez Bernanos, c’est le visionnaire, aussi grand que Balzac et Dostoïevski. Ce qui fait de l’auteur de Sous le soleil de Satan un jalon essentiel dans une histoire du roman qui, précisément, est axée sur l’idée directrice de l’idéalisation. On pourrait suivre la trajectoire complexe de cette idée directrice à travers les différents chapitres que Gaétan Picon consacre à ses romanciers de prédilection dans l’Usage de la lecture. On verrait alors que ces admirables études tournent autour d’une intuition profonde qu’on retrouve parfaitement exploitée par Thomas Pavel dans La pensée du roman : le genre romanesque se conçoit comme articulation problématique de la « représentation idéalisée de l’existence humaine » avec la conscience de la « difficulté de se mesurer avec cet idéal ». (La pensée du roman, p. 12) Toutes les expressions utilisées par Gaétan Picon pointent ce rapport problématique entre la vie empirique et « l’exigence » et indiquent bien que la fiction (romanesque) est le lieu d’un affrontement capital pour l’homme. Le critique n’emploie pas à la légère le mot « arme ». Il tient ainsi à souligner la dimension conflictuelle de ce rapport où se joue véritablement la valeur de la vie humaine. L’histoire du roman occidental décline de façon subtile les possibilités de ce rapport. Le Paysan parvenu promeut un idéal moral « inscrit dans le cœur de l’homme », comme le dit Pavel à propos des romans du XVIIIe siècle (La Pensée du roman, p. 141). Désormais, selon cet idéal, la dignité de l’individu ne doit plus dépendre de sa condition sociale mais de sa valeur personnelle. Jacob, fils d’un paysan champenois, peut figurer comme héros du roman, doté d’une « belle âme » (il revendique à tout instant la sincérité comme la vertu la plus haute et cette qualité se double chez lui d’une générosité naturelle). Il peut, en fonction de cette dignité propre, se faire l’auteur des mémoires de sa vie et relater les épisodes exemplaires de son existence. Si les romans romanesques ont vocation à « inventer des modèles exaltants » comme l’écrit Pavel, la vie aventureuse de Jacob consistant en une éclatante ascension sociale constitue bien un de ces modèles. Mais, justement, le roman de Marivaux, s’il multiplie les épisodes où s’incarne l’idéal à travers la reconnaissance du protagoniste par les représentants privilégiés de la bonne société, ne cesse en même temps d’inscrire dans cette progression sociale merveilleuse les signes ambigus qui la rendent de fait improbable. Le signe le plus fort étant l’inachèvement du récit, comme si se dénonçait par là sa flagrante invraisemblance au regard de la réalité sociale de l’époque. A la différence de la Paméla de Richardson et de la Nouvelle-Héloïse de Rousseau, illustrations de « l’enchantement de l’intériorité » (Pavel, p. 149), le roman de Marivaux inscrit ainsi dans la représentation idéaliste (on aurait pu dire, romanesque) ce qui la désenchante et en marque le caractère illusoire. Avec Quatrevingt-treize de Hugo, le problème de l’articulation de l’idéal et de la réalité se pose autrement. Ici, il n’y a plus un seul idéal mais au moins deux, celui de la cause républicaine et celui de la cause royaliste, chacun d’eux, d’ailleurs, finissant par révéler son impureté. Le roman creuse, à mesure qu’il progresse, non seulement la distance qui sépare la réalité de « l’exigence », mais « l’exigence » d’elle-même. La mort seule réunit les âmes de Cimourdain et de Gauvain, comme deux « sœurs tragiques ». La Révolution est sans doute une époque propice à la manifestation de l’Idéal. Elle constitue un milieu sociologique et historique où peuvent naître et prospérer les âmes idéales (Pavel, p. 218)., mais elle est tout aussi bien le moment terrible où se révèlent l’opacité de l’âme humaine à ellemême, l’impuissance de l’individu à maîtriser son destin (il s’agit moins alors de hausser l’homme à la hauteur de son destin que de constater que le sujet est écrasé par le Destin), le moment où les belles-âmes sont sacrifiées sur l’autel de la Terreur. On est bien loin évidemment de l’époque où s’inventaient des « modèles exaltants » dans le roman hellénistique, le roman de chevalerie et le roman pastoral. Cette époque euphorique (qui s’affirme de façon éclatante dans Le Cid de Corneille) se vit très tôt contestée dans son « exigence » par le roman picaresque, le récit élégiaque, la nouvelle, qui, chacun selon son mode, éclairent l’imperfection humaine et dénoncent l’illusion idéaliste. C’est cependant de manière beaucoup plus brutale que certains romans du XXe siècle, dans la logique de ce que Pavel nomme la « méthode de l’enracinement », discréditent toute forme d’idéalisme au nom d’une impitoyable lucidité, dévoilant à la fois les déterminations dégradantes du milieu et la puissance des pulsions. Le Voyage au bout de la nuit achève ainsi ce sabordage de l’idéalisme entrepris par Flaubert et Zola. « L’exigence », le destin conquis de haute lutte, la « vraie vie » envisagée comme une promesse de l’aube sombrent dans les eaux troubles du port de New-York ou disparaissent dans le sillage du petit remorqueur sur la Seine. L’heure n’est plus au romanesque : la veine anti-romanesque (Sorel parlait déjà de son Berger extravagant comme d’un « anti-roman ») a, semble-t-il pour longtemps triomphé. L’idée que Gaétan Picon se fait des romans de Bernanos vient contester ce triomphe. En effet, le romanesque, présenté explicitement comme transfiguration de la réalité, se voit rétabli dans ses droits au nom de « l’impatiente joie ». Il ne s’agit plus, bien sûr, de ce romanesque que le Grand Larousse ramène au « caractère extravagant ou exalté, chimérique de quelque chose ». Ce n’est pas le « côté sentimental, la complication des péripéties, le caractère extraordinaire des faits » qui définissent le romanesque de Bernanos. Le saint de Lumbres et Mouchette n’illustrent pas vraiment « l’exaltation des sentiments, la rêverie débridée, le caractère chimérique des idées qui éloignent de la réalité ». Ce ne sont ni l’un ni l’autre des sentimentaux, des rêveurs en quête de chimères. Ils figurent en lettres de feu le combat sans merci de l’âme humaine avec le Mal. Non pas au fil de péripéties merveilleuses destinées à répéter la suprématie d’une Idée mais à travers la brutalité désespérante d’épreuves où, chaque fois, tout est remis en jeu. Mouchette et l’abbé Donissan ont sans doute aux yeux des autres un « caractère extravagant ou exalté » qu’on assimile, avec la caution de la psychiatrie, aux dérèglements mentaux de la folie. Mais, et l’entrée en scène finale d’Antoine de Saint-Martin le signifie clairement, l’expérience morale et spirituelle qu’explore le roman de Bernanos n’est pas de cet ordre. Pour l’académicien illustre qui exerce la « magistrature de l’ironie » et règne sur la « race sans moelle, aux reins glacés » des jeunes grammairiens, le corps sans vie du saint de Lumbres « mime un affreux défi ». La paix du saint n’est pas la quiétude du sage : « le témoignage du saint est comme arraché par le feu ». Gaétan Picon a bien compris que cet ultime message s’adresse au lecteur du roman. Qu’il ne cherche pas ici un romanesque lénifiant avec des « saints vermeils à barbe blonde ». Il est appelé bien plutôt à relever un défi : tenter de se mettre, avec ou sans la foi, à la hauteur du témoignage du saint, à la hauteur de son sacrifice. Que cela ne conduise pas à penser que ce romanesque lénifiant dénigré à loisir par tout roman qui se respecte (en particulier le roman français du XXe siècle, héritier proclamé de Flaubert), se trouve définitivement congédié des réussites du genre. Puisque chaque romancier prétend lutter contre lui, il faut bien constater qu’il a la vie dure. On a émis l’hypothèse selon laquelle le romanesque serait moins le péché capital du genre que son « principe constitutif », son « idéal secret » (selon Alain Schaffner, « Le romanesque : idéal du roman », in Le romanesque, Gilles Declercq et Michel Murat, Presses Sorbonne Nouvelle). Le romanesque, en effet, n’est pas réductible à cette forme de roman qui, selon Thibaudet, aurait « pour clientèle des femmes à l’imagination faible et à la vie froissée, des Emma Bovary » et se verrait condamné à demeurer « en dehors de l’art » (« Le roman de l’aventure », in La Nouvelle Revue Française, numéro 72, 1e septembre 1919). On dirait au contraire qu’il est appelé à figurer au cœur de tout roman, comme la tentation inévitable du genre. C’est une forme d’intertextualité, particulièrement complexe, puisque ce sont bien souvent plusieurs images du romanesque qui s’inscrivent dans un même roman, et de manière très équivoque, oscillant volontiers entre adhésion et ironie, en un tourniquet indécidable en fin de compte. Le « romanesque » voit son contenu changer en fonction de l’histoire du roman. Si les productions du XVIIe siècle ont fixé le contenu de la notion (représentation exaltée de la relation amoureuse, multiplication des péripéties, appel à l’extraordinaire voire au merveilleux), il est évident que d’autres modèles du « romanesque » se sont depuis constitués. Il est, du coup, bien difficile de parler de romans sans romanesque (on l’a fait à propos de Hugo), tant il est vrai que la notion peut recouvrir des phénomènes variés. Ainsi, il n’est pas indispensable que les trois traits (amour, événement, extraordinaire) soient présents conjointement. Ce qui compte, c’est que le romanesque s’affiche comme littérature. Il est, chez l’auteur, le narrateur, le personnage, le lecteur, la manifestation du désir de littérature. Roland Barthes a très finement exploité cette notion de « romanesque », en la faisant jouer sur les limites mêmes du roman, avec l’intention d’inventer un genre nouveau. Le « romanesque » pourrait être également rapproché de ce que Valéry appelle « le vouloir être un autre » (Vues). Le roman s’emploierait à satisfaire cette aspiration. Non sans mauvaise conscience ni mauvaise foi d’ailleurs, ce qui impliquerait que « tous les grands romans --- il faudrait peut-être parler de tous les romans --- sont « bâtis contre le romanesque » (Bernard Pingaud, L’expérience romanesque). Mais, « paradis perdu ou repoussoir », comme dit Alain Schaffner, le romanesque serait cet objet impossible que l’imagination créatrice placerait au foyer de tout roman comme sa plus secrète passion. Cette passion qui irait dans le sens de notre désir et obéirait au seul principe de plaisir, on a coutume de la confronter à la réalité qui viendrait logiquement la rappeler à son ordre. Et le roman, partagé entre tentation du romanesque (de l’Idéal) et lucidité réaliste, vivrait ainsi d’être le lieu de ce conflit. Celui-ci, d’ailleurs, a-t-on dit, ne serait pas sans rapport avec « le dualisme ontologique si caractéristique de la vision occidentale du monde », ni avec « la tendance vers une axiologisation bivalente du réel » typique du christianisme (Jean-Marie Schaeffer). Mais ce dualisme ontologique et cette axiologisation bivalente ne s’exercent pas simplement à travers le clivage entre Idéal et Réalisme. Ils dédoublent le pôle de l’Idéal, du romanesque, entre un « romanesque blanc », optimiste, et un « romanesque noir », inversant résolument les valeurs du précédent. Ce « romanesque noir », illustré entre autres par les romans de Sade, figure le démoniaque face à l’angélique. Peut-être que ce schéma ne se trouve pas exclusivement dans la littérature occidentale, remarque Schaeffer, en tout cas, il triomphe mondialement, ajoute-t-il, avec le cinéma hollywoodien. Ce qui amène à poser la question des raisons d’un tel succès. On peut faire l’hypothèse que « le romanesque trouve des points d’accroche psychologiques largement partagés au-delà des différences culturelles », « qu’il remplisse un rôle important dans notre économie mentale » ou plutôt deux rôles : modélisation axiologique (romanesque blanc) et modélisation pulsionnelle (romanesque noir). Le romanesque répondrait ainsi par cette double modélisation à nos désirs antagonistes, à notre double postulation, comme dit Baudelaire. Il nous montre des univers-limites, dans l’un triomphe le bien, dans l’autre triomphe le mal. Notre « désir d’harmonie » se satisfait dans le premier, notre « toutepuissance » dans le second. La représentation proposée par Schaeffer ne manque pas de pertinence ; elle reste trop schématique cependant, car, la réalité du roman, c’est plutôt la concurrence impitoyable dans une même œuvre entre l’harmonie et la division, entre l’Ange et l’Ennemi. Chez Bernanos, c’est même davantage qu’une concurrence, un duel terrible, une guerre sans merci et, dirait-on, sans fin. En tout cas, pour lui, tant que la grâce n’y vient pas mettre un terme. Epreuve écrite de dissertation littéraire Option Lettres et sciences humaines Epreuve ESSEC Filière ENS B/L Moyenne par école Ecoles Moyennes AUDENCIA Nantes BREST Business School École de Management de NORMANDIE EDHEC Business School EM STRASBOURG Business School EMLYON Business School ESC DIJON BOURGOGNE ESC LA ROCHELLE ESC RENNES School of Business ESSEC GRENOBLE École de Management Groupe ESC Clermont Groupe ESC PAU Groupe ESC TROYES INSEEC BS - Paris, Bordeaux, Chambéry, Lyon ISC Paris Business School ISG International Business School MONTPELLIER Business School SKEMA Business School TELECOM École de Management TOULOUSE Business School 10,59 9,76 8,54 10,97 9,26 11,09 9,26 8,54 9,26 11,02 10,50 10,09 8,54 8,54 9,25 8,54 9,33 9,26 9,98 9,62 10,41 Moyenne générale : 10,59 Ecart-type : 3,88 Nombre de candidats : 288 Ecart-type 3,92 3,42 3,18 3,70 3,63 3,82 3,20 3,18 3,63 3,88 3,75 3,32 3,18 3,18 3,18 3,18 3,68 3,63 3,75 3,60 3,94 Candidats 173 29 56 188 110 194 46 56 110 219 145 32 56 56 44 56 36 110 133 55 138 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris - IDF DISSERTATION LITTÉRAIRE Option Lettres et sciences humaines Épreuve ENS B/L Jean-Pierre DUSO-BAUDUIN Sujet : « Vouloir la littérature, c’est d’abord vouloir un monde dans lequel elle est possible, un monde qui lui reconnaisse le droit d’exister. L’écrivain doit travailler à ce qu’existe le monde qui lui donne les moyens d’écrire et d’être lu. La littérature engagée, c’est donc, simplement, la littérature veillant elle-même à ses conditions de possibilité. Mais cette analyse implique que la littérature tienne à être possible. » Que pensez-vous de ce propos de Denis Hollier (« La littérature doit- elle être possible ? » in Les Dépossédés, Editions de Minuit, 1993, p. 13) ? Il nous faut redire, pour commencer, ce que nous sommes amenés à noter chaque année : beaucoup trop de candidats ne font pas l’effort de chercher à bien comprendre le sujet. Ils ne lisent pas intégralement la citation et, du coup, ils passent totalement à côté du problème. Il ne s’agissait aucunement, on aurait pu s’en douter, de dérouler un exposé convenu sur la littérature engagée. Rappelons qu’une lecture très attentive du propos est la condition première pour une bonne approche du sujet. Il faut éviter de trahir la thèse de l’auteur par une interprétation hâtive. On prête ainsi à Denis Hollier l’idée selon laquelle il n’y aurait de littérature engagée que là où la littérature serait exclusivement soucieuse de son propre sort. En faussant le propos, on a beau jeu de dénoncer « l’étroitesse de vue » de l’auteur, qu’on rapproche sans scrupule de l’hermétisme de Mallarmé, pour mieux exalter la générosité de Zola. La fin de la citation est essentielle, bien sûr. Le problème posé par Denis Hollier est en fait celui-ci : quel sens peut bien avoir l’alternative entre une vision positive (« humaniste », si l’on veut) de la littérature et une vision « nihiliste » (celle qui privilégie l’idée que la littérature est essentiellement impossible) ? Quelle est la portée de cette alternative ? Relève-t-elle de l’histoire ou de l’essence de la littérature ? Le sujet, il est vrai, n’était pas facile. Cela dit, on attendait des candidats qu’ils fassent preuve de clairvoyance et qu’ils situent le problème dans le cadre de la modernité littéraire, avant, peut-être de se demander s’il y a lieu de le poser dans un cadre historique plus ancien et de voir ce qu’un tel déplacement éclairerait dans la façon de le concevoir. Encore fallait-il disposer d’une certaine culture littéraire « moderne ». Les correcteurs eurent plaisir à lire des copies cultivées et très fines, mais, fâcheusement, ils ont constaté que bon nombre de candidats faisaient appel à des données superficielles ne les aidant en rien à penser. La citation de Denis Hollier enchaîne trois phrases affirmatives qui aboutissent à une définition forte de la littérature engagée : « […] c’est donc, simplement, la littérature veillant elle-même à ses conditions de possibilité ». Pour en arriver là, pour pouvoir dégager ce que Hollier présente comme une idée simple, Il a articulé ces « conditions de possibilité » à un principe (vouloir la littérature, c’est vouloir un monde qui, de droit, l’accepte) et à une action (l’écrivain doit œuvrer à l’existence d’un tel monde, s’il veut vraiment que la littérature existe). Que l’objet considéré dans la première phrase soit « la littérature », alors que la troisième phrase traite de « la littérature engagée » n’est nullement un problème, puisque le raisonnement vise à montrer que l’exigence de littérature est en soi la forme pure de l’engagement littéraire, et qu’il n’y a aucun paradoxe à affirmer que la littérature engagée, c’est la volonté intraitable de faire exister la littérature. La remarque de Denis Hollier est, à s’en tenir là, déjà fort intéressante, car elle permet de sortir d’une idée trop simpliste de l’engagement littéraire. Elle pointe en effet ce qu’a de littéraire cet engagement et le soustrait à une dimension exclusivement idéologique. La citation a, cependant, une autre ambition. Le propos ne s’achève pas là. Il se recourbe sur une phrase un peu énigmatique, qui déplace la question. Le coordonnant « Mais » ouvre sur une considération supplémentaire, quelque chose qui vient en somme modifier les données du problème. L’exigence de littérature et la littérature engagée, c’est peut-être la même chose, mais encore faut-il que « la littérature tienne à être possible » ! Qu’en serait-il de « la littérature », de « la littérature engagée », si la littérature ne tenait pas à être possible, autrement dit, si elle doutait de sa propre possibilité, ou, pire, si elle se mettait à se vouloir impossible ? Le propos de Hollier s’infléchit vers cette curieuse hypothèse (n’est-il pas singulier, quand on fréquente les bibliothèques et les librairies, de supposer seulement que la littérature ne tienne pas à être possible ?) et, du coup, c’est tout le dispositif argumentatif qui exige d’être examiné. C’est la question impliquée dans l’alternative (vouloir la littérature / La littérature ne voulant pas être possible) qui constitue l’axe de notre sujet. Tentons de voir ce que signifie cette alternative. Quel sens y a -t -il, d’abord, à dire que la littérature veut être possible ? Cette question, comme Denis Hollier le montre, est de nature politique et sociale. Vouloir un monde dans lequel la littérature soit possible, c’est vouloir un monde où l’existence de la littérature relève pleinement d’un droit. On se souvient de la formule de Mme de Staël : « écrire un livre n’est que l’exercice d’un droit consacré » (Circonstances actuelles). Or, quel monde peut bien placer la littérature sous la condition juridique, sinon celui qui se donne pour principe la liberté et, plus particulièrement, la liberté d’expression ? Encore faut-il préciser que ce lien entre droit et littérature ne se conçoit qu’à partir d’une certaine idée de celle-ci, idée selon laquelle la littérature se définit comme « liberté de parler, de dire ou de ne pas dire ce qu’on veut dire » (Jacques Derrida, Sur Paroles, p. 24). Partant de là, ce monde propre à reconnaître les droits de la littérature (au sens où nous venons de la définir avec Derrida) est foncièrement solidaire de la démocratie et l’on peut affirmer que « la littérature au sens strict est une institution indissociable du principe démocratique » (p.24). La tâche de l’écrivain consiste donc à favoriser la naissance d’un tel monde. Cela signifie que si l’on veut que la littérature existe, il faut participer à la création de ce monde qui, non seulement, la reconnaît comme un fait mais surtout comme un droit et une valeur. Quand on veut que la littérature existe, on doit tout mettre en œuvre pour que cette existence soit possible, ainsi l’écrivain doit-il, par son travail d’écrivain, participer à la construction d’une société où l’on cultive la littérature. Ce travail de l’homme de Lettres, c’est bien un engagement au nom et en faveur de la littérature et l’on comprend pourquoi Denis Hollier peut écrire que « la littérature engagée c’est donc, simplement, la littérature veillant elle-même à ses conditions de possibilité ». Point de littérature, en somme, qui ne soit « littérature engagée », dans cette perspective. C’est au fond ce que Mme de Staël pense, lorsqu’elle écrit : « Des institutions nouvelles doivent former un esprit nouveau dans les pays qu’on veut rendre libres. Mais comment pouvez-vous rien fonder dans l’opinion, sans le secours des écrivains distingués ? » (De la littérature) De Mme de Staël à Sartre et Camus, quelles que soient leurs différences philosophiques, c’est bien une certaine idée de la littérature occupée à veiller à ses conditions de possibilité, parce qu’il en va finalement de la liberté de penser et de s’exprimer, qui s’affirme comme la raison d’être de l’art littéraire. L’auteur des Dépossédés ajoute comme un trait non dénué d’humour une condition pour que la thèse qu’il vient d’exposer soit valide : encore faut-il que la littérature veuille bien être possible ! La littérature pourrait donc ne pas tenir à être possible ? L’idée est paradoxale : comment la littérature, dont on constate quotidiennement non seulement la possibilité mais la réalité, pourrait-elle s’afficher sur ce mode négatif ? Qu’on comprenne bien que l’impossibilité ne vient pas de l’extérieur (une interdiction proclamée par un régime politique autoritaire fermement préoccupé de museler toute instance critique). Denis Hollier fait l’hypothèse que ce serait la littérature elle-même qui pourrait ne pas tenir à être possible, autrement dit, qui déclinerait la possibilité même d’exister et se placerait ainsi dans une position d’extériorité. Si la littérature est, de fait, dans un régime autoritaire, placée dans une telle position (elle est impossible, mais, malgré tout, elle s’efforce d’exister contre l’interdit), dans un régime libéral (au sens premier du terme), elle peut très bien, paradoxalement, refuser cette possibilité qui lui est accordée, parce qu’elle y voit comme un leurre destiné à affaiblir sa force critique originelle. Dans l’un et l’autre cas, tout se passe comme si la littérature ne pouvait pas vivre sans s’opposer au pouvoir qui prétend la contenir. Il y aurait en elle un principe réactif qui la conduirait à refuser tout conformisme (qu’il soit politique ou social), tout consensus obtenu trop facilement. Ne pas tenir à être possible, ce serait, pour la littérature, comme dit Mme de Staël, le courage de donner à l’homme « dans le secret de sa pensée, un asile impénétrable à l’action de la force » (De la littérature), force despotique du pouvoir politique ou de l’opinion. Le secret de la pensée trouve cet asile dans l’œuvre. On peut cependant concevoir que l’impossibilité relève du plan ontologique. Par nature, la littérature serait impossible, du fait même des contradictions insurmontables qu’elle abriterait. Art du langage, elle prétend exprimer la réalité ou l’idée par des mots, mais, entre ceux-ci et ceuxlà, n’y a- t -il pas une césure infranchissable ? En tant qu’art, n’est-elle pas totalement tendue vers la recherche de la beauté (un art pur), mais n’est-elle pas aussi « engagée » parce que liée aux institutions sociales (comme le rappelle le titre du livre de Mme de Staël) ? Est-elle dépendante de la rhétorique, de cet art de parler qui lui donne des règles pour se bâtir, ou surgit-elle tout armée de la rage d’expression de l’écrivain (la fameuse Terreur de Jean Paulhan) ? L’œuvre, le livre constituent-ils sa forme parfaite ou sont-ils au contraire sa forme imparfaite ? Toutes ces questions nous prennent dans un interminable tourniquet. Même si ce thème de l’impossibilité de la littérature apparaît tout au long de son histoire, en particulier avec le motif du manque d’inspiration et de l’impuissance d’écrire, c’est avec le Romantisme qu’il trouve son plein rayonnement. L’œuvre est pensée comme un Absolu dont l’écriture fragmentaire donne un ironique témoignage. Le Livre, horizon inaccessible, aimante un travail créateur voué à la déception, au tourment (Mallarmé). Puisque la Poésie est impossible, reste à n’en écrire qu’une « Préface » (Lautréamont). La Lettre à Lord Chandos ouvre la voie à une posture défaitiste de l’écrivain. Pour les Modernes, le renoncement de Racine et le silence de Rimbaud illustrent cette conscience que le poète prend de l’impossibilité pour son art d’exister pleinement. Le geste de rupture signifie moins l’impuissance personnelle du créateur que l’impossibilité ontologique de toute création poétique. Tout au long du XXe siècle, des symptômes plus ou moins angoissés de ce phénomène se manifestent. A l’issue de la Première Guerre, on constate que l’horreur de l’expérience vécue au front ne peut pas se transmettre par un témoignage littéraire (Paulhan parle du « silence du permissionnaire). Et puis, il y a cette formule d’Adorno affirmant que, après Auschwitz, la poésie n’est plus possible, ou encore Blanchot, refusant toute essentialité à la littérature et la destinant ainsi à un questionnement inlassable sur elle-même, jusqu’à la confondre avec « l’écriture du désastre » et « l’absence de livre ». Faut-il penser que l’âge nihiliste de la littérature constitue l’aboutissement logique de la Littérature comme telle, cette pratique artistique qui vient, à la fin du XVIIIe siècle, se substituer au régime des Belles-Lettres ? On peut se demander si l’alternative évoquée par Denis Hollier a une quelconque portée dans le cadre de cet ancien régime. Dans la mesure où ils s’inscrivent comme naturellement dans ce cadre rhétorique qui est immédiatement à leur disposition, les écrivains de la Renaissance ou de l’Age Classique ne se posent pas comme nos Modernes la question de la possibilité ou de l’impossibilité de la littérature. Ils se réfèrent à des modèles avec lesquels ils entrent en émulation par voie d’imitation créatrice et selon une poétique des genres bien connue. Cela ne les empêche sans doute pas de connaître les difficultés de la création et de désespérer parfois d’achever leur œuvre. Ils se trouvent surtout confrontés à trois nécessités, celle d’avoir un protecteur, celle de satisfaire aux exigences de la censure royale et celle de plaire au public. Cela dit, comme l’a bien vu Mme de Staël, ces contraintes les obligeaient à faire preuve d’une grande subtilité : « Il était souvent nécessaire […] de voiler une opinion nouvelle sous la forme des préjugés reçus ; et le goût qu’il fallait apporter dans ces différentes tournures exigeait une finesse d’esprit singulièrement délicate » (De la littérature). On pourrait dire, en somme, que la situation des Lettres sous l’Ancien Régime les amenait déjà à « veiller […] à [leurs] conditions de possibilité », et, ainsi, à être de la littérature. Il est vrai qu’il s’agissait moins d’exprimer des idées, des opinions, que de créer des fictions qui, pour l’essentiel, visaient à plaire. Mais, les pièces de Corneille, de Racine et de Molière, les fables de La Fontaine ou les romans de Mme de Lafayette disaient bien quelque chose sur les mœurs, la société, la politique, la religion. Cela pourtant n’en faisait pas des « œuvres engagées », au sens où la modernité entend cette expression. Il paraît quelque peu anachronique de parler à leur propos de « littérature engagée », précisément parce que la Poésie, comme on disait alors, ne se concevait pas elle-même comme un discours pouvant exercer une action politique sur le peuple, la politique étant en principe exclusivement l’affaire du monarque. S’il y a dans les faits des luttes d’influence pour exercer le pouvoir, comme en témoignent la Fronde ou l’affaire Fouquet, et si, à ces moments – là, les écrivains peuvent prendre parti, ils ne s’adressent jamais à ce que nous appelons l’opinion publique. Celle-ci ne se constitue qu’au cours du XVIIIe siècle ; qu’on songe au monologue de Figaro. Jusque-là, la portée politique des œuvres « littéraires » est contenue dans le champ relativement réduit des élites aristocratiques et bourgeoises, ce champ étant d’ailleurs hétérogène, puisque la Cour et les salons aristocratiques parisiens ne cultivent pas forcément les mêmes valeurs. Quoi qu’il en soit, à l’exception des Mémoires dont le régime de publication est tout à fait particulier, les écrits « littéraires », s’ils prétendent porter un message politique, ne peuvent le faire qu’à travers un discours équivoque (La Fontaine), qui n’ose assumer publiquement qu’une critique des mœurs de l’époque. S’il y a bien, sous l’Ancien Régime, en France, une impossibilité de tout dire, cela ne suffit pas pour qu’on considère que le problème impliqué par la citation de Denis Hollier concerne cette époque des Lettres. La question de « l’impossibilité » ne peut se poser à la littérature qu’à la condition que celle-ci ait pleinement conscience de sa nature langagière et des difficultés que cela entraîne. On a souligné le caractère transparent du langage dans le cadre de la représentation à l’Age classique (« […] il se fait invisible ou presque. Il est en tout cas devenu si transparent à la représentation que son être cesse de faire problème. » Michel Foucault, Les mots et les choses, p. 93). La naissance de la « littérature » coïncide avec « la réapparition, là où on ne l’attendait pas, de l’être vif du langage », avec la remontée « de la fonction représentative ou signifiante du langage à cet être brut oublié depuis le XVIe siècle. » (Foucault, pp. 58-59) et avec l’expérience de son espace propre. Doit-on alors concevoir que l’alternative évoquée par Denis Hollier ne souffre aucun dépassement, qu’il faut choisir entre l’optimisme de la littérature « engagée » et le pessimisme de la littérature « impossible » ? Entre innocence et lucidité, diront certains ? Pour sortir de l’antinomie, on pourra toujours invoquer un dédoublement (poésie / prose avec Sartre, Terreur/ Rhétorique avec Paulhan, écrivants / écrivains avec Roland Barthes), mais, n’est-ce pas négliger l’essentiel, à savoir l’ambivalence constitutive de la littérature, indissociablement idée et mot, fond et forme ? Pas de littérature, en effet, sans cette oscillation entre deux pôles dont la tension crée cet espace particulier où le langage montre sur pièces à quoi tient son existence, sa survie. La littérature expose à la fois le risque et la chance qu’il y a à parler (Derrida, Sur parole) ; elle indique qu’il faut courir le risque pour avoir la chance de parler à l’autre. Pouvoir tout dire, faire qu’on puisse en droit tout dire, cela ne signifie pas d’ailleurs qu’on soit tenu pour irresponsable. L’engagement de la littérature consiste précisément dans sa volonté de demeurer possible à travers tout ce qui la voue à l’impossibilité : cela relève moins d’un pari que d’un défi lancé à la mésentente et au malentendu, au nom de l’autre et de sa liberté. COMMISSIONN°2 Mathématiques MATHEMATIQUES I Option Scientifique Rémi CHMURA Hervé GUILLAUMIE RESULTATS GLOBAUX NBRE CANDIDATS 2248 MOYENNES 9,35 ECART-TYPE 4,73 MATHEMATIQUES I Option scientifique Rémi Chmura – Hervé Guillaumie Description du problème 1 cos et . sin sin La première partie proposait aux étudiants une étude de la somme d’une série de 1 +∞ 2 x . La deuxième partie permettait au travers de l’étude d’un fonctions : ϕ : x ֏ − ∑ 2 x n =1 n − x 2 endomorphisme de mettre en évidence une équation fonctionnelle conduisant au premier développement eulérien du problème, celui de la fonction cotan. La troisième partie traitait de l’écriture 1 du sinus comme un produit infini. La quatrième partie proposait d’obtenir l’écriture de comme sin somme d’une série de fonctions. L’épreuve portait sur l’obtention de développements eulériens des fonctions sin, Les questions étaient de difficultés variées, certaines proches du cours et d’autres demandant de l’initiative et de la réflexion. L’ensemble a permis aux étudiants, maitrisant les connaissances exigibles et capables d’attention et de rigueur, de progresser suffisamment dans le problème pour y faire montre de leurs qualités. Les correcteurs ont trouvé le sujet intéressant, présentant un nombre significatif de questions de difficultés raisonnables. Ainsi, il était conforme au programme et à son esprit. 18%, 41%, 21% et 20%, des points du barème ont été affectés aux quatre parties décrites ci-dessus. Commentaires sur la correction Les correcteurs renouvellent avec force leur demande exprimée dans les rapports des années précédentes : les copies doivent être propres, bien présentées. C’est majoritairement le cas, mais le nombre de copies peu soignées ou bien désagréables à lire est en augmentation. Attention, l’effort de rédaction, la mise en évidence des conclusions sont, avec la rigueur et l’honnêteté des raisonnements, des éléments majeurs dans l’appréciation des copies. Dans la partie I, dès la première question, on pressent que la notion d’équivalent sera maltraitée 2x 1 dans tout le problème. Non, 2 n’est pas équivalent à 2 . Dans la question 2.c, il fallait faire 2 n −x n attention (problème de convergence) pour séparer les sommes et décaler les indices. Les majorations de la question 3.c relèvent souvent de l’auto persuasion ou même de la tentative d’escroquerie … Beaucoup de candidats se sont fourvoyés dans 3.d en parlant de dérivabilité de la fonction g. 4.a préfigurait souvent toutes les horreurs vues ensuite : développements limités non maitrisés, somme d’équivalents, … La partie II a permis aux candidats sérieux de montrer leur savoir-faire en algèbre linéaire. D’autres éprouvent des difficultés à seulement écrire la matrice d’un endomorphisme … Certains ont su avec soin et précision répondre à la question 7 et compris l’essence de la question 9. Dans la partie III, à la question 12.c, de bonnes copies donnaient une majoration correcte avec ou sans facteur 2, mais beaucoup intervertissent sommation et intégration sans état d’âme. La question 13 a été survolée au mieux, sinon maltraitée … La partie IV a été moins abordée, même si 14,15,16 ont reçu des réponses convenues On s’étonne quand même du nombre de copies où sin(kπ ) n’a pas été simplifié (question 16.c).Très peu de copies ont entrevu la difficulté de la question 18.a. Conclusion Le sujet présentait des difficultés techniques mais pas conceptuelles. Certaines copies font montre d’une belle maitrise quand d’autres ont du mal à initier le moindre développement. Le barème adopté a cependant engendré un bon étalement des notes et le sujet a permis de bien distinguer les meilleurs étudiants. Plusieurs très bonnes copies ont obtenu la note maximale. L’écarttype de l’épreuve s’établit à 4,73 pour une moyenne générale de 9,35. MATHEMATIQUES Option Economique Francis RACCAGLIA Alexandre REISSMAN RESULTATS GLOBAUX NBRE CANDIDATS 1824 MOYENNES 9,18 ECART-TYPE 4,92 MATHÉMATIQUES 2S (Épreuve n° 283) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par CCIR Voie économique et commerciale RÉSULTATS GLOBAUX NB CANDIDATS MOYENNES ÉCARTS TYPES 3158 10,39 5,43 3158 10,39 5,43 2963 2935 2469 2323 2265 10,72 10,8 11,82 11,97 12,1 5,3 5,29 4,87 4,9 4,83 OPTIONS Scientifique ÉCOLES UTILISATRICES EDHEC Business School EMLYON Business School ESCP Europe ESSEC HEC Paris Epreuve écrite de maths 2 option économique Epreuve ESSEC Moyenne par école Ecole Moyenne Ecart-type Candidats EDHEC Grande École 9,64 5,40 2609 EMLYON Business School 9,40 5,46 2724 ESCP Europe 10,61 5,21 2161 ESSEC 11,08 5,18 1904 HEC Paris 11,36 5,17 1712 Moyenne générale : 9,09 Ecart type de l’épreuve : 5,48 Nombre de candidats présents : 2951 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris-IDF MATHEMATIQUES 2 Option Economique Quentin Berger Laurent Mazliak Le problème proposé cette année avait pour objet l'étude du renouvellement des composants d'un système complexe. Les techniques utilisées étaient relativement standard et peu de questions étaient conceptuellement difficiles. Il est à noter que, comme les années précédentes, ce sont souvent des questions élémentaires qui ont posé beaucoup de problème à de nombreux candidats. La première partie étudiait les propriétés d'un certain nombre de variables discrètes et notamment des propriétés asymptotiques de leurs lois. D'une façon générale, les manipulations des sommes finies et séries ont trop souvent été faites de façon maladroite, ce qui amenait des candidats à se noyer dans des verres d'eau. Autre point très délicat pour beaucoup, les raisonnements, même élémentaires, sur les événements: la toute première question n'a pas, ainsi, été bien traitée par beaucoup de candidats. L'étude de la loi particulière de la question 3) a été également inégalement menée. La question sur les variations de fa montré chez beaucoup de très fluctuantes capacités de calcul. La deuxième partie se concentrait sur la probabilité qu'une panne survienne un jour donné. Comme précédemment, les manipulations ensemblistes et le conditionnement n'ont pas toujours eu la faveur des candidats. La question Scilab a été globalement ignorée, et, quand elle était abordé, en général assez mal faite. La partie sur la diagonalisation, un peu marginale dans le sujet, a rempli son rôle : elle nécessitait un temps important, mais bien payée par le barème, elle a permis quelquefois à des candidats moins à l'aise sur la partie probabiliste d’engranger des points précieux. La troisième partie étudiait la durée de fonctionnement du système, d'abord dans le cas simple où il y a une variance, puis dans le cas général où seule une espérance existe. Le premier cas, assez proche du cours, a été raisonnablement traité. Pour le deuxième, le traitement fut beaucoup plus variable en fonction des questions. Certains ont su, assez habilement, tirer leur épingle du jeu en sachant repérer plusieurs questions très faciles dans la série. On a donc constaté, un peu plus que les années précédentes, un parcours de l'ensemble du sujet par d’assez nom d'assez nombreux candidats. La répartition des candidats s'est avérée assez standard et le barème permettait de repérer raisonnablement à la correction des copies les élèves ayant des bases théoriques raisonnables sur les notions mathématiques fondamentales. Et si quelques candidats plus fragiles ont aussi eu le savoir-faire nécessaire pour naviguer entre les questions et obtenir un résultat honorable. Cela fait après tout partie du jeu normal d’une épreuve de concours. MATHEMATIQUES B/L Option Lettres et Sciences Sociales Benoît GUGGER L’épreuve de cette année comportait deux problèmes indépendants. Le premier problème étudiait une fonction et les suites récurrentes associées, afin d’obtenir un équivalent de ces suites. Ce problème de structure classique, permettait de couvrir une bonne partie du programme d’analyse (fonctions, suites, séries et intégration). Le deuxième problème étudiait l’évolution probabiliste d’une maladie au sein d’une population et montrait que son temps d’éradication était presque surement fini. Ce deuxième problème, moins classique que le premier, était axé essentiellement sur une grosse partie du programme de probabilités de la filière concernée, mais aussi du programme d’algèbre matricielle. La moyenne de l’épreuve avoisine la note de 10,1, pour un écart-type de 4,4. Le premier problème est de bonne longueur et chaque problème commençait par des questions faciles permettant de mettre en confiance les candidats. Les questions de fin de partie, plus techniques, ont permis de distinguer les bons candidats. Les techniques de comparaison série-intégrale sont bien connues des candidats mais souvent appliquées avec peu de rigueur et d’explications. La manipulation par les étudiants des équivalents dans la fin du problème est à revoir (somme d'équivalents, passage à l’exponentielle). Les dernières questions du premier problème ont été peu ou pas abordées. Le second problème a fait appel à des connaissances et techniques classiques en probabilité (loi binomiale, formule des probabilités totales), et a permis ainsi aux candidats de répondre à une bonne moitié du problème. Ce second problème, en particulier sa troisième partie, a permis de distinguer les candidats ayant une bonne maîtrise du cours de probabilité (loi de Poisson, théorème de la limite centrée, convergence en loi). Le sujet a valorisé les candidats sérieux, ayant une bonne connaissance de leur cours, et a distingué les plus rigoureux qui maîtrisent des techniques plus fines du programme et prennent la peine de justifier leurs réponses avec soin. Répartition des notes 0≤n≤ n>16 4 15% 5% 4<n≤ 12<n 8 ≤16 32% 17% 8<n≤ 12 31% MATHÉMATIQUES T (Épreuve n° 285) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par ESCP Europe Voie économique et commerciale RÉSULTATS GLOBAUX NB CANDIDATS MOYENNES ÉCARTS TYPES 1189 9,44 5,39 1189 9,44 5,39 754 629 702 900 573 522 813 481 977 548 877 10,52 11,44 10,84 7,85 11,64 11,57 10,87 11,76 9,65 8,08 9,95 5,28 5,17 5,31 4,77 5,27 5,33 5,17 5,39 5,27 4,89 5,25 OPTIONS Technologique ÉCOLES UTILISATRICES AUDENCIA Nantes EDHEC Business School EMLYON Business School ESC RENNES School of Business ESCP Europe ESSEC GRENOBLE École de Management HEC Paris SKEMA Business School TELECOM École de Management TOULOUSE Business School COMMISSIONN°3 Histoire,géographieet géopolitique(s) Histoire Géographie (A/L et LSH) Epreuve d'histoire, géographie et géopolitique option scientifique Epreuve ESSEC Moyenne par école Ecoles Moyenne Ecart-type Candidats ENSAE Paris tech 10,73 3,58 488 ESSEC 10,28 3,46 2364 Moyenne de l’épreuve : 10,26 Ecart-type : 3, 47 Nombre de candidats : 2274 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris - IDF HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET GEOPOLITIQUE Option scientifique Jean KOGEJ Sujet : La construction européenne face aux défis de la Méditerranée et du monde méditerranéen (1957 - 2016) Le sujet a rencontré l’intérêt certain des candidats et un large assentiment auprès des professeurs du fait de son ancrage dans l’actualité brûlante, cette dernière étant replacée dans la perspective du temps long (1957-2016) et dans celle d’un vaste ensemble tricontinental (Afrique du Nord, Asie occidentale et Europe) s’enroulant autour de l’espace maritime méditerranéen. Certes le sujet implique le drame migratoire actuel, la crise grecque, la fracture Nord-Sud, la rencontre et les frictions Orient - Occident. Mais de par sa profondeur historique, il concerne aussi les déséquilibres démographiques et la pérennité des mouvements migratoires sur le long terme, les efforts d’intégration en particulier économiques depuis les premiers accords d’association des années 1960, le souci de la stabilité et de la paix à travers plus d’un demi-siècle de « bruit et de fureur » incluant guerre froide, décolonisation, conflits israélo-arabes, chute du communisme, mondialisation, etc. Le cœur de la réflexion est la construction européenne : comment, et dans quelle mesure celle-ci a-t-elle su répondre à ces problèmes brûlants et tenir compte de ces enjeux considérables dans son élaboration même, c’est à dire par ses élargissements, ses institutions, ses politiques communes ? La notion de défi suppose la compétition assortie de risques et de dangers, la nécessité de s’élever et de se surpasser pour être à la hauteur d’enjeux essentiels. Se croisent et s’entremêlent ici les défis du développement et de l’intégration économiques, ceux de l’environnement, tout comme ceux des identités, et de la sécurité. Défi des valeurs aussi, en premier lieu la démocratie, qui soustend largement les autres. De quelle « construction » européenne s’agit-il ? Faut-il prendre en considération d’autres constructions que celle ayant abouties à « l’Union européenne » ? Le CAEM (COMECON) créé dans le cadre du bloc soviétique en 1949 n’était pas à proprement parler une « construction européenne » mais visait l’universalisme socialiste et de toutes façons ne revêtait qu’une faible dimension méditerranéenne : la Yougoslavie n’était pas membre au sens strict mais seulement associée comme l’Ethiopie, le Yémen ou l’Afghanistan ; l’Albanie était en rupture de ban...alors que Cuba, la Mongolie et le Viet Nam en étaient membres. Quant à l’AELE (Association européenne de libreéchange, créée en 1960 à l’instigation du Royaume-Uni, elle fait partie du processus de construction européenne et fut d’ailleurs intégrée à l’Espace économique européen en 1994, mais, à l’origine sa dimension méditerranéenne se limitait à Gibraltar et à quelques aspects agricoles que le Portugal (non méditerranéen !) partage avec l’Espagne. S’il n’était pas inutile de signaler la difficulté, il est bien question ici du processus qui, partant de la création de la CEE en 1957 (par le traité de Rome !), aboutit aujourd’hui à l’Union européenne des « 28 » (pays membres). L’expression « Méditerranée et monde Méditerranéen » qui circonscrit l’emprise géographique du sujet ne constitue pas une redondance. Braudel personnifie la Méditerranée, qui n’est pas seulement une « mer au milieu des terres » comme les autres « méditerranées » (Baltique ou Caraïbe). C’est « la mer semblable à nulle autre » du géographe Jacques Bethemont, la « Mère méditerranée » de Dominique Fernandez. L’étendue maritime, indépendamment des pays qui l’entourent et qui constituent le « monde méditerranéen », a un rôle propre dans le sujet : espace logistique, carrefour de communications, objet environnemental à la sensibilité spécifique, espace stratégique par excellence où s’implantent aussi Américains, Russes, Chinois.... Par cette dimension, la construction européenne se confronte au monde et pas seulement aux problématiques des pays bordiers. Il n’y a pas d’homogénéité chronologique dans le sujet. Ne serait-ce que parce que l’Europe devient davantage « méditerranéenne » avec les élargissements de 1981, 1986 et 2004. D’ailleurs, dans ses premières années l’Europe était surtout rhénane et tournait le dos à la Méditerranée. L’effondrement des dictatures de l’Europe du Sud (Grèce, Espagne) dans les années 1970 et l’apparition d’une bordure méditerranéenne en développement rapide changèrent la donne : Il fallait développer, intégrer, s’associer, s’adapter comme en témoignent les aménagements de la politique agricole et, de manière plus générale, le « processus de Barcelone ». Cependant la chute du communisme à partir de 1989 détourna à nouveau, progressivement, l’intérêt de l’Europe vers l’Est. L’intégration des PECO et le rapprochement avec l’Ukraine et la Russie se présentaient plutôt bien tandis que les maladresses, l’impuissance et l’indifférence se conjuguaient en Méditerranée face aux crises Yougoslave et algérienne des années 1990. Aujourd’hui une actualité brûlante refait de la Méditerranée une obsession existentielle, remettant en cause les acquis les plus fondamentaux de la construction européenne comme la politique monétaire, les accords de Schengen, voire le principe actif premier de la création européenne : la solidarité. Des murs sont construits ou envisagés, tandis que la problématique méditerranéenne réactive la vieille faille entre Est et Ouest au sein du processus de la construction européenne. Malgré les aspects dramatiques et spectaculaires que revêt la question méditerranéenne au cours des dernières années, il était bon, à un moment ou a un autre, de nuancer le propos : la construction (voire la déconstruction ?) européenne se joue aujourd’hui sur d’autres fronts aussi. Le « Brexit » (une hypothèse au moment de l’épreuve), les enjeux du TTIP, le rapport à la Russie et à la crise ukrainienne, le retour à la croissance, la convergence économique, financière et fiscale (clé de la pérennité de l’Euro) : autant de questions décisives pour la construction européenne et qui ne se situent pas spécifiquement dans le cadre méditerranéen. Aucun plan ne s’imposait absolument. Une organisation chronologique était possible (par exemple I. de 1957 au début des années 1980, l’Europe détourne le regard de la Méditerranée - II. De l’élargissement des années 1980 au processus de Barcelone, l’apparition d’une priorité méditerranéenne - III. Les contradictions, les drames et le chaos d’aujourd’hui.) Une approche thématique était « jouable » aussi (I. Les défis du développement et de l’intégration - II. Les défis de l’identité et de la sécurité - III. Les défis de la démocratie et des valeurs). Une formule mixte abordant la dimension évolutive puis l’étude des thèmes essentiels était également opérationnelle. Par rapport au continent européen, la Méditerranée a toujours oscillé entre Mare Nostrum et limes, entre berceau des civilisations ou zone de fracture. Elle constitue un carrefour essentiel, un réservoir de ressources et de croissance, un champ prometteur de coopération mais aussi un espace de rivalités et d’affrontements de toutes natures et origines. Dans son processus de construction, l’Europe sait-elle intégrer, développer, associer son versant et son voisinage méditerranéens ? Entre les visions extrêmes et mythiques de la « Mondialisation heureuse » et du « Choc des civilisations », contribue-t-elle à faire pencher le curseur du bon côté ? L’intérêt des candidats se traduit par d’assez bons résultats. La plupart des correcteurs comptent autour d’un tiers de copies à 12 et au-delà. La proportion de notes égales ou supérieures à 15 est importante. Mais le sujet était également discriminant, du fait de son ampleur assez difficile à maîtriser, et par la nature et la variété des problèmes posés. D’où un écart-type conséquent, qui a permis à l’épreuve de jouer tout son rôle dans le concours. La plupart des copies témoignent d’un travail sérieux et beaucoup d’entre-elles présentent de réelles qualités et de bons développements. La présentation et l’orthographe sont le plus souvent acceptables même si on constate des erreurs trop fréquentes pour les noms propres. On enregistre une représentation forte de copies notées autour de 12 présentant des caractéristiques assez semblables : les introductions sont insuffisantes, commençant par une « accroche » destinée à capter l’attention mais s’étendant démesurément aux dépens du vrai travail introductif ; les définitions sont incomplètes et certains termes sont considérés comme allant de soi, alors que leur analyse et leur définition constituent des clés du sujet ; plusieurs aspects importants sont bien vus mais la mise en perspective est insuffisante et des dimensions notables sont délaissées. De nombreux candidat n’ont pas su prendre une hauteur de vue suffisante pour englober l’ensemble des territoires et toute la temporalité dans leur réflexion. Là était sans doute la difficulté majeure du sujet. Souvent, l’espace maritime (stratégique, logistique, environnemental...) était négligé. La péninsule balkanique était parfois évoquée dans le cadre des déficiences de la défense européenne, mais elle constitue plutôt un cône d’ombre dans la représentation mentale de l’espace méditerranéen. Cependant, plus que l’espace, c’est la temporalité du sujet qui fut la grande sacrifiée. Trop peu de copies (quel que soit le plan retenu) rendaient compte de l’ensemble de l’évolution chronologique. La guerre froide passe presque totalement à la trappe. La (dé)colonisation apparait plus souvent, mais son incidence est mal mesurée. Le simple énoncé chronologique («tout d’abord...ensuite...enfin... ») N’est pas suffisamment soutenu par une réflexion et un fil directeur. Une autre difficulté importante résidait dans la définition de « la construction européenne ». Ce processus évolutif d’élaboration institutionnelle, d’élargissements et de politiques communes, était trop souvent considéré comme désignant un espace ou un territoire : l’Union européenne, voire le continent européen en tout ou en partie. Avec pour conséquences des erreurs grossières : on voyait la « construction européenne » conduisant l’opération de Suez, elle qui décolonisait et qui accordait l’indépendance à l’Algérie, elle encore qui conduisit les opérations militaires en Libye en 2011, elle toujours qui dispose de deux sièges de membres permanents au Conseil de sécurité de l’ONU et qui maîtrise la dissuasion nucléaire. De proche en proche, c’est une vision erronée du sujet qui se fit jour chez certains candidats, et qui peut se résumer ainsi : « les rapports Nord-Sud en Méditerranée », l’Europe étant considérée comme un tout achevé et représentant le « Nord », coopérant parfois, s’opposant souvent à la Méditerranée qui incarne le « Sud ». Il est ainsi des devoirs présentant par ailleurs de réelles qualités et qui ne voient pas la nature en partie méditerranéenne de l’Europe elle-même, ni le caractère intra-européen de certains des « défis méditerranéens » qu’elle doit relever. Au point que les élargissements de l’Union à la Grèce, l’Espagne (etc.) ou encore la crise grecque et ses menaces sur l’Euro ne sont pas traités, la candidature turque n’est pas évoquée. Dérive fréquente relevant du même manque de rigueur dans la définition du sujet : l’inversion de la perspective. La Méditerranée est au centre de la réflexion, pour en occuper presque tout le champ, ne laissant entrevoir que les incidences de sa situation sur une Europe trop rarement actrice ou en position d’initiative. Alors que les premiers termes du sujet étaient « la construction européenne face à... » La prégnance de l’actualité est compréhensible. Une des raisons d’être de l’exercice est justement de savoir mettre le présent en perspective. Mais son obsession exclusive est une dérive préjudiciable. Pour trop de copies, le « défi migratoire » commence en 2014 et se limite à Lesbos et Lampedusa pour se prolonger parfois vers Calais et Cologne. Alors que la permanence, les mutations et la complexité de la problématique migratoire sur l’ensemble de la période permettaient de mieux éclairer le drame et les enjeux d’aujourd’hui. À une échelle plus réduite, on observe l’incompréhension fréquente des accords de Schengen, censés mettre en place « la libre circulation des personnes, des marchandises et des capitaux ». Trop souvent aussi on fait intervenir les accords de Lomé et les pays ACP dans l’étude du sujet. L’étude de l’Europe, désormais répartie entre la première et la deuxième année, rendrait-elle la mobilisation des connaissances plus difficile chez certains candidats, rétifs à une vision transversale du programme et s’attendant à retrouver toutes les données dans un même « tiroir » ? Attention aussi à une déperdition dans l’étude économique : le levier le plus puissant de l’action européenne demeure son marché et l’ouverture privilégiée de ce dernier. Enfin, on aimerait que certains exemples soient réellement développés sous forme « d’études de cas » à l’appui d’une démonstration et d’un raisonnement. On déplore trop de paraphrase aussi alors que la copie servile des documents fournis dessert plus le candidat ignorant qu’elle ne le sauve. Ce compte-rendu, par nature critique puisque son rôle est de dégager erreurs et insuffisances, ne doit pas cacher l’effort réel de nos candidats, leur intérêt, voire leur passion pour les questions soulevées par le sujet. Certains regardent avec trop d’angélisme l’enchevêtrement des intérêts égoïstes, des identitarismes et des arrière-pensées qui forment pour une bonne part la trame du sujet Il est vrai que cette approche quelque peu candide se prolonge souvent d’une vraie compassion pour les victimes dont l’actualité fait état. Cependant, beaucoup savent ne pas perdre de vue les enjeux et les valeurs, et les résultats auxquels ils parviennent sont souvent d’une étonnante maturité face à des problématiques extraordinairement complexes. HISTOIRE ULM - LYON (Épreuve n° 277) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par ESCP Europe Voie littéraire Sujet BEL / Quel rôle a joué le romantisme dans le mouvement des nationalités ? Les copies dans l’ensemble sont de bonne qualité et la moyenne de la série BEL (10,52) est un peu plus élevée que dans la série BL (10,08). Les candidats manquaient rarement des connaissances essentielles nécessaires mais beaucoup n’ont pas su les valoriser dans un plan cohérent mettant en évidence l’évolution assez profonde des relations entre romantisme et politique sur un peu plus d’un demi siècle. On a rencontré trop souvent des copies bavardes pour cacher des lacunes, des copies sans véritable conclusion, des mobilisations de références sans discernement (ne pas placer un article, un manuel général, une synthèse de spécialiste du sujet, une thèse sur le même plan) étant entendu que l’épreuve n’est pas elle-même une thèse et que la répétition des références à des manuels ou des synthèses n’est absolument pas une nécessité. Une copie de concours est d’abord une mise en forme intelligente de connaissances parmi lesquelles le candidat saura établir une hiérarchie et au-delà répondre très précisément à la question posée. Beaucoup de copies n’ont parlé que de l’Allemagne et de l’Italie ; assez fréquemment, on a oublié le philhellénisme qui représentait un tournant décisif dans l’évolution du sujet. Seule une minorité est parvenue à historiciser, de 1814 à 1871, le "romantisme", tout en tenant compte de ses différentes déclinaisons nationales (le cas du romantisme français et son exemplarité à l’échelle de l’Europe a été rarement traité). Beaucoup de copies se sont contentées d’une approche culturelle du sujet et on a hésité sur la façon de traiter le lien entre culture et politique. Le terme de « nationalisme » ne convient pas pour le premier XIXe siècle car il est chargé de significations qui ne s’imposent que dans le deuxième XIXe siècle. La chronologie du sujet elle-même reste souvent floue : comment délimiter la question 1850, 1880… Des personnalités importantes sont mal ajustées au sujet : Rousseau, Napoléon… Beaucoup de copies donnent trop le sentiment d’être une succession de fiches de lecture un peu besogneuses additionnant sans grand effort de synthèse des cas nationaux. La Révolution de 1848, dans l’ensemble a été peu analysée dans le cadre du sujet. Les mécanismes de passage de la culture romantique (d’abord le fait d’une élite sociale) en direction du peuple qui est alors largement analphabète n’ont pas été clairement analysés. On a négligé en particulier sur ce point le rôle du théâtre populaire. Le Risorgimento a été trop rapidement assimilé purement et simplement au combat romantique. D’une manière générale les candidats n’ont pas suffisamment montré les assises sociales du mouvement romantique. On pouvait poser le problème de la double nature du romantisme : une culture européenne nostalgique du passé qui se construit à partir d’un procès des Lumières puis de la société post révolutionnaire (construction d’une société libérale et bourgeoise) et, très vite, un enracinement dans un cadre national sous des formes assez contrastées. On pouvait donc souligner le passage d’une culture romantique essentiellement littéraire (venue du Nord, de l’Ecosse) à des combats politiques nationaux (en touchant plus tardivement l’Europe du sud). Trois étapes étaient envisageables : une culture romantique de droite (ancrage allemand), un romantisme libéral qui diffuse dans le mouvement des nationalités, un romantisme de la cause du peuple, socialisant, qui domine la Révolution de 1848 et le combat des nationalités. A l’origine, sur le plan culturel, une démarche commune qui est de s’opposer à l’universalisme rationnel de la culture des Lumières. Une critique du cosmopolitisme de l’aristocratie européenne mais aussi d’une modernité libérale qui apparaît menaçante. Enfin, une riposte dans la recherche des racines nationales dans le passé, un passé reconstruit ou tout simplement inventé. La première mouture est celle toute culturelle et peu politique qu’on trouve en Ecosse : idée de la redécouverte d’un génie national (recherché du côté du gothique et d’une nature primitive) opposé à la vulgarité des tendances du présent. Il fallait du reste insister sur la dimension critique du phénomène romantique pendant toute la période. Cette culture montre sa capacité de rayonner sur la société et dévoile le rôle marquant des intellectuels (ce sont eux qui vont un peu partout jouir d’une nouvelle influence politique et enraciner le romantisme dans un cadre national). Des intellectuels qui sont des individualités puissantes, détachées du corps social, au destin tragique, mais capable aussi d’incarner les difficultés, la « sensibilité » de sociétés « souffrantes ». Alors que la Philosophie parle d’universalité, l’intellectuel romantique parle de l’unique, une démarche qui trouve son cadre dans le concret de la nation. On devait également souligner dans le romantisme l’importance du réveil religieux qui conteste les Lumières, accompagne le romantisme et ajoute une dimension spirituelle au combat national d’autant qu’au-delà des grandes figures de la lutte nationale, la nation pour les peuples européens, avant tout, c’est encore la religion. Le passage du romantisme au combat politique national est précipité par l’épisode révolutionnaire et impérial. La contestation romantique, jusque-là avant tout culturelle, devient un combat politique dans lequel la nation prend d’abord un sens réactionnaire. C’est le cas de l’Allemagne : groupe d’Iéna avec Novalis, groupe de Cologne, le rôle de Schlegel qui prône l’exemple de la société médiévale, l’école d’Heidelberg avec Arnim et Brentano, un ensemble de mouvements qui valorisent la poésie populaire et orientent la définition de la nation vers la race et la langue. Ces idées sont reprises par les juristes Savigny et Görres dans ses appels au patriotisme de la nation allemande. Le groupe le plus important est à Dresde avec Adam Müller (Eléments d’art politique) au moment où Kleist oriente le théâtre vers le drame patriotique. Cette version romantique de la nation s’oppose à celle qui est née de la Révolution française et qui est fondée sur le sol et sur le choix volontaire de libre citoyen, mais aussi sur l’héritage des Lumières. Arnim, Brentano, les frères Grimm lui opposent une nation qui doit se référer à une communauté de sentiments et d’usages, un Volkstum tiré du passé littéraire, de la langue populaire, du folklore. Ce travail culturel a son versant politique valorisé par le Mercure Rhénan de Joseph Görres et par Fichte qui avance l’idée d’une supériorité morale et d’une mission providentielle de l’Allemagne. Le programme politique, lui, est formulé clairement par Frederic von Gentz et trouve un relais dans la paysannerie, l’Eglise, les corporations qui voient dans le romantisme politique l’antidote contre la France et la Révolution. Le projet rayonne à partir de Vienne, de Berlin où l’université avec Guillaume de Humboldt est chargée de répandre dans la jeunesse allemande patriotisme et orgueil national. C’est de Berlin que Fichte adresse ses écrits à la nation allemande. De là le rôle de la Prusse au cœur de la « Bataille des nations » mais un romantisme allemand qui ne parvient pas à faire émerger la nouvelle Allemagne ce qui redonne à l’Autriche une place prépondérante après 1815. Ce romantisme de droite entretient à l’échelle de l’Europe une idée de la nation que l’on retrouve aussi en France dans le courant ultra royaliste qui s’oppose aux libéraux (en 1818 la Maison de Jeanne d’Arc est transformée en musée). cf encore la phrase célèbre de Lousteau à Lucien de Rubempré « Les royalistes sont romantiques, les libéraux sont classiques ».). Au tournant de 1820, partout en Europe s’opère une mutation progressive du romantisme de l’échec et du regret vers une contestation de la société aristocratique. Symboliquement Hugo déçu de la droite illustre l’apparition d’un romantisme de la liberté qui va devenir une source d’inspiration pour de nombreux mouvement d’émancipation nationale en Europe. La référence à « l’esprit romantique », à sa générosité, le goût du dévouement et du sacrifice pour la cause du peuple prend toutefois des profils différents à mesure qu’il s’enracine dans des luttes nationales contre l’Europe du Congrès de Vienne. Le combat philhellène en faveur de la « nation » grecque fait partie de cette transition dans la mesure où, à l’échelle de l’Europe, il associe dans la défense d’un combat chrétien et d’une émancipation nationale, toutes les nuances du romantisme, de la droite aux libéraux (Chateaubriand, Hugo, Delacroix…) et apporte au combat romantique un martyr (Byron). En Italie, le romantisme joue un rôle décisif dans l’apparition d’un mouvement en faveur de l’unité mais surtout en faveur de la liberté contre l’autoritarisme des restaurations. Ses sources restent imprégnées d’inspiration religieuse, mais il assimile aussi les principes de la Révolution française apportés par la présence napoléonienne. Giacomo Léopardi, Manzoni, Silvio Pellico, sont à la fois des catholiques, des libéraux et des défenseurs de la construction d’une nation italienne (cf les révolutions de 1821 et 1831). La musique bien sûr joue alors un rôle important ( cf la musique de Verdi qui devient un manifeste du mouvement national). Mazzini et Garibaldi incarne dans une seconde étape l’apparition d’un héros romantique moderne au service de la liberté. Les « mouvements jeunes » qui partent d’Italie (Jeune Italie, Jeune Suisse…) participent de ce mouvement qui lie le sentiment romantique à la jeunesse et à un combat pour la liberté qui au-delà du national prend une dimension européenne. Le romantisme des pays slaves, celui de Mickiewicz en Pologne, de Safarik et de Kollar en Bohême, de Pétöfi (le poète et auteur de théâtre joue en Hongrie un rôle important jusqu’en 1848) est à la pointe du combat national auquel il participe en défendant la renaissance des langues. Le retour vers la tradition populaire est un moyen contestataire de retrouver une identité nationale qui est alors défendue par la petite noblesse hongroise. Là où les élites sont étrangères, la littérature romantique devient une arme politique : le dictionnaire serbe, l’Histoire de la langue de Bohême de Dobrovski. En Allemagne le mouvement national évolue et se développe au sein des milieux universitaires (cf la Burschenschaft et la fête de la Wartburg 1817) qui célèbrent dans un esprit libéral, religieux et romantique l’anniversaire des thèses de Luther et de la bataille de Leipzig. Le lien romantisme et sentiment national évolue progressivement vers la gauche avec George Buchner ou H. Heine, l’ami de Marx, qui inaugure une veine nouvelle d’un romantisme ouvert aux idées de progrès (cf le groupe des poètes socialistes dans les années 1840 avec Herwegh, Weerth, Freiligrath). Mais cette évolution n’est pas totalement incompatible avec des politiques conservatrices voire impérialistes à l’égard d’autres minorités ou nations. Chaque mouvement dans une désintégration du mouvement révolutionnaire européen en sections nationales tend à justifier l’intérêt prioritaire qu’il attache à sa propre nation. (cf les Hongrois à l’égard des Tchèques ou des Roumains). Une dernière métamorphose du romantisme apparaît dans les années 1840 quand le romantisme s’ouvre à la question sociale et accompagne une culture humanitaire de gauche sensible aux souffrances des peuples opprimés. L’idée avancée est alors celle de la Jeune Europe, chaque peuple a sa mission propre, mais elle doit contribuer à l’accomplissement de la mission générale de l’humanité. Des versions du romantisme jouxte alors le socialisme dans des configurations qui varient d’un pays à l’autre. De Mazzini en Italie à G Sand, Leroux, Lamartine, Sue en France, à Shelley en Angleterre, évolutions du romantisme dans un lien étroit avec les luttes sociales qui mènent à la révolution de 1848, révolution de la « fraternité romantique » « république des illusions », « République romantique », moment clef aussi de la lutte des nationalités en Europe (cf l’exemple du poète Mickiewicz qui fait de la Pologne dans le style romantique une nation martyre et qui en 1949 lance un appel fraternel aux antres nations sous la domination de l’Autriche). La défaite des révolutions de 1848 sonne alors le glas de l’empreinte romantique sur les courants politiques. HISTOIRE ULM - LYON (Épreuve n° 277) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par ESCP Europe Voie littéraire Sujet BEL / Quel rôle a joué le romantisme dans le mouvement des nationalités ? Les copies dans l’ensemble sont de bonne qualité et la moyenne de la série BEL (10,52) est un peu plus élevée que dans la série BL (10,08). Les candidats manquaient rarement des connaissances essentielles nécessaires mais beaucoup n’ont pas su les valoriser dans un plan cohérent mettant en évidence l’évolution assez profonde des relations entre romantisme et politique sur un peu plus d’un demi siècle. On a rencontré trop souvent des copies bavardes pour cacher des lacunes, des copies sans véritable conclusion, des mobilisations de références sans discernement (ne pas placer un article, un manuel général, une synthèse de spécialiste du sujet, une thèse sur le même plan) étant entendu que l’épreuve n’est pas elle-même une thèse et que la répétition des références à des manuels ou des synthèses n’est absolument pas une nécessité. Une copie de concours est d’abord une mise en forme intelligente de connaissances parmi lesquelles le candidat saura établir une hiérarchie et au-delà répondre très précisément à la question posée. Beaucoup de copies n’ont parlé que de l’Allemagne et de l’Italie ; assez fréquemment, on a oublié le philhellénisme qui représentait un tournant décisif dans l’évolution du sujet. Seule une minorité est parvenue à historiciser, de 1814 à 1871, le "romantisme", tout en tenant compte de ses différentes déclinaisons nationales (le cas du romantisme français et son exemplarité à l’échelle de l’Europe a été rarement traité). Beaucoup de copies se sont contentées d’une approche culturelle du sujet et on a hésité sur la façon de traiter le lien entre culture et politique. Le terme de « nationalisme » ne convient pas pour le premier XIXe siècle car il est chargé de significations qui ne s’imposent que dans le deuxième XIXe siècle. La chronologie du sujet elle-même reste souvent floue : comment délimiter la question 1850, 1880… Des personnalités importantes sont mal ajustées au sujet : Rousseau, Napoléon… Beaucoup de copies donnent trop le sentiment d’être une succession de fiches de lecture un peu besogneuses additionnant sans grand effort de synthèse des cas nationaux. La Révolution de 1848, dans l’ensemble a été peu analysée dans le cadre du sujet. Les mécanismes de passage de la culture romantique (d’abord le fait d’une élite sociale) en direction du peuple qui est alors largement analphabète n’ont pas été clairement analysés. On a négligé en particulier sur ce point le rôle du théâtre populaire. Le Risorgimento a été trop rapidement assimilé purement et simplement au combat romantique. D’une manière générale les candidats n’ont pas suffisamment montré les assises sociales du mouvement romantique. On pouvait poser le problème de la double nature du romantisme : une culture européenne nostalgique du passé qui se construit à partir d’un procès des Lumières puis de la société post révolutionnaire (construction d’une société libérale et bourgeoise) et, très vite, un enracinement dans un cadre national sous des formes assez contrastées. On pouvait donc souligner le passage d’une culture romantique essentiellement littéraire (venue du Nord, de l’Ecosse) à des combats politiques nationaux (en touchant plus tardivement l’Europe du sud). Trois étapes étaient envisageables : une culture romantique de droite (ancrage allemand), un romantisme libéral qui diffuse dans le mouvement des nationalités, un romantisme de la cause du peuple, socialisant, qui domine la Révolution de 1848 et le combat des nationalités. A l’origine, sur le plan culturel, une démarche commune qui est de s’opposer à l’universalisme rationnel de la culture des Lumières. Une critique du cosmopolitisme de l’aristocratie européenne mais aussi d’une modernité libérale qui apparaît menaçante. Enfin, une riposte dans la recherche des racines nationales dans le passé, un passé reconstruit ou tout simplement inventé. La première mouture est celle toute culturelle et peu politique qu’on trouve en Ecosse : idée de la redécouverte d’un génie national (recherché du côté du gothique et d’une nature primitive) opposé à la vulgarité des tendances du présent. Il fallait du reste insister sur la dimension critique du phénomène romantique pendant toute la période. Cette culture montre sa capacité de rayonner sur la société et dévoile le rôle marquant des intellectuels (ce sont eux qui vont un peu partout jouir d’une nouvelle influence politique et enraciner le romantisme dans un cadre national). Des intellectuels qui sont des individualités puissantes, détachées du corps social, au destin tragique, mais capable aussi d’incarner les difficultés, la « sensibilité » de sociétés « souffrantes ». Alors que la Philosophie parle d’universalité, l’intellectuel romantique parle de l’unique, une démarche qui trouve son cadre dans le concret de la nation. On devait également souligner dans le romantisme l’importance du réveil religieux qui conteste les Lumières, accompagne le romantisme et ajoute une dimension spirituelle au combat national d’autant qu’au-delà des grandes figures de la lutte nationale, la nation pour les peuples européens, avant tout, c’est encore la religion. Le passage du romantisme au combat politique national est précipité par l’épisode révolutionnaire et impérial. La contestation romantique, jusque-là avant tout culturelle, devient un combat politique dans lequel la nation prend d’abord un sens réactionnaire. C’est le cas de l’Allemagne : groupe d’Iéna avec Novalis, groupe de Cologne, le rôle de Schlegel qui prône l’exemple de la société médiévale, l’école d’Heidelberg avec Arnim et Brentano, un ensemble de mouvements qui valorisent la poésie populaire et orientent la définition de la nation vers la race et la langue. Ces idées sont reprises par les juristes Savigny et Görres dans ses appels au patriotisme de la nation allemande. Le groupe le plus important est à Dresde avec Adam Müller (Eléments d’art politique) au moment où Kleist oriente le théâtre vers le drame patriotique. Cette version romantique de la nation s’oppose à celle qui est née de la Révolution française et qui est fondée sur le sol et sur le choix volontaire de libre citoyen, mais aussi sur l’héritage des Lumières. Arnim, Brentano, les frères Grimm lui opposent une nation qui doit se référer à une communauté de sentiments et d’usages, un Volkstum tiré du passé littéraire, de la langue populaire, du folklore. Ce travail culturel a son versant politique valorisé par le Mercure Rhénan de Joseph Görres et par Fichte qui avance l’idée d’une supériorité morale et d’une mission providentielle de l’Allemagne. Le programme politique, lui, est formulé clairement par Frederic von Gentz et trouve un relais dans la paysannerie, l’Eglise, les corporations qui voient dans le romantisme politique l’antidote contre la France et la Révolution. Le projet rayonne à partir de Vienne, de Berlin où l’université avec Guillaume de Humboldt est chargée de répandre dans la jeunesse allemande patriotisme et orgueil national. C’est de Berlin que Fichte adresse ses écrits à la nation allemande. De là le rôle de la Prusse au cœur de la « Bataille des nations » mais un romantisme allemand qui ne parvient pas à faire émerger la nouvelle Allemagne ce qui redonne à l’Autriche une place prépondérante après 1815. Ce romantisme de droite entretient à l’échelle de l’Europe une idée de la nation que l’on retrouve aussi en France dans le courant ultra royaliste qui s’oppose aux libéraux (en 1818 la Maison de Jeanne d’Arc est transformée en musée). cf encore la phrase célèbre de Lousteau à Lucien de Rubempré « Les royalistes sont romantiques, les libéraux sont classiques ».). Au tournant de 1820, partout en Europe s’opère une mutation progressive du romantisme de l’échec et du regret vers une contestation de la société aristocratique. Symboliquement Hugo déçu de la droite illustre l’apparition d’un romantisme de la liberté qui va devenir une source d’inspiration pour de nombreux mouvement d’émancipation nationale en Europe. La référence à « l’esprit romantique », à sa générosité, le goût du dévouement et du sacrifice pour la cause du peuple prend toutefois des profils différents à mesure qu’il s’enracine dans des luttes nationales contre l’Europe du Congrès de Vienne. Le combat philhellène en faveur de la « nation » grecque fait partie de cette transition dans la mesure où, à l’échelle de l’Europe, il associe dans la défense d’un combat chrétien et d’une émancipation nationale, toutes les nuances du romantisme, de la droite aux libéraux (Chateaubriand, Hugo, Delacroix…) et apporte au combat romantique un martyr (Byron). En Italie, le romantisme joue un rôle décisif dans l’apparition d’un mouvement en faveur de l’unité mais surtout en faveur de la liberté contre l’autoritarisme des restaurations. Ses sources restent imprégnées d’inspiration religieuse, mais il assimile aussi les principes de la Révolution française apportés par la présence napoléonienne. Giacomo Léopardi, Manzoni, Silvio Pellico, sont à la fois des catholiques, des libéraux et des défenseurs de la construction d’une nation italienne (cf les révolutions de 1821 et 1831). La musique bien sûr joue alors un rôle important ( cf la musique de Verdi qui devient un manifeste du mouvement national). Mazzini et Garibaldi incarne dans une seconde étape l’apparition d’un héros romantique moderne au service de la liberté. Les « mouvements jeunes » qui partent d’Italie (Jeune Italie, Jeune Suisse…) participent de ce mouvement qui lie le sentiment romantique à la jeunesse et à un combat pour la liberté qui au-delà du national prend une dimension européenne. Le romantisme des pays slaves, celui de Mickiewicz en Pologne, de Safarik et de Kollar en Bohême, de Pétöfi (le poète et auteur de théâtre joue en Hongrie un rôle important jusqu’en 1848) est à la pointe du combat national auquel il participe en défendant la renaissance des langues. Le retour vers la tradition populaire est un moyen contestataire de retrouver une identité nationale qui est alors défendue par la petite noblesse hongroise. Là où les élites sont étrangères, la littérature romantique devient une arme politique : le dictionnaire serbe, l’Histoire de la langue de Bohême de Dobrovski. En Allemagne le mouvement national évolue et se développe au sein des milieux universitaires (cf la Burschenschaft et la fête de la Wartburg 1817) qui célèbrent dans un esprit libéral, religieux et romantique l’anniversaire des thèses de Luther et de la bataille de Leipzig. Le lien romantisme et sentiment national évolue progressivement vers la gauche avec George Buchner ou H. Heine, l’ami de Marx, qui inaugure une veine nouvelle d’un romantisme ouvert aux idées de progrès (cf le groupe des poètes socialistes dans les années 1840 avec Herwegh, Weerth, Freiligrath). Mais cette évolution n’est pas totalement incompatible avec des politiques conservatrices voire impérialistes à l’égard d’autres minorités ou nations. Chaque mouvement dans une désintégration du mouvement révolutionnaire européen en sections nationales tend à justifier l’intérêt prioritaire qu’il attache à sa propre nation. (cf les Hongrois à l’égard des Tchèques ou des Roumains). Une dernière métamorphose du romantisme apparaît dans les années 1840 quand le romantisme s’ouvre à la question sociale et accompagne une culture humanitaire de gauche sensible aux souffrances des peuples opprimés. L’idée avancée est alors celle de la Jeune Europe, chaque peuple a sa mission propre, mais elle doit contribuer à l’accomplissement de la mission générale de l’humanité. Des versions du romantisme jouxte alors le socialisme dans des configurations qui varient d’un pays à l’autre. De Mazzini en Italie à G Sand, Leroux, Lamartine, Sue en France, à Shelley en Angleterre, évolutions du romantisme dans un lien étroit avec les luttes sociales qui mènent à la révolution de 1848, révolution de la « fraternité romantique » « république des illusions », « République romantique », moment clef aussi de la lutte des nationalités en Europe (cf l’exemple du poète Mickiewicz qui fait de la Pologne dans le style romantique une nation martyre et qui en 1949 lance un appel fraternel aux antres nations sous la domination de l’Autriche). La défaite des révolutions de 1848 sonne alors le glas de l’empreinte romantique sur les courants politiques. HISTOIRE ULM - LYON (Épreuve n° 277) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par ESCP Europe Voie littéraire RÉSULTATS GLOBAUX NB CANDIDATS MOYENNES ÉCARTS TYPES 373 10,5 3,52 373 10,5 3,52 209 126 224 126 265 251 152 239 126 51 10,1 9,57 10,33 9,57 10,7 10,59 10,09 10,96 9,57 9,31 3,33 3,54 3,24 3,54 3,43 3,51 3,4 3,48 3,54 3,56 FILIÈRES ENS Ulm et ENS de Lyon (BEL) ÉCOLES UTILISATRICES EDHEC Business School EM STRASBOURG Business School EMLYON Business School ESC RENNES School of Business ESCP Europe ESSEC GRENOBLE École de Management HEC Paris MONTPELLIER Business School TELECOM École de Management HISTOIRE B/L (Épreuve n° 279) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par ESCP Europe Voie littéraire RÉSULTATS GLOBAUX NB CANDIDATS MOYENNES ÉCARTS TYPES 290 10,14 3,41 290 10,14 3,41 172 29 56 188 110 194 46 56 110 189 218 145 32 56 56 174 44 56 36 110 133 54 138 9,85 9,21 8,73 10,28 9,15 10,35 9,15 8,73 9,15 10,78 10,58 9,99 9,19 8,73 8,73 10,91 8,95 8,73 9,64 9,15 9,59 9,39 9,35 3,02 2,46 2,88 3,11 3,29 3,32 2,76 2,88 3,29 3,36 3,38 3,11 3,14 2,88 2,88 3,44 2,82 2,88 2,68 3,29 3,15 3,17 3,13 FILIÈRES B/L Lettres et sciences sociales ÉCOLES UTILISATRICES AUDENCIA Nantes BREST Business School École de Management de NORMANDIE EDHEC Business School EM STRASBOURG Business School EMLYON Business School ESC DIJON BOURGOGNE ESC LA ROCHELLE ESC RENNES School of Business ESCP Europe ESSEC GRENOBLE École de Management Groupe ESC Clermont Groupe ESC PAU Groupe ESC TROYES HEC Paris INSEEC BS - Paris, Bordeaux, Chambéry, Lyon ISC Paris Business School ISG International Business School MONTPELLIER Business School SKEMA Business School TELECOM École de Management TOULOUSE Business School HISTOIRE ULM - LYON (Épreuve n° 277) ANNÉE 2016 Épreuve conçue par ESCP Europe Voie littéraire RÉSULTATS GLOBAUX NB CANDIDATS MOYENNES ÉCARTS TYPES 373 10,5 3,52 373 10,5 3,52 209 126 224 126 265 251 152 239 126 51 10,1 9,57 10,33 9,57 10,7 10,59 10,09 10,96 9,57 9,31 3,33 3,54 3,24 3,54 3,43 3,51 3,4 3,48 3,54 3,56 FILIÈRES ENS Ulm et ENS de Lyon (BEL) ÉCOLES UTILISATRICES EDHEC Business School EM STRASBOURG Business School EMLYON Business School ESC RENNES School of Business ESCP Europe ESSEC GRENOBLE École de Management HEC Paris MONTPELLIER Business School TELECOM École de Management GEOGRAPHIE Option Lettres et sciences humaines Programme ENS LYON Epreuve ESSEC Bernard BRAUN Sujet : La terre, l'eau et le ciel, 3 défis majeurs en Chine ? 1°) Les chiffres 2016. - 310 étudiants ont choisi cette épreuve, contre 276 en 2015 et 320 en 2014. - Les note s'échelonnent de 2 à 20 /20 (5 copies ont été notées 20/20, comme en 2015). - La moyenne est la même qu'en 2015 : elle ressort à 10,30 /20, contre 10,31 /20 l'année dernière. - 14 % des candidats ont obtenu une note égale ou supérieure à 15 /20 (44 copies), contre 12 % en 2015. - Les notes indigentes (6 /20 ou moins) demeurent peu nombreuses : 35 copies, soit 11,30 %; mais en hausse notable par rapport à 2015 (6,15 %). 2°) Les attentes du jury. Elles demeurent, plus que jamais, identiques à celles des années précédentes. Elles portent toujours sur 6 points principaux : - Une bonne analyse des termes du libellé du sujet permettant de dégager une problématique géographique. - Un plan, clairement annoncé, répondant à cette problématique. - L'élaboration d'une introduction consistante, faisant ressortir les deux premiers points énoncés. - L'exposé de connaissances sûres, claires et actualisées. - La capacité à élaborer des dissertations fondées sur une démarche personnelle intégrant notamment des changements d'échelles. - La réalisation de croquis, dont un dit de synthèse. 3°) Remarques de correction. a) L'analyse des termes du sujet a parfois manqué de rigueur : il ne fallait pas réduire le ciel à l'air, l'eau aux eaux continentales, voire simplement aux fleuves. La dimension géopolitique a souvent fait défaut. Les candidats qui ont eu une approche globale, systémique, des 3 éléments ont presque toujours obtenu des notes égales ou supérieures à 15/20. b) Pour la première fois, les croquis et les illustrations ont donné lieu à une sorte de dérive : puisqu'ils sont souhaités, beaucoup de candidats y vont de leurs petits dessins, qu'ils reproduiraient probablement à l'identique quel que soit le sujet sur la Chine. En effet, les croquis ne sont pas toujours – loin s'en faut! - en adéquation avec le développement de l'argumentation : de nombreuses figures sont réalisées pour faire ...de la figuration, même si elles sont justes. Dans ces conditions, les copies avec croquis n'ont pas été systématiquement valorisées. A l'inverse, de nombreuses copies sans croquis ont été bien ou très bien notées lorsqu'elles développaient une démarche géographique rigoureuse ; 2 candidats ont obtenu 20/20 sans croquis géographique. c) Si les 2 premiers points de ces « remarques de correction » n'ont pas toujours été bien maîtrisés, de nombreux éléments de satisfaction sont apparus dans les 310 copies corrigées : - des connaissances solides, témoignant d'un excellent travail des préparateurs ; - de fréquentes références à des auteurs et à des travaux de géographes spécialistes de la Chine. - un style et une orthographe encore en progrès et qui ont atteint un très bon niveau. Conclusion. Comme chaque année, c'est la qualité du raisonnement et de sa progression qui a fait la différence entre les candidats, ce qui a permis de dégager 44 très bonnes copies notées 15/20 ou plus. GEOGRAPHIE Option Lettres et sciences humaines Filière ENS A/L Epreuve ESSEC Edith BODIN BOMATI Sujet : Le patrimoine dans le monde : de l’objet au territoire. La question « la géographie des patrimoines et des patrimonialisations » a été sérieusement travaillée par tous les candidats. Le sujet : « le patrimoine dans le monde : de l’objet au territoire » n’a pas posé de problème de compréhension majeur et les candidats ont tous eu beaucoup de connaissances à transmettre. 31 copies, note la plus basse : 05/20 et note la plus haute : 18/20, moyenne du lot : 10,90. Ecart-type : 03,390. Le jury invite les candidats, pour bien répondre aux exigences de ce concours, à tenir compte des remarques suivantes. La juxtaposition, l’empilement des définitions en introduction ne sauraient se substituer à une analyse fine et personnelle de tous les termes et notions, en tenant compte de la formulation du sujet. C’est de la réflexion sur les termes mis en relation les uns avec les autres que doivent se dégager les enjeux et dès lors, une problématique solide. Les problématiques sont souvent trop vagues, manquant de sens fort, d’orientation franche. De même, une avalanche de questions ne saurait constituer une problématique. Les candidats ont manifestement envie de poser toutes leurs connaissances générales sur le papier, mais trop d’informations accumulées nuisent à la construction réfléchie, raisonnée du développement. Le jury invite les candidats à la concision du propos pour obtenir plus de cohérence et de rigueur. Nous le répétons, trop de développement analytique, en accumulation d’idées et de généralités accompagnées d’exemples en énumération nuit à la qualité de la démonstration. Il convient dès lors de sélectionner parmi ses connaissances les éléments utiles à la démonstration que l’on veut proposer. La réflexion doit être par ailleurs spatialisée. Des exemples précis de territoires, variés, bien sélectionnés, et également bien développés auraient dû prendre le pas sur la tendance à l’énumération d’exemples si peu développés et donc si peu probants. Sans analyse spatiale précise, le jury déplore donc une insuffisance d’apport de preuves et la démonstration ne peut être, au final, rigoureuse. Pour le traitement de ce sujet, des analyses précises de stratégies d’acteurs, d’actions socio-spatiales, de processus de territorialisation, de politiques territoriales et de leurs limites ont manqué. Toute copie doit contenir au moins une production graphique correspondant aussi bien à un schéma, un système d’acteurs qu’à un croquis ou une carte de synthèse. Une légende organisée, raisonnée doit être présentée à côté du croquis et non pas à l’arrière de la page ! Le croquis comporte un titre (ayant du sens) et une échelle (même approximative). Le croquis et sa légende ne se substituent pas à une analyse textuelle, comme cela a été assez souvent le cas pour ce lot de copies ; ils accompagnent et complètent un texte présentant la réflexion et le raisonnement sur l’espace étudié. Les références sont appréciées, encore faut-il qu’elles soient très précises (auteur(s), article(s), ouvrage(s) etc.). Au final, les meilleures copies ont pu présenter des analyses du sujet fort correctes et des constructions raisonnées honorables. Les autres copies ont, certes à des degrés divers, montré des difficultés à présenter une démarche raisonnée et concise, s’appuyant sur des analyses spatiales complètes. COMMISSIONN°4 Economie, Sociologie et Histoire Economie, Sociologie et Histoire Option Economique RESULTAS GLOBAUX Stéphane BECUWE NBRE CANDIDATS 1832 MOYENNES 10,17 ECART-TYPE 4,04 Sujet : La guerre des monnaies Le sujet proposé cette année était d’actualité surtout au vu des difficultés économiques actuelles que traverse la Chine et les moyens qu’elle utilise pour les surmonter. Ce sujet mobilisait beaucoup de connaissances historiques, la maitrise de concepts et de mécanismes à l’œuvre assez subtiles. On peut donc considérer qu’il s’agissait là d’un sujet sélectif, comme le confirme la distribution des notes obtenue, conforme à ce qui était attendu (moyenne de 10,172, écart-type de 4,04 et plus de 10% des notes au-dessus de 16). On peut juste regretter le nombre élevé de copies blanches, audessus du nombre habituel. La partie historique a été assez bien traitée par les candidats surtout pour ce qui concerne l’entredeux guerres, avec les tentatives de retour à l’étalon or, la recherche du statut de monnaie hégémonique pour la Livre Sterling et les dévaluations compétitives pour faire porter le poids de la crise de 1929 aux partenaires commerciaux. Les candidats ont eu plus de difficultés à présenter les mécanismes à l’œuvre. Ainsi, la courbe en J qui apparait très systématiquement dans les copies et de façon tout à fait légitime n’est dans l’ensemble pas très bien expliquée (notamment la condition relative au théorème des élasticités critiques). Les candidats ne font pas toujours une distinction très claire entre régime de change fixe et régime de change flottant (pure et impur), dévaluation et dépréciation, ce qui est dommage pour analyser les effets d’une guerre des monnaies. Ils mobilisent assez peu les enseignements du modèle de Mundell-Fleming. Il est vrai que certains opposent et à juste titre modèle de change non coopératif (changes flexibles) et coopératif en précisant que le second système (changes fixes) serait préférable au premier. Au passage, l’explication du dilemme du prisonnier et celle du pourquoi la solution coopérative est préférable à l’équilibre non coopératif ne sont pas très satisfaisantes dans l’ensemble. Si la solution coopérative associée à un régime de change fixe est préférable, il aurait été souhaitable de préciser les coûts de la coopération et les écueils à éviter à la lumière de l’histoire. Ainsi, l’hégémonie d’une monnaie (Livre sterling ou dollar) semble être un facteur d’instabilité pour la coopération, mais n’est-ce pas inévitable ? A l’image de l’indépendance des banques centrales, le système de l’étalon or permet une fois en place aucune « manipulation » de la part des autorités monétaires nationales de leurs devises respectives. En théorie la mécanique est bien huilée, les pays coopèrent sur la mise en place du système qui fonctionne de façon autonome à condition que tous les pays respectent les règles. Toutefois, ce dispositif est à l’usage profondément déflationniste comme en témoigne les crises récurrentes du 19 siècle. De plus, on retombe à nouveau dans la malédiction de la position ème hégémonique d’une monnaie (livre sterling ou dollar). Dans certaines copies, on retrouve bien ces arguments mais évidemment cela est loin d’être systématique. Sur la définition du sujet et par voie de conséquence le champ couvert par l’analyse, la très grande majorité des candidats ont associé la guerre des monnaies aux dépréciations (dévaluations) compétitives des pays émergents comme la Chine. Dans un nombre conséquent de copies il a été rappelé (en introduction) que c’est le ministre brésilien des finances Guido Mantega, qui, en septembre 2010, excédé par le real brésilien trop fort, a remis sur le devant de la scène la guerre des monnaies en parlant de «guerre des changes». Face à la crise, les pays émergents adoptent une attitude plutôt défensive et ils sont prêts à sortir d’un système d’ancrage beaucoup plus stable. Il s’agit pour eux de maintenir leur compétitivité-prix vis-à-vis des Etats-Unis et de l’Europe qui mènent aujourd’hui des politiques monétaires très peu restrictives. On pourrait considérer qu’avec la crise on est passé d’un équilibre de Cournot/Stackelberg où les positions sont plutôt bien établies à un équilibre de Bertrand potentiellement beaucoup plus explosif. Mais la chute du yuan peut trouver une autre explication que les dépréciations compétitives. Ce sont les sorties massives de capitaux de la Chine et le ralentissement de son économie qui tirent le cours de cette devise vers le bas. Loin de provoquer cette baisse, la banque centrale chinoise tente de l’encadrer et de la ralentir. Ainsi, la guerre des monnaies n’est pas nécessairement avérée aujourd’hui. Evidemment, la guerre des monnaies peut aussi avoir d’autres causes comme dans l’entre-deux guerres où les autorités monétaires britanniques ont essayé de maintenir la position hégémonique de la livre par rapport au dollar. On retrouve cet argument bien documenté dans un nombre significatif de copies. Trop peu de copies évoquent le taux de change d’équilibre ou le taux de change PPA et la manipulation qui peut s’ensuivre. La théorie de la parité des pouvoirs d’achat (PPA) n’est qu’une théorie parmi d’autres de la détermination des taux de change mais elle apparaissait incontournable pour un tel sujet. Peu d’éléments également sur la théorie de la parité des taux d’intérêt élaborée par Keynes, auteur très souvent cité mais uniquement pour les références au bancor. Les copies ont dans leur grande majorité été orientées sur les causes de la guerre des monnaies. Il aurait été nécessaire de consacrer une partie de l’analyse aux conséquences (après les causes) de cette guerre. S’il y a plus d’instabilité sur les marchés des changes et du dumping monétaire, quelles conséquences sur les flux de capitaux, sur les échanges de biens et services, sur le bienêtre des pays, le rattrapage des pays émergents et au final, ne serait-il pas temps de réformer en profondeur le système monétaire international ? Contrairement à l’année dernière, les dissertations ne comportaient pas trop de fautes d’orthographe et de syntaxe ce qui en a facilité la lecture. Malheureusement, il y a beaucoup de copies médiocres où le niveau est très faible. Ces dissertations partagent les mêmes arguments peu convaincants relevant d’auteurs peu connus avec des plans à côté du sujet du type I- les fonctions de la monnaie ; II- les avantages de la monnaie forte ; III- une monnaie faible au service de la compétitivité. Au final, apparaissent deux lots de copies : - Les copies vides ou blanches, ainsi que les copies de 6-8 pages très médiocres qui sont du remplissage, preuve que nombre de candidats n’avaient pas révisé leurs cours (pourtant traité en 2 année) sur cette question importante ; Les copies très bonnes et d’autres plus laborieuses, mais où il y a des connaissances et un effort de réflexion. e - COMMISSIONN°5 Economie et Droit Sciences Sociales Epreuve d’économie et droit Option technologique Epreuve ESSEC Moyenne par école Ecoles Moyenne Ecart-type Candidats AUDENCIA Nantes 10,40 3,15 763 EDHEC Business School 10,48 3,20 633 EMLYON Business School 10,45 3,22 710 ESCP Europe 10,62 3,21 580 ESSEC 10,65 3,23 527 GRENOBLE École de Management 10,21 3,21 821 HEC Paris 10,83 3,24 484 MONTPELLIER Business School 9,03 3,13 963 SKEMA Business School 9,78 3,22 1000 TELECOM École de Management 9,02 3,13 565 10,06 3,17 893 TOULOUSE Business School Moyenne générale : 9,49 Ecart-type : 3,32 Nombre de candidats : 1256 Chiffres communiqués par la Direction des admissions et concours de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris - IDF ECONOMIE ET DROIT Option Technologique Laurent IZARD Rémi LEURION La session 2016 présente, comme depuis huit ans déjà, les particularités suivantes : - un couplage économie-droit : les deux disciplines pèsent d’un poids identique dans l’épreuve globale - la partie « Economie » se compose d’une note de synthèse - composante originale et essentielle de l'épreuve - et d’une réflexion argumentée ; - la partie « Droit » se compose elle aussi de deux sous-épreuves, une « mise en situation juridique » d'une part et une question relative à la veille juridique portant sur un thème particulier de l'autre, Cette huitième session permet de confirmer des remarques importantes, qui avaient déjà été faites lors des sessions précédentes. Le nombre élevé des candidats (1 256) est une nouvelle fois de nature à permettre de tirer des conclusions fondées, des tendances lourdes s'affirmant clairement. I. Remarques globales sur la session 2016 Cette épreuve d’économie-droit a pour objectif de classer et sélectionner les candidats des classes ECT qui se présentent au concours de l’ESSEC (et des écoles qui s’associent à cette épreuve). Cette épreuve a des exigences bien connues (cela fait huit ans que l’épreuve a été conçue sous sa forme actuelle, et n’a pas changé), exigences de fond (nature et étendue des connaissances, précision des concepts et de l’analyse…) et de forme (qualités rédactionnelles, d’argumentation, de présentation…). Comme chaque année, il s’avère que l’épreuve a atteint ses objectifs puisqu’elle est en mesure de fort bien discriminer. Le nombre de candidats de la session 2016 s’élève à 1256, contre 1 220 en 2015, 1 141 en 2014, 955 en 2013, 835 en 2012, 715 en 2011, 731 en 2010 et 636 en 2009. Le nombre de candidats est en très légère progression cette année. La moyenne des copies est de 9,50 cette année, contre 9,04 en 2015, 9,61 en 2014, 9,84 en 2013, 9,40 en 2012, 9,50 en 2011, 10,31 en 2010 et 8,2 en 2009 ; cette année, 12 copies obtiennent des notes supérieures ou égales à 19/20. L’écart-type de l’épreuve est de 3,31 cette année 4,01 en 2015, et 3,70 en 2014, ce qui est relativement élevé. La répartition des notes est cette année la suivante : Notes [0 ; 4] ]4 ; 6] ]6 ; 8] ]8 ; 10] ]10 ; 12] ]12 ; 14] ]14 ;16] 16 et plus Effectifs (2016) 77 129 257 283 239 173 75 23 1 256 % (2016) 6 10 20 23 19 14 6 2 100 % (2015) 10 20 15 2 10 11 7 5 100 Plusieurs observations peuvent être faites à partir de ces résultats : - la distribution des notes suit cette année encore une loi de Gauss - 486 copies (sur 1 220) ont une note supérieure ou égale à 10, soit 46% des copies - 135 copies ont une note supérieure ou égale à 14, soit 11% des copies, contre 15% l’an dernier - on enregistre, à la différence de l'année précédente, beaucoup moins de copies faibles, dont la note est inférieure ou égale à 6 (16% contre 28% l’an dernier), et surtout trop de copies très faibles. Selon les indicateurs statistiques (moyenne, écart-type, répartition), la session apparaît un peu meilleure, ce qui constitue un signal important à destination des candidats des sessions suivantes ; ces résultats sont corrects, mais doivent conduire les étudiants à poursuivre leurs efforts dans cette double discipline, et suivre avec assiduité et engagement les enseignements et les préparations dispensés dans ces classes de la voie ECT. Le fait d’avoir, à cette session, de nombreux candidats ayant obtenu une note élevée ne doit cependant pas tromper ; il s’agit ici d’un concours, et qu’à ce titre, l’objectif est de classer l’ensemble des candidats de manière juste et relative. Pour y parvenir, un algorithme portant sur les notes doit être construit afin de démarquer les meilleurs. Pour ce qui est de la seule moyenne, il est évident qu’elle pourrait être nettement plus élevée si les candidats respectaient les codes précis des sous-épreuves. Dans les rapports successifs, le jury donne des conseils précis aux candidats afin que ceux de la session suivante ne renouvellent pas les erreurs commises précédemment. Il est essentiel de s’approprier ces conseils… et surtout d’en tenir compte ! II. Remarques globales sur les copies L'analyse de l'ensemble des 1 256 copies permet d’identifier trois axes de réflexion essentiels sur lesquels le jury souhaite attirer l'attention tant des enseignants des classes de la voie ECT que des étudiants. A. La gestion du temps Les candidats disposent, pour cette épreuve, d'une durée de quatre heures au total ; ils sont donc maîtres de la gestion de leur temps ; même si l'économie et le droit pèsent, dans l'ensemble, de manière identique (50 % - 50 %), le candidat peut consacrer à chaque partie le temps qu'il souhaite. Là est la difficulté ! L’analyse de l’ensemble des copies permet de faire un constat principal : si la grande majorité des candidats traite les quatre sous-épreuves, le problème réside dans l’importance relative accordée à chacune d’entre elles. Ainsi, beaucoup de candidats ne divisent pas les quatre heures d’épreuves en fonction de la dotation de points de chaque sous-épreuve ; en conséquence, la note de synthèse est parfois tronquée, la réflexion argumentée inachevée, les questions juridiques maltraitées… On peut, à un niveau plus fin, constater que la partie économique est souvent déséquilibrée, de très nombreux candidats par exemple traitant la question argumentée comme une dissertation (certains intitulent spontanément cette partie « Dissertation »), et par là même négligeant la note de synthèse (qui parfois est traitée, sur la copie, en dernière position). Le traitement de la partie juridique de l’épreuve témoigne également d’une gestion du temps parfois hasardeuse, certains candidats consacrant un temps manifestement excessif au traitement de certaines questions au détriment des autres. Comme nous l’indiquions l’an dernier, une mauvaise utilisation de la méthode des syllogismes contribue parfois à accroître ce déséquilibre : la « majeure » aligne des éléments de cours (parfois de plus de quatre pages !) sans lien direct avec la question posée. La « mineure » se résume à un recopiage de l’énoncé. Enfin la « conclusion », souvent très brève, se limite parfois à une affirmation personnelle du candidat, aussi déconnectée de la « majeure » et de la « mineure » que du droit positif…). Plusieurs copies, heureusement, traduisent des connaissances et des qualités méthodologiques dans les deux dimensions ; d’où le nombre de copies ayant une note supérieure ou égale à 15/20 (75 copies). Il apparaît ici important de rappeler aux candidats que leur intérêt est d'une part de répartir leur temps entre les quatre éléments de l'épreuve, approximativement au prorata du poids de chacun d'entre eux dans la note globale, et d'autre part de répondre à l'ensemble des questions qui leur sont soumises. Ceci n’est pas toujours le cas malheureusement. B. La tendance à ne pas traiter les sujets posés Le jury est surpris de voir que de trop nombreux candidats ne cherchent pas à traiter les sujets qui leur sont proposés (tant en économie qu'en droit), mais plutôt à faire des développements sur des thématiques connexes à ces sujets. Le jury s’étonne chaque année - la session 2016 ne déroge malheureusement pas à cette « habitude - que de très nombreux candidats ne traitent pas les sujets qui leur sont donnés. Pour ce qui est de la note de synthèse, la consigne fait toujours explicitement référence à un « sujet », ou une thématique (cette année « la stagnation séculaire ») qui doit constituer une aide précieuse pour le candidat afin qu’il y concentre la totalité de la note. Or, malgré tout, le jury a lu des développements (ce terme met ici en évidence un manque total de maîtrise de ce qu’est la note de synthèse elle-même) sur des sujets aussi divers que les crises économiques, la crise des subprimes, la situation conjoncturelle des grandes économies, la croissance économique… Les candidats doivent lire attentivement la consigne (« A partir du dossier documentaire suivant, vous ferez une note de synthèse de 500 mots environ (à plus ou moins 10%) sur la stagnation séculaire ») et se l’approprier ; la lecture des documents en est alors facilitée, car directement orientée. Mais ce défaut est plus grave encore dans le cas de la réflexion argumentée. En réalité, une infime minorité des candidats traite ce qui leur est demandé ; or, le sujet posé est toujours extrêmement clair (« Productivité et croissance économique ») ! Il faut rappeler ici qu’en économie ces défauts sont parmi les plus sanctionnés, car ils apportent la preuve que la méthodologie n’est pas maîtrisée. Cette tendance à ne pas traiter le sujet s’observe également dans la partie juridique de l’épreuve. L’analyse des réponses aux questions posées dans le cas pratique permet d’illustrer ce constat : la première question, par exemple, invitait les candidats à réfléchir sur les fondements de la responsabilité civile. La majeure partie des candidats n’a pas cherché à savoir si l’on était dans le cadre d’une responsabilité délictuelle ou contractuelle. En revanche, nombre d’entre eux ont centré leur argumentation sur les causes exonératoires de responsabilité ou sur la compétence des juridictions. Plus généralement, faute de connaissances suffisantes, ou par manque de confiance, les conclusions des candidats sont restées très floues : il ne suffit pas d’écrire « je pense qu’il s’agit d’une responsabilité civile délictuelle… » ou « l’entreprise est certainement responsable et devra sûrement indemniser la victime… ». Encore faut-il préciser les fondements juridiques de ces affirmations. La correction de la partie consacrée à la veille juridique conduit à un constat similaire : il s’agissait d’expliquer pourquoi il apparait nécessaire d’encadrer juridiquement la liberté d’entreprendre. Or, de nombreux candidats se sont contentés de citer des règles juridiques pouvant limiter cette liberté, sans véritablement chercher à répondre à la question posée. Dans certaines copies, le sujet n’est pas totalement oublié, mais devient le titre de l’une des deux parties, ce qui constitue une maladresse méthodologique regrettable. Cette année encore, trop de candidats – tout en ayant correctement cerné le sujet proposé - ont parfois substitué à la réflexion personnalisée attendue par le jury une liste d’éléments d’actualité ou au contraire un développement purement théorique déconnecté de l’actualité juridique. Enfin, de nombreux candidats ont tendance à porter un regard très personnel sur les situations juridiques proposées, davantage fondé sur la morale ou sur l’éthique que sur le droit positif. C. Les défaillances orthographiques, syntaxiques et grammaticales Le jury a été très surpris, cette année encore, par les défaillances (parfois très graves) relatives à l'orthographe, à la grammaire, à la maitrise du vocabulaire employé et à la syntaxe. Très fréquemment d'ailleurs, des fautes d’orthographe ont été commises alors que les mots incriminés figuraient au sein même de l'énoncé (et le plus souvent dans le corpus documentaire pour ce qui est de la note de synthèse) ! Sans faire ici un florilège des fautes commises, le jury souhaite donner quelques exemples très significatifs : les trentes glorieuses, productivitée, malgrés, croissance andogène, le progret, la osse, la surchauf, les biens faits… Parfois même, l’intitulé du sujet de la réflexion argumentée est recopié avec des fautes d’orthographe. Plus particulièrement, la conjugaison, au présent de l’indicatif, des verbes du premier groupe n’est pas maîtrisée pour de trop nombreux candidats. Il y a de plus des confusions entre des mots à sonorité proche, comme « stipuler » et « stimuler», « glacière» et « glaciaire », « son » et « sont », « Harold et Domar » et « Harrod et Domar»… Le jury a ainsi corrigé des copies comportant à presque chaque ligne plusieurs fautes d’orthographe ou de grammaire. Ceci est, pour l’accès à toute école de niveau bac+2, et notamment pour les plus prestigieuses d’entre elles, inacceptable. Dans la partie juridique de l’épreuve, trop de candidats ignorent, après quatre années de droit, l’orthographe du « Code civil » (qui devient « code civile »), du « dol » (qui devient « le dôle »), ou de la « responsabilité délictuelle » (qui devient « responsabiliter dailictuel »). Certains écrivent même qu’il est difficile de trouver des « vis cachées » dans un contrat ou qu’il s’agit d’une faute « non intentionnée ». Mais les difficultés orthographiques ou grammaticales des candidats ne se limitent pas aux termes juridiques : de nombreux candidats ont ainsi écrit que Monsieur et Madame X avaient « acquérit » une maison ou qu’ils avaient « subit » un dommage du fait du contrat « conclut » avec « les commercials ». Mais, plus grave encore, certaines approximations grammaticales ont pour effet de modifier le sens d’une ou plusieurs phrases, conduisant des candidats à affirmer le contraire de ce qu’ils voulaient réellement exprimer. À titre d’exemple, le jury a pu lire dans une copie : « L’entreprise a l’origine du dommage devra intenté une action pour contraindre le juge a indemniser la victime ». Cet exemple, significatif mais pas exceptionnel, montre à quel point certains candidats éprouvent des difficultés à développer leur argumentation dans un langage compréhensible par le jury. Enfin, le jury a relevé très souvent l’emploi de termes trop familiers ou l’utilisation d’un langage peu académique ; par exemple, on a pu lire : « La crise est finie depuis belle lurette », « La crise de 2008 est venue réveiller les rêveurs optimistes », « Le PIB est un indice à la traîne », « Pour Larry Summers, la stagnation éternelle est aussi peu réjouissante que le repos éternel »… Parfois, les expressions utilisées sont très maladroites : « Le résidu de Solow a été trouvé par Solow », « La productivité a besoin d’un miracle »… Toutes ces imperfections sont pénalisantes car elles révèlent une mauvaise maîtrise tant du français que de l’analyse économique. III. Remarques concernant l'épreuve d'économie L'épreuve d'économie représente 50 % de la note globale de l'épreuve d'économie- droit ; elle se décompose en une note de synthèse d'une part (60 % de la note d'économie) et d'une réflexion argumentée (40 % de la note d'économie). A. La note de synthèse Le jury est cette année encore assez moyennement satisfait pas les prestations des candidats à la note de synthèse, et souhaite faire plusieurs remarques (le jury insiste une nouvelle fois avec force sur les remarques déjà exprimées dans les rapports des sessions précédentes) ; on peut en effet identifier plusieurs types d’erreurs majeures : - le non-respect du titre de la note : le jury a lu beaucoup de copies relatives à la croissance, aux crises économiques, à la conjoncture économique, au rôle de l’investissement dans la croissance… Ceci n’était pas la consigne, pourtant très claire ! - la mauvaise compréhension des documents : tous les documents étaient d’égale importance, de longueurs quasi identiques, et relativement denses. Bien que les principales idées aient été exprimées plusieurs fois dans l’ensemble du dossier documentaire, certes de manière quelque peu différente, de nombreux faux-sens et contresens ont été effectués par les candidats, par exemple sur le rôle de la productivité dans le processus de stagnation séculaire, sur la nature intrinsèque de la stagnation séculaire, sur les thèses de Gordon et Summers (comprises parfois à l’opposé du sens véritable), ou encore sur le rôle et la crise des subprimes dans la stagnation séculaire - l’absence de traitement d’un document : dans cette épreuve, tous les documents sont utiles et participent tous à l’analyse du sujet. Or, cette année encore, les graphiques (dans le document 3 notamment) n’ont quasiment jamais été exploités, comme s’ils étaient sans importance. C’est dommage ! - la difficulté à sélectionner les idées principales des idées secondaires : certes, ceci est le problème méthodologique central de l’épreuve, mais la lecture attentive de la consigne aidait considérablement à lever cet obstacle ! - l’approximation du vocabulaire : ainsi, on a pu lire « stagnation séculaire perpétuelle », « stagnation séculaire éternelle », « croissance stationnaire », « croissance zéro », « crise systématique » (au lieu de « crise systémique »), « stagnation circulaire », « stagnation spéculative »… et « stagflation » pour stagnation + déflation ! - l’apport d’idées personnelles : plus rares qu’auparavant sont les candidats qui l’ont fait (1 sur 15 environ), mais certaines phrases de la note incitent à penser qu’il y a une forte tentation des candidats à le faire. Ainsi, parfois, les candidats portent des jugements de valeur sur les idées exprimées par les documents (par exemple sur la sortie de la stagnation séculaire, l’efficacité des États face à la crise économique). Il est ici important de rappeler que les documents du dossier sont des documents assez « académiques » (quasiment jamais « journalistiques ») et qui représentent eux-mêmes une vision assez neutre (voir « technique ») du sujet posé ; il convient de respecter scrupuleusement ce point. Enfin, le jury souhaite insister sur plusieurs points : - la longueur de la note de synthèse est imposée : 500 mots plus ou moins 10 %. Cette contrainte, intrinsèque même à l’épreuve, a été cette année, dans l’ensemble, correctement respectée. Mais le jury trouve encore des copies très longues (plus de 600 mots)… ou trop courtes (400 mots) - pour la première fois, de très nombreux candidats ont « joué » avec le nombre de mots… en en supprimant dans des phrases ! Cela a conduit alors à malmener la langue française à un point jusqu’alors inégalé : « Depuis la crise de 2008, on remarque reprise très lente et croissance économique… », « Arrivé la crise, les activités générées et stimulées par bulles disparaissent, d’où une baisse emploi qui génère une baisse du taux de croissance de productivité », « Bien que crise se trouve loin derrière nous, la monotonie de crise reste toujours présente », « la crise 2008 » (à la lecture à haute voix, cela fait penser à « la crise de 1008 ») - la note doit être, dans la mesure du possible, structurée, avec un plan simple en deux parties (la présentation visuelle du plan n'est pas indispensable mais peut être souhaitable néanmoins, car elle pousse le candidat à synthétiser sa pensée… ce qui est bien l’objectif de la note de synthèse !) - l’introduction ne doit pas être d’une longueur excessive, beaucoup de candidats rédigeant de 10 à 15 lignes, voire effectuant des développements parfois plus longs qu’une des deux parties de la note de synthèse. Ainsi, des plans simples étaient pertinents, tels que : I. Causes de la stagnation séculaire II. Conséquences de la stagnation séculaire ou encore : I. Le constat de la stagnation séculaire II. Les causes de la stagnation séculaire. B. La réflexion argumentée La question argumentée était cette année: « Productivité et croissance économique ». Cette partie d’épreuve d’économie n’a pas été la mieux réussie. Trois remarques peuvent être faites : - la première est que, cette année, les candidats ont, dans leur très grande majorité, abordé la question argumentée, ce qui montre que la gestion du temps a été, pour la plupart, maîtrisée - la deuxième est que beaucoup de candidats ne se sont pas donnés la peine d’analyser le sujet, voire même de le lire, de sorte que le jury a lu de très nombreux développements hors sujet, par exemple sur les relations économiques internationales, la compétitivité des nations, les théories du commerce international, la croissance « parfaite », les théories du progrès technique, la relation de Phillips, les cycles économiques, les politiques conjoncturelles, les avantages de la croissance, les théories du marché du travail… Dans le même sens, ont été mobilisés des auteurs dont les rapports avec le sujet n’est pas immédiat : Rostow, Marx, Kaldor, Marshall, Bourguinat, Mayo… Plus encore, très peu de candidats ont abordé le véritable fond du sujet. Ceci est très lourdement pénalisé ! Or, l’essentiel de la réflexion portait sur la relation entre productivité et croissance… aspect qui n’a quasiment jamais été traité, malheureusement ! - la troisième est que les connaissances des candidats sur des aspects fondamentaux du programme sont mal maîtrisées ; ainsi, le concept clé de « productivité » n’a quasiment jamais été défini correctement ; on a ainsi défini ce concept par les économies d’échelle, l’efficience, la maximisation du profit, l’ensemble des facteurs de production, la production, la compétitivité, la capacité à produire…; de plus, le jury a lu beaucoup d’erreurs… sur les éléments hors sujet que le candidat a lui-même choisi de traiter ! Il est une nouvelle fois important de rappeler trois points essentiels ici : - la réflexion argumentée n'a pas de rapport direct avec la note de synthèse, seul le champ d’analyse global étant le même pour éviter que le candidat ne fasse un « grand écart » entre les connaissances. Or, la plupart des candidats s'appuie sur le dossier documentaire de la note pour traiter la question posée, de sorte qu'il y a des redondances importantes entre les deux parties de l'épreuve d'économie (un candidat a même écrit : « Comme on l’a vu précédemment dans la note de synthèse,… »). Il faut au contraire partir de l'idée que la question argumentée pose un problème « général » d'économie, dont l'un des multiples aspects est présenté dans la note de synthèse. En conséquence - le jury le regrette vivement d’ailleurs -, l'apport de connaissances est souvent très faible dans cette partie - la réflexion argumentée doit donner lieu à un raisonnement économique, et non à une présentation « en catalogue » d’idées, ou de cours, se rapportant, de près ou de loin, au sujet. Ce qui est jugé ici est d'une part l'attitude à l'argumentation structurée, et d'autre part la maîtrise de connaissances sur le sujet ; la mobilisation de la théorie économique - quand, bien sûr, elle est adaptée au sujet - est ici la bienvenue… La connaissance des faits d’actualité est, de plus, très utile pour illustrer la réflexion - le « format » de cet exercice est très ouvert, puisqu’aucune indication n’est apportée sur l’importance de la rédaction ; ainsi le jury a corrigé des développements de 15 lignes, tout comme des « mini dissertations » de trois à quatre pages, voire plus encore. Rien n’est pénalisant… si ce n’est le non traitement du sujet. De plus, il est essentiel de rappeler que la « réflexion argumentée » n’est qu’un exercice sur quatre de l’épreuve globale, et qu’elle pèse pour environ 4 points sur 10 en économie, soit 4 points sur 20 sur l’ensemble de l’épreuve ! Les candidats ne peuvent ainsi pas prendre le risque de passer trop de temps sur cet exercice, si ce choix se fait au détriment de l’analyse des trois autres parties de l’épreuve (or, c’est souvent ce que le jury a constaté). Des plans simples pouvaient être tout à fait pertinents, comme celui-ci, souvent adopté d’ailleurs : I. L’impact de la productivité sur la croissance économique II. L’impact de la croissance économique sur la productivité des facteurs. IV. Remarques concernant l'épreuve de droit La partie juridique de l’épreuve représente 50 % de la note globale de l'épreuve d'économie-droit ; elle se compose d’une mise en situation juridique d’une part, et d’une question portant sur la veille juridique d’autre part. A. La mise en situation juridique Il convient tout d’abord de remarquer que les copies qui n’abordent que superficiellement la partie juridique de l’épreuve deviennent rares : la grande majorité des candidats se sont efforcés de traiter l’intégralité des questions posées. D’autre part, les références juridiques précises (articles du Code civil, exemples jurisprudentiels…) sont plus nombreuses que les années précédentes. Le jury tient toutefois cette année encore à rappeler qu’il s‘agit d’un exercice pratique : les correcteurs attendent des candidats non pas une démonstration théorique purement académique, mais l’exposé d’un raisonnement synthétique conduisant à proposer et à justifier des solutions concrètes face à un problème spécifique. Plusieurs écueils guettent les candidats : - confondre cas pratique et récitation d’un cours : le cas concret proposé n’a pas pour seul objectif de délimiter les frontières d’un sujet qui donnerait ensuite lieu à la récitation d’un manuel : si les connaissances de cours sont indispensables, elles constituent principalement un support à la réflexion personnelle ; - proposer, à l’inverse, des solutions concrètes déconnectées du cours et parfois fondées sur la conception que le candidat se fait de l’équité tout en ignorant le droit positif. Ainsi, il ne suffit pas de proposer des réponses - en apparence cohérentes - aux questions posées mais il convient d’exposer brièvement le cheminement intellectuel qui aboutit aux solutions retenues. Rappelons que le jury n’attend nullement des candidats qu’ils mobilisent des connaissances dépassant les limites du programme. - confronter le cours théorique aux questions du cas sans proposer, in fine, de solution concrète précise : la peur de l’erreur conduit parfois les candidats à ne pas aller jusqu’au bout des raisonnements ou à émettre des hypothèses plus ou moins vraisemblables sans sélectionner la solution qu’ils estiment la plus juste d’un point de vue juridique. Sur le fond, le niveau des prestations des candidats reste, cette année encore, globalement faible. Or, les correcteurs remarquent que la majorité d’entre eux disposaient des connaissances théoriques pour traiter le cas proposé qui, cette année, abordait des thèmes variés comme la formation et l’exécution du contrat, la responsabilité civile ou les pratiques anticoncurrentielles. Le jury a identifié plusieurs faiblesses récurrentes qui peuvent expliquer la plupart des mauvaises notes : 1. De nombreux candidats ont manifestement eu des difficultés à comprendre le sens de certaines questions. Par exemple, la deuxième question du cas était libellée de la façon suivante : « La direction commerciale de Maisons Confort Pierre souhaiterait savoir s’il est possible de contraindre les époux Duflot à prendre livraison de la maison et à verser le solde du prix ». La plupart des candidats ont développé des analyses intéressantes et argumentées (mais pas nécessairement fondées) sur les vices du consentement, l’obligation d’information précontractuelle, la mauvaise exécution du contrat ou l’absence possible de cause… Mais d’autres ont cru à tort que la question portait uniquement sur les techniques juridiques permettant l’exécution forcée d’un contrat. De même, il était demandé dans la troisième question d’analyser la légalité d’un accord entre deux entreprises, pouvant constituer une entente anticoncurrentielle. Certains étudiants ont disserté sur les conditions de validité d’une fusion, parce que les deux entreprises envisageaient un rapprochement, ce qui était évidemment très éloigné des attentes des correcteurs. 2. de nombreux candidats n’ont pas su mobiliser leurs acquis pour proposer des réponses fondées et cohérentes aux questions posées. C’est surtout la mise en œuvre concrète des concepts théoriques qui pose le plus de difficultés aux candidats, révélant ainsi une mauvaise assimilation des connaissances. Ce manque d’assimilation des connaissances s’observe particulièrement dans le travail de confrontation des faits aux règles du droit positif : de graves erreurs d’analyse à ce stade conduisent à des propositions de solutions juridiquement erronées. Par exemple, dans la première question, rares sont les candidats qui ont vu que l’une des victimes était contractuellement liée avec l’entreprise responsable du dommage. Inversement, certains candidats ont considéré que les deux victimes pouvaient engager la responsabilité contractuelle de l’entreprise, car il y avait un contrat de travail entre le salarié à l’origine du dommage et l’entreprise qui l’employait… Ainsi, les correcteurs ont maintes fois relevé dans les copies les confusions suivantes : - confusion entre responsabilité civile délictuelle et responsabilité civile contractuelle, l’article 1382 du Code civil permettant de réparer, aux yeux des candidats, la violation du lien contractuel… - confusion entre irrégularités de formation et mauvaise exécution du contrat « le contrat n’a pas bien été exécuté ; il y a un dol de la part de l’entreprise et son client peut demander l’annulation ou la résolution du contrat » ; - confusion entre concurrence déloyale et pratique anticoncurrentielles, etc… Les erreurs les plus graves (heureusement moins fréquentes) sont celles qui traduisent une totale méconnaissance ou une profonde incompréhension des concepts et mécanismes fondamentaux du droit français. Par exemple, le jury a pu lire cette année que : - « Le salarié qui a causé le dommage n’est pas responsable car il ne l’a pas fait exprès » ; « Il n’est pas possible de contraindre le client à prendre livraison de la maison parce que ça ne serait pas juste » ; « Les ententes sont autorisées seulement si elles ne sont pas interdites » 3. Les correcteurs ont fréquemment constaté une insuffisante maîtrise du vocabulaire juridique. On peut ainsi lire dans certaines copies : - « Les victimes doivent faire une action en justice contre le responsable » ; - « S’il y a une clause d’exonération l’entreprise sera graciée » ; - « Les juges peuvent raisonner in abstracto ou in cognito » - « L’article 1384 du Code civil stipule que... » - « On demande à quelle personne les victimes peuvent demander une réparation ; elles peuvent demander une réparation à la justice » -« Il s’agit ici d’un vice caché apparent ». Ces imprécisions révèlent pour le moins une insuffisante préparation de certains candidats. 4. le cas pratique invitait les candidats à se positionner en tant que conseils juridiques. Conseiller efficacement un professionnel ou un particulier suppose d’appuyer les recommandations proposées sur des fondements juridiques solides et pertinents. Il ne suffit pas d’affirmer, par exemple, « Je pense que les victimes pourront obtenir une indemnisation car le droit civil permet d’indemniser toutes les victimes d’un dommage. »… Inversement, il est nécessaire de sélectionner les arguments proposés : les cours récités ou les développements sans lien direct avec le sujet ne peuvent être évalués et sont toujours chronophages. Les erreurs et lacunes mentionnées ci-dessus sont loin d’être exceptionnelles. Mais elles ne doivent pas conduire à occulter le fait que certains candidats ont traité l’intégralité des questions avec une rigueur et une exhaustivité remarquables, démontrant que l’exercice était tout à fait à la portée d’un étudiant de classe préparatoire technologique bien préparé. Le jury a d’ailleurs attribué la note maximale (10 sur 10) à la partie juridique de plusieurs copies. Quelques conseils aux futurs candidats : La méthodologie classique de résolution d’une question juridique pratique invite les candidats à respecter plusieurs phases successives d’analyse : - lecture attentive du sujet et analyse juridique des éléments de fait - qualification juridique des faits - recherche des éléments de droit applicables aux faits - proposition de solutions concrètes. Le recours - à bon escient - de tout outil d’analyse et d’organisation du raisonnement est également apprécié par le jury et valorisé. La méthode des syllogismes permet par exemple de mieux canaliser la réflexion des candidats, mais elle n’évite pas les erreurs lorsqu’elle est mal assimilée. Il nous parait d’autre part important de rappeler ici quelques points essentiels : - les règles de droit applicables au cas doivent être indiquées avec la plus grande précision possible : nature d’un texte (loi, règlement…), date, juridiction concernée… Ces précisions sont importantes. Par exemple, il ne suffit pas de citer la Cour de cassation : encore faut-il préciser la (ou les) chambre(s) concernée(s) (il peut arriver qu’il existe une divergence entre la chambre criminelle et la chambre civile…), la date de l’arrêt (la jurisprudence a pu évoluer…) etc… - la réflexion doit conduire à la proposition d’une solution concrète : il s’agit de raisonner à partir des règles de droit sélectionnées, pour les confronter aux éléments de fait et en déduire des solutions précises. Attention aux erreurs logiques, aux mauvaises interprétations des textes ou aux rapprochements douteux : le jury apprécie les raisonnements rigoureux. S’il est possible de proposer plusieurs solutions, il est souhaitable d’indiquer celle qui paraît la plus plausible ou pertinente, et de toujours motiver les choix réalisés. Il convient de noter que le plus important pour le correcteur n’est pas l’exactitude de la solution proposée (dans un procès, chaque avocat propose une solution différente !), mais la logique du raisonnement qui conduit à la solution retenue - il est parfois nécessaire de faire preuve d’un peu d’imagination : la réponse à une question posée dans le cas n’est pas nécessairement évidente, et les candidats ont souvent trop tendance à paniquer s’ils n’identifient pas immédiatement la règle de droit applicable : il n’est pas interdit à un candidat de procéder par tâtonnement, et de proposer l’application d’une règle en montrant au jury son hésitation : les juges eux-mêmes sont parfois indécis, mais ils n’ont pas plus que le candidat droit au « déni de justice » ! - les développements d’un cas pratique doivent être synthétiques : il convient d’éviter impérativement les récitations de cours, la description des grandes controverses doctrinales ou l’analyse détaillée d’un point de droit qui n’apporte pas d’élément de solution décisif. La rigueur juridique et logique importe davantage que la rigueur de construction : certaines questions peuvent être traitées en quelques lignes, d’autres nécessitent parfois une analyse un peu plus approfondie. Si le cas pratique constitue l’exercice le moins formaliste des épreuves de droit, le soin accordé à la rédaction et à la présentation du devoir aura nécessairement une influence sur la note finale. Il est enfin vivement conseillé aux candidats de travailler à partir de sources récentes et/ou actualisées : le droit évolue très vite. B. La question portant sur la veille juridique L’objectif de la veille juridique consiste, sur un champ clairement délimité à tenir compte du caractère évolutif du droit et à mettre en œuvre les méthodologies permettant de repérer les évolutions intervenues, de les analyser, afin d’être en mesure de les hiérarchiser et de les intégrer dans un raisonnement juridique. Cette année, la question posée invitait les candidats à conduire une réflexion argumentée sur les raisons qui peuvent justifier un encadrement juridique de la liberté d’entreprendre. Si de nombreux candidats ont correctement cerné le sujet et ses implications, d’autres se sont contentés de citer certaines lois promulguées en 2015 sans véritablement chercher à traiter la question posée. Le libellé du sujet demandait aux candidats un « bref développement » leur laissant ainsi une importante latitude dans la présentation de leur pensée. Le jury attendait néanmoins : - une définition du concept de liberté d’entreprendre et un rappel de ses fondements juridiques; - quelques éléments de réflexion organisés (et si possible structurés) permettant d’apporter des éléments de réponse à la question posée. Le jury a notamment apprécié le travail de certains candidats qui ont, par exemple, évoqué l’ordre public de protection, l’ordre public de direction, le respect de la concurrence ou le risque d’abus pour proposer une analyse synthétique pertinente et argumentée ; - quelques illustrations issues de l’activité de veille du candidat. Il ne s’agissait donc pas de produire un catalogue plus ou moins complet des évolutions législatives, réglementaires ou jurisprudentielles en la matière sur la période concernée, mais de proposer une argumentation personnalisée, témoignant du travail et de la réflexion du candidat sur le sujet. Les candidats qui ont travaillé dans cette logique ont souvent obtenu la note maximale à cette partie de l’épreuve. En définitive, si la mise en situation juridique permet de tester les compétences techniques du candidat, la question relative à la veille conduit à évaluer sa capacité à prendre du recul et à analyser les évolutions juridiques et leurs fondements. Le jury invite les enseignants à préparer les étudiants dans cette optique. Si le jury insiste tant, dans ce rapport, sur les défaillances constatées dans les copies, c’est parce qu’il croit fortement que les améliorations sont aisées à réaliser. Prendre en compte les remarques citées et suivre les conseils prodigués est une garantie d’avoir une note très honorable à cette épreuve. SCIENCES SOCIALES Epreuve ESSEC Filière ENS B/L Rémi LEURION Sujet : Assiste-t-on à la fin du salariat ? Analyse des résultats Le nombre des candidats de la session 2016 s’élève à 222, contre 192 en 2015, et 193 en 2014, en légère progression. La moyenne des copies est de 10,50 en 2016, contre 9,83 en 2015, 10,98 en 2014, 10,34 en 2013 et 10 en 2012, ce qui est l’une des moyennes les plus élevées ces dernières années. L’écart-type est de 3,35, ce qui est élevé (3,2 en 2015). La répartition des notes est la suivante : Notes ]0; 6] ]6; 8] ]8; 10] ]10; 12] ]12; 14] plus de 14 Effectifs (2016) % (2016) % (2015) 18 45 38 50 45 26 8 20 17 23 20 12 13 18 26 18 17 8 222 100 100 Quatre constats peuvent d'emblée être effectués : - la moyenne est, cette année, plus élevée que celle de l’an dernier, ce qui est un élément de satisfaction - la dispersion globale des notes est importante, entre 4 / 20 pour la plus basse et 19 / 20 pour la plus haute (9 candidats ont une note inférieure ou égale à 5, mais leurs copies ne sont pas représentatives de l’ensemble des candidats). Ainsi que le montrent les données, la distribution des notes est fort dispersée, ce qui est un objectif toujours recherché à tous les concours - 54% des copies a une note strictement supérieure à 10 (120 sur 222), ce qui constitue, à un concours sélectif, un résultat très acceptable, et 38 copies ont une note supérieure ou égale à 14 / 20) - le jury a une fois de utiliser l’éventail des notes et, en particulier, de ne pas hésiter à récompenser par des notes relativement élevées les copies qu’une correction plus pointilleuse aurait pu maintenir à des notes seulement proches de la moyenne, ceci a à la fois pour but de récompenser les candidats qui ont fourni un effort manifeste et de ne pas accréditer l’idée que le travail de préparation y serait moins « rentable » que dans d’autres disciplines. Ainsi, cette année, deux notes de 19 / 20, une de 18,5/20 et deux de 18 / 20 ont pu être attribuées. Analyse du sujet Comme chaque année, le sujet de cette session présente les caractéristiques d’être très ouvert, de mobiliser des aspects tant économiques que sociologiques et d’être tout à la fois très « académique » et encastré dans le présent et l’actualité. Le sujet s’intéresse à l’une des questions clés du monde du travail actuellement, à savoir la fin du salariat ; ainsi, il est intéressant de se poser la question de savoir si la fin du salariat est subie, espérée, anticipée, constatée, redoutée… Le mot-clé du sujet est le terme de salariat, qu’il convient de définir avec beaucoup de précision. Ainsi, par salariat, on entend un mode d'organisation du travail qui repose sur la fourniture d’une prestation par une personne, contre rémunération et sous lien de subordination juridique avec un employeur. Peut-on dire qu’actuellement le monde du travail et les formes de l’emploi s’inscrivent toujours (et encore) dans ce cadre rigide du statut de salarié ? A l’inverse, enregistre-t-on une évolution - ou plus encore une mutation - des statuts du travail ?… Ces interrogations pouvaient (devaient) structurer l’analyse des candidats. Le salariat se caractérise donc, en principe et de manière formelle, par l’existence d’un contrat de travail, créant un lien de subordination du salarié à l’employeur et offrant une sécurité tant économique que sociale aux deux parties. Or, depuis quelques années (certains font remonter ce changement au début de la crise de 2007, ou au développement de la phase actuelle de mondialisation des années 1990, voire même aux années 1980), on assiste à un double mouvement : - le salariat offre de moins en moins de sécurité économique et sociale - des formes nouvelles d’emploi, en relation avec des formes nouvelles d’organisation du travail et des firmes, apparaissent (indépendants, autoentrepreneurs, consultants, travailleurs détachés, portage salarial…). Ces deux mouvements peuvent conduire alors à penser que l’on assiste bien à la fin du salariat. L’analyse pouvait prendre deux orientations pertinentes complémentaires : - l’une quantitative, ou statistique : par exemple, on note que, sur longue période, le salariat progresse en France, mais connaît un léger fléchissement ces dernières années ; corrélativement, la part des actifs non salariés s’accroît. Mais, en y regardant de plus près, on constate qu’au sein même du salariat, l’hybridation des formes d’emploi progresse : face aux CDD, intérim et temps partiel, le CDI à temps plein direct n’occupe plus que 70 % du champ du salariat ; en outre, la pluriactivité se développe, brouillant la frontière stricte entre salariat et travail indépendant (plus de 2,5 millions de personnes en France cumulent plusieurs activités professionnelles, telles des non-salariés exerçant une activité secondaire salariée, des salariés exerçant une activité secondaire non-salariés, ou des salariés multiemployeurs). Plus encore, au sein même des CDI, une déstandardisation des conditions de travail est intervenue puisque, en 2015, 16 % des CDI sont à temps partiel, 15 % des salariés télétravaillent, 47 % travaillent le samedi et 75 % des cadres perçoivent une part variable dans leur rémunération… Le salariat s’effrite, « grignoté par le bas » parce que les gens ne trouvent pas de travail ou des travaux trop précaires, mais aussi « grignoté par le haut », parce que les professions intellectuelles ont une aspiration au travail qui est différente de celle des générations précédentes - l’autre plus analytique : les nouvelles organisations internes des firmes liées aux évolutions technologiques récentes (l’informatique, le numérique, la robotique…) créent une disruption majeure, c’est-à-dire une redistribution totale des cartes dans l’entreprise et dans l’économie. Ainsi, le salariat « à vie » va peu à peu se contracter au profit de parcours professionnels multipliant les allers-retours entre emploi, inactivité, salariat et travail indépendant. S’il en était ainsi, les économies en reviendraient à ce qu’était le monde du travail au début du XIXe siècle, c’est-à-dire à l’avènement du capitalisme (pour certains auteurs, le salariat correspond à une vision ancienne de l’ère industrielle et ne serait même qu’une parenthèse dans la longue histoire du travail, voire même une « anomalie » de l’histoire économique et sociale). Les candidats pouvaient enrichir leur analyse en développant entre autres les points suivants : - la métamorphose actuelle du capitalisme et de la forme des firmes - la désintermédiation des emplois - le rôle des nouvelles technologies dans l’évolution du travail et des statuts du travail - la création de nouveaux statuts du travail (le problème fondamental est en réalité de savoir qui supporte le risque économique) ; la question du compte personnel d’activité était intéressante à soulever - les conséquences du travail non-salarié, pour l’entreprise (en termes de coûts, de flexibilité et de responsabilité par exemple), pour l’individu (conflits sécurité/flexibilité, temps de travail/temps personnel, niveau du revenu…), pour la société (traiter des conséquences en termes de financement de la protection sociale, d’organisation même de cette protection sociale et plus généralement de « modèle social » paraissait indispensable ; les problèmes posés par UberPop ou encore AirBnB sont emblématiques de cette question). Analyse des copies On peut faire, à l’analyse des copies, deux séries d’observations contrastées, les unes portant sur la qualité des prestations, les autres sur les manques et les défaillances. Le jury note avec satisfaction : - le respect des codes de construction de la dissertation, notamment de l’introduction : ce dernier point est essentiel et, cette année encore, la quasi intégralité des candidats a rédigé une introduction longue contenant à la fois une présentation du sujet (historique du sujet, intérêt du sujet, définition des termes du sujet, actualité du sujet), une problématique générale qui constitue l'ossature du devoir et la manière dont le candidat s'approprie le sujet, et une annonce des deux (ou trois) parties; le jury insiste une nouvelle fois, avec force, sur cet aspect formel qui est capital pour réussir une bonne dissertation ; les étudiants l’ont parfois bien intégré - la qualité rédactionnelle mérite d’être soulignée, de même que la bonne maîtrise globale du français (des fautes d’orthographe subsistent cependant dans les copies) - la mobilisation, dans la mesure du possible, de nombreuses contributions d’auteurs majeurs sur ce sujet, économistes comme sociologues (Askenazy, Castel, Coase, Williamson, Coriat, Rifkin…). De plus, comme chaque année, le jury souhaite rappeler qu'il ne corrige pas les copies en s'appuyant sur un corrigé type préparé à l'avance ; ainsi, tous les plans sont acceptables et acceptés - dès lors qu'ils sont appuyés sur une problématique solide, pertinente et largement argumentée. Ainsi, plusieurs plans ont été jugés intéressants : - Plan 1 : I. Des indices font penser à la fin du salariat II. Ces indices ne sont cependant pas suffisants III. On assisterait plutôt à une transformation du salariat - Plan 2 : I. Les changements économiques ont conduit à faire évoluer le salariat II. Se pose la question du salariat de demain - Plan 3 : I. Peut-on vraiment parler de la fin du salariat ? II. N’assisterait-on pas plutôt à sa transformation À l’inverse, plusieurs points négatifs doivent être soulignés : - en tout premier lieu, les déplacements de sens : de trop nombreux candidats ont traité non pas le sujet posé, mais des sujets qui s’en rapprochent seulement, tels que : « L’histoire du salariat », « Les mutations de l’emploi », « La crise du salariat »… Il est ici important de rappeler que le déplacement de sens, et pire le hors sujet, est fortement pénalisé dans une dissertation - la confusion dans les concepts utilisés : beaucoup de candidats confondent en effet salariat et monde ouvrier, salariat et classe moyenne, salariat et emploi à vie, salariat et tertiarisation, salariat et travail… D’autres (très nombreux aussi) affirment que la fin du salariat conduit au chômage de masse ou à la précarité. Ces confusions sont pénalisantes car elles amènent à des conclusions fausses - l’absence de mobilisation de l’actualité et des évolutions économiques et sociales récentes ; ainsi, seulement un candidat sur cinq en moyenne a cité UberPop et très peu ont analysé ce que l’on nomme l’ « ubérisation » de la société. La loi El Khomri pouvait aussi donner un éclairage particulier intéressant sur la thématique de la mutation actuelle du salariat en France. À défaut de faits d’actualité, pourtant nombreux et très présents, les copies sont « hors sol », théoriques… et « lisses » - des erreurs de fond : elles sont rares, mais elles se concentrent sur les apports théoriques mobilisés par les candidats eux-mêmes, et le plus souvent sur l’utilisation des références mobilisées (certains candidats ont fait des développements aux conclusions contraires à celles tirées par les auteurs cités !) - la pratique de la copie « à tiroirs » : ainsi en est-il des candidats qui, mettant en avant dans leurs raisonnements un mot important, rédigent de longs paragraphes sur ce mot, au risque d’être d’ailleurs partiellement ou totalement hors sujet ; ainsi, la copie apparaît parfois comme un « patchwork » de blocs de connaissances fort peu en adéquation avec le sujet ; la longueur de certaines copies est la conséquence d’une telle démarche, qui est finalement contre-productive. Plus encore, et ceci constitue l’un des défauts majeurs des copies, beaucoup de candidats construisent leur démonstration comme un empilement de références théoriques, d’auteurs ou de travaux ; par là-même, plusieurs défauts apparaissent : le détournement des arguments, la confusion des propos, la généralisation abusive, la faible pertinence des sources mobilisées (dans un sujet en prise directe avec l’actualité, faire des développements, souvent longs, sur les travaux de Marx, d’Engels ou de Smith, sans parler de Keynes, d’Hayek ou de Friedman, peut poser problème), l’absence surtout d’idées ou d’engagement personnel du candidat (les copies apparaissent souvent « fades » car très impersonnelles) ; il est clair que les références doivent être mises au service d’une démonstration, d’une réflexion personnelle, et non l’inverse. Le jury se veut optimiste malgré tout et espère que les défauts présentés seront absents lors de la prochaine session. Il est sûr qu'à l'avenir les prestations s'amélioreront encore. COMMISSIONN°6 Langues vivantes (écrit et oral) BCE 2016 Banque de langues ELVi - Candidats BCE PREMIERE LANGUE Moyenne Ecart-type DEUXIEME LANGUE Candidats Moyenne Ecart-type Candidats ANGLAIS 10,19 3,81 8 253 9,95 3,86 1659 ALLEMAND 11,33 3,7 455 10,28 3,30 2073 ESPAGNOL 10,28 3,99 574 10,41 3,79 5305 ARABE 12,51 3,76 503 10,84 4,68 158 ITALIEN 11,06 4,1 91 10,45 4,21 334 PORTUGAIS 14,79 2,17 17 13,79 4,66 7 RUSSE 16,21 1,6 27 12,26 3,64 44 CHINOIS 10,09 4,74 109 HEBREU 11,94 4,71 16 JAPONAIS 8,80 5,88 3 POLONAIS 16,00 1,84 5 VIETNAMIEN 18,33 1,15 3 LATIN 10,33 6,25 144 GREC ANCIEN 10,50 5,19 38 10,33 3,82 9 898 TOUTES LANGUES 10,40 3,86 9 920 20/07/2016 - DAC ALLEMAND ESSEC/HEC ESSEC Cette année, le choix des concepteurs de l’épreuve s’est porté sur deux textes littéraires : Le thème est tiré du dernier roman de Christine Angot, Un amour impossible, qui nous présente une difficile histoire d’amour entre deux personnes très dissemblables. Ce texte est constitué de deux lettres et contient un vocabulaire d’apparence simple (incertitude, inquiétude, quelque chose de parfait). La version est tirée d’un recueil d’histoires de Christoph Peters paru sur le titre Sven Hofestedt sucht Geld für Erleuchtung qui dépeint le profond changement tant physique (amaigrissement) que de comportement (Vertrauensbruch, erschrecken) de l’homme du couple lors d’une échappée dans les Préalpes bavaroises accessibles par les transports en commun (U-Bahn-Station). Version En ce qui concerne les fautes commises, nous pouvons commencer par l’orthographe française (sourrir, sourirre, sympatique (sic)) en continuant par des traductions erronés du champs sémantique des sensations (Gefühl, empfinden, fühlen). Empfinden est pris pour empfehlen (recommander) ou la confusion des mois : Mitte März devient mi-mars la confusion de Tat (l’acte) avec Tatsache (fait) ou la perplexité devant la traduction de « eigentlich » . Méconnaissance des régimes des verbes et des prépostions demandant le datif comme vertrauen, misstrauen, kommen aus Confusion du lac (der See - de Starnberg) avec de la mer (die See). U-Bahn-Station n’était fréquemment pas compris Le verbe "lief" n’était pas à traduire par "marcha" tout-à-fait contraire à la logique de l’action. Confusion de l‘ imparfait - passé simple : à la place de "il cessa presque entièrement de parler" ou "il avait presque totalement cessé", il ne faut pas traduire par "il cessait". « au cas où » est suivi du conditionnel et non de l’imparfait "Die Gegenden vor den Alpen" ont connu des multiples traductions ("les aimables régions avant les Alpes, au sommet des Alpes"...) Egalement "zum Erbarmen dürr": "il se dirigea vers un refuge ", "il se dirigeait déshydraté vers le poste de secours", "il retourna à Erbarmen", "il réussisssa (sic) à disparaître". Ou encore des trouvailles pour" Vertrauensbruch" : même si cela impliquait de trahir sa confiance. Même si cela signifiait qu'elle brisait sa confiance "sie warf sich in die Kleider»: elle enfila en toute hâte "zum Erbarmen dürr" : maigre comme un clou Thème Lexique "was du bekommst", "wie deine Tage verpassen". Le vocabulaire des lettres, en particulier "Mon meilleur souvenir à ta petite soeur". Morphologie Régime des verbes : antworten auf / jn vergessen / folgen + D. L’impératif singulier n’est pas formé correctement. Syntaxe: peu de fautes avec la position du verbe conjugué, à l’exception de „Aber …“ La proposition relative sans pronom (à l’anglaise) Das Buch ich las La déclinaison de l’adjectif nominalisé : *von etwas perfekt *von etwas perfektes Trouvailles : die Prinzipien in die Tat umsetzen / Duft / dich zu weigern als Mannequin zu arbeiten / Liebe Grüsse an deine kleine Schwester / eine ausgezeichnete Sachen / wieder Kontakt aufnehmen En conclusion, Les textes choisis, d’origine littéraire, se sont révélés concluants pour tester les connaissances d’un bon élève. C’est un excellent cru. On a pu observer une forte présence de candidats bilingues (reconnaissables aux fautes typiques) et d’autres de très bon niveau ainsi qu’une quasi-absence de candidats très faibles. La plupart des candidats ont su surmonter les difficultés contenues dans les textes, certains faisant montre d’une maîtrise de la langue tout-à-fait particulière. HEC Les observations et analyses faites durant ces dernières années s’appliquent en grande partie à la session 2016 du concours. Cela concerne en premier lieu les problèmes de langue. Une trop grande partie des rédactions accumule toute une série de lacunes morphosyntaxiques et lexicales, ce qui rend leur compréhension hasardeuse, obligeant parfois le correcteur à se livrer à un pénible déchiffrement. Parmi les problèmes de langue les plus courants, on peut citer : - un répertoire lexical généralement trop étroit empêchant toute subtilité dans l’expression des idées (méconnaissance de l’expression des sentiments, p.ex. « empfehlen » à la place de « empfinden »). - un grand décalage entre la gamme des expressions connues ou entendues et leur maîtrise (Wortschatzspektrum ≠ Wortschatzbeherrschung, p.ex. « ein Problem auswerfen au lieu de aufwerfen) - une connaissance trop lacunaire de la rection des verbes - trop d’imprécision dans les préfixes des préverbes (antworten/ beantworten; schreiben/ zurückschreiben; teilen/ zerteilen/ verteilen; benennen/ernennen; absichern/ versichern) - de grandes faiblesses morphologiques au niveau notamment de la formation du participe I et II (p.ex. « gelieden » au lieu de « gelitten »), même pour les verbes les plus fréquents (« geschreibt » au lieu de « geschrieben ») - une syntaxe sauvage : non-respect trop fréquent de la place de verbe, que ce soit dans les propositions principales ou dans les subordonnées ; en raison sans doute d’une ignorance parfois totale des règles de la ponctuation qui, rappelons-le, oblige le candidat à comprendre la syntaxe des phrases. - une ignorance des genres des pays (Deutschland-> «ihre (au lieu de seine) Werte » - utilisation aléatoire de würde à la place de wäre - la non maîtrise du masculin faible (« die Deutscher/ Deutschen » (au lieu de « die Deutschen/ Deutsche ») - la non maîtrise des noms de l’Est et l’Ouest: der Osten/ der Westen; in Ost und West; die östlichen/ westlichen Bundesländer et pas „die Österlichen“ et autres inventions - de fréquents anglicismes autant pour le lexique que pour la syntaxe et les principes généraux de la grammaire (gradation avec « mehr ») - formes erronées du pluriel, pour des mots qui font partie du vocabulaire de base, p.ex. « Zweifeln » au lieu de « Zweifel » ; « Unterschiedlichen » au lieu de « Unterschiede » Mais le jury tient à souligner un nombre croissant de bonne, voire très bonnes, copies : Plusieurs copies se distinguent par un niveau d’expression remarquable qui en rend la lecture agréable, intéressante, voire enrichissante. Certes, il y a de très bonnes copies rédigées par ceux qui ont un niveau d’allemand langue (quasi) maternelle, mais il y a aussi un nombre grandissant de copies d’un niveau de langue excellente rédigée par ces candidats qui se sont engagés avec sérieux sinon passion dans l’apprentissage de la langue allemande.. En ce qui concerne le thème de cette année, le texte retenu était une analyse concernant l’objectivité des médias en Allemagne. Après la crise des réfugiés et leur accueil massif en été/ automne 2015, le groupe extrémiste PEGIDA scande lors de ses manifestations « Lügenpresse » (« presse menteuse »). Selon un sondage de FORSA (un des grands instituts de sondage social en Allemagne) 44% des interviewés pensent qu’il n’est pas faux de dire que l’objectivité de la presse n’est plus garantie. Le texte retenu fait entendre l’opinion de plusieurs spécialistes des médias. En ce qui concerne la première partie de l’épreuve, le jury rappelle qu’il s’agit d’abord d’une épreuve de compréhension. Une lecture exacte et une compréhension subtile sont attendues, l’opinion du candidat n’intéresse pas ici. La plupart des candidats a bien su reprendre les principaux arguments avancés. Les bonnes copies ont repris quelques-uns des point développés : la tendance à la dissimulation des problèmes « politiquement incorrects » qui menacent la liberté d'expression ; l’absence d’esprit critique ; l’utilisation d’expressions porteuses de jugements ; le rôle du journaliste engagé au lieu de rapporteur ; les informations erronées qui ont conduit les lecteurs à la méfiance vis-à-vis des médias traditionnels et de la presse sous contrôle des élites; le recours à d’autres sources d’information comme internet. Le jury a récompensé les candidats qui pouvaient resituer les quelques allusions (les publications de Thilo Sarrazin, la relation Allemagne-Russie) données dans ce texte, preuve de connaissance du contexte. Par rapport aux années précédents, nous n’avons pas constaté beaucoup de fautes de compréhension, de contresens voire des interprétations et des rajouts nulle part mentionnés dans le texte : le texte reflétait certainement une situation pas trop différente de celle de la France et ne donnait pas beaucoup de détails spécifiques à l’Allemagne. En revanche, très peu de candidats ont été capable de problématiser l’expression,” Lügenpresse ». En effet, le mot "Lügenpresse" était déjà un mot d'ordre central pendant la Première guerre mondiale et servait également aux nationaux-socialistes pour diffamer les médias indépendants de manière globale. La charge historico-linguistique de cette expression a échappé à la majorité des candidats. La deuxième question demandait aux candidats d’ouvrir leur réflexion, de montrer leur connaissance dans le domaine de l’actualité et de la civilisation allemandes contemporaines. Pour répondre à la question à savoir si le débat autour de l’objectivité de la presse est symptomatique pour la situation en Allemagne voire en Europe, les candidats ont été priés d’illustrer leur point de vue à l’aide d’exemples concrets. Les mauvaises copies proposaient un mélange sauvage de « tout-ce-que je sais sur le populisme en Europe », comportant des passages appris par cœur et sortis maladroitement d’un autre contexte vaguement lié à la question posée au lieu de témoigner d’une véritable réflexion. Une bonne copie aurait pu par exemple faire référence : - aux résultats des élections en Bade-Wurtemberg, en Rhénanie Palatinat et en Saxe-Anhalt et aux forts taux de participation ; - aux débats violemment menés dans les forums en ligne des grands quotidiens ; - au grand intérêt pour les médias qui persiste malgré toutes les critiques ; - au silence de plomb entourant les viols de masse de la nuit du Nouvel an ; - à la position de l’Allemagne moralisatrice qui critique ses partenaires de ne pas adapter sa politique au lieu de les consulter ; - au grand engagement de la population pour accueillir les réfugiés. La question exigeait du candidat qu’il connaisse de première main l’actualité en Allemagne. Les copies qui déplaçaient le sujet pour parler du populisme en Europe en général ont été faiblement notées. Or, il va de soi que le jury n’attendait nullement un tableau complet et exhaustif de l’Allemagne et de l’Europe, mais il était fort apprécié que le candidat fasse de la complexité le point de départ de son développement. Le jury a valorisé les copies bien structurées où le candidat avait des outils pour structurer et lier leur texte ainsi que pour annoncer et développer son plan sans avoir recours à l’éternel : « erstens, zweitens, drittens ». Le jury tient à souligner que le candidat est obligé de compter les mots écrits sans se tromper. Trop nombreuses étaient les copies sans cette indication. Les années suivantes le jury se réserve le droit d’enlever un point en cas d’absence d’indication du nombre de mots écrits. ANGLAIS Lv1 ESSEC/HEC ESSEC Les deux textes sélectionnés par les concepteurs de l’épreuve sont, une fois encore, des œuvres de fiction. Le texte en anglais est un passage du second (et dernier) roman de la romancière américaine Harper Lee (1926-2016), Go Set a Watchman, écrit en 1957 mais publié seulement en juillet 2015. Il s’agit en fait de la première version de son premier roman, To Kill a Mockingbird, qui, en 1960, a connu un succès extraordinaire aux États-Unis. Le texte en français provient du dernier roman du romancier suisse Joël Dicker, Le livre des Baltimore. Signalons que cet auteur a remporté le Goncourt des Lycéens et le Grand Prix de l’Académie française en 2012 avec un précédent ouvrage, La Vérité sur l’affaire Harry Quebert. Comme l’année dernière, les bons candidats ont su prendre le temps de lire avec soin et d’analyser les textes proposés. La connaissance d’un vocabulaire courant leur a permis d’éviter des contresens (ou des non-sens) particulièrement étonnants à ce niveau d’études. Le plus souvent, ils ont démontré qu’ils maîtrisaient la syntaxe anglaise et française, et qu’ils avaient un style agréable, une bonne orthographe et un vocabulaire choisi dans leur propre langue. Les examinateurs remarquent, toutefois, avec une certaine inquiétude que beaucoup de candidats sont loin d’avoir compris un texte qui ne présentait pas de difficultés particulières en anglais. Rappelons que la maîtrise de cette langue est devenue incontournable dans le monde des affaires. Quant au texte en français, il a révélé que les candidats sont de plus en plus nombreux à écrire des incohérences qu’ils ne comprennent pas eux-mêmes (How’s Atticus ? → Combien de cactus astu ?) ! Thème Le texte ne présentait aucune difficulté quant à l’utilisation des temps. Cependant, de nombreux candidats ont commis l’erreur de calquer la structure du present perfect ‘I have been interrupted’ (« j’ai été interrompu ») à la place du prétérit simple requis ici, ‘I was interrupted’. En revanche, le gérondif (forme en –ing) demeure méconnu de nombreux candidats qui ne savent pas que l’anglais utilise plutôt une forme verbale en -ing après while : while he was listening (plutôt que : while he listened). Ici, il s’agit en effet d’une subordonnée de temps (tout en m’écoutant) et non pas d’une subordonnée de contraste (alors que). Beaucoup hésitent encore entre la forme en –ing et l’infinitif quand deux verbes se suivent : « il vit soudain apparaître derrière moi Duke » = He saw Duke suddenly appear behind me (et non appearing/appears, et surtout pas coming out of my behind.) La construction du verbe « trouver » + adjectif est une autre source d’erreur car le verbe « trouver » se construit an anglais avec it + adjectif (+ infinitif sans to/that) : « Il dut trouver éttrange que » : He must have found it strange that … Le seul modal du texte, « il dut trouver étrange », a d’ailleurs donné lieu à des incohérences car les candidats n’ont pas compris qu’il ne s’agissait pas ici d’une obligation, mais d’une quasicertitude : He must have found it strange (et non he should have found it strange/he had to find it strange). Pour contourner la difficulté, certains candidats ont préféré traduire cette expression par : he was probably surprised, qui n’a pas le même sens. Les verbes irréguliers ont parfois été utilisés de manière fantaisiste: fell (pour felt), sitted, broughed, awaked, waked, thinked/tought, hidded, camed/comed, drived, leaved, maked, putted/puted, etc. Les examinateurs ont remarqué que la forme interrogative était mal utilisée par certains candidats. En effet, la phrase très simple, « Que fait ce chien ici ? » a parfois été rendue par : What is doing this dog? voire par What this dog does/is doing?, What is this dog do? et même What does this dog is doing ? De même, les candidats semblent dans leur grande majorité ignorer que l’anglais, contrairement au français, n’inverse pas les termes après une question directe : « demanda-t-il encore » : he asked again/once more, et non ask/asked he again encore moins asked him again. Les prépositions (prépositions simples ou prépositions associées à un verbe) restent une source d’erreur constante pour les candidats année après année : « Tout seul » : on his own et non by his own. « Au milieu de l’après-midi »: in the middle of the afternoon et non at the middle… « Il s’assit au comptoir »: sat down at the worktop/bar et non sat on/in the bar/sat in front of the bar tender/sat down on the table/sat down in the pub! « qui sortait de la propriété » : coming out of the grounds et non outside. « Cacher quelque chose à quelqu’un » = to hide something from somebody, et non to hide something to. De même, « se servir de (quelque chose dans le réfrigérateur) » se traduit par : to help oneself to (something) et non par of ou from. En revanche, prendre quelque chose « dans le réfrigérateur » est traduit par « (help oneself to something) from the fridge. Le lexique de base est souvent imprécis. « J’ai été interrompu » a ainsi été rendu par I was stopped, I was annoyed, I was intercepted, I was disrupted, voire par I was interrompted (sic). De même, « Je baissai la tête » est souvent devenu I lowed my head au lieu de I lowered my head. Au-delà de la faute d’orthographe, le verbe to low existe en anglais et signifie meugler. La phrase a posé bien des difficultés aux candidats qui ont opté pour la solution ‘phrasal verb’ (verbe + particule/préposition), car I put my head down suggère que la personne portait sa tête à la manière d’un sac ou un manteau! La méconnaissance du vocabulaire et de la structure du prétérit a donné lieu à des barbarismes tels que I did going down my head, I break my head down, ou encore I turned up down my head. Des mots simples comme « réfrigérateur, cuisine, journée, vol, emprunt, bouteille d’eau » ont été traduits respectivement par ice-box/cold case, cooking-room, journey, burgle / steal /thief / lift / rape, borrowal, water bottle. De plus, certains candidats ne connaissent pas la différence en français entre « ramener » (take back) et « amener » (bring) et les utilisent indistinctement. Un adjectif a donné lieu à un faux-sens : « honteux » qui se traduit ici par ashamed/in shame et non par shameful qui signifie bien « honteux » mais dans le sens de « scandaleux/déplorable » pour qualifier une attitude, un événement, un secret ou un comportement. Plus problématique, le verbe « se douter de quelque chose » a été dans de très nombreux cas pris pour un synonyme de « mettre en doute », rendant ainsi la phrase incompréhensible. Comme chaque année enfin, des candidats ont fait usage de calques en traduisant mot à mot les expressions qu’ils croyaient connaître : « ouvrit de grands yeux » = opened widely his eyes/ opened big eyes/opened his eyes big/opened his tremendous eyes au lieu de : stared wideeyed/stood staring/opened his eyes wide. Quelques candidats ont essayé de contourner le problème en utilisant des structures telles que Leo was astonished/shocked mais pour certains la stratégie s’est retournée contre eux puisqu’un autre piège s’est alors présenté à eux : Leo was shocking. « Ce soir » : this night ! au lieu de this evening ou tonight. De nombreux candidats ont calqué l’expression « Vous êtes tombé sur la tête » bien que les meilleurs candidats l’aient traduite par You are/must be out of your mind! Alors que des traductions comme You are crazy ou You went bananas ont le mérite d’éviter le calque, elles manquent de justesse quant au sens et au registre. Les candidats confondent encore felt et fell, few et a few, find et found, insure et ensure, to wake up et to (a)waken, to sit (down), to seat. Comme en français, l’orthographe est malmenée en anglais : shamefull, absolutly, fellt, hidding, weard/wierd, interrompted, openned, trully, listenning, soudainly/ soudennly/ soudaintly, after noon, an other, neighboor/neighbourgh, steeling, litteraly/literaily. Les meilleurs candidats ont bien su maîtriser les temps. De plus, ils ont su respecter le style du texte, proposer des solutions de traduction intéressantes et utiliser les prépositions adéquates après les verbes ou les adjectifs (hide from, head for, intend to, etc.). Version Les meilleurs candidats ont su faire preuve de recherche stylistique dans la traduction du passage proposé. Ils ont été capables de se représenter la situation décrite en traduisant les prépositions à bon escient. Il est à noter que la fin du texte a été plutôt mieux traduite que le début. Chaque année, nous soulignons qu’une lecture attentive du texte éviterait aux candidats bien des incohérences. Des éléments lexicaux du texte auraient permis aux candidats de comprendre que l’action se déroulait aux abords d’une gare : « track, station, platform, suitcase ». Quant aux personnages et aux liens qui les unissent, on comprend rapidement que Hank vient chercher Jean Louise à la gare (une jeune femme, pas un homme !), son amie d’enfance dont il est amoureux. Elle vient voir son père, Atticus, malade, dont s’occupe Miss Alexandra. La méconnaissance du vocabulaire précité a donné lieu à des textes délirants où Jean Louise épouse (ou marie) son enfant, (kind, « espèce », à ne pas confondre avec le mot allemand, Kind, qui, lui, signifie bien « enfant »), son gentil, ou celui qui était gentil avec elle (adjectif kind), voire son frère (her brother’s comrade = « le camarade de son frère » et non « son camarade de frère ») ! Un autre terme, track (« voie ferrée »), a été souvent traduit, entre autres, par : « tapis roulant, tracé, piste, passerelle, quai, route, piste d’aéroport ou camion – confusion avec truck ». De plus, bien des candidats influencés par les relations d’amitié amoureuse qui lient les deux personnages, ont traduit courthouse par « mairie, autel, cour de la maison, palais royal, perron, maison de campagne, salle d’attente », mais aussi plus étrangement par « voûte plantaire, cuisses, Maison Blanche ou Vatican» !! (Much) pleased n’aurait pas dû poser de problème aux candidats car il s’agit d’un mot qu’ils ont théoriquement appris au collège. Pourtant, ils ont fait preuve, là aussi, d’une grande imagination : « très gênée, choquée, contrariée, plus réservée, embarrassée, toute jouissante ». Grabbed her in a bear hug : l’expression, a bear hug, indique simplement qu’il s’agit d’une étreinte chaleureuse. Hank serre ici Jean Louise dans ses bras. La référence à un ours n’a guère de sens en français. Elle a donné lieu à des phrases étranges comme : « il l’embrassa comme un ours en peluche/il l’attrapa dans son étreinte d’ours/il l’enlaça de manière bestiale/il l’attrapa sauvagement/un câlin animal/une étreinte virile et – plus osé – il la prit tel un ours » ! S’ils ont compris certaines expressions, les candidats ont toutefois eu du mal à les rendre dans un français intelligible par ignorance de leur propre langue. Ainsi, holding her face in place : « en prenant son visage entre ses mains » a souvent été rendu par « en remettant sa tête en place/en lui tenant le visage en place » ! Hush, girl, « Chut, ma petite/jeune fille » a pu être traduit par : « Viens, femme », « Oh », ou encore, dans un sens contraire à la situation, par « Vilaine/Mauvaise fille ». Le niveau de langue n’a pas été respecté dans les traductions suivantes : « Ҫa va, poulette, Ҫa roule, ma copine, Wesh, meuf , Meuf tais-tois (sic) » ! They walked arm-in-arm, qui ne présente aucun piège, doit se traduire par : « bras dessus bras dessous » et non par « main dans la main », « bras à bras » ou « bras dessus-dessous ». Les candidats font des confusions inacceptables dans l’utilisation du français qui se multiplient au fil des ans: une maladie « dégénératrice », un instinct dont elle était « dépravée », « aboutonner sa chemise », « il l’éprit/l’a prit (pour la prit), « dénoué de sens », « lui aider à (pour l’aider) », « aller à son encontre », « l’amour dont il lui portait », « le déteneur de ce droit », « se lever contre cette injustice ». Rappelons enfin que le mot anglais inequity signifie « inégalité » (de revenus, par exemple) ou « injustice ». Le synonyme d’ « injustice » est « iniquité » en français, le terme « inéquité » se référant plutôt à la notion d’inégalité. La même remarque s’applique lorsque les candidats confondent régulièrement le futur et le conditionnel (sans doute aussi par ignorance des règles d’orthographe) : I’ll kiss you …if I want to : ici, la concordance des temps s’applique, comme en français, « Je t’embrasserai (futur) … si j’en ai envie (présent) » et non : « Je t’embrasserais (conditionnel) si j’en ai envie (présent)», que les correcteurs ont rencontré à de nombreuses reprises. La seule « difficulté grammaticale » du texte portait peut-être sur le « dicton » Love whom you will… La plupart des candidats n’ont pas compris, en effet, que will n’était pas ici la marque du futur (« Aime qui tu voudras ») mais qu’il servait à exprimer l’aspect fréquentatif au présent (Aime qui tu veux), comme dans les expressions connues, Boys will be boys (« Il faut bien que jeunesse se passe ») ou encore When the cat is away, the mice will play (« Quand le chat n’est pas là, les souris dansent »). Lorsqu’ils abordent des prépositions dans un texte, les candidats devraient se faire une représentation de la scène, l’anglais étant plus « visuel » que le français. Ainsi, put her from him a entraîné les candidats dans plus d’un contresens. Au lieu de traduire l’impression d’éloignement indiquée par from, les candidats ont continué d’interpréter la scène qui se jouait entre les deux amoureux : « la regarda, la serra contre lui ». Le passé simple reste, plus que jamais, un temps que de nombreux candidats ne savent plus utiliser : aperceva, il venit, l’attenda, la metta, ils descendèrent, il descenda, et coura/courra/courrit/couru, la maintena, il vu/vue/vût, elle tenu, il éttreigna, il rejoigna, disa-til ! L’orthographe indigente reste un phénomène inquiétant parmi les candidats. En voici quelques exemples : ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ Accords non respectés masculin/féminin : référence à ils quand il est question de mains et d’épaules, une étreinte effrené (sic) ! Mots mal orthographiés : empreinta, bouttonner, platforme, il sotta ( !), lasser (pour lacer), razoir, si il, bras-dessus bras-dessous, cet état là, péron. Le mot remportant la palme du mot mal orthographié cette année est bien : dégéneressante/degenerécente ! Accents oubliés : agée, là ou. Confusions grammaticales : tu souhaite, elle regardai, il couru, elle apperçu, il veux, Aimes (pour Aime, impératif), marris-toi (pour marie-toi, impératif) Confusion entre ce(s)/se(s) : ces mains pour ses mains. De même, se serait pour ce serait. Pour conclure, cette édition 2016 a produit quelques très bonnes copies, des traductions fidèles et fines, mais, malheureusement, de plus en plus de très mauvaises. Certains candidats semblent ne jamais avoir étudié la langue anglaise et avoir une connaissance très limitée de leur propre langue. Les nombreuses maladresses et incohérences sont souvent dues à un manque de réflexion préalable. Les correcteurs réitèrent les conseils prodigués en 2015 : lire des textes en anglais (et en français), apprendre le vocabulaire de base (lexique du quotidien, verbes les plus courants, etc.) et travailler les règles grammaticales qui sont toujours les plus difficiles à maîtriser pour les étudiants français, à savoir les temps du passé, les prépositions et la construction de certains verbes. Omettre de traduire certains mots difficiles est une « stratégie » à éviter à tout prix. Enfin, il est indispensable de se relire plusieurs fois pour limiter les fautes sur l’orthographe, les accords des noms, les temps des verbes et la ponctuation. HEC Les candidats de cette année ont été confrontés à un document publié dans The Guardian du 6 décembre 2015, dans une tribune libre signée de Linsey McGoey, “Love from Mom and Dad…but who gains from Mark Zuckerberg’s $45 billion gift?” McGoey est professeur de sociologie à l’Université de Sussex, et l’auteur du livre No Such Thing as a Free Gift: The Gates Foundation and the Price of Philanthropy. Le sujet de l’article : la décision de Mark Zuckerberg et sa femme, Priscilla Chan, de « donner » 99% de leurs actions Facebook (“The $45bn exceeds the Gates Foundation’s current endowment. It’s larger than Warren Buffet’s $30bn gift to the Gates Foundation in 2006, then the largest charitable gift in history”). Il y a eu des erreurs d'interprétation sur le document, en particulier sur la raison pour laquelle on pouvait mettre en doute l'altruisme des époux Zuckerberg : le statut de société anonyme par action (limited liability company) choisi pour la Chan Zuckerberg Initiative n'a pas toujours été compris ou mis en avant pour la distinguer des ONG à but non lucratif (non-profits), ni pour expliquer que ce statut avait pour but d'échapper aux règles de transparence auxquelles les ONG sont assujetties. Le fait que les époux Zuckerberg ne cédaient pas vraiment leurs actifs, mais restaient gestionnaires des sommes engagées dans leur 'fondation' n'a pas toujours été saisi non plus. Il y a aussi eu fréquemment un manque de distanciation dans l'acceptation au premier degré de l'idée objective que la Chan Zuckerberg Initiative était préférable à la philanthropie classique, alors qu'il s'agissait d'un concept des communicants favorables à Zuckerberg, inventeurs du néologisme 'philanthrocapitalisme'. Autres erreurs de lecture plus grossières: la CZI a subventionné MasterCard au Kenya, alors qu'il s'agissait de la Fondation Gates. Ou encore la CZI va se tourner vers la microfinance, alors que rien ne l'indique dans le document, et que la microfinance est citée comme un autre exemple du dévoiement (selon L. McGoey) de la philanthropie. Sur la question 2, (“In your opinion, what motivates philanthropy? Illustrate your answer with relevant examples”), on a pu noter le dogmatisme de certaines réponses, soit pour nier complètement l'altruisme des donateurs, soit pour les encenser sans réserves. Bien étayées, ces attitudes pouvaient être légitimes, mais on pouvait attendre une approche intellectuellement équilibrée de la question. 'Relevant examples' a souvent été une partie esquivée de la question : certains développements ont consisté dans de pures analyses philosophiques, évoquant Emmanuel Kant en particulier, analyses respectables mais décalées par rapport à la question posée. Plus gravement, il y a eu parfois une incompréhension du concept de philanthropie, analysé littéralement à travers l'étymologie comme l'amour des hommes, et donc discuté abstraitement en tant que sentiment ou propension à aimer les autres (ce qui pouvait évidemment constituer un brève introduction à la réponse), plutôt que comme pratique du don de soi, de son temps et/ou de ses biens pour servir les autres, l'intérêt général. A cet égard, on peut regretter la rareté des exemples de mécénat des arts par les entreprises ou les individus. Barnes, Pinault, Cartier sont trop rarement cités, contrairement à Carnegie ou Rockefeller, mieux connus. Le bénévolat personnel dans des associations ou ONG a également été rarement abordé, comme la philanthropie anonyme des gens modestes. Pour les fautes d'anglais, citons le vocabulaire mal assimilé : *billioner, *interess, *buisness, the carbon *foolprint, an *ingenior, the *springbroad, the *brickledown theory. Ou les confusions de mots : core/chore, septic/sceptic, thing/think, ethos/ethnos, bran/brand. La méconnaissance du génitif est fréquente: a *Zuckerberg's strategy, the *robber-baron's era. Version Remarque classique et répétitive d'année en année sur la méconnaissance du passé simple, source fréquente de barbarismes : il *courru ; *courra ; l'étreigna ; ils *descendèrent ; elle *vu . Fautes de lexique usuel : le contexte de la gare au début échappe à bon nombre de candidats, d'où la piste, le chemin, le sentier pour track, la station pour la gare et la plateforme pour le quai. On the courthouse steps (marches du palais de justice, tribunal) est rarement bien traduit : on a trouvé le seuil, l'entrée de la cour, la maison, le parlement, la mairie, pour un vocable pourtant courant. Fautes de grammaire de base : confusion entre démonstratif (ce) et possessif (se), entre futur et conditionnel embrasserai(s) . Bear hug (étreinte chaleureuse/ l'étreignit vigoureusement/étroitement ) a posé des problèmes de vraisemblance en français, avec des propositions maladroites, comme câlin d'ours, voire absurdes , comme câlin bestial . La sur-traduction est assez fréquente, et c'est une tentation à éviter. Les éléments contextuels ajoutés artificiellement pour expliciter l'anglais transforment abusivement la phrase, et constituent une glose absente de l'original, donc illégitime. Un exemple : c'était chez elle un principe qu'elle avait bien assimilé et qui désormais était quasi-instinctif chez elle, pour traduire a dictum amounting to instinct within her. On introduit dans la phrase plusieurs éléments de sens qui n'y figurent pas. Même remarque pour le fameux dicton à la place de a dictum ou Alexandra, son infirmière pour rendre Miss Alexandra . Il y a interprétation du statut de Miss Alexandra qui ne figure pas dans l'original. Ce genre d'abus est donc à proscrire. Enfin la règle de bon sens et de vraisemblance doit s'imposer, quelle que soit la méconnaissance du vocabulaire : épouse tes propres enfants pour marry your own kind est forcément une traduction impossible, tout comme aux pieds du poids lourd pour on the courthouse steps. Et qui a jamais entendu ou proféré Tais-toi, fille, ou Fille déconcentrée pour Hush, girl ? Thème Les erreurs sur les bases de la langue, comme la morphologie des verbes anglais sont lourdement sanctionnées. Examples : He must *had find/he may have *founded/it had *came/it was *came/was *awaken/ I was *hidding. La forme interrogative est aussi assez souvent mal construite : *What that dog is doing... ? La voie passive est parfois confondue avec la conjugaison progressive : I was *interrupting, au lieu de I was interrupted. Le passé imperfectif n'est pas toujours perçu comme nécessaire : I hid something plutôt que I was hiding something from him, forme exigée par le contexte. Notons aussi la confusion assez fréquente entre adverbes et adjectifs : in its *literally meaning. Le texte ne contenait aucune difficulté lexicale notable, rien qui ne soit dans le vocabulaire courant : on était donc en droit d'attendre une vraisemblance lexicale et idiomatique dans ce dialogue entre voisins ; la distinction entre property et propriety ; un choix judicieux entre stolen/thief/rob/ theft/robbery pour traduire vol ; la maîtrise des mots interrupt, neighbour (et non neighbourhood). ESPAGNOL LV1 Elaboration : ESSEC/HEC Traduction Les deux textes pour la traduction de cette année étaient vraiment d’un niveau accessible à tout(e) candidat(e) correctement préparé(e). Certain(e)s ont obtenu des notes tout à fait remarquables dans les deux exercices. Le texte pour l’épreuve du thème (traduction du français vers l’espagnol) était tiré du roman L’Ultime vaillance, de Rose-Marie Thenin, Editions du Banc d’Arguin, 2009. En version (traduction de l’espagnol vers le français), le texte était tiré du roman Dime quién soy, de Julia Navarro, édité par Penguin Random House Grupo Editorial, Debolsillo, 2015 Les deux textes comportaient des passages alternant des descriptions et des dialogues courts. THÈME: Le texte proposé ne présentait pas de grandes difficultés de vocabulaire. Quant à la syntaxe, les structures grammaticales auraient dû être traduites à bon escient par des candidats présentant le concours de LV1. En effet, nombreuses fautes grammaticales de base ainsi que de nombreux barbarismes verbaux et lexicaux sont à déplorer. Nous avons fréquemment constaté certains contresens dans la dernière partie du premier paragraphe («aunque la verdad lo encontraba muy mayor para una tan larga espera ») ainsi que dans le paragraphe débutant par « Porque ». Les principales erreurs sont venues des moins bonnes copies : méconnaissance de la conjugaison, graves lacunes dans le vocabulaire de base (s’en aller, tomber amoureux, solitude, garder, aimer, s’inquiéter, papa, quitter), des confusions peu compréhensibles à ce niveau (pedir/preguntar), la non reconnaissance des emplois des modes (indicatif/subjonctif), et l’emploi très défaillant des pronoms personnels (le/la/lo). Voici les exemples : • Il a été surprenant de constater que les candidats ont souvent des difficultés à l’heure de choisir entre l’imparfait, le passé simple et le présent de l’indicatif. Cette erreur, fréquemment relevée, a entraîné également des fautes dans le choix de la personne grammaticale (confusion entre la 1ère et la 3ème personne du singulier) et dans la conjugaison même du verbe en question : Dice Mallory / dió Mallory pour « dijo Mallory » ; Mallory supe que su padre querió…pour « Mallory sabía que … ; ¿La conocía ? pour « ¿la conozco ? ». • Par ailleurs, la conjugaison au passé simple et à l’impératif a représenté une véritable difficulté pour un certain nombre de candidats : no se lo deció / me enamoró de una mujer ; pour l’impératif « disons-le => digámoslo » voici quelques exemples de traductions : decimoslo / lo decimos / hay que decirlo / podemos decirle / digamolo / no te preocupa / no tiene dudas • De même un bon nombre de candidats n’a pas su réaliser la concordance des temps: Querría que viva pour « quisiera que viviera » ; antes de que sales ou antes de que te ves pour « antes de que te vayas ». • En plus des temps et du mode, la conjugaison du verbe gustar s’est avérée très difficile pour un nombre important de candidats : si los gustas muchos / quiere los chicos / se gustan lo niños / se las apetece a ella los niños. • Mauvais emploi de Ser et Estar dans des cas facilement repérables: ¿Cómo está? / está guapa pour « ¿cómo es? » « es guapa ». • De même plusieurs candidats n’ont pas su reconnaître les structures qui ne nécessitent pas un subjonctif : …hay que hablemos… pour « tenemos que hablar ». • Quant au vocabulaire, certaines expressions simples n’ont pu être traduites correctement dû au manque de vocabulaire des candidats : Si, por seguro pour « sí, claro » ; estoy caido amoroso / soy enamorado pour « estoy enamorado » ; solituda laboriosa / solitud laboriada / soledad laborista / soledad laboral pour « difícil/dura soledad » ; ou tiene mucha hermosa / tiene mucho charismo / está muy atractiva / ha mucha charma pour « tiene mucho encanto/carisma » Face à ces erreurs de base, nous ne pouvons que recommander aux futurs candidats de travailler toutes les bases de la langue espagnole -grammaire conjugaison- sans oublier l’accentuation qui, dans les copies les plus médiocres, semble vraiment inconnue pour un certain nombre de candidats. VERSION: La version de cette année était à la portée d’un candidat bien préparé. Les lacunes précédemment décrites pour le thème ont eu un effet très pénalisant dans la version pour certain(e)s qui ont confondu les personnes verbales, la compréhension du lexique de certains passages et donc les personnages du texte, ce qui a généré des non-sens et barbarismes. Voici les plus étonnants : • Pour «…porque el pobre anciano me caía bien. » : Le pauvre ancien me tombait bien / ce pauvre père représentait beaucoup pour moi / le pauvre vieux m’avait bien traité / parce que ce pauvre prêtre me connaissait bien… • Pour « durante la guerra se revolvieron los registros parroquiales… » les registres parroissiales se revoltèrent / les registres se perdirent / durant la guerre ils furent demandés / les registres avaient été renvoyés Le lexique courant a aussi généré des surprises : • Père Antonio se tut / s’arrêta / cessa de parler / ne parla pas / Don Antonio attendit / était resté / Monsieur Antonio se taisa…pour « Don Antonio se quejó… » • Céremonie / partie / fête / titre / moment de baptême …pour « partida de bautismo » • Savoir quelques choses pour « saber algunas cosas » Un nombre important de barbarismes verbaux, tout comme des fautes de conjugaison, ont été relevés. En voici quelques-uns des exemples les plus fréquents: • Je l’écouta • Je décida • Je réponda • je ne promet • Ma tante veux Enfin, la traduction littérale et des incorrections en langue française sont à déplorer : • Pour « …y si por mi madre fuera… » : et si pour ma mère il était là / et si pour ma mère cela était / et pour ma mère • Pour « Tu abuelo don Javier sí que se portó bien … » : Ton grand père Javier oui qu’il se porte bien / ton grand père Javier celui-là même qui se porta bien…/ • Pour « por intentarlo no perdemos nada » : On ne perd rien à essayer Quant à la grammaire, un bon nombre de candidats est passé à côté des points facilement repérables : • Nous devrions retourner remettre de l’ordre pour « tendríamos que volver a => il faudrait que nous… » • Je ne promets rien pour « no le prometo nada=> je ne vous promets rien » Il est surprenant que des mots de base, comme anciano, espera, mayor, abuelo, parroquia (parfois traduit par parure…), sótano, abajo, obispo, archivera, aient posé autant de problèmes à certain(e)s. La version étant un exercice de français, nous attendons une version dans un français correct, en évitant les barbarismes verbaux du passé simple et les erreurs d’orthographe récurrentes. Il faudrait que les candidats(es) lisent le texte de version et en comprennent le contexte et le fil conducteur avant de le traduire. EXPRESSION ÉCRITE L’article qui servait de support aux deux questions était tout à fait dans l’air du temps et le cas vénézuélien avait dû être traité dans l’année par tous les candidats(es). En dehors des erreurs de langue qui coûtent cher, beaucoup trop de copies ont révélé un manque de méthodologie un peu inquiétant. Ainsi dans beaucoup de copies, les deux questions ne semblent pas importantes car les candidats(es), après une sorte d’introduction oiseuse qui peut aller jusqu’à une bonne soixantaine de mots, en arrivent, dans le meilleur des cas, à poser à nouveau la question de départ voire à inventer une nouvelle question. Il serait important que les futur(e)s candidat(e)s évitent cet écueil et répondent directement à la question qui leur est posée. Pour la seconde question personnelle, certains candidats ne donnent jamais leur point de vue ou alors uniquement dans la conclusion, se réfugiant derrière une troisième personne du singulier comme, en somme, dans la réponse à la première question…. Nous attendons, bien sûr, dans les deux réponses un travail construit avec une introduction utile, un développement et une vraie conclusion qui ne soit pas un simple résumé du corps de l’argumentation. Pour ce qui est du contenu, certaines copies n’ont établi qu’un catalogue de connaissances sur l’Amérique latine avec beaucoup de mélanges de noms de pays et de présidents (Evo Maduro président du Paraguay…, Hugo Chávez toujours en pleine forme et actuel président du Vénézuela ….).On pourrait également signaler le manque de nuance dans les propos lorsque les candidats affirmaient l’arrivée « d’un virage à droite » en Amérique latine comme quelque chose de définitif et comme étant la solution aux problèmes sociaux et de corruption du souscontinent. La plus grande maladresse, dans cet exercice, a été la généralisation et l’analyse de la région comme s’il s’agissait d’un seul pays. Mises à part ces maladresses, les erreurs de langue et de lexique ont été assez nombreuses, ce qui a été assez surprenant s’agissant de candidats présentant le concours en LV1 : - beaucoup de fautes d’accords (sujet + verbe ou noms + adjectif ou article) - mauvaise utilisation des prépositions en particulier « a » et « en » ainsi que « por » et « para » - nombreuses fautes de conjugaison aussi bien en particulier sur les passés simples et verbes irréguliers, quel que soit le temps utilisé. - quelques confusion « ser » et « estar » - nombreux barbarismes - difficultés à utiliser correctement les structures syntaxiques complexes, en particulier lorsque la proposition principale commande une subordonnée. EXEMPLES • la envidía del pueblo • los actos de los altos políticos • la succesión del poder • los país • el heredor • el vuelto • un panoramo • las políticas chavismas • Hay el facto que la poblacion sufria con las condiciones economicas • Mucho corrupcion • Esos dineros • La pob sufria y se revuelta • Las promesas son muy popular • Se regrupan • El mala gestion • A el periodista • Deseo de cambio para la poblacion • El peridista piensa que NM habia visto con un varapalo monumental • La victora de la oposicion permite al periodista de mostrar la aparicion de una derrota del chavismo ESPAGNOL LV1 Cette année 574 candidats ont composé en LV1. Les notes obtenues s’échelonnent de 0,5 à 20. La moyenne est de 10,26. Les très bonnes copies tant au plan des deux langues que des connaissances, dans lesquelles le style, la réflexion personnelle, l’organisation des idées étaient satisfaisantes ont obtenu des notes situées entre 15 et 20. D’autres copies faisaient preuve d’un grand manque de connaissance de la langue espagnole tout comme de la langue française et aussi malheureusement des notions élémentaires de civilisation, indispensables à la réalisation de l’épreuve d’expression écrite. Il est dommage que certains candidats choisissent l’espagnol « LV1 » par défaut, alors que d’autres ont réellement un bon niveau de langue, ce qui explique l’échelle des notes. Certains candidats écrivent dans un espagnol correct, mais souvent peu authentique, et faute de réfléchir à la question posée se contentent de livrer un catalogue de connaissances plus ou moins judicieux. Le texte d’expression écrite était un article du quotidien El País, écrit par Javier Lafuente, le 7 décembre 2015. Il s’intitulait « Venezuela da la espalda al chavismo » et évoquait les résultats des dernières élections parlementaires favorables à l’opposition vénézuélienne pour la première fois depuis 17 ans. La langue employée était celle d’un article de la presse, et le texte clair et bien structuré. Il était tout à fait compréhensible pour un candidat de niveau satisfaisant, il a été généralement bien analysé. La première question demandait aux candidats de savoir organiser des idées exprimées dans le texte par le journaliste, sans aucune analyse de ces différents points. Il est nécessaire de rappeler que la réponse à cette question doit faire la preuve de la compréhension du texte en profondeur et ne demande pas d’exprimer une opinion personnelle mais tout simplement d’articuler les idées de l’auteur en fonction de la question posée. Le candidat doit veiller à ne pas répéter simplement le texte mais à répondre à une question de façon structurée. La seconde question fait intervenir la réflexion des candidats. Celui-ci ne doit alors plus répéter les arguments exprimés dans le texte. L’écueil à éviter est de faire « un catalogue d’exemples », aussi justes soient-ils, il s’agit de donner le fruit d’une réflexion personnelle, en l’appuyant sur des exemples qui ne doivent servir qu’à l’illustrer. De nombreux candidats n’osent pas exprimer des idées personnelles, les obligeant à s’engager, et se contentent de répéter ce qu’ils ont lu ou entendu dans leurs cours, voire de répéter le texte tout simplement. Au plan de la langue, il est regrettable de noter souvent une grande imprécision du vocabulaire : « el heredor » pour « el heredero », « por su puesto » pour « por supuesto », « la solestidad » pour « la soledad », « se regrupan » pour « se agrupan » ! Tous ces barbarismes nuisent à la qualité de la langue mais ils font également perdre tout sens à la phrase. L’orthographe est souvent aussi très fantaisiste : « quarísimo » pour « carísimo », « el merquado » pour « el mercado ». Certains mots sont dans le texte, il faut vérifier leur orthographe. Les accents, sont bien souvent absents ou « semés » au hasard. Les connaissances grammaticales sont parfois insuffisantes, surtout au niveau de la conjugaison, il est indispensable de revoir les temps du passé, pour ne pas écrire « hacio » ou « ganieron ». Un bon niveau de langue est indispensable pour rédiger clairement et ainsi faire comprendre ses idées. D’autre part la langue manque souvent d’authenticité : lorsque le correcteur lit une suite de proverbes ou d’expressions apprises par le candidat, comment peut-il évaluer son niveau de langue ? Mieux vaut connaître le verbe « reforzar » (et non « reinforzar », « reenforzar »), ne pas confondre « poner » et « poder», que d’écrire des expressions toutes faites et par ailleurs parfois mal assimilées. Toutefois, il faut noter cette année un effort de rigueur : majuscules, ponctuation, présentation des copies, mais encore certains problèmes de construction des phrases interrogatives, et parfois des « jeux de piste » qui entraînent le correcteur à suivre étoiles, croix, flèches pour connaître la phrase entière ; une pensée peu structurée s’avère souvent être la conséquence de tout cela. Au plan des connaissances, la précision est également de rigueur. Certains candidats affirment que Che Guevarra est au pouvoir à Cuba depuis 2000, d’autres que Chávez gagnera peut-être les prochaines élections ! Certains s’obstinent à « placer » des connaissances qui n’ont que peu de lien avec le sujet. Qu’à à voir « Zika » avec la question posée ? Attention, il faut toujours veiller à la justesse et à la pertinence des exemples. Au plan de la méthode, il convient de rappeler certains points : - Il est demandé de répondre aux questions en « environ » 250 mots, ce qui signifie qu’une marge de plus ou moins 10% est acceptée, mais en aucun cas un correcteur n’acceptera 350 voire 450 mots. Il est très facile au candidat de compter rapidement le nombre de mots en faisant une moyenne sur trois lignes et en comptant ensuite les lignes. Nul besoin de compter les mots un par un et de l’inscrire au fur et à mesure sur sa copie, ce qui rend la copie désagréable à corriger. - Recopier les questions s’avère inutile, surtout lorsqu’un candidat y ajoute des fautes. Quand le premier mot d’une copie est faux, l’impression est mauvaise. L’intégrer à sa réponse n’est pas une bonne solution non plus lorsque seuls 250 mots sont autorisés. Et bien évidemment la changer n’est pas une bonne idée. - La première question est une question de compréhension, la seconde une question de réflexion personnelle, il est donc nécessaire d’y répondre de la sorte et non d’essayer de « restituer des connaissances ». - La note attribuée tient compte à la fois de la langue (60% des points) et du contenu (40% des points) des réponses. Chacune des deux questions est notée séparément. Mais beaucoup de copies ont montré que les candidats étaient tout à fait capables et savaient utiliser ce qu’ils avaient appris au cours de leur scolarité. Pour se préparer au mieux, il convient de s’efforcer d’employer ses connaissances de façon authentique. Il ne faut pas hésiter à revoir les bases, afin d’éviter les grosses fautes lexicales et grammaticales, ce qui est très simple doit être su de façon irréprochable. Courage ! C’est accessible en fournissant un travail sérieux. Portugais Langue Vivante 1 – Rapport 2016 17 candidats ont présenté l’épreuve Langue Vivante 1 Portugais, rassemblant Traductions et Expression écrite. Le taux de participation a très légèrement baissé par rapport à l’année dernière. Les candidats présentaient dans l’ensemble un bon niveau de langue, d’aisance méthodologique et de capacité de réflexion d’où des notes bonnes, voire excellentes : la note la plus basse est 12, la note la plus haute 18,5, avec une moyenne autour de 14,7. On ne peut que se réjouir de ces résultats et féliciter candidats et préparateurs. Les textes proposés en traduction s’inscrivaient autour d’une même thématique : le temps et la façon d’organiser son temps ; sujet, ou problème, qui est toujours plus d’actualité. Les sources étaient tirées d’articles (Le Monde ; Notícias Magazine), lesquelles ne posaient guère de difficultés, lexicologiques et syntaxiques, pour des candidats de niveau 1. On a pu relever, encore cette année néanmoins, des disparités dans la maîtrise linguistique entre version (passage au français) et thème (passage au portugais). De fait la mauvaise maîtrise grammaticale d’une langue (le français) entraîne des difficultés dans le passage à la langue étrangère, et vice-versa. Mais, il est vrai que, comme l’année dernière, les disparités (pleine réussite dans un exercice ; lacunes singulières dans l’autre) sont bien moins marquées. Il n’est guère nécessaire de reprendre le catalogue des fautes récurrentes car des efforts ont été faits. Le jury relève ainsi beaucoup moins d’erreurs dans le placement des accents (erronés, oubliés) et moins de confusions avec la langue castillane. Des fautes, fluctuations ou distractions, existent encore qui se concentrent dans les copies les plus faibles, mais il y a eu un effort indéniable de la part des candidats. On attire encore l’attention néanmoins, en portugais et en français, sur l’indispensable maîtrise de modes temporels (indicatif, impératif, subjonctif…) et de la conjugaison (verbes réguliers / irréguliers) dont la méconnaissance, voire l’usage fluctuant, a sanctionné certaines copies (en traduction et en expression). Il en a été ainsi de copies à la lecture précipitée qui n’ont pas vu l’usage du conseil (impératif), les modalités du subjonctif, de la concordance des temps. De plus, nous attirons encore une fois l’attention sur une des difficultés majeures du portugais : la syntaxe du verbe, de l’adjectif. Des exercices, et surtout des lectures régulières (avec fiches), tant en français qu’en portugais, devraient combler des confusions, donc des erreurs, des solécismes et incorrections grammaticales, qui malmènent le rendu d’un exercice. Quant au lexique, il ne présentait pas de difficulté majeure en thème ; la version, de son côté, proposait nombre d’expressions issues de la vie quotidienne, et de locutions : là encore, les difficultés n’étaient pas insurmontables pour le candidat qui réfléchit et ne traduit pas derechef « à la lettre », exerçant ainsi son jugement et son sens de la langue. Réflexion, lecture attentive du texte, et d’un terme ou expression dans son contexte (donc analyse) permettent de contourner des écueils tels que la fuite en avant devant une difficulté (omission ; à proscrire), ou tels que barbarismes et gallicismes. Le texte proposé à l’expression écrite, tiré d’un magazine brésilien, offrait une panoramique d’études scientifiques sur l’alimentation de l’homme moderne (dont la « malbouffe »), les additifs et leurs conséquences, le problème du goût et du libre-arbitre. L’argumentaire (constructions, exemples) a été bien perçu et restitué, souvent avec des formulations autres que celles versées dans le sujet, et, pour les meilleures copies, avec un sens aigu de la synthèse et des priorités (mots-clés ; cœur du texte). Toutefois, on relève encore une certaine difficulté à rédiger, et à hiérarchiser leur propos, en raison de méconnaissances (ou mauvais usages) des locutions adverbiales et des connecteurs logiques ; on retrouve encore une paresse certaine dans la reprise servile de morceaux de phrases tirés du texte d’origine. L’exercice a été dans l’ensemble correctement traité, mais le jury doit avouer une déception certaine devant le catalogue de lieux communs qu’il a pu relever dans les copies, et ce surtout pour la deuxième question où une réflexion personnelle est la bienvenue, pour ne pas dire nécessaire. Réflexion assise sur des exemples et des arguments contradictoires ou pas. La « cuisine » est un élément à part entière d’une culture, d’un mode de vie et civilisation, d’une histoire et d’une histoire culturelle : type d’aliments ; mode de préparation ; usages culinaires ; cuisine « traditionnelle » et/ou revisitée par des « chefs » ; reconnaissance internationale ; évolutions alimentaires d’une société ; difficultés d’approvisionnement, de marché, de budget ; traditions culinaires face à la mode et aux pressions agro-alimentaires ; problèmes de santé et de nutrition, etc. Les mondes lusophones (en inter-dialogue, ou en dialogue avec le traitement national et international de ces thématiques évoquées dans le texte) offraient beaucoup à dire et à discuter. S’en tenir à des propos attendus sur les chaînes de fast-food prisées par « les étudiants » et le « travailleur moderne », l’omniprésence de la morue ou du « feijão », était, il faut l’avouer, pour le moins réducteur. En résumé : le jury n’exige pas une traduction parfaite ; son échelle de notation est modulée en fonction des difficultés d’un exercice. Il valorise le sérieux, la rigueur… C’est pourquoi on n’insistera jamais assez sur l’importance de la lecture d’un texte, qui est déjà traduction et interprétation ; et on n’insistera jamais assez sur la nécessité de lire (dans les deux langues) afin d’enrichir son vocabulaire et sa culture ; sur la nécessité d’un entraînement régulier ; sur la nécessité de maîtriser parfaitement la grammaire et l’orthographe. Et sur la nécessité de se relire absolument : nombre de fautes reposent, c’est toujours plus visible, sur l’inattention et la précipitation. L’épreuve de portugais exige, comme toutes les autres épreuves du concours, travail et préparation tout au long de l’année. Il ne suffit pas d’être né ou d’avoir vécu dans un pays de langue portugaise (comme il ne suffit pas d’avoir suivi des études en France pour maîtriser orthographe et grammaire) ; et, bien évidemment, avoir fait de l’espagnol n’est absolument pas la même chose qu’avoir étudié, ou qu’étudier, le portugais. Des lectures régulières de la presse et la sensibilisation à la culture des pays d’expression portugaise sont indispensables. Traductions et Expression vont donc de pair. Quelques outils Pour se préparer efficacement à l'épreuve et améliorer leur expression écrite, les candidats sont invités à consulter les manuels de grammaire, de vocabulaire et de méthodologie dont une liste suit. Cette liste n’a aucune prétention à l’exhaustivité. Ces ouvrages sont disponibles en librairie, dans des bibliothèques spécialisées. Nombre d’éléments sont en ligne. Les quotidiens de langue portugaise et brésilienne sont consultables sur internet, et nombre de médias en langue française offrent des textes (dossiers) concernant les pays de langue portugaise. Il faut ainsi relever l’intérêt de l’hebdomadaire Courrier International, sans oublier les dossiers du Monde ou du Monde Diplomatique. Instruments CEGALLA, D., Dicionário de dificuldades da Língua Portuguesa, Rio de Janeiro, Lexikon Editorial, 2009 (3 éd). e Dicionário de Língua Portuguesa contemporânea, 2 vols., Instituto de Lexicologia e Lexicografia da Academia das Ciências de Lisboa, Lisboa, Verbo, 2001 Dicionário Houaiss de Língua Portuguesa, Lisboa, Círculo de Leitores, 2002. ESTRELA, Edite, SOARES, Maria Almira, LEITÃO, M. José, Saber escrever. Saber falar. Um guia completo para usar corretamente a língua portuguesa, Lisboa, D. Quixote, 2004 HOUAISS, A. ; VILLAR, M. de Salles ; FRANCO, F.M. de Mello, Dicionário Houaiss de sinônimos e antônimos, Rio de Janeiro: Objetiva, 2003. LUFT, Celso P., Dicionário Prático de Regência Nominal, São Paulo, Ática, 2010 (5 éd). LUFT, Celso Pedro, Dicionário Prático de Regência Verbal, S. Paulo, Atica, 1997 (5ª edição). MORAIS, António de, Novo Dicionário Compacto de Língua Portuguesa, 5 vols, Lisboa, Confluência, 1994. Novo Dicionário Aurélio Buarque de Holanda, Rio, 1986. e Quelques liens sur Internet (dictionnaires) http://www.sinonimos.com.br/ http://www.cnrtl.fr/portail/ http://www.infopedia.pt http://www.dicionariodoaurelio.com http://www.ciberduvidas.com http://www.dicio.com.br/houaiss http://www.priberam.pt http://atilf.atilf.fr 1. Langue portugaise - Larousse da conjugação, de N. A. Freire (Porto Editora). - Grammaire active du portugais, de F. Carvalho Lopes et H. M. Longhi Farina (Le Livre de Poche, collection « Les Langues Modernes ») ; elle comporte exercices et corrigés. - Manuel de langue portugaise (Portugal – Brésil), de Paul Teyssier (Ed. Klincksieck). Grammaire très complète, pour spécialistes, qui montre les différences entre le portugais du Portugal et le portugais du Brésil. Une référence et un classique. - Pratique du Portugais de A à Z, de M. H. Araújo Carvalho et M. Boudoy (Hatier) ; comporte exercices variés et corrigés, ainsi qu’un fascicule, très utile, d’exercices avec les corrigés. - Prontuário de verbos com preposições, ed. António Tavares et Jorge Moranguinho, Paralelo Editora, 2008. Utile pour la connaissance et la maîtrise de la syntaxe. 2. Vocabulaire - Dictionnaire Larousse Français-portugais et portugais-français, Larousse Poche, Juin 2015. [100 000 mots, expressions avec leur traduction. Vocabulaire courant et actuel et grand nombre d'exemples pour repérer facilement la bonne traduction et connaître le contexte de chaque sens]. - 21 contos de autores lusófonos anotados para estrangeiros, de Gonçalo Duarte, (suit le nouvel accord orthographique), Lidel, 2016. Recueil de textes littéraires pour découvrir la littérature et la culture des pays de langue portugaise. L’ouvrage rassemble 21 auteurs contemporains et s’adresse à un public de niveau intermédiaire et avancé en portugais. Outre le texte original, annoté de manière synthétique, l’ouvrage contient également des exercices (lexique, grammaire, syntaxe). - Du mot à la phrase – Vocabulaire portugais contemporain, de A. Leitão-Heymann et M. d. C. Martins Pires (Ed. Ellipses) ; montre les différences entre le portugais du Portugal et le portugais du Brésil au niveau lexical. - Du tac au tac portugais – Plus de 1500 phrases prêtes à l’emploi, de Delphine Vanhove (Ed. Ellipses). - Le portugais en un clin d’œil, de A. Leitão-Heymann et M. d. C. Martins Pires (Ed. Ellipses) ; cet ouvrage réunit de très nombreuses expressions idiomatiques. - Vocabulaire portugais – Portugal/Brésil, de Solange Parvaux, Jorge Dias da Silva et Nina Atsuko Mabuchi (Pocket). 3. Méthodologie REI, José Esteves, Curso de Redação I. A Frase, Porto, Porto Editora, 1994./ Curso de Redação II. O Texto, Porto, Porto Editora, 2000. Saber Escreve, Saber Falar – Um Guia Completo para Usar Correctamente a Língua Portuguesa, d’Edite Estrela, Maria Almira Soares et Maria José Leitão (Lisbonne, Dom Quixote, 2004). Cet ouvrage offre une rigoureuse méthodologie de l’expression écrite, insistant sur la clarté de l’expression et la correction de la langue, et aborde quelques aspects méthodologiques comme les citations ou les références bibliographiques. 4. Langue française Le français de A à Z, de Bénédicte Gaillard (Ed. Hatier) ; Le français correct pour les Nuls, de Jean-Joseph Julaud (First Editions). BLED, É., Bled conjugaison, Paris : Hachette, 1998. ________, Bled orthographe, Paris : Hachette, 1998. Écrire, parler : les 100 difficultés du français, Paris : Garnier, 1986. GARDES-TAMINE, Joëlle, La grammaire. 2. Syntaxe. Paris : A. Colin, 2010. PORTUGAIS Langue Vivante 2 7 candidats ont présenté l’épreuve de portugais Langue vivante 2 (traductions et expression). Ce taux est en constante progression mais reste encore faible eu égard à l’importance de la langue. Les épreuves de traduction (thème et version) et l’exercice d’expression portaient sur une même thématique : l’art et la parole, la mémoire et la transmission dans un monde en crise. Deux auteurs contemporains, bien connus en France, étaient privilégiés : le dramaturge et directeur du Théâtre Dona Maria II de Lisbonne (Tiago Rodrigues) ; le romancier et parolier Valter Hugo Mãe. L’un a vu ses productions théâtrales largement divulguées en Europe et au Brésil ; le second est régulièrement traduit. Ainsi le thème évoque-t-il un spectacle de T. Rodrigues, By Heart, qui a fait (et fait toujours) l’objet de nombre de représentations. C’est une performance qui traite de la parole, du livre gardé, non sous les yeux, mais en mémoire pour lutter contre l’effacement. Par réponds, la version, sous la plume de V. Hugo Mãe, fait l’éloge de la bibliothèque, du livre qui traverse les années, les hommes. Fondant les deux textes, et analysant les enjeux de cette thématique dans le monde contemporain, le texte proposé à la discussion reprend une entrevue de Tiago Rodrigues : ce dernier parle du Portugal, du rôle des arts, de la parole sur scène et de la portée de la transmission dans un monde en crise. Les notes obtenues par les candidats sont très disparates : elles se distribuent entre 08 et 20, la moyenne tourne autour de 13,7 ; l’écart est flagrant entre des copies oscillant entre 8 et 12, et des copies partagées entre 17,5 et 20. La maîtrise linguistique – connaissance des bases du portugais et du français – reste un point crucial. Le jury module sa notation en fonction des difficultés de l’exercice proposé et du niveau. Il n’exige pas de traduction parfaite (qui n’existe pas), mais une traduction aussi correcte que possible au plan de la grammaire et du sens. Cette dernière repose sur une lecture très attentive du texte, une connaissance de la grammaire (verbes, modes, conjugaisons) et un souci de la syntaxe (aussi bien en français qu’en portugais). Il y a encore trop d’omissions dans les copies les plus faibles (signe de paresse, de non-investissement), de confusions fréquentes avec le castillan (accents ; orthographe ; terminologie), et les erreurs en français sont, ici et là, alarmantes (accords ; conjugaison ; confusions dans les modes ; incorrections grammaticales). Certaines copies montrent que la connaissance du portugais est très « oralisante », pour ne pas dire phonétique (le système des diphtongues, les nasales, « o » / « u »…). Là encore insistons sur la nécessité de lire, d’écrire régulièrement et de faire des fiches d’orthographe, de grammaire, de locutions. Ignorant un mot, le candidat adopte l’omission, ou une hypothétique tournure française (barbarisme) alors que l’analyse du contexte peut permettre d’arriver à un sens et d’avancer une proposition. Une solution (synonyme, analogie, périphrase par exemple), même inexacte, sera toujours plus valorisée que le blanc ou le barbarisme… La connaissance de la grammaire doit être contrôlée : on assiste à la prolifération de la confusion entre « nós » et « nos », par exemple, ou entre le « por » et le « para », sans oublier le traditionnel « ser » et « estar ». Rappelons que la ponctuation constamment négligée (placement, par exemple, de la virgule…) entraîne la sanction. Le sujet proposé pour l’expression a suscité l’intérêt des candidats, ce dont on ne peut que se réjouir. On a pu lire des propos pertinents et apportant leur propre réflexion et/ou suggestions à la table de discussion. Il faut cependant reconnaître que des faiblesses grammaticales ne peuvent que porter préjudice. On a pu lire ainsi une copie qui présentait des qualités de réflexion mais qui était indigente au point de vue linguistique, multipliant les fautes d’orthographe, de conjugaison… On note aussi que certains veulent avancer une réflexion qui se révèle peu claire, donc peu concluante, car les mots/connecteurs logiques leur font défaut. Quant à l’exercice, et à ses exigences, nous ne pouvons que renvoyer les candidats à la lecture du rapport de l’année dernière. Pour les deux exercices (traductions ; expression), le jury invite les candidats à prendre le temps de la relecture et à surveiller la graphie et la ponctuation. Il invite aussi les étudiants à lire, à écrire et à multiplier les exercices tout au long de l’année. L’épreuve demande, comme toutes les autres, travail et entraînement réguliers. Quelques outils Pour se préparer efficacement à l'épreuve, les candidats peuvent consulter les manuels de grammaire, de vocabulaire et de méthodologie dont une liste suit. Cette liste n’a aucune prétention à l’exhaustivité. Ces ouvrages sont disponibles en librairie, dans des bibliothèques spécialisées. Nombre d’éléments sont en ligne. Les quotidiens de langue portugaise et brésilienne sont consultables sur internet, et nombre de médias en langue française offrent des textes (et dossiers) concernant les pays de langue portugaise. Il faut ainsi relever l’intérêt que représente la lecture, au point de vue culturel et des thématiques historiques et d’actualité, de l’hebdomadaire Courrier International, sans oublier les dossiers du Monde et du Monde Diplomatique. Instruments Dicionário de Língua Portuguesa contemporânea, 2 vols., Instituto de Lexicologia e Lexicografia da Academia das Ciências de Lisboa, Lisboa, Verbo, 2001 Dicionário Houaiss de Língua Portuguesa, Lisboa, Círculo de Leitores, 2002. ESTRELA, Edite, SOARES, Maria Almira, LEITÃO, M. José, Saber escrever. Saber falar. Um guia completo para usar corretamente a língua portuguesa, Lisboa, D. Quixote, 2004 HOUAISS, A. ; VILLAR, M. de Salles ; FRANCO, F.M. de Mello, Dicionário Houaiss de sinônimos e antônimos, Rio de Janeiro: Objetiva, 2003. LUFT, Celso P., Dicionário Prático de Regência Nominal, São Paulo, Ática, 2010 (5 éd). LUFT, Celso Pedro, Dicionário Prático de Regência Verbal, S. Paulo, Atica, 1997 (5ª edição). MORAIS, António de, Novo Dicionário Compacto de Língua Portuguesa, 5 vols, Lisboa, Confluência, 1994. Novo Dicionário Aurélio Buarque de Holanda, Rio, 1986. e Quelques liens sur Internet (dictionnaires) http://www.sinonimos.com.br/ http://www.cnrtl.fr/portail/ http://www.infopedia.pt http://www.dicionariodoaurelio.com http://www.ciberduvidas.com http://www.dicio.com.br/houaiss http://www.priberam.pt http://atilf.atilf.fr 1. Langue portugaise - Grammaire active du portugais, de F. Carvalho Lopes et H. M. Longhi Farina (Le Livre de Poche, collection « Les Langues Modernes ») ; elle comporte exercices et corrigés. - Manuel de langue portugaise (Portugal – Brésil), de Paul Teyssier (Ed. Klincksieck). Grammaire très complète, un classique. - Pratique du Portugais de A à Z, de M. H. Araújo Carvalho et M. Boudoy (Hatier) ; comporte exercices variés et corrigés, ainsi qu’un fascicule, très utile, d’exercices avec les corrigés. - Prontuário de verbos com preposições, ed. António Tavares et Jorge Moranguinho, Paralelo Editora, 2008. Utile pour la connaissance et la maîtrise de la syntaxe. 2. Vocabulaire - Dictionnaire Larousse Français-portugais et portugais-français, Larousse Poche, Juin 2015. [100 000 mots, expressions avec leur traduction. Vocabulaire courant et actuel et grand nombre d'exemples pour repérer facilement la bonne traduction et connaître le contexte de chaque sens]. - 21 contos de autores lusófonos anotados para estrangeiros, de Gonçalo Duarte, (suit le nouvel accord orthographique), Lidel, 2016. Recueil de textes littéraires pour découvrir la littérature et la culture des pays de langue portugaise. L’ouvrage rassemble 21 auteurs contemporains et s’adresse à un public de niveau intermédiaire et avancé en portugais. Outre le texte original, annoté de manière synthétique, l’ouvrage contient également des exercices (lexique, grammaire, syntaxe). - Du mot à la phrase – Vocabulaire portugais contemporain, de A. Leitão-Heymann et M. d. C. Martins Pires (Ed. Ellipses) ; montre les différences entre le portugais du Portugal et le portugais du Brésil au niveau lexical. - Du tac au tac portugais – Plus de 1500 phrases prêtes à l’emploi, de Delphine Vanhove (Ed. Ellipses). - Le portugais en un clin d’œil, de A. Leitão-Heymann et M. d. C. Martins Pires (Ed. Ellipses) ; cet ouvrage réunit de très nombreuses expressions idiomatiques. - Vocabulaire portugais – Portugal/Brésil, de Solange Parvaux, Jorge Dias da Silva et Nina Atsuko Mabuchi (Pocket). 3. Méthodologie REI, José Esteves, Curso de Redação I. A Frase, Porto, Porto Editora, 1994./ Curso de Redação II. O Texto, Porto, Porto Editora, 2000. Saber Escreve, Saber Falar – Um Guia Completo para Usar Correctamente a Língua Portuguesa, d’Edite Estrela, Maria Almira Soares et Maria José Leitão (Lisbonne, Dom Quixote, 2004). Cet ouvrage offre une rigoureuse méthodologie de l’expression écrite, insistant sur la clarté de l’expression et la correction de la langue, et aborde quelques aspects méthodologiques comme les citations ou les références bibliographiques. 4. Langue française Le français de A à Z, de Bénédicte Gaillard (Ed. Hatier) ; Le français correct pour les Nuls, de Jean-Joseph Julaud (First Editions). BLED, É., Bled conjugaison, Paris : Hachette, 1998. ________, Bled orthographe, Paris : Hachette, 1998. Écrire, parler : les 100 difficultés du français, Paris : Garnier, 1986. RUSSE LV2 Tatiana Bottineau Au concours 2016, vingt-quatre candidats se sont présentés aux épreuves écrites de russe en LV2 ELVi. Les notes s’échelonnent de 05/20 à 15,5/20, la moyenne générale étant de 11,3/20. Les notes attribuées aux épreuves sont assez homogènes : en thème, la moyenne est de 11/20, en version la moyenne est 12/20, en expression écrite elle est de 11/20. La baisse générale du niveau est indéniable et concerne aussi bien les connaissances en russe qu’en français, avec de nombreuses fautes d’orthographe dans les deux langues, mais cette baisse affecte également le niveau de la culture générale des candidats, que ce soit l’histoire ou la géographie de la Russie. Ainsi, dans plusieurs copies il y a une confusion entre la Deuxième Guerre mondiale et le conflit en Ukraine ; dans d’autres, les candidats confondent les noms de Gagarine et de Gorbatchev, ont une vision approximative de ce que c’est la Crimée ou la région de la Volga. Certes les heures de cours de russe en classe préparatoire ne permettent pas d’acquérir des connaissances solides en histoire, mais la lecture de la presse, russe ou française, devrait faciliter la compréhension des faits qui ont marqué l’actualité de l’année en cours. Consacré à la « génération Poutine », le texte proposé à l’épreuve de l’expression écrite dressait le portrait de la jeunesse russe et plus particulièrement celui des étudiants des grandes écoles russes, future élite du pays. Le niveau de grammaire et des connaissances du vocabulaire sont assez faibles. A titre d’exemple, aucune copie ne pourrait être citée où le substantif « Crimée » était correctement décliné au locatif. Les gallicismes sont très présents, ce qui faciliterait l’expression, mais encore faut-il savoir les décliner. A l’évidence, les déclinaisons sont devenues la difficulté majeure des candidats, ce qui est un phénomène relativement récent. Rares sont les copies avec une bonne orthographe. En revanche, le contenu des réponses aux questions posées a souvent été personnel et intéressant à découvrir, malgré la difficulté de le lire et de le comprendre, en raison du faible niveau grammatical et lexical des copies. Le texte proposé à la traduction du français vers le russe portait sur la coopération franco-russe pendant la Deuxième Guerre Mondiale et sur l’escadrille Normandie-Niemen. Apparemment, peu de candidats connaissaient ce fait du passé commun aux deux pays. La traduction du mot « pilote » a posé des difficultés, alors que c’est le même mot en russe. Il est étonnant de constater qu’un nombre important de candidats ne sait pas traduire les mots « croix », « étoile » et même l’adjectif « rouge ». Dans plusieurs copies, des contresens ont été relevés, notamment à cause du mauvais emploi de l’instrumental, ce qui faisait comprendre que les pilotes français ont combattu les pilotes russes. Il est surprenant de voir que la marque du genre en russe, une des règles de base que l’on apprend dès les premiers cours au collège, est ignorée par des candidats des concours aux grandes écoles. Le texte proposé à la traduction du russe vers le français portait sur la question nationale en Russie. Le texte russe comportait un nombre important de termes du vocabulaire international faciles à comprendre et à traduire, pourtant les résultats sont décevants. Peu de candidats ont proposé une traduction correcte du titre de l’article qui ne présentait pourtant pas de difficulté particulière. Là encore, les lacunes en vocabulaire sont importantes : beaucoup de candidats ne connaissent pas l’expression russe signifiant « opinion publique », ni les mots comme « coopération », « attitude », « respect », etc. qui appartiennent au vocabulaire de base. Sans doute ces lacunes sont-elles la cause des traductions très libres, voire fantaisistes, qui peuvent aboutir à des contresens, comme c’était le cas, par exemple, dans la dernière phrase du texte. Pour conclure, il est très souhaitable de renforcer les efforts dans l’apprentissage de la grammaire et d’encourager les candidats à lire régulièrement la presse russe afin d’améliorer le niveau du vocabulaire et la connaissance du pays et de ses actualités. Arabe - 2016 Remarque générale Des copies en nombre inhabituel sont inachevées. Il manque parfois deux ou trois lignes à une réponse qui semble recopiée à la hâte. Dans d'autres cas, c'est un exercice entier qui manque. Certaines copies inachevées sont si proprement écrites qu'il est aisée de penser que leurs auteurs s'étaient imposé de tout écrire d'abord sous forme de brouillon. Or à ce niveau d'études, il convient de savoir répondre directement, à l'aide de notes et non d'un brouillon extensif. Il s'agit naturellement d'un problème de méthode, aggravé par la difficulté de gérer le temps imparti, devenu global pour l'ensemble des exercices. Néanmoins, une nette majorité a réussi à s'organiser pour rendre des réponses complètes, et parfois excellentes. LV1 Nombre de copies : 503 Moyenne : 12,51 / 20 Notes allant de 0.5 à 20 Traduction Thème Le texte n'aurait pas dû poser un problème de compréhension. Pourtant, il y a lieu d'en douter car les approximations ont été nombreuses. Sans doute s'agit-il de manque de vocabulaire pour rendre le sens exact. Mais cela n'excuse pas le manque de rigueur qui dénature totalement le propos. Passons sur des mots comme البنانسيل/ الفرونكوفونيون/ الغولفqui indique clairement l'ignorance du candidat de certains détails. Cela est compté comme une omission et l'auteur de la réponse le sait d'avance. Mais quand le "Golfe" devient الرشق األوسط, "Orient" est transformé en التوجه, "émergence" en الهجرة, "irakienne" en أوكرانية, on peut se poser des questions. En réalité, la raison en est claire : un peu de précipitation et une préparation insuffisante, auxquelles s'ajoute une culture générale très fragile, et nous voilà face à un alliage synonyme d'échec inéluctable. Parfois c'est un manque de maturité qui piège le candidat. Certains candidats ne se sont pas posé de question pour traduire "littérature". Les souvenirs de leur scolarité récente les a conduit à proposer املطالعة/ القراءة/ اللغة العربية/ اللغة. C'est naturellement inacceptable. Cette légèreté face au texte va parfois plus loin. Les "sociétés" deviennent مقاوالت/ رشكات. Pire : "en prendre" se transforme en التعلم. Mais la palme de la faute la plus grave revient aux candidats qui ont transcrit le nom du romancier d'une manière spéciale, synonyme d'une rupture flagrante avec la langue arabe : ! عبدولQue l'on fait naître de surcroît ! بأمان On ne le dira jamais assez : il faut lire en arabe. Des romans de préférence. Et si possible tous les jours. Mais aussi il faut rédiger, et surtout observer les textes arabes avec attention pour ne pas imposer à l'arabe les règles du français. Version Le texte proposé est exceptionnellement bien écrit. Il est ironique, truphé d'images et d'expressions littéraires mais courantes. Au-delà de son élégance, la qualité littéraire du texte fait en sorte que son sens général soit limpide. En effet, la quasi totalié des candidats l'a très bien compris. Mais c'est au niveau de certains détails que des dérapages se sont produits. Et la raison en est toujours technique. La première est le flou qui entoure le statut du verbe : direct ou indirect ? Et quelle préposition l'accompagne dans ce dernnier cas ? L'habitude de tout lire en français conduit certains candidats à ne pas voir la préposition. Ainsi, un lourd contresens est commis dès la traduction du tire. Le terme رفع indique une augmentation alors qu'il s'agit de suppression. La préposition عنest passée inaperçue. Cette observation grossière du texte multiplie les glissements du sens : فوضناهاdevient "nous l'avons négociée", السلعse transforme en "arme", يدافعdevient "il pousse", et السودانqui, miracle, devient "la Suède". Ce sont des fautes impardonnables. Elles enlèvent au texte tout son sens. Les candidats doivent se rappeler que la traduction n'est pas une simple transposition des mots les uns après les autres. La deuxième raison technique expliquant les fautes vient des homographes, très nombreux en arabe, contrairement au français. Occasion de plus pour réfléchir au sens du texte. Sauf si le candidat considère que l'absurde est de mise, du moins de temps en temps, même dans un texte aussi bien écrit. Ainsi, certains ont vu un "projet" dans والخيال أمر مرشوع, "avant nous" dans وسيادته املفوض من قبلنا, "qui a le droit ?" dans ومن حقنا أن نسأل, "fièvre" dans حامي حمى املال واألعامل. Naturellement, le candidat qui a écrit "le protecteur de la fièvre" ne croyait pas à ce qu'il écrivait. Pourquoi l'a-t-il fait alors, sinon parce qu'il pensait qu'on lui demandait de traduire une suite de mots et non un texte porteur d'une pensée. Les meilleurs candidats étaient bien préparés et ont proposé une traduction bien articulée, lisible, précise. Il ne leur a pas échappé que les termes portant la marque du féminin à la fin du texte (/ العالمة )الفهامةse rapportaient au ministre, là où d'autres ont cherché un équivalent féminin en français comme "information" et "compréhension". Les approximations en tous genres ont été au rendez-vous : رجل اقتصاديest parfois rendu par "un homme économique", voire "un homme économe", الوزيرest promu "président" et du coup وزارتهdevient "sa présidence", جمهوريةs'affiche comme "royaume" ou "pays", األهليةdevient par miracle "population" ou "pouvoir". Comment faire donc pour réussir cet exercice ? Il faut commencer par considérer que le texte a un sens. Ensuite, cerner les difficultés qui résident dans les détails, au niveau du vocabulaire ou de la syntaxe. Puis essayer de rendre le sens dans un français correct. Naturellement, pour y parvenir, il n'y a que l'exercice régulier et méthodique sous la direction d'un professeur. Expression Avant tout signalons les tendances actuelles dans le monde des fautes en arabe. Ce qui est à la mode, c'est le désordre qui caractérise l'emploi des présopsitions. Dans cette compétition, la préposition عنjouit d'une popularité étonnante : يوضح عن/ يدل عن/ ينصح عن/ يشيـر عن/ يعتمد عن/ يفكر عن. Il y a ensuite كـ qui se pointe chaque fois que l'équivalent français s'enchaîne avec "que". Tant pis pour من, normalement indispensable après un comparatif. On trouve souvent أكرث كـ. Enfin le traitement réservé à la conjonction de coordination وest particluièrement irritant. Le وne doit pas être détaché du mot suivant. Il ne saurait apparaître en fin de linge. Ces quelques exemples relèvent d'une tendance qui s'aggrave d'année en année. Le texte, tiré d'un journal soudanais, est très clairement structué et ne comporte pas de difficulté particulière. Presque tous les candidats l'ont bien compris. Même ceux qui sont adeptes de la paraphrase. Certains d'entre eux l'ont pratiquée avec pertinence et subtilité, d'autres avec moins de bonheur. Heureusement que bon nombre de candidats n'ont pas cédé à cette tentation et ont mené une véritable réflexion sur la notion de la volonté collective, celle de vivre, en temps de crise ou de guerre, celle de créer et celle d'inspirer autrui. Beaucoup d'idées intéressantes ont été développées. Mais une étrange réticence s'est manifestée dans beaucoup de copies, une sorte de peur d'interpréter le sens de la créativité évoquée par l'auteur. Celui-ci cite l'Egypte comme exemple non seulement de créativité, dans tous les domaines, mais aussi d'envie d'inspirer les autres pays arabes. Or il aurait été facile de comprendre que cela concerne aussi bien l'art (cinéma, musique, surtout) que la littérature (roman, théâtre, poésie), le sport, la presse, l'édition... Hélas, beaucoup de candidats se sont abstenus de donner des exemples pour illustrer un propos trop théorique et abstrait. Quelques candidats ont fait preuve d'originalité. En réponse à la deuxième question, ils ont démontré en quoi les critères de l'auteur ne s'appliquaient pas à tous les pays. Cela reste malheureusement minoritaire. Il faut rappeler que l'opinion du candidat n'est pas jugée. Seules la cohérence, la clarté du propos, la pertinence de la réponse, et la correction de la langue (grammaire, précision, concision) sont prises en compte dans l'évaluation. LV2 Nombre de copies : 158 Moyenne : 11.11 / 20 Notes allant de 0.5 à 20 Traduction Thème A part quelques excellentes copies, le défaut qui domine est celui d'une traduction trop littérale, parfois même en mot-à-mot, faisant fi des règles syntaxiques de l'arabe. Parfois le texte est organisé à la française, avec une citation précédant l'identité du sujet ou le verbe "dire". Même si certains journaux banalisent une telle tendance, cela reste hors norme dans la plupart des pays arabes et risque d'affaiblir les documents ainsi rédigés. La traduction du texte proposé, relatif à un sujet d'actualité connu de tous, a révélé d'autre part un manque réel de lecture chez bon nombre de candidats. A tel point qu'une majorité écrasante parmi ces derniers ne savait pas comment traduire "chancelière". Ainsi Angela Merkel devenait-elle / سفرية/ نائبة ممثلة عامة/ سفرية للنوايا الحسنة/ حاكمة/ عاهلة/ رئيسة/ ممثلةet quelques fois tout simplement ! آنسةC'est bien plus inquiétant que de traduire "chance" par ( حظmieux vaut dire فرصةou )فرصة ثـمينةou "réfugiés" par ( هاربيـن من الحربmieux vaut dire ) الجئيـن. Il est manifeste que tous les candidats n'ont pas pratiqué la lecture en arabe, et encore moins l'expression. La preuve en est le nombre non négligeable de copies qui ne donne pas de traduction du texte. Sans doute est-ce à cause de la difficulté de gérer le temps imparti. Les fautes relatives à la grammaire sont classiques : accords mal maîtrisés, emploi erroné des prépositions, orthographe. Enfin, rappelons qu'il est important de bien maîtriser l'articulation du texte en arabe. L'emploi précis des conjonctions doit faire partie de la préparation. Version Si l'ensemble du texte est en général compris, quelques détails sont révélateurs de lacunes sérieuses. Certaines de ces dernières viennent de la précipitation habituelle dans une épreuve de concours. Or c'est là le principal danger dans cet exercice. Il faut se donner du temps pour bien saisir les grandes lignes du texte avant de se mettre à le traduire. Ainsi pourra-t-on éviter de voir un "chauffeur de taxi" dans عامل األجرة اليومية ou que quelqu'un "courait" dans كام كان يجري قبل عدة سنوات. Cette même précipitation explique le fait que le candidat voie avec justesse le sens de ( صعودmontée, hausse, augmentation...) dans صعود األسعارet le déformer dans صعود عيىسtraduit par "Saoud Issa". Un troisième exemple : certains candidats ont surtout retenu de ثالثة أضعافqu'il y a "trois" et se sont permis d'imaginer qu'il s'agissait de "trois pour cent" ou "trois points" ou "trois centimes". De même, quelques candidats ont réussi à apercevoir la ville du Caire dans الظروف القاهرة. Une minorité, heureusement. Enfin, un nombre non négligeable de copies partage les mêmes omissions et surtout de ces deux expressions : حاله أضحى حال األغلبية العظمى/ حذا حذوه. C'est encore la précipitation qui fait oublier qu'un ثاءn'est pas un تاءet que ثـامرne sauraient être des "dattes". Est-ce la tension du concours qui laisse écrire "des branches d'olivier portant des dattes mûres"? Sans doute. Un autre exemple : يحذون حذوه, puisque mal prononcés, ces deux mots ont résonné parfois avec le sens vague de "limite". Et voilà que certaines copies proposent "les voisins lui ont fixé des limites". Un candidat dialectophone doit être conscient des risques d'erreur spécifiquement dûs à sa propre pratique de l'arabe oral. Cela fait partie de la préparation au concours. Visiblement, ce n'est pas un souci partagé. Même si le texte contient un certain nombre de difficultés, et la correction en tient compte, on ne peut que s'étonner de voir que des termes aussi communs que فؤوس/ سلع/ رزمة/ لعينة/ قرية/ تلpuissent poser problème et devenir "montagne, campagne, longue, poignée, choses, couteaux". Il va de soi que seule la lecture régulière en arabe, par n'importe quel moyen, sur papier ou sur écran, de textes bien écrits permettra une bonne préparation. Expression La difficulté de bien gérer le temps imparti est sans doute à l'origine d'un certain déséquilibre de qualité entre la traduction, faite avec soin, et l'expression, qui semble avoir été baclée, faute de temps. Parfois, il semble que la raison en est de mauvaises habitudes, scolaires : tout faire sous forme de brouillon puis recopier proprement. La préparation devrait surmonter cette difficulté, en apprenant à rédiger directement au propre, après avoir bien préparé les notes nécessaires. A l'inverse, certains candidats ont commis moins de fautes de langue en expression qu'en traduction. Dans ce cas, le manque de préparation concerne l'exercice de traduction. Le texte a été bien compris. Tant et si bien que la tentation de la paraphrase, souvent pertinente, a empêché certains candidats de mener à bien leur propre réflexion. Cette aptitude à bien comprendre un texte aussi long contraste avec la qualité parfois médiocre de l'expression. Là aussi, il s'agit d'un manque d'exercice. Les questions posées sur le texte sont parfaitement claires. Le jury espérait que, pour une fois, aucun candidat n'allait tomber dans le hors sujet. Manqué ! Heureusement, cela reste minoritaire. Un propos tout préparé sur le tourisme est aligné sans tenir compte de la précision des questions, qui demandaient quelles solutions sont proposées par l'auteur du texte, dans la première partie, et quels moyens pouvait-on imaginer pour développer le tourisme "intérieur" et "inter-arabe", dans la deuxième (1). Cela étant dit, le jury ne peut que se féliciter de la richesse de réflexion dans une grande partie de copies sur le potentiel d'un tourisme réussi dans le monde arabe. Au-delà des idées déjà avancées par l'auteur du texte sur les voyages liés au pèlerinage, aux activités sportives ou aux congrès et conférences, certains candidats ont évoqué les voyages scolaires, les circuits permettant de réunir loisirs et découverte des produits d'artisanat, ainsi que les cures thermales. L'importance de faire connaître ce potentiel est soulignée par tous, avec une utilsiation plus moderne des moyens d'information et de la publicité. Souvent il est question de patrimoine, de la nécessaire sécurité, de prix abordables, loin des normes européennes, d'activités adaptées au public arabe, etc. Et certains candidats poussent le rêve plus loin pour souhaiter un espace "arabe" sur le modèle de l'Espace Shengen, sans visa ni entrave. L'exercice qui consistait à réfléchir et répondre à cette question semble avoir fait découvrir à certains candidats l'énorme potentiel économique au travers du tourisme qui existe au sein même du monde arabe. Rappelons enfin l'importance dans toute situation de savoir correctement écrire les noms propres, à commencer par ceux des lieux géographiques. ————————— (1) Un candidat commence tous ses paragraphes par ناهيك عن. On se demande quel sens il donne à ce connecteur et par quel cheminement il est arrivé à l'adopter avec autant de conviction. LES EPREUVES ORALES DE LANGUES VIVANTES ALLEMAND Harald HELMHOLTZ Epreuves orales Rapport au jury d’admission 2016 55 candidats LV 1 et 193 LV 2 Déroulement de l’épreuve orale Les épreuves orales de langues étrangères sont organisées comme des entretiens. Deux examinateurs sont présents pour l’épreuve de première langue, un seul examinateur en seconde langue. Elles permettent d’évaluer notamment les compétences linguistiques et l’aisance dans une conversation. LV 1 : Langue du texte : Français Le jury est composé de deux examinateurs. Après trente minutes de préparation, les candidats passeront une épreuve orale de 30 minutes. Ils ont le droit de prendre des notes et de s’y référer. Première partie (un tiers du temps approximativement) : Le candidat présente les idées essentielles du texte et un commentaire sur son texte qui est tiré d’une publication ou d’un article de la presse francophone. Les examinateurs écoutent. Le cas échéant, ils interviennent pour demander une précision. Deuxième partie (un tiers du temps approximativement) : Ensuite, les examinateurs poseront des question et échangeront avec le candidat sur le sujet. Possibilité d’approfondir certains points si nécessaire. Le jury restera dans le cadre d’un examen de langue. Troisième partie (un tiers du temps approximativement) : A partir des questions posées par les examinateurs, on débouche sur un entretien libre. Ces questions sont exclusivement répertoriées dans une liste donnée le jour même. LV 2 : Langue du texte: langue cible Le jury est composé d’un seul examinateur Le candidat dispose de 20 minutes de préparation, et il aura 20 minutes pour une épreuve proche de la même nature que la LV1, à savoir les trois parties : résumé et commentaires, échange d’idées sur le sujet et finalement les questions de l’examinateur. IMPORTANT : il est à noter que la première partie de l’oral n’est pas un exercice de lecture à voix haute. Bien que les candidats puissent prendre des notes lors de la phase de préparation, il est rappelé que le but de l’oral est de montrer sa capacité à comprendre la langue parlée et à échanger dans la langue dans un contexte précis. Ceux qui se contentent de lire simplement un texte préparé se pénalisent lourdement. Nombre de candidats et les moyennes Admissibles à l’épreuve Langue vivante 1 Langue vivante 2 Candidats 55 200 Moyenne 14.32 13.07 Admissible 1 ère liste Langue vivante 1 Langue vivante 2 Candidats 39 99 Moyenne 15.12 12.75 Difficultés spécifiques rencontrées par les candidats lors des trois phases de l’examen oral Le candidat dispose de 20 voire 30 minutes de préparation. Maitrisant plusieurs techniques, il laisse une impression très positive avec 25% de très bons et 62.5 % de bons. Figure 1 La première partie de l'oral Dès la deuxième phase, l’examinateur intervient après le commentaire présenté par le candidat. Il posera des questions et s’attendra à une réponse pertinente et approfondie. Les candidats mobilisent un savoir en lien avec l'actualité des pays de langue allemande en ayant parfois des difficultés à ne pas "plaquer" des connaissances apprises durant leur préparation au concours. Certains candidats se distinguent par la finesse de leur analyse et la pertinence de leur réponse. Figure 2 La deuxième partie de l'oral Pendant la troisième phase, les sujets de la conversation sont annoncés sur place. Savoir réellement dialoguer devient un atout. Ceux qui balbutient ou se sentent bloqués sont fortement désavantagés. Figure 3 La troisième partie de l'oral Les forces et les faiblesses qui caractérisent la prestation de bon nombre de candidats. Pour un francophone , la prononciation, l’intonation ou l’accent tonique en Allemand ne sont pas des critères extrêmement discriminants ; les examinateurs sont d’accord pour considérer la prononciation comme bonne, à presque 90 %, donc un fort accent se faisait remarquer. Figure 4 Prononciation Egalement, pour le débit, une majorité importante l’évalue comme très bon et bon, uniquement dans 12.5 pourcent des cas, comme moyen. Figure 5 Débit La grammaire. Jugement lapidaire des jurys sur la maîtrise la la grammaire : « Le niveau de grammaire mériterait souvent d'être amélioré » Plus de la moitié des évaluations sont moyenne ou plutôt faible, seulement un tiers peut se considérer comme bon. Figure 6 La grammaire Parmi la liste de ‘problèmes’ : La grammaire : - la conjugaison : o participes des verbes faibles *gegründen, o et des verbes non-faibles : * geschreibe, *verschwindet (statt verschwunden) *vergleicht, *empfangt, o les participes à la place de l‘infinitif o les verbes forts au passé: *lasste (statt : liess) - les auxiliaires et les modes : confusion de wurde et de würde - passif –confusion de sein et werden - la déclinaison, vu que les genres de noms sont inconnus - choix des prépositions :* für finanzielle Gründe, * in Deutschland kommen, Bundesebene, *Vertrauen an *in Le vocabulaire et les expressions courantes et idiomatiques. Contrairement à la grammaire, le vocabulaire de base semble acquis les pour deux tiers des candidats. Néanmoins, surtout en LV 2, il y a des lacunes inquiétantes. Figure 7 Le vocabulaire Parmi la liste de ‘problèmes’ : Des imprécisions : im Jahre 213, die Sozialmarkt-Wirtschaft, der Süd, die Landeswahl, Leute föderalisieren, bauen (statt: gestalten), die *Britanier, Zusammenhaltung (statt : Zusammenhalt) „anglais“ en tant que adjectif: die* Engländer Politiker Anglicismes : personal statt persönlich Des gallicismes: Schwierigkeiten gekannt haben, beaucoup de phrases commençant par: Es gibt … Parmi les points positifs Un vocabulaire spécifique adapté die Krise verschärfen, die Solidarität fördern, Sozialleistungen einführen, sich enttäuscht abwenden, eine Säule der Politik, das Gefühl der Ohnmacht, sich in etwas wieder erkennen , eindämmen La cohésion du texte En dehors des questions de grammaire, de prononciation et du lexique, un aspect essentiel souvent ignoré ou traité sans l’approfondir est ce que nous pourrions appeler le langage et les techniques des liaisons. On remarque qu’il ne s’agit pas uniquement des mots. Le fonds Malgré un résultat plutôt encourageant il ne faut pas oublier les bonnes connaissances des candidats LV 1. Pour citer un jury : « Les prestations en LV1 étaient globalement de bon voire très bon niveau, celles en LV2 sauf quelques exceptions plutôt moyennes. » ou encore : « Les connaissances des candidats de la vie politique et sociales ont été plutôt faible, les candidats ne pouvaient pas justifier leurs opinion par des épreuves de la vie politique ou sociale. j’ai l’impression quels ne sont pas très bien informés et quel leurs manquent la base pour argumenter. » Comment évaluez-vous les connaissances des pays germanophones des candidats? Conclusion La quasi-totalité des étudiants a compris le support et est en mesure de faire une synthèse, la qualité de la synthèse varie, plutôt bonne, cependant une partie des étudiants n’a pas réussi à bien la structurer et à la traiter de façon exhaustive. Les commentaires étaient de longueur suffisante. Les candidats LV2 ont présenté un commentaire sans demande expressément formulée. A quelques exceptions près (connaissances ‘déformées’) les étudiants disposaient d’une culture satisfaisante à l’égard de l’Allemagne et des sujets interrogés par les questions supplémentaires. La grande majorité des étudiants présentait des propos cohérents, pertinents dans un langage compréhensible, cependant un commentaire décalé par rapport au texte réflète plus l’apprentissage dans la prépa que l’analyse du texte. Tous les candidats faisaient des efforts pour communiquer. Une capacité de communication en général correcte pour les LV1, plus rarement excellente voir seulement relativement correcte pour certains en LV2. ESSEC GRANDE ECOLE-CONCOURS ORAL ANGLAIS 2016 LV1 & LV2 1. Le déroulement de l’examen L’épreuve se divise en trois parties : 1. Une étude (lecture et préparation au préalable) et une reconstitution des idées principales d’un article de presse sur un sujet d’actualité ayant trait aux pays anglophones principaux. Le candidat est au centre de la prise de parole et doit organiser et structurer ses propos selon les consignes fournis. 2. Un échange avec les examinateurs sur les thèmes évoqués dans le texte ainsi que sur des sujets qui s’y rapportent. Un dialogue/une conversation doit s’instaurer. Le candidat cherche à développer et étayer son point de vue et peut introduire des repères culturels pertinents. 3. Le candidat doit réagir sur des sujets annoncés par les examinateurs, en donnant son avis ou son analyse personnelle. Les sujets concernent des questions sociétales, éthiques, politiques. Les examinateurs recherchent de la spontanéité, l’aisance dans l’interaction ainsi qu’une diversité et une richesse dans l’expression. 2. Les forces et faiblesses des candidats La forme – Les points positifs Les bons candidats étaient à l’aise dans leur expression orale et parlaient avec un débit assez fluide, donnant lieu à des interactions plaisantes. Les bases de la grammaire étaient bien en place, leur permettant de développer leurs réponses et entrer dans un échange riche avec les examinateurs plutôt de se contenter de ‘répondre’ aux questions posées. L’utilisation à bon escient d’expressions idiomatiques a animé les commentaires des meilleurs candidats. La forme – Les points négatifs a. La grammaire : Encore trop de bases grammaticales sont mal maîtrisées, ce qui est certainement dû au manque de pratique orale. Les mêmes structures sont probablement ‘connues’ à l’écrit. Les examinateurs ont particulièrement déploré les erreurs suivantes : Les verbes irréguliers au prétérit et au participe passé Le mauvais usage du ‘present perfect’ et du prétérit L’utilisation du temps présent simple au lieu du temps passé Les pronoms personnels L’accord sujet-verbe (singulier/pluriel) Les prépositions Les pronoms rélatifs (who/which) La place des adjectifs ou des adverbes Notation de 0 (très faible) à 5 (excellent) 1 b. Le domaine lexical : Des termes ‘journalistiques’ continuent d’alourdir l’expression des candidats. Pour certains, cela dénote des lacunes dans le champ lexical que le candidat tente de dissimuler; dans d’autres cas, l’ambition est certainement de ‘parfaire’ une présentation déjà suffisamment convaincante… mais le mieux est trop souvent l’ennemi du bien. Les candidats moyens et faibles étaient quasiment définis par le mauvais usage d’expressions apprises par cœur avec lesquelles ils parsemaient leur commentaire. La connaissance de la langue ne se réduit pas à l’apprentissage superficiel d’une liste d’expressions idiomatiques ! Les examinateurs considèrent que trop de candidats parlent « une langue peu naturelle, trop influencée par l’écrit » et ont trop souvent recours à des « gallicismes » et/ou une langue calquée sur la langue maternelle. c. La prononciation : Des fautes phonétiques récurrentes, le plus souvent liées à la prononciation des voyelles et des phénomènes de diphtongues et triphtongues. L’accent tonique est souvent mal placé, ce qui nuit à la compréhension du discours par l’interlocuteur. Le débit était souvent soit trop saccadé et hésitant, ponctué de « euh… », soit trop rapide et monotone. Certains candidats confondent-ils ‘fluidité’ et ‘rapidité’ ? Les deux erreurs les plus souvent relevées sont, comme d’habitude: (i) le manque du son « s » sur les pluriels et les verbes à la troisième personne du singulier au temps présent (ii) la prononciation (ou pas) aléatoire de « h », souvent absent là où il est nécessaire (is/his) ou présent sans raison (out/hout). Les examinateurs insistent sur l’importance de la bonne prononciation et de l’intonation dans la communication en anglais, et trouvent que c’est dans ce domaine qu’il existe une nette baisse de qualité parmi les candidats de cette année. Notation de 0 (très faible) à 5 (excellent) Le fond – les points positifs Les bons candidats connaissent les modalités de l’oral et savent se préparer dans le temps imparti. Le texte/article est très bien présenté sous forme résumée, suivi d’un commentaire bien structuré en deux ou trois parties cohérentes et progressives. Les meilleurs candidats fournissent des perspectives innovantes, voire osées, dans leur approche du sujet en question. 2 Les meilleurs candidats ont su exploiter les première et deuxième parties de l’oral pour mettre en évidence leurs connaissances solides du monde anglophone, avec des citations, des références et des éléments de contexte pertinents et bien choisis ; par exemple, des candidats ont étoffé leur commentaire en citant Edward Said dans le contexte d’un article sur les stéréotypes musulmans, ou encore George Orwell et Ken Loach lors de l’exploration des questions sociales derrière le « Brexit »… Les candidats sont souvent fort capables de répondre aux questions des examinateurs de sorte qu’ils approfondissent l’analyse du document. Ceci permet de constater un niveau de lecture poussé et surtout des connaissances solides sur les thèmes en présence. Notation de 0 (très faible) à 5 (excellent) Le fond – Les points négatifs Dans quelques cas, la première partie de l’oral était traitée comme un exercice de lecture, ce qui donne un débit très peu naturel et nuit à la clarté de la présentation. 3 Des candidats faibles ont restitué leur texte « dans tous les sens, désorganisé et sans cohérence », ou utilisé « une argumentation parfois chaotique et erronée » avec par ailleurs « une volonté à utiliser des mots peu usuels à tout prix, au détriment de l’expression ». La connaissance pauvre ou imprécise de l’actualité a pu mener à des présentations confuses et parfois à une simplification à outrance du texte. Les candidats ont connaissance des événements récents ; en revanche, la connaissance des événements qui ont façonné l’histoire des pays anglophones reste moyenne. 3. Les différences entre les candidats en anglais LV1 et LV2 a) La forme : Les examinateurs ont constaté que le niveau en anglais LV2 était plus homogène qu’en LV1. En effet, sur les 161 candidats à l’épreuve d’anglais LV2, seulement 15 (9,3%) ont reçu une note inférieur à 10/20, alors qu’en LV1 la proportion de candidats dont le score était inférieur à la moyenne était 131 sur 711 candidats, ou 18,4%. Aussi, la note la plus basse attribuée en LV2 était 7/20, par rapport à un 3/20 accordée en LV1. A l’autre côté de l’échelle, la même proportion de candidats (9,3%) voire 66 candidats en LV1 et 15 en LV2, ont réussi leur entretien avec un score de 18-20/20. Sept candidats en tout ont réalisé une prestation ‘sans faute’ et étaient récompensés avec un score de 20/20. Les candidats en LV2 s’exprimaient dans une langue plus ‘naturelle’ et fluide, ayant moins tendance à déployer des expressions ‘plaquées’ ou des clichés appris par cœur que nombreux de leurs homologues en LV1. b) Le fond : Au moment de recevoir leur texte, quelques candidats LV2 semblaient un peu perdus quant au déroulement de l’épreuve et ont demandé des précisions sur les différentes étapes. Pendant l’entretien, les candidats LV2 étaient moins réticents à exprimer leur propre point de vue et donnaient davantage de nuances d’analyse ainsi qu’une plus grande diversité de points de vue et plus de recul sur les questions. 4. Les commentaires et conseils des examinateurs Les examinateurs encouragent les candidats futurs à : Poursuivre leur excellent travail dans le même sens … en se concentrant sur les règles phonologiques de la langue et en évitant le jargon journalistique Se préparer à étayer leurs propos Résister à la tentation du hors sujet en ‘plaquant’ un commentaire appris au préalable Ne pas se contredire dans l’analyse du texte – cohérence, rigueur et clarté sont importants Donner leur opinion (argumentée) sur le sujet, même ‘sensible’ Prendre l’initiative de demander la reformulation d’une question non comprise. Le ‘remplissage’, lorsque le sujet n’est pas compris, est pénalisant Se renseigner sur la culture des pays et suivre l’actualité dans plusieurs domaines (économie, sciences, culture) en lisant la presse de qualité 4 Etre plus spontané, quitte à utiliser un vocabulaire simple et des phrases courtes. Ainsi peut s’établir une vraie conversation Renforcer sa curiosité intellectuelle et son ouverture culturelle Ne pas soupçonner les examinateurs de vouloir les piéger Sourire ! 5. Conclusion Les examinateurs ont trouvé les candidats au concours 2016 plutôt forts dans les parties 2 et 3 de l’oral (échanges avec le jury) et ont apprécié leur attitude positive, leur ouverture et leur détermination à réussir. Les connaissances globalement correctes et approfondies, voire subtiles, de l’actualité du monde anglophone ont donné lieu à des échanges intéressants et nuancés lors desquels les candidats ont su déployer un langage juste et approprié. En effet, les connaissances linguistiques et les connaissances ‘culturelles’ sont étroitement liées, puisque pour parler des sujets d’actualité en profondeur il faut disposer d’un vocabulaire riche et des structures grammaticales variées et parfois complexes. Nous félicitons les candidats admis cette année, dont la plupart ont réussi cet exercice avec panache. 5 ESSEC GRANDE ECOLE – CONCOURS ORAL ESPAGNOL 2016 1. Déroulement de l’épreuve orale 2. Nombre de candidats 3. Difficultés spécifiques rencontrées par les candidats lors des trois phases de l’examen oral 4. Exemples de type de fautes 5. Conseils à donner 6. Différences entre LV1 et LV2 7. Tendances 1. Déroulement de l’épreuve orale Les épreuves orales de langues étrangères sont organisées comme des entretiens. Deux professeurs sont présents pour l'épreuve de première langue, un seul professeur en seconde langue. Elles permettent d'évaluer notamment les compétences linguistiques et l’aisance dans une conversation. LV1 : Langue du texte : Français Le jury est composé de deux examinateurs. Après 30 minutes de préparation, les candidats passent une épreuve orale de 30 minutes. Ils ont le droit de prendre des notes et de s’y référer. Première partie (un tiers du temps approximativement) : Le candidat présente un résumé et un commentaire de son texte qui est tiré d’une publication ou d’un article paru dans l’année. Les examinateurs n’interviennent que pour demander éventuellement une précision. Deuxième partie (un tiers du temps approximativement) : Les examinateurs posent des questions et échangent avec le candidat au sujet de l’article. Il est possible d’approfondir certains points si nécessaire. L’objectif principal reste l’évaluation du niveau de langue, même si pour les meilleurs candidats, cela peut être un moyen de briller en élargissant le débat. Troisième partie (un tiers du temps approximativement) : Ensuite on débouche sur un entretien libre (10 minutes en LV1) à partir de questions posées par les examinateurs, questions exclusivement répertoriées dans une liste donnée le jour-même. LV2 : Langue du texte: langue cible Le candidat dispose de 20 minutes de préparation, et il aura 20 minutes pour une épreuve de même nature que la LV1, à savoir les trois parties : résumé et commentaires, échanges d’idées sur le sujet et finalement l’entretien plus libre avec l’examinateur. IMPORTANT : il est à noter que la première partie de l’oral n’est pas un exercice de lecture à voix haute. Bien que les candidats puissent prendre des notes lors de la phase de préparation, il est rappelé que le but de l’oral est de montrer sa capacité à comprendre la langue parlée et à échanger dans la langue dans un contexte précis. Ceux qui se contentent de lire simplement un texte préparé se pénalisent lourdement. 2. Nombre de candidats et les moyennes Candidats Moyenne Note plus basse Note plus haute LV1 51 12,20 6 20 LV2 424 12,18 6 18 Nous constatons une augmentation de 25% du nombre de candidats qui ont présenté l’espagnol en LV1 et seulement 3,2% de candidats de plus en LV2 par rapport à l’année dernière. 3. Difficultés spécifiques rencontrées par les candidats lors des trois phases de l’examen oral L’oral de la Grande Ecole est un moment de convivialité où les meilleurs candidats peuvent briller et les moins solides en langue peuvent tout de même montrer ce qu’ils savent faire. L’impression générale des entretiens de langue cette année est bonne. Les candidats ont très bien compris les consignes et ont bien accueilli la troisième partie de l’épreuve avec les questions libres. Toutefois nous avons pu observer, dans beaucoup de cas, une véritable différence entre la présentation orale du candidat (la partie préparée) et les réponses aux questions sur le texte (deuxième partie). Le niveau de langue devient moins solide et l’expression moins aisée lorsqu’il s’agit de répondre aux questions de l’examinateur. Ceci est encore plus marquant lors des questions libres (troisième partie) : les candidats ont peu saisi l’opportunité de s’exprimer à la première personne et ces questions font appel à un vocabulaire moins connu et, dans certains cas, c’est là que les barbarismes les plus graves se produisent. Pour la langue en elle-même, la grande majorité des candidats a préféré s’exprimer dans une langue simple afin d’éviter les fautes, il y a eu très peu de prise de risque ce qui, parfois, donnait un discours plat malgré des connaissances qui pouvaient être intéressantes. Les candidats ont de réelles difficultés à utiliser les temps verbaux pour restituer l’article de départ : cette année, la tendance générale a été d’utiliser systématiquement le présent de narration pour des faits du passé, ce qui provoque des incompréhensions et des inexactitudes (en particulier lorsqu’ils évoquaient, au présent, des élections en Espagne du 20 décembre ou 26 juin). La conjugaison espagnole reste un problème pour un grand nombre de candidats, surtout dans les cas de diphtongues et d’affaiblissements. Quant au champ lexical, on a pu constater des erreurs fréquentes dans les structures de base et notamment sur les accords en genre et en nombre. Même les candidats les plus compétents ont commis, à un moment donné, ce type de faute, et ont eu notamment tendance à ne pas marquer les pluriels. Le vocabulaire de base, de même que le vocabulaire économique et politique, reste fragile. Aussi, il a été surprenant d’entendre des barbarismes sur des mots normalement connus car les textes portaient sur des sujets généralement traités en classe préparatoire (los país, los indígenos, las problemas). Sur le fond, les connaissances des candidats sur les pays hispanophones ont été jugées plutôt moyennes dans l’ensemble, tant pour les candidats qui ont présenté l’espagnol en LV1 qu’en LV2. 4. Exemples de types de fautes Vocabulaire : la planeta / larga pour amplia / demasiado et bastante / corte plazo / ferma pour firme / sucesos pour éxitos, el mezclado, responsible, el soporto, familial, el equipe, el incertidumbre, parlamiento, asientos pour escaños, inegualidad, un herramiento, el desarrollamiento, el continento, teinforzar, dictaduria, europea pour Europa, reglamiento, sobredesarrollado, confianza, agricoles, gobernianza, Ecuator, carbono pour carbón, el cumbre, el programo, la matera primera, cincocientos, nuevecientos, el ejemple, mejora condición, investir pour invertir, el paseo pour el pasado, exprimir ou emprimar pour expresar, punto de visto ou punto de vistas, progresisto, condanar, el climate, mostrar, optimal, una otra medida, mejoración, peruviano, maduridad. Gallicismes : detener el poder, ventajar, represar la violencia, pero pour sino, migrados, está en cárcel, marchar pour partir, aviso pour opinión, pedir et preguntar, millares pour miles de millones, la egualidad, serioso, desfavorizados, stopar. En général le candidat réussit à s’exprimer sans problème mais il accumule des « petites fautes », ce qui, au final, nuit à l’impression générale de sa prestation : un otro problemo es de saber que los indígenos no son reconocidos en sus pais. On peut remarquer une répétition de mots que les candidats de cette année trouvent intéressants : hartazgo, acarrear. Il s’agit de mots dont l’utilisation n’est pas très commune et si on les répète plusieurs fois pendant 20/30 minutes cela devient rébarbatif pour l’examinateur et donne une impression de manque de richesse dans le vocabulaire. Rythme : plusieurs candidats ont du mal à marquer la syllabe tonique, qui est pourtant très importante pour donner du rythme en espagnol. Accords singulier/pluriel – masculin/féminin : los pais, están involucrado, muchas problemas, los manos, los opiniones, el película, las valores, la calor, la fin, una perioda, un sistema. Prépositions : ajout ou absence de préposition après certaines expressions, a/en, por/para, l’emploi assez systématique de de devant les infinitifs. Conjugaison et barbarismes verbaux : depiende, defende, atravese, proponería, (de)mostra, deciré, pirdió, promitió, existando, podramos, yo fue, yo piensa / penso, me sento. L’emploi du subjonctif est assez défaillant : es posible que es, no pienso que tienen. Confusion entre la 1ère et 3ème personne du singulier Emploi de ser / estar L'utilisation de HAY + la, el. 5. Conseils à donner Les candidats doivent absolument prendre du recul par rapport à l’article de départ afin de donner un commentaire un peu plus personnel ce qui leur permettra d’éviter la “fiche de cours” et les lieux communs (en particulier sur les pays d’Amérique Latine), l’idée étant de ne pas faire étalage de toutes ses connaissances au détriment du texte. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à remettre en cause la logique ou le bien-fondé des arguments de l’auteur. Essayer de développer les idées, de donner plus de profondeur à chaque réflexion et de ne pas sombrer dans les généralités et les amalgames, exemple : « los populismos son típicos de América Latina ». Un candidat peut vraiment se différencier en montrant une analyse personnelle qui sort du cadre stricte des sujets appris durant sa préparation. Cela évitera d’avoir plusieurs candidats avec exactement le même discours. Eviter d’apprendre des formules et expressions « toutes prêtes », s’entraîner à être réactif et spontané. S’exercer à parler avec un camarade de sujets divers, se mettre à l’épreuve de l’oral spontané. Plus de construction personnelle dans le résumé ainsi que dans le commentaire : les candidats ont tendance à rependre le vocabulaire et les structures du texte, ce qui dénote un niveau peu assuré de la langue ou une posture du moindre risque (manque de confiance dans leurs capacités d’expression dans la langue cible). Eviter la lecture des notes et ne pas répondre par des phrases courtes et non argumentées. Lire l’actualité de l’Espagne et de l’Amérique Latine assez régulièrement, en essayant d’y trouver du plaisir pour pouvoir transmettre ce plaisir au jury. Donner de l’importance à la syllabe tonique. Ecouter régulièrement de courts extraits radio ou vidéo (El País) sur les sujets abordés en cours. Se familiariser aux différents accents et apprendre en écoutant. Lire régulièrement à voix haute un court extrait (travail de phonologie). Se préparer à l'échange de questions libres qui donne très souvent lieu à de très grosses fautes, maitrisées jusqu'alors dans la première partie. Il s'agit donc de mieux préparer la troisième partie de l’épreuve. Apprendre la conjugaison et revoir l’emploi des temps. Les candidats doivent aussi améliorer la langue de base: ser/estar, les prépositions, le vocabulaire. 6. Différences entre LV1 et LV2 Cette année il a été surprenant de constater que plusieurs candidats inscrits en LV1 avaient un niveau de langue assez moyen voire plus faible que certains inscrits en LV2. Nous supposons que ces candidats ont fait ce choix, sans doute par défaut de maîtrise de l’anglais. Attention, on attend d’un candidat de LV1 qu’il ait une plus grande aisance dans la langue et qu’il se serve de toutes les structures complexes de l’espagnol. Par ailleurs, le vocabulaire doit être bien plus riche et varié. 7. Tendances Cette année, il y a eu beaucoup de prestations “moyennes” autour de 11-12, peu de prestations excellentes au-dessus de 16 mais moins de prestations très médiocres à moins de 7. Globalement, il faut remarquer que les candidats sont maintenant plus à l’aise sur la 3ème partie de l’oral que par les années passées. Ils répondent plutôt bien et assez spontanément aux dernières questions “libres”. Il convient de dire que certains candidats disposent d’un réel bagage culturel. Pour ce qui est de la qualité de la langue, il n’y a pas de franche amélioration. En ce qui concerne le choix des temps, le plus souvent, les candidats n’utilisent que le présent de l’indicatif. Il est devenu plutôt rare de voir des candidats qui utilisent toute la palette des temps à leur disposition pour nuancer les temps de l’action. Il faudrait donc insister sur l’importance de la maîtrise de la conjugaison espagnole. Les candidats utilisent de moins en moins la concordance des temps et les structures qui les déclenchent ce qui est dommage car les discours deviennent plats et sans richesse grammaticale. Depuis 2 ou 3 ans les candidats qualifient les pays ayant un régime de gauche (Bolivie, Venezuela…) de dictatures. En effet, ils font un amalgame entre certaines caractéristiques autoritaires et les régimes dictatoriaux. Cette année, est apparu un rapprochement des régimes « populistes » et du« péronisme », dans les présentations. On peut donc déplorer le manque de connaissance des similitudes et des différences entre les populismes actuels et ceux des années 40, ce qui donne des réflexions très générales et peu différenciées entre les années 40 et les années 2000. Point positif : plus de candidats sont arrivés à profiter de l'expérience du concours et il convient de le signifier et de remercier ceux qui les ont préparés. RUSSE Karina Lacroix Cette année 14 candidats se sont présentés aux épreuves orales du concours, dont un seul candidat russophone. Il y a eu 6 candidats en LV1 et 8 candidats en LV2. Nous pouvons constater que, dans l’ensemble, le niveau des candidats reste assez élevé surtout pour les LV1. La nouvelle section russe au lycée internationale de Saint Germain en Laye prépare de très bons candidats. D’une façon générale les difficultés éprouvées par les candidats concernent surtout les déclinaisons des adjectifs (surtout, l’emploi du comparatif et du superlatif), la conjugaison des verbes au présent, le participe (présent et passé), l’emploi des verbes de mouvement (par exemple idti / khodit et ekhat / ezdit). Les problèmes constatés cette année persistent surtout dans l’emploi des pronoms réfléchis (par exemple svoj, svoi, sebia, sebe, etc.), du vocabulaire courant assez simple et des accents toniques. En outre, les candidats s’intéressent à la culture et à la civilisation russe, sont au courant de l’actualité grâce à la lecture de l’hebdomadaire russe « Arguments et faits » (« Аргументы и факты» en russe) et des versions internet de Gazeta.ru et lisent les éditions bilingues des auteurs classiques russes, mais ne connaissent pratiquement pas (ou très peu) la littérature russe contemporaine. Nous avons pu également constater les connaissances approfondies en russe de certains candidats quant aux domaines de leur intérêt particulier (notamment, en économie et finances), liés à leur futur projet professionnel. Nous souhaitons féliciter les candidats français pour leur maîtrise de la langue russe et leur intérêt pour l’histoire et la culture russe. LV1 La maîtrise de la langue parlée est de très haut niveau. Les notes obtenues sont : 15 ; 16 ; 19 ; 20 (candidate russophone). Les meilleures notes (trois candidats ont obtenu 19/20) ont été attribuées aux candidats nonrussophones dont l’aisance et la compréhension sont d’un excellent niveau. Leur vif intérêt pour la culture russe, leurs connaissances approfondies de la littérature, du cinéma et de l’histoire russes illustrent un certain enthousiasme pour l’apprentissage de la langue russe en France. Les sujets abordés dans les articles concernaient le 55 anniversaire du premier vol dans l’espace de Youri Gagarine ; les projets de modernisation de la coopération spatiale franco-russe ; les problèmes écologiques en Russie ; le 25eme forum économique de Saint-Pétersbourg ; les problèmes des migrants. Les articles sont issus du quotidien « Le Figaro », du supplément de « Figaro » « Russia beyound the headlines » et du magazine « Le Point ». Les candidats ont bien réussi leurs commentaires. Les conversations qui ont suivi les explications étaient riches, aisées et, même, originales. ème LV2 Le niveau général des candidats était assez élevé, sauf pour une candidate qui a obtenu 11/20. Les notes obtenues par les candidats: 14 ; 15 ; 16 ; 17 ; 18 ; 11. L’absence généralisée d’une pratique orale nuit beaucoup à la spontanéité des commentaires aussi bien qu’une certaine approche « formatée ». Les candidats ont parfois du mal à trouver les expressions appropriées pour exprimer leur opinion. En ce qui concerne les erreurs, on peut constater que les candidats ne font pas suffisamment d’efforts de compréhension du sujet proposé, mais exposent plutôt leurs cours de classe préparatoire sans les adapter aux sujets des articles. Il semble important de prendre en considération l’objectif de l’épreuve oral qui teste les capacités des candidats à s’exprimer aisément sur des sujets de la vie quotidienne aussi bien que sur des sujets culturels et/ou d’actualité (et moins, en l’occurrence, sur des thèmes spécifiques). On peut donc conseiller aux professeurs des classes préparatoires de personnaliser l’expression orale de leurs étudiants et de mettre l’accent sur l’apprentissage de la spontanéité d’expression dans le dialogue avec leurs interlocuteurs s’appuyant sur leurs propres pensées et réflexions et non sur des idées reçues ou enseignées. L’étude de la presse russe et du vocabulaire d’actualité plutôt que des textes purement littéraires ainsi que des évènements historiques et politiques s’avère très intéressante et plus productive dans le cadre de cet apprentissage. ESSEC GRANDE ECOLE – CONCOURS ORAL PORTUGAIS 2016 Déroulement de l’épreuve oral Les épreuves orales de langues étrangères sont organisées comme des entretiens. Deux professeurs sont présents pour l'épreuve de première langue, un seul professeur en seconde langue. Elles permettent d'évaluer notamment les compétences linguistiques et l’aisance dans une conversation. LV 1 : Langue du texte : Français Le jury est composé de deux examinateurs. Après 30 minutes de préparation, les candidats passeront une épreuve orale de 30 minutes. Ils ont le droit de prendre des notes et de s’y référer. Première partie (un tiers du temps approximativement) : Le candidat présente un résumé et un commentaire sur son texte qui est tiré d’une publication ou d’un article. Les examinateurs écoutent. Le cas échéant, ils interviennent pour demander une précision. Deuxième partie (un tiers du temps approximativement) : Les examinateurs poseront des questions et échangeront avec le candidat des propos relatifs au sujet. Possibilité d’approfondir certains points si nécessaire. Mais nous restons toujours sur un examen de langue même si pour les très bons candidats cela peut être un moyen de briller. Troisième partie (un tiers du temps approximativement) : Ensuite on débouche sur un entretien libre (10 minutes en LV1) à partir de questions posées par les examinateurs, exclusivement des questions répertoriées dans une liste donnée le jour même. LV 2 : Langue du texte: langue cible Le candidat dispose de 20 minutes de préparation, et il aura 20 minutes pour une épreuve de la même nature que la LV1, à savoir les trois parties : résumé et commentaires, échanges des idées sur le sujet et finalement les questions plus libres de l’examinateur. Cette année, 4 candidats se sont présentés, un en LV2 avec une note de 16/20 et trois en LV1, avec des notes 13, 14 et 15,5. Les candidats ont pour la majorité un bon niveau de langue, la plupart ayant vécu plusieurs années dans un pays lusophone. Nous avons apprécié la rigueur avec laquelle ils ont présenté leur oral : plans bien structurés, bonne organisation des idées, respect du temps demandé, avec des exemples à l'appui démontrant une connaissance de la langue et de la culture brésilienne et lusophone d'une manière générale. Les erreurs les plus fréquentes de grammaire-conjugaison et syntaxe sont : amalgame avec le pluriel et le singulier : "queria" au lieu de "queriam" (conjugaison) mauvais usage du pronom personnel ("je" et "il") : "foi" au lieu de "fui" avec des répétitions avec l'usage de l'adverbe "entao" 1 Les conseils à donner sont que les candidats doivent avoir plus confiance en eux. Pour certains, il faudrait avoir plus de facilité à trouver des expressions plus spontané et des réponses plus rapide. Curieusement, le candidat de LV2 avait un meilleur niveau de langue que les autres candidats en LV1. Le portugais était sa langue maternelle et ne présenta aucune difficulté grammaticale, utilisant un très bon vocabulaire (et varié). Il a parlé avec une très grande fluidité et avec la même aisance lors des trois parties de l'épreuve. Il a su donné des réponses réfléchies et pertinentes lors de la troisième partie. Dans l'ensemble, il y a eu de très bons candidats. 2 ESSEC GRANDE ECOLE-CONCOURS ORAL ARABE Session 2016 1. Le nombre de candidats. 2. Niveau général des candidats. 3. Difficultés spécifiques rencontrées par les candidats lors des trois phases de l’examen oral. 4. Conclusion 1. Le nombre de candidats 59 Candidats 41 candidats LV1 18 candidats LV2 59 candidats se sont présentés pour le concours arabe juin 2016. Les candidats se répartissent de la manière suivante : LV1 : 41 candidats Nous notons une nette augmentation du nombre de candidats en LV1 en comparaison avec la session de 2015. (28 candidats) LV2 : 18 candidats Nous distinguons une stabilisation au niveau du nombre de candidats en LV2, en comparaison avec la session de 2015 (17 candidats). 2. Niveau général des candidats Cette année, nous avons noté une nette amélioration du niveau des candidats aussi bien pour les LV1 que les LV2. ‐ Candidats LV1 Les notes varient entre 16/20 et 20/20. La moyenne est de 18.15/20. Nous avons noté une augmentation des 20/20 due à des prestations remarquables. Le niveau général est en progression en comparaison avec 2015 (17.29). La première phase : les candidats, tous arabophones, ont présenté d’excellents comptesrendus, en respectant le temps qui leur avait été accordé. Les comptes rendus, étaient bien structurés. Ils ont su mettre en avant une méthodologie, un vocabulaire riche et une analyse très pertinente. La maîtrise parfaite de la langue arabe a permis de restituer les textes d’une façon très cohérente. Les jurys ont pu suivre et comprendre leur discours sans aucune difficulté. Rare sont les candidats qui ont commencé par lire leur document et ont su très vite se détacher et réussir l’épreuve orale. Deuxième phase : leurs commentaires ont été présentés d’une manière très structurée (annonce de la problématique du texte, des différentes parties du plan, …). Les thématiques ont été ensuite développées par les candidats, qui ont assis leur propre réflexion sur un apport et un avis personnel en étayant leurs propos par des exemples concrets. Ils n’ont pas hésité à mettre en rapport le sujet traité avec l’actualité. Troisième phase : la phase interactive, ainsi que les deux phases citées précédemment (restitution du texte et commentaire) ont montré que les candidats étaient capables de s’exprimer avec une grande aisance. Leurs discours étaient fluides avec très peu d’hésitation. Contrairement aux années précédentes, cette année nous avons remarqué une maitrise parfaite du vocabulaire lié à la finance, au commerce et au management. ‐ Les candidats LV2 Les notes varient entre 14,5/20 et 19/20 La majorité des candidats ont obtenu une note entre 17/20 et 19/20. Ils ont fait une excellente prestation. La moyenne est de 17.86. Le niveau général des candidats en progression en comparaison avec la session de 2015 (moyenne de 16.88/20 Première phase : les comptes rendus étaient généralement des résumés bien structurés par les candidats, qui ont fait appel à des connecteurs permettant de mettre en évidence la cohérence interne du texte et de faciliter la compréhension du jury de leur discours. Deuxième phase : leurs commentaires consistaient en une annonce rapide des thèmes choisis et évoqués par le texte. Ces thèmes ont ensuite été développés par les candidats, qui ont assis leur propre réflexion sur un apport et un avis personnel en essayant d’illustrer leurs propos par des exemples concrets pris dans l’actualité ou dans leurs expériences personnelles. Troisième phase : La phase interactive a montré que les candidats étaient capables de s’exprimer avec une grande aisance, une fluidité et une certaine spontanéité, en faisant preuve d’une maitrise de la langue arabe et d’une richesse culturelle. 3. Difficultés spécifiques rencontrées par les candidats lors des trois phases de l’examen oral. ‐ Candidats LV1 Les candidats qui ont obtenu une note entre 16/20 et 17/20, ont respecté et réussi les trois phases de l’épreuve orale. Nous avons noté une très bonne maitrise de la langue, un vocabulaire très riche et un niveau de culture générale élevé. Néanmoins, nous avons relevé quelques lacunes. ‐ ‐ Quelques fautes de conjugaison et de grammaire qui découlent de l’influence dialectale. (Exemple : l’utilisation du duel et du pluriel). Quelques erreurs au niveau de la marque des cas (la finale du nominatif, accusatif, datif). Manque de structuration du discours. Certaine hésitation au niveau du discours. ‐ Candidats LV2 ‐ ‐ Les candidats qui ont obtenu une note entre 14,5/20 et 16/20, ont respecté les phases de l’épreuve et le temps accordé. Ils ont témoigné d’une aisance à communiquer et d’une richesse culturelle. Il aurait fallu être peut-être plus attentifs à certaines fautes récurrentes : - Quelques fautes de grammaire notamment l’accord des pronoms relatifs avec l’antécédent. Quelques fautes de conjugaison et de grammaire qui découlent de l’influence dialectale. (Utilisation du pluriel). L’influence dialectale de la prononciation de certaines lettres de l’alphabet arabe comme th en t, le dh en d. 4. Conclusion Le niveau des candidats en langue arabe a été particulièrement excellent pour la session de 2016 pour les candidats en LV1 et LV2 : une maitrise de la langue arabe, un vocabulaire riche, des commentaires pertinents et structurés, une maturité au niveau de l’analyse. Ils ont respecté le temps imposé lors de la présentation. Ils ont interagi avec beaucoup d’aisance avec les membres du jury. D’une manière générale, les erreurs grammaticales sont des erreurs très communes liées à l’influence de l’arabe dialectale (langue maternelle) sur l’arabe littéral.