COR-2016-01031-00-01-TCD-TRA (FR) 1/11
FR
St Julian's, le 23 février 2017
Rapport sur lénergie et le changement climatique
en région méditerranéenne
Défis et action aux niveaux local et régional
Le présent document, élaboré par le rapporteur, M. Mohamed SADIKI, Président de la Commune de
Rabat (Royaume du Maroc), en collaboration avec la commission ENVE du Comité européen des
Régions, a été révisé en vue de son adoption lors de la 8e session plénière de lARLEM à St Julian's,
Malte, le 23 février 2017.
COR-2016-01031-00-01-TCD-TRA (FR) 2/11
Résumé exécutif:
La stabilisation politique et économique de la région méditerranéenne figure parmi les priorités
essentielles de lUnion pour la Méditerranée, de lUnion européenne et de lARLEM. Une meilleure
prise en compte du potentiel économique, humain et naturel de la région Méditerranée peut à long
terme garantir une paix durable et la prospérité dans cette zone. Cependant le changement climatique
est un multiplicateur de menaces pour la stabilité et la sécurité dans la région, lune des plus
vulnérables du point de vue des impacts de ce changement.
L’énergie est au cœur de cette question; en effet, près des trois quarts des émissions de gaz à effet de
serre (GES) en Méditerranée sont dues au CO2 provenant de la consommation dénergie. Force est de
reconnaître que lénergie est le secteur économique dans lequel linterdépendance des pays euro-
méditerranéens est la plus stratégique, et dans lequel le potentiel de coopération entre les pays de la
région est le plus important. En effet, transition énergétique et gestion des impacts du changement
climatique constituent des enjeux communs qui accentuent la complémentarité entre les deux rives de
la Méditerranée.
Les initiatives, telles que la Convention des maires, le Mémorandum daccord sur le leadership
climatique infranational mondial (Under 2 MOU) ou le pacte des États et régions, pour nen citer que
quelques-unes, soulignent la volonté politique locale et régionale de lutter contre le changement
climatique et de relever le niveau des ambitions fixées aux niveaux national et international.
Par là-même les autorités locales et régionales démontrent létendue de leur contribution au combat
contre le changement climatique et gagnent en crédibilité comme partenaires incontournables pour les
discussions de la CCNUCC
1
.
Les membres de lARLEM rappellent que les PSEM (Pays du sud et de lest de la méditerranée) et les
États membres de lUnion européenne (EU) partagent le même objectif de garantir une fourniture
dénergie sûre, à des prix abordables et ce de manière durable. Ces intérêts stratégiques réciproques
sont à la base de la politique énergétique de lUE en Méditerranée, laquelle a comme objectif
dharmoniser les politiques énergétiques et les cadres réglementaires dans la région et de créer un
marché énergétique régional intégré et optimisé entre lEurope et les pays méditerranéens.
Les collectivités locales et régionales, qui sont léchelon le plus proche des citoyens et de leur
territoire, ont un rôle essentiel à jouer lorsquil sagit de faire évoluer les comportements et de
mobiliser les communautés et les entreprises locales sur les questions liées au changement climatique
et aux énergies propres. Lorganisation du deuxième Sommet des élus locaux et régionaux pour le
climat à Marrakech, le 14 novembre 2016, lors de la COP 22 a renforcé la construction de cette
diplomatie climatique territoriale prête à contribuer aux travaux de la COP et à accélérer laction sur
le climat.
1
Convention cadre des nations unies sur les changements climatiques.
COR-2016-01031-00-01-TCD-TRA (FR) 3/11
En somme, les membres de lARLEM recommandent:
dinsister sur le besoin dintégrer ensemble les mesures datténuation et dadaptation pour une
politique climatique équilibrée et dintégrer ces mesures dans toutes les politiques publiques;
dinstaurer un échange fructueux dexpériences, dinformations et de bonnes pratiques;
de procéder au transfert de technologies en matière defficacité énergétique et des énergies
renouvelables;
de développer les instruments et les outils de financement, particulièrement ceux pour la
réalisation des projets de tailles petite et moyenne adaptés aux territoires;
dinscrire laction des territoires dans la lutte contre le dérèglement climatique dans lAgenda
Global dAction pour le Climat.
Préambule et note de cadrage:
En 2016, lAssemblée régionale et locale euro-méditerranéenne (ARLEM) concentre ses travaux sur
quatre priorités à savoir:
Rôle des collectivités locales et régionales dans la gestion des flux migratoires;
Stabilité et gouvernance locale;
Développement économique et coopération transfrontalière;
Politique énergétique et climatique;
Lénergie se trouvant au cœur de la problématique du changement climatique, les membres de
lARLEM ont décidé délaborer un rapport portant sur la thématique «Énergie et clima.
Ce rapport a pour finalité de faire le point sur létat davancement de la coopération euro-
méditerranéenne dans ce domaine.
Les membres de ARLEM et ses partenaires souhaitent échanger les meilleures pratiques des villes et
des régions et associer les décideurs européens et méditerranéens aux débats dorientation, en vue de
formuler des recommandations sur les meilleurs moyens de renforcer la mise en œuvre de projets
dénergie durable au niveau local et régional et, ainsi, de contribuer à la réalisation dobjectifs
ambitieux de réduction des émissions de CO2 conformément aux orientations et à la législation de
lUE relative à lunion de lénergie et aux accords internationaux conclus lors de la COP 21 de la
CCNUCC à Paris en 2015.
COR-2016-01031-00-01-TCD-TRA (FR) 4/11
1. Les défis stratégiques pour la région euro-méditerranéenne
La stabilisation politique et économique de la région méditerranéenne figure parmi les priorités
essentielles de lUnion pour la Méditerranée, de lUnion européenne et de lARLEM. Une meilleure
prise en compte du potentiel économique, humain et naturel de la région Méditerranée peut à long
terme garantir une paix durable et la prospérité dans cette zone. Cependant le changement climatique
est un multiplicateur de menaces pour la stabilité et la sécurité dans la région, lune des plus
vulnérables du point de vue des impacts de ce changement
2
.
L’énergie est au cœur de cette question; en effet, près des trois quarts des émissions de gaz à effet de
serre (GES) en Méditerranée sont dues au CO2 provenant de la consommation dénergie. Force est de
reconnaître que lénergie est le secteur économique dans lequel linterdépendance des pays euro-
méditerranéens est la plus stratégique, et dans lequel le potentiel de coopération entre les pays de la
région est le plus important. En effet, transition énergétique et gestion des impacts du changement
climatique constituent des enjeux communs qui accentuent la complémentarité entre les deux rives de
la Méditerranée.
Concernant la mise en œuvre dans la pratique dengagements de large portée pris en matière
datténuation du changement climatique au niveau national, les efforts du Royaume du Maroc
méritent dêtre soulignés: le pays mène depuis près dune décennie une politique de transition
énergétique ambitieuse visant le développement durable, un secteur énergétique compétitif et sûr, en
associant les parties prenantes des secteurs publics et privés, lesquelles ont mis sur les rails une série
de projets dans le secteur énergétique et semploient à intégrer le marché marocain de lénergie dans
les systèmes énergétiques régional et euro-méditerranéen. Le Maroc, à la tête du continent africain, a
adopté en 2009 une stratégie énergétique en vue de diversifier ses sources, daccroître la production
locale dénergie renouvelable et de promouvoir lefficacité énergétique. Il y a lieu également de
souligner le progrès dautres pays de la région quant à la modernisation de leur politique énergétique.
En outre, il convient de souligner que les États membres de lUE et les délégations de la Commission
européenne dans le monde se sont mobilisés pour aider les pays tiers à lévaluation et à la mise en
œuvre des politiques de lutte contre le changement climatique définies lors de la COP21 à Paris. De
par la politique quelle mène par lintermédiaire de ses programmes de développement et lassistance
des États membres, lUE est également le plus grand bailleur de fonds pour financer la lutte contre le
changement climatique au niveau international.
2
Les experts du groupe intergouvernemental sur lévolution du climat (GIEC) prévoient notamment dans cette région au XXIe siècle:
une augmentation de la température de lair de 2,2°C à 5,1°C pour les pays de lEurope du Sud et la région méditerranéenne
sur la période 20802099 par rapport à la période 19801999.
une baisse sensible de la pluviométrie, comprise entre 4 % et 27 % pour les pays de lEurope du Sud et la région
méditerranéenne (alors que les pays du nord de lEurope connaîtront une hausse comprise entre 0 et 16 %).
une hausse du niveau de la mer qui, selon certaines études, pourrait être de lordre de 35 cm dici la fin du siècle.
COR-2016-01031-00-01-TCD-TRA (FR) 5/11
Il est possible à cet égard dintroduire, détendre ou dinspirer des pays dans la région euro-
méditerranéenne le modèle européen de linitiative de la Convention des maires, qui est actuellement
en cours de mise en œuvre à l’échelle mondiale. En effet, la Convention des maires apporte des
résultats tangibles et mesurables pour ce qui est de la réduction des émissions de CO2. Elle favorise
léchange de bonnes pratiques, de connaissances et dexpérience technique dans des domaines tels
que les sources dénergies renouvelables, lefficacité énergétique, léclairage public performant, et
bien dautres domaines relevant de la responsabilité des collectivités locales et régionales.
Ladhésion à cette initiative peut aider les villes et les régions à renforcer leurs capacités à fournir aux
populations urbaines et périurbaines un accès suffisant, durable et sûr aux services liés à lénergie, en
accordant une attention particulière à lefficacité énergétique et aux énergies renouvelables, en tant
que moteurs dun développement local, durable, à faible émission de carbone et résilient face au
changement climatique. Elle peut aussi accroître leurs capacités de planification en matière
durbanisme, de mobilité et dénergie tout en aidant à mobiliser les investissements et les ressources
nécessaires.
Les initiatives, telles que la Convention des maires, le Mémorandum daccord sur le leadership
climatique infranational mondial (Under 2 MOU) ou le Pacte des États et régions, pour nen citer que
quelques-unes, soulignent la volonté politique locale et régionale de lutter contre le changement
climatique et de relever le niveau des ambitions fixées aux niveaux national et international. Les
collectivités territoriales des PSEM sont elles-mêmes intégrées au sein de ces diverses initiatives qui
viennent alimenter le portail de lAgenda global daction pour le climat, dédié aux territoires, aux
entreprises et à la société civile, qui vient remplacer le plan daction Lima-Paris. Par -même les
autorités locales et régionales démontrent létendue de leur contribution au combat contre le
changement climatique et gagnent en crédibilité comme partenaires incontournables pour les
discussions de la CCNUCC.
2. Pour une politique équilibrée en matière de climat au sein de la région méditerranéenne
En signant laccord mondial sur le climat adopté en décembre 2015 lors de la COP 21 à Paris, les
196 parties de la communauté internationale ont reconnu la menace que constitue le changement
climatique, non seulement pour lenvironnement, mais aussi pour nos économies et nos sociétés. Cet
accord vise à limiter le réchauffement planétaire moyen à nettement moins de 2°C dici la fin du
siècle, en comparaison avec les niveaux préindustriels. Lensemble des parties à la Convention se sont
volontairement engagées à contribuer à cet objectif global. Maintenant que laccord mondial sur le
climat est adopté et entrera en vigueur le 4 novembre prochain, juste avant le lancement de la COP 22,
la priorité est de faire des engagements pris à Paris une réalité.
Les mesures datténuation destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre sont de la plus
haute importance. Toutefois, les pays du sud et de lest de la Méditerranée (PSEM) subissent déjà
également les effets du changement climatique, avec une augmentation de lérosion, une diminution
des précipitations et laugmentation de la fréquence et de lintensité des épisodes de sécheresse. Ces
effets, combinés à la pression du tourisme, la rareté de la ressource en eau et lurbanisation rapide,
1 / 11 100%