© Pharma-News page 4 Numéro 79, novembre 2010
ABSTRAL° (fentanyl)
ABSTRAL° en comprimés sublinguaux est une nouvelle
forme galénique de fentanyl permettant une administration
par voie transmuqueuse. Le fentanyl fait partie des
antalgiques morphiniques de palier III selon le classement de
l’OMS.
Ces comprimés à dissolution rapide sont indiqués pour
soulager des pics douloureux, en complément d’un traitement
opioïde (morphine, etc.) de fond chez des patients cancéreux. En cas de pic douloureux, les
comprimés sont placés le plus au fond possible sous la langue. Ils doivent fondre complètement,
sans être avalés, mâchés, ni sucés. Les patients ne doivent
pas manger ni boire avant dissolution complète du
comprimé. L’absorption complète du fentanyl a lieu dans
les trente minutes suivant l’administration, mais l’effet
analgésique peut déjà se faire ressentir après quinze
minutes. En cas de sécheresse buccale, on peut humidifier
la muqueuse avec de l’eau avant la prise 7.
La dose optimale d’ABSTRAL° est déterminée de manière
précise pour chaque patient, de façon à lui procurer une
analgésie adéquate, avec le minimum d’effets indésirables
7,8. Plusieurs dosages sont disponibles à cet effet : 100, 200,
300, 400, 600 et 800 microgrammes.
Les effets secondaires du fentanyl sont ceux typiquement
liés à la prise de médicaments morphiniques : constipation,
somnolence, sensations vertigineuses, nausées,
vomissements, confusion, etc. 9.
Selon la Revue Prescrire, la morphine à
libération immédiate (p.ex. sous forme de
gouttes) reste la référence pour le traitement de
pics douloureux lorsqu’un traitement
morphinique de fond a été instauré, que ce soit
sous morphine ou sous fentanyl. Si la voie sublinguale est privilégiée, on utilise du fentanyl
(ABSTRAL°, ACTIQ°), car la morphine est absorbée de manière lente et imprévisible par voie
transmuqueuse 9.
7 Compendium suisse du médicament, 2010
8 HAS (Haute autorité de santé), 1 avril 2009
9 La Revue Prescrire, février 2002, 225, 106-108
Sucette…
Une autre formulation de fentanyl pour
administration transmuqueuse est déjà
disponible en Suisse pour la même indication :
ACTIQ °, comprimés à sucer avec applicateur
(une tige en plastique comparable à celle d’une
« sucette »).
Le malade doit placer le comprimé dans la
bouche entre la gencive et la joue et le déplacer
de temps en temps d’un côté à l’autre de la
bouche à l’aide du bâtonnet. Il s’agit de laisser
fondre le comprimé un quart d’heure sans le
sucer ni le croquer.
Des précautions particulières doivent être prises
en présence d’enfants, car ils pourraient être
attirés par le goût et l’apparence du
médicament 9.
Paliers de traitement de la douleur :
L’OMS classe les antalgiques en trois paliers :
Palier I : non morphiniques type paracétamol ou AINS
Palier II : morphiniques mineurs type codéine ou tramadol
Palier III : morphiniques majeurs type morphine ou fentanyl
Traitement de la douleur cancéreuse :
Selon l’OMS, un traitement de fond continu est préférable au traitement « à la demande », car il est plus facile de prévenir
la douleur que de traiter une douleur installée. Le traitement débute généralement par des analgésiques de palier I et se
poursuit par les paliers II ou III en fonction de l’intensité des douleurs. Au palier III, on utilise généralement des formes
retards d’antalgiques morphiniques en traitement de fond ce qui permet d’espacer les doses. Ils peuvent être administrés
par voie orale (p.ex. de la morphine, MST-CONTINUS°) ou par voie transdermique (p.ex. du fentanyl, DUROGESIC°
MATRIX ; voir PN N°47 de juillet 2007). Malgré cette analgésie continue, il est possible que le malade souffre de pics
douloureux (p.ex. lors d’activité physique). On ajoute alors au traitement de fond des doses de réserve à libération
immédiate, p.ex. de la morphine par voie orale (MORPHINE 2% gouttes FH, SEVREDOL°), rectale (SEVREDOL°) ou
sous-cutanée (MORPHIN HCL 1%). La morphine étant absorbée de manière lente et imprévisible par voie
transmuqueuse, on utilise du fentanyl (ABSTRAL°, ACTIQ°) si cette voie est privilégiée 9.