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d'“obsession particulariste” (rôle primordial du parti de classe, anti-démocratisme de principe)
sort déshonorée de la scène, épisode fortuit et vaguement folklorique du mouvement
révolutionnaire marxiste: le parterre, satisfait, pousse un soupir de soulagement.
Il y a toujours place pour un soupçon d'historiographie hétérodoxe au sein de la grande
libéralité de la contre-révolution stalino-déstanilisatrice. Après les censeurs, les amoureux
déçus: y appartiennent ceux qui font grâce à la Gauche de la juger comme l'unique courant
digne du nom de marxiste dans l'Italie de l'après 1re guerre mondiale, et parallèlement lui
reprochent d'avoir repoussé par sa “position de principe abstentionniste” entêtée, une masse
fantomatique de communistes d'opérette, retardant ainsi la scission de Livourne (pontife unique,
Luigi Cortesi; nous laissons de côté ceux qui prétendant se réclamer directement du
“bordiguisme”, cherchent cependant dans l'arsenal de la psychanalyse la clé de sa rupture
manquée avec le PSI à Bologne et avec l'IC aux premiers signes de sa parabole dégénérescente)
; y appartiennent, admirateurs et admiratrices... avec réserves, ceux qui découvrent un
“marxisme occidental” dans lequel enfermer la Gauche, l'accolant en vrac aux tribunistes
hollandais, aux conseillistes allemands, aux spontanéistes-ouvriéristes latins et anglo-saxons,
contre lesquels celle-ci s'est battue, comme nous l'avons déjà souvent dit, constamment -
mystification qui sert aux uns à abattre de son piédestal le “marxisme oriental” et “asiatique”
barbare des bolcheviks, et sert aux autres à confirmer en seconde instance notre condamnation,
en compagnie des précédents (à l'exclusion bien sûr de l'“Ordine Nuovo”), en tant que
coupables d'anti-bolchevisme!
Ainsi, faux orthodoxes et présumés hétérodoxes non seulement déforment l'histoire pour de
vulgaires intérêts de boutiques, mais travaillent à défigurer, ne pouvant pas le démolir, l'unitaire
et invariant bloc de granit du marxisme, comme théorie et comme praxis.
Nous sommes suffisamment immodestes pour nous reconnaître les seuls à nous relever de la
misère de ces reconstructions ad usum delphini, nées sur le tronc de la plus catastrophique
défaite du mouvement ouvrier international en un siècle et demi d'histoire et taillées sur mesures
pour en empêcher la compréhension, ici comme dans toutes les autres manifestations du combat
politique.
Nous ne proposons pas des “découvertes” savoureuses, des “innovations” géniales, des
“exégèses” audacieuses ; nous reprenons le fil rouge de 1848, de 1850, de 1864, de 1871 (pour
rappeler quelques étapes capitales), qui a été renoué à Petrograd et à Moscou, après la violente
rupture des Unions Sacrées, avec l'inflexible rigueur, le dogmatisme déclaré, l'orgueilleuse
intransigeance des années de l'“Iskra” et du “Que faire” ainsi que des années de guerre entre les
Etats, d'assauts au pouvoir, de guerre civile - avec la rigueur, le dogmatisme, l'intransigeance
que nous aurions voulu voir appliquée à la énième puissance (ceci étant notre unique désaccord
avec le bolchevisme, “plante de tous les climats”) dans cet Occident pourri de démocratie
parlementaire, imbibé de pacifisme social, malade de fédéralisme et d'autonomisme. C'est sur ce
fil - comme le prouvent les textes ici rassemblés - que la Gauche, seule en Occident, a marché
avec l'Internationale ressuscitée sur les bases de granit de “L'Etat et la révolution”, “Le renégat
Kautsky”, “Terrorisme et Communisme”; c'est sur ce fil que ne se sont jamais alignés, ni ne
l'auraient pu sans le concours de circonstances exceptionnelles, malgré les efforts surhumains
des protagonistes d'Octobre, les susnommés représentants d'un pseudo marxisme occidental -
non seulement les réformistes déclarés, les maximalistes ou les Indépendants, mais aussi les
conseillistes, ouvriéristes, ordinovistes, spontanéistes, en somme immédiatistes (1) - dont la
terrible “inertie historique” a barré la route à la révolution en Europe, empêchant en même
temps l'éclatante révolution double de Russie de conclure son cycle à l'échelle mondiale, comme
seul cela était possible, et à son état-major de rester fidèle à lui-même jusqu'à la limite de ses
forces. Ce fil rouge (revendiqué par les bolcheviks et par nous comme au-dessus des
contingences de temps et d'espace, et impératif pour tout communiste sous tous les cieux et à
tout moment), nous n'avons pu empêcher qu'il ne se perde, de même que les bolcheviks n'ont