baisse de la biodiversité, une diminution de la fertilité ainsi que de la taille du cerveau chez les
oiseaux vivant à proximité de ces sites.
En novembre 2014, ses travaux ont été vivement critiqués par l’Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire (IRSN), qui doutait de la validité de ses estimations dosimétriques,
« point faible pour établir des conclusions robustes ». En cause, le fait qu’Anders Møller recourt
à des doses ambiantes mesurées par radiamètre portatif, ce qui ne reflète que la dose externe
d’exposition des animaux..
La dose interne, à savoir la radioactivité qui émane des radionucléides absorbés par l’animal
(respiration, alimentation, absorption par la peau, transfert maternofœtal, etc.), n’est que rarement
pris en compte. Or seule la dose totale (externe + interne), très variable d’une espèce à l’autre, ou au
sein d’une espèce selon son stade de vie, permet de mesurer l’exposition réelle, jugeait l’IRSN.
Autre reproche, la « non-prise en compte de l’hétérogénéité spatiale de la contamination radioactive
de l’environnement » pour les espèces dont l’aire de vie est de grande surface (encore plus
lorsqu’elles sont migratrices) « introduit de fortes incertitudes » sur le recours aux doses ambiantes,
ajoutait-il.
Ce débat technique avait été l’occasion d’une passe d’armes entre l’IRSN et Anders Møller, qui
pointait quant à lui la « très faible connaissance écologique » de l’institut. Interrogée par le JDLE,
chacune des deux parties avait affirmé avoir sollicité l’autre en vue d’une collaboration, des
demandes restées lettre morte.
Des résultats confirmés
Un an plus tard, le dialogue s’est apaisé : Anders Møller vient de publier avec plusieurs chercheurs de
l’IRSN une étude réanalysant ses données écologiques avec la méthode prônée par l’institut. Comme
l’indique l’IRSN dans une note d’information publiée mardi 24 novembre, « une meilleure estimation
dosimétrique réconcilie les effets observés in situ avec les connaissances scientifiques relatives aux
relations dose-effet ».
Cet exercice de « réconciliation », aussi méthodologique qu’humaine, démontre tout d’abord que la
dose totale, reconstruite en combinant mesures de radionucléides (césium 134, césium 137, iode
131) et modèles mathématiques, diffère beaucoup de la dose ambiante. Selon le lieu et l’espèce, elle
peut dans certains cas être 10 fois inférieure, dans d’autres cas 20 fois supérieure.
« De plus, pour un même site, les débits de dose reconstruits varient d’un facteur 8 entre les 57
espèces examinées. Enfin, pour une même espèce, les débits de dose reconstruits varient d’un
facteur 44 entre les 300 sites d’observation », ajoute l’IRSN. « Cela dépend de la nourriture, de la
forme et de la taille de l’animal, de son comportement au sol et en vol », reconnaît Anders Møller,
contacté mercredi par le JDLE.
Malgré ces nuances de taille, les précédents résultats d’Anders Møller se trouvent confortés. Lorsque
la dose absorbée passe de 10 milliGray (mGy) à 100 mGy (MGy), le nombre d’oiseaux diminue de
22%, indépendamment de la température, de l’heure d’observation, du couvert nuageux et du type
de paysage. A la dose de 550 mGy, on observe une baisse de 50% du nombre d’oiseaux [1].
Hiatus sur la diversité d’espèces
Les résultats sont moins nets quant à la diversité des espèces. Lors de ses précédents travaux,
Anders Møller avait conclu à une baisse du nombre d’espèces lorsque la dose ambiante augmente,
tandis que la nouvelle étude montre au contraire une hausse du nombre d’espèces avec la dose
totale absorbée. Qui croire ?