Une stratégie d’adaptation au changement climatique pour le Canada
Le Canada est mal préparé pour un monde qui se réchauffe et la communauté internationale le considère comme
étant le pays de l’OCDE le moins préparé1. Bien que le gouvernement fédéral ait lancé un Cadre stratégique fédéral
sur l’adaptation en 2011, il doit de toute urgence élaborer en collaboration avec les instances provinciales, territoriales
et municipales une stratégie nationale exhaustive appuyant l’adaptation à la nouvelle réalité climatique. Une stratégie
nationale contribuera à informer les Canadiens des vastes répercussions du changement climatique pour qu’ils
puissent se préparer aux risques et enjeux sans précédent qu’il pose.
La science
Un rapport publié en 2012 par l’Institute for Catastrophic Loss Reduction (ICLR) de l’Université Western à London
(Ontario) a signalé que les températures au Canada ont augmenté de plus de 1,3°C en moyenne entre 1948 et 2007, un
taux de réchauffement qui est environ le double de la moyenne mondiale. En moyenne, le Canada compte 20 journées
de pluie de plus que pendant les années 50. Ces changements climatiques sont probablement responsables, du moins
en partie, de la fréquence et de la gravité croissantes des phénomènes météorologiques extrêmes au Canada,
notamment inondations, tempêtes et sécheresses, parce que les températures plus chaudes tendent à causer des
bouleversements météorologiques plus violents. Des tempêtes qui survenaient une fois tous les quarante ans
surviennent maintenant une fois tous les six ans dans certaines régions du pays2.
Le Canada dans une économie mondiale
Le Centre for Global Development à Washington classe le Canada dernier parmi 27 pays de l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) pour ce qui est de la lutte contre le changement climatique.
Les raisons sont notre retrait de l’Accord de Kyoto, notre consommation élevée par tête de combustibles fossiles,
notre climat froid et notre vaste territoire ainsi que la hausse continue des émissions de carbone due en grande partie
à l’exploitation des sables bitumineux.
Le Canada subira probablement des pressions croissantes de la part de son principal partenaire commercial, les
États-Unis, pour s’attaquer plus agressivement au changement climatique. L’administration Obama a publié son
rapport National Climate Assessment en avril 20143. Ce rapport souligne l’importance de répondre au changement
climatique par une combinaison de mesures d’adaptation et d’atténuation. Non seulement notre inaction sur le
changement climatique nuit à la réputation internationale du Canada, mais elle commence à avoir des retombées
graves pour notre économie intérieure, notre environnement et notre santé.
Retombées humaines et économiques
Les graves phénomènes météorologiques (tempêtes de glace, orages violents, grands vents) peuvent détruire les
maisons, causer des blessures et la mort et déranger la marche des affaires. Ainsi, les inondations de juin 2013
en Alberta ont causé quatre décès et déplacé plus de 100 000 personnes. Les pertes totales étaient estimées à
6 milliards de dollars et les pertes assurées à 1,7 milliard de dollars. L’événement de pluie de l’été 2013 à Toronto a été
la catastrophe naturelle la plus coûteuse que l’Ontario ait connue; les pertes totales étaient estimées à 1,2 milliard de
dollars et les pertes assurées à 850 millions de dollars4. Par suite de ces catastrophes, les dépenses du programme de
Protection civile de Sécurité publique Canada ont augmenté de 280 % au cours des six premiers mois de 2013-2014.
Ces dépenses sont financées par les contribuables et dans un contexte de contraintes budgétaires entraîneront
sûrement des compressions dans d’autres services gouvernementaux ou des hausses d’impôt.
1 Center for Global Development, Washington, http://www.cgdev.org.
2 Institute for Catastrophic Loss Reduction, « Telling the weather story », juin 2012.
http://www.ibc.ca/en/natural_disasters/documents/mcbean_report.pdf
3 U.S. National Climate Assessment, 2014, http://nca2014.globalchange.gov/report.
4 Gordon McBean, Institute for Catastrophic Loss Reduction, dans une présentation à l’Université McMaster le
7 avril 2014.